« Pour commencer, c'est la torture chaque soir après 21 heures. Le commandant Dériko dirige les goumiers, munis de fouets et de cravaches, et ordonne le matraquage des détenus politiques en cellules. Nous, musulmans de la première section, nous entendions les cris de douleur poussés par les malheureux, ce qui nous empêchait de dormir par sympathie. Je dis bien la première section, car il n'y avait qu'un mur qui nous séparait des cellules du camp.

Parfois au matin, on apercevait certains des cellulaires, sortant leurs tinettes, ils portaient les traces des coups reçus la veille. En outre, on nous faisait travailler, pendant la journée, et ce sont des travaux pénibles, à la pioche, à la pelle à la grosse masse, l’arrachage de l'alfa, porter des couffins remplis de sable, transporter à dos des fagots de bois etc... 

Quant à la nuit, je le répète, malgré les fatigues de la journée, on ne peut pas dormir à cause des hurlements de douleurs des torturés. Ce régime a duré depuis l'arrivée de Dériko, c'est à dire depuis 1941, jusqu'à son départ forcé en 1943 ».

                                                 Ahmed FIZAZI