Lecture d'une œuvre :
"L'Esprit des lois" de Montesquieu
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance du 24 septembre 2024
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 24.09.2024
2/ Plan du cours de la séance du 24 septembre 2024
C'est notre 1ère séance de lecture consacrée à cet ouvrage, paru la 1ère fois en 1748. On peut le trouver dans les collections Folio et G/F en 2 tomes. Il faut aussi signaler une excellente anthologie en G/F.
L'Esprit des lois est composé de 31 livres regroupés en 6 parties (un livre a pour nous la taille d'un chapitre). On peut considérer qu'il est constitué par 3 grands ensembles de livres, en se reportant à la présentation que Montesquieu fait de son plan d'ensemble à la fin du chapitre 3 du Livre I. Ainsi, il y a: d'abord les livres qui examinent "les rapports que les lois ont avec la nature et le principe de chaque gouvernement" (c’est l'ensemble le plus connu) ; puis, à partir du livre XIV, "les autres rapports, qui semblent être plus particuliers", comme le rapport au climat, à la nature du terrain, à la religion etc... qui expliquent "la disposition du peuple pour lequel elles ont été établies"; et enfin un 3ème ensemble (livres XXVII à XXXI) consacré à l'étude des lois romaines et féodales.
1- De la nécessité de remettre en cause un certain nombre d'idées préconçues sur Montesquieu
On lui attribue la paternité du principe de séparation des pouvoirs. On le présente comme un philosophe libéral qui propose une réforme de la monarchie française sur le modèle anglais.
2- Présentation biographique et historique de Montesquieu (1689- 1755)
3- Le projet : expliquer la diversité humaine (lecture de la préface)
La crainte de la censure et des mauvaises lectures de l’œuvre (§ 1 et 2)
Le "dessein" de l'ouvrage : examiner la diversité humaine (« l’infinie diversité des lois et des mœurs ») afin d’en rendre raison (§ 3)
Montesquieu n'est pas le 1er à examiner la diversité humaine (voir les Histoires d'Hérodote), ni le 1er à faire valoir cette diversité (voir l'Essai sur les cannibales de Montaigne) contre le préjugé ethnocentrique, mais il est le 1er à chercher à l’expliquer.
Loin d'être inintelligibles, comme l'affirment Montaigne et Pascal (pour qui les hommes sont "uniquement conduits par leurs fantaisies"), la diversité des lois et des mœurs s'explique par la raison humaine en tant qu’elle s’applique à des circonstances que l’on peut connaître
La méthode mise en œuvre: "J'ai posé les principes...".De quels principes peut-il s’agir ?, voir les § 4 à 6, et se reporter à la fin du chapitre 3 du Livre I.
4- Chercher les "raisons" des lois et des moeurs, est-ce seulement en rechercher les causes? Montesquieu s'interdit-il de les juger?
C'est ce que pourrait laisser penser la lecture du § 9 de la préface
L'évaluation de la "bonté" des lois est inséparable de leur examen, voir les § 10 à 12. La connaissance des lois et des mœurs n'a de sens que si elle permet d'éclairer le jugement des législateurs qui "proposent des changements" sur les effets qui risquent d’en résulter.
5- L'Esprit des lois comme œuvre émancipatrice
Pour permettre aux hommes (peuple comme magistrats) d'oeuvrer au bien commun ("Si je pouvais faire en sorte...", § 11 et 12), il faut leur donner les moyens de se "guérir" de leurs préjugés qui font qu'ils "s'ignorent eux-mêmes", en les "instruisant" de ce qu'ils sont: "des êtres flexibles" (§ 13 et 14).
Le sens de la flexibilité constitutive de la nature humaine.