Lecture d'une œuvre :
"L'Esprit des lois" de Montesquieu
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance du 11 mars 2025
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 11.03.2025
2/ Plan du cours de la séance du 11.03.2025
C'est notre 7ème séance. Après avoir étudié le gouvernement républicain, nous abordons le gouvernement despotique. Cet examen nous permettra d'amorcer une réflexion sur les conditions de la liberté politique
1- L'introduction d'une 2ème typologie qui distingue gouvernements "modérés" (régis par des lois) et gouvernement despotique (III, 10)
a- La réflexion change de référence au cours du Livre III: à la fin du livre, elle ne s'ordonne plus à partir de la vertu, mais à partir de la crainte (principe du gouvernement despotique)
b- Ce changement conduit Montesquieu à exclure la définition républicaine de la liberté (XI, 3) et à la redéfinir par opposition à la crainte: " La liberté politique dans un citoyen est cette tranquillité d'esprit qui provient de l'opinion que chacun a de sa sûreté: et pour qu'on ait cette liberté, il faut que le gouvernement soit tel qu'un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen".
2- Le gouvernement despotique comme figure du mal en politique (III,9 et 10, IV,3 ; V, 13, 14, 16)
a- Un gouvernement politique à part entière (II, 1) qui est le pire de tous ("il cause à la nature humaine des maux effroyables")
b- Le "despotisme oriental": une fiction pour dénoncer la dérive absolutiste de la monarchie française ou une réalité observable?
c- La structure du sérail pour décrire son fonctionnement
d- Sa fonction exotique: dépayser la question du mal en se mettant à distance de la vision chrétienne européenne qui se focalise sur la personnalité d'un prince méchant , afin de le considérer seulement comme l'effet d'un fonctionnement
3- La "nature" du gouvernement despotique (II, 1 et 5)
a- Une définition négative qui souligne tout ce qui lui manque: pas de loi fondamentale, pas de lois civiles
b- Un gouvernement qui se décharge de son propre exercice et risque d'aller à sa perte en se subordonnant à la jouissance du despote
c- Sa "simplicité" et son "uniformité" (V, 14). La communication du pouvoir comme mouvement aveugle (la métaphore de la boule jetée contre une autre, III, 10, et V, 16)
4- Le "principe" du gouvernement despotique (III, 9 et 10 ; V, 13, 14, 16)
a- Un usage maximal et constant de son principe: "Lorsque (...) le prince cesse un moment de lever le bras (...), tout est perdu" (III, 9). Illustration par l'usage démesuré et inefficace des peines (VI, 12)
b- Un gouvernement voué à l'impuissance (V, 13 et 14): la crainte est une passion inhibitrice et destructrice (stérilisation des capacités, destruction du lien social)
5- Le despotisme comme tendance corruptrice (VIII, 8, 10, 21)
a- Il ne désigne pas seulement le gouvernement despotique, mais aussi une tendance qui guette tous les gouvernements modérés lorsqu'ils concentrent le pouvoir et ne le modèrent pas. D'où la nécessité d'une réflexion sur les moyens de l'éviter et de garantir les conditions de la liberté politique.
b- Un gouvernement despotique ne peut se maintenir que s'il rencontre des limites extérieures ("quelques causes accidentelles", VIII, 10); l'exemple de la Chine (gouvernement limité par la force d'un climat chaud, VIII, 21)