Lecture d'une œuvre :
"L'Esprit des lois" de Montesquieu
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance du 19 décembre 2024
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 19.12.2024
2/ Plan du cours de la séance du 19 décembre 2024
C'est notre 4ème séance consacrée à cette lecture. Nous lirons la fin du chapitre 3 du Livre I et entamerons celle des Livres II et III.
1- Un changement de problématique: substituer à la question du fondement de l'autorité politique et des lois celle de la convenance des lois à la "disposition" particulière d'un peuple
a- La problématique du fondement (Hobbes, Locke...)
- expliquer par le moyen de deux fictions (état de nature et contrat social) la nécessité d'instaurer une autorité politique chargée d'établir des lois afin de gouverner la société, et montrer à quelles conditions elle est légitime
- dans cette perspective, la question des formes du gouvernement est une question mineure (voir le chapitre 19 du Léviathan de Thomas Hobbes)
b- La problématique de la convenance (Montesquieu)
- Un renversement des priorités: l' éclipse de la notion de contrat social, la recherche du gouvernement qui convient le mieux à la disposition particulière d'un peuple
- dans cette perspective, on ne peut pas parler de meilleur gouvernement dans l'absolu, et il n'y a pas de lois justes qui conviendraient indifféremment à tous les peuples
- une nouvelle définition de la loi qui ne la rapporte plus à la raison primitive mais à l'activité législatrice de la raison humaine en tant qu'elle s'applique à une diversité de contextes particuliers
- pour comprendre la manière dont la raison humaine s'applique à ces contextes, il faut saisir l'ensemble des rapports qui expliquent leur singularité (c'est s'élever ainsi à "l’ esprit des lois")
2- L'examen des lois qui sont en rapport avec les différents types de gouvernements
a- La typologie des gouvernements de Montesquieu (Livre II, chapitre 1)
- les deux critères de distinction des gouvernements (le nombre et la manière de gouverner): républicain, monarchique, despotique
- la primauté du 2ème critère conduit à opposer les gouvernements "modérés" (réglés par des lois) au gouvernement sans loi (despotique). L'opposition de Montesquieu à Hobbes.
- l'intérêt des transformations que Montesquieu fait subir à la typologie traditionnelle (voir le Livre III des Politiques d'Aristote): faire une place au gouvernement despotique. Celui-ci est l'invention conceptuelle majeure de Montesquieu: les trois idées nouvelles qu'il implique
b- On ne peut pas dire dans l'absolu quel est le meilleur gouvernement, mais on peut dire a priori que le pire est le gouvernement despotique: c'est un gouvernement "monstrueux" qui porte atteinte à la nature humaine. Les lois de nature ne peuvent pas dire ce qu'un gouvernement doit faire, mais elles fixent ce qui est inacceptable.
c- L'examen des types de gouvernements selon leur nature (les "lois fondamentales" qui constituent la structure d'un gouvernement) et leur principe (la passion spécifique qui motive l'obéissance des hommes à un type de gouvernement, et les lois civiles qui s' y rapportent: vertu (république), honneur (monarchie), crainte (despotisme)
- La manière originale dont Montesquieu aborde le problème de l'obéissance
- La solidarité de la nature et du principe d'un gouvernement
3- Examen du gouvernement républicain
Notre lecture sera ici transversale : elle abordera ce gouvernement à travers plusieurs livres (jusqu 'au Livre VIII). Nous aborderons la monarchie par comparaison. Nous consacrerons ensuite notre attention au gouvernement despotique. Notre réflexion se dirigera vers un examen des conditions de la liberté politique. La lecture des Livres XI et XII sera alors très importante.