Lecture d'une œuvre :
"L'Esprit des lois" de Montesquieu
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance du 19 novembre 2024
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 19.11.2024
2/ Plan du cours de la séance du 19 novembre 2024
C'est notre 3ème séance. Nous lirons la fin du 1er chapitre du Livre I et les deux suivants.
1- Pourquoi seul de tous les êtres l'homme a-t-il besoin que « les législateurs établissent des lois politiques et civiles »?
a- La définition générale des lois comme "rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses" permet de fonder l'étude des lois humaines
b- La place singulière de l'homme dans le monde: il est l'être qui est le moins apte à suivre ses propres lois
c- La condition "oublieuse" de l'homme et la nécessité d'un triple remède. Le 3ème remède: "Les législateurs l'ont rendu à ses devoirs par les lois politiques et civiles"
2- Pourquoi un examen des "lois naturelles" entre les lois éternelles du chapitre 1er (les "rapports d'équité") et "les lois positives" du chapitre 3?
a- S'agit-il de s'engager dans la voie tracée par les philosophes du droit naturel moderne?
- leur démarche consiste à expliquer la genèse des lois positives par la fiction d'un "état de nature"
- l'opposition entre Thomas Hobbes (Léviathan, 1651) et John Locke (Traité du gouvernement civil, 1690)
b- La critique des conclusions de ces philosophes par le retournement contre eux de leur propre méthode: ce qu'ils disent de l'état de nature et des lois naturelles est erroné car ils attribuent à l'homme naturel des idées qui résultent d'un développement des connaissances
c- L'état de nature (désir animal de se conserver et sentiment de faiblesse) ne permet ni de conclure à la nécessité d'établir des lois positives ni de concevoir les lois naturelles comme des normes universelles permettant de juger de la légitimité des lois positives. L'état de nature n'est pas un état de guerre (contre Hobbes), et les lois naturelles ne sont pas des lois rationnelles prescriptives mais des tendances animales (contre Locke et Pufendorf).
d- Le processus naturel de socialisation et d'humanisation qui conduit l'homme au désir de vivre en société
3- L'établissement des "lois positives" (chapitre 3)
a- La socialisation et le développement des connaissances renverse le sentiment de faiblesse en sentiment de force. La vie en société est un état de guerre. Nécessité d'une organisation juridique de la société pour remédier aux conflits.
b- Montesquieu ne déploie aucune genèse qui mettrait en évidence le passage à cette organisation (aucune référence à un "contrat social" exigeant des individus qu'ils se dessaisissent volontairement de leur droit de se gouverner eux-mêmes au profit d'une autorité souveraine)
c- L'œuvre législatrice de la raison humaine
Montesquieu substitue à la question du fondement de l'autorité politique et de la légitimité des lois positives celle de leur convenance: "Le gouvernement le plus conforme à la nature est celui dont la disposition particulière se rapport mieux à la disposition du peuple pour lequel il est établi"
d- L'esprit des lois comme principe de leur compréhension