Lecture d'une œuvre :
"L'Esprit des lois" de Montesquieu
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance du 23 janvier 2025
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 23.01.2025
2/ Plan du cours de la séance du 23 janvier 2025
C'est notre 5ème séance. Après quelques rappels sur l'originalité de la typologie des gouvernements de Montesquieu, nous verrons comment il examine ces gouvernements et aborderons le gouvernement républicain
1- L'examen des gouvernements: leur "nature" et leur "principe"; l'analogie de la machine
2- La nature du gouvernement républicain (Livre II, 2)
a- Ses deux formes: la démocratie et l'aristocratie. Nous examinerons surtout la démocratie.
La démocratie est-elle le pouvoir du peuple? La notion ambigüe de peuple: le peuple comme corps politique, et le peuple comme "petit peuple'.
b- De la nature du peuple découle une contradiction à surmonter:
Comme il est de sa nature "d'agir par passion", il est important qu'il investisse passionnellement la politique, mais il est en même temps dangereux que ses passions commandent, les lois fondamentales qui forment la démocratie doivent en conséquence résoudre cette contradiction afin de prévenir sa corruption: lois déterminant l'extension du peuple (qui est citoyen?) et lois destinées à corriger sa nature ignorante et passionnelle, en délimitant ses compétences et en le divisant en classes électorales hiérarchisées.
- Incapable de "se gérer lui même", il doit déléguer certaines fonctions à des magistrats et il a besoin d'être guidé par un sénat. Toutefois si le peuple n'élabore pas les lois, c'est lui qui les ratifie par son vote.
- Diviser le peuple par une loi électorale afin de limiter sa puissance et modérer sa nature passionnelle
c- L'exercice pur de la démocratie ("suffrage par le sort") conduit la démocratie à sa perte; il faut introduire en son sein des procédures aristocratiques ("suffrage par choix") pour la sauvegarder (Livre II, 2)
d- Montesquieu ne définit pas la liberté politique par la participation du peuple au pouvoir politique (il distingue "le pouvoir du peuple" de la "liberté du peuple", Livre XI, 2 et 3. La délégation de pouvoir des démocraties antiques lui paraissant insuffisante, Montesquieu lui préfère le mécanisme de représentation présent dans un Etat moderne comme l'Angleterre, Livre XI, 6 (nos "démocraties" ne sont pas des démocraties mais des gouvernements représentatifs)
3- Le principe du gouvernement républicain: la vertu (Livre III, 2)
a- Pourquoi la vertu (= amour des lois) est-elle nécessaire à une république, surtout à une démocratie?
- la vertu civique ne doit pas être confondue avec la vertu morale ou la vertu chrétienne. Ce n'est pas non plus, comme l'envisage Aristote, une disposition qui exige des qualités intellectuelles de jugement. La vertu est un sentiment
- le problème central de l'éducation (Livre IV, 5): comment faire pour que les citoyens deviennent vertueux et le demeurent? Et comment transforme-t-elle des passions égoïstes (ambition, cupidité) en amour des lois?
- la nécessité de "lois civiles" (Livre V) pour entretenir la vertu (lois somptuaires par exemple qui empêchent le développement de grandes inégalités de fortune) et d'une censure pour corriger les moeurs
b- Comment expliquer la corruption d'une république? (Livre VIII, 2, 3, 16)
c- Pourquoi la république paraît- elle à Montesquieu un régime improbable dans les conditions des grands Etats modernes? (grandeur du territoire -,Livre IX, 1- essor du commerce)