La Liberté
par Didier Carsin
1/ Enregistrement de la séance
Pour accéder à l'enregistrement, cliquer sur le lien ci-après:
enregistrement séance du 03.12.2024
2/ Plan du cours
C'est notre 3ème séance sur la question. Après avoir examiné la notion de libre-arbitre à laquelle on rapporte la liberté de la volonté, il s'agit d'examiner la notion de nécessité à laquelle on l'oppose. La nécessité conduit- elle à exclure la liberté? La nécessité qui est à l'oeuvre dans la nature (lois naturelles) doit-elle s'appliquer sans exception, y compris à l'homme? Y a-t-il une nécessité absolue?
1- La nécessité conditionnelle des lois de la nature
a- Le principe du déterminisme au fondement de la connaissance scientifique
b- Les lois de la nature expriment une nécessité conditionnelle
c- La thèse du libre-arbitre implique de limiter la nécessité aux phénomènes naturels. Dans cette perspective, la connaissance des lois de la nature permet d'étendre son champ d'action et de "se rendre comme maître et possesseur de la nature" (Descartes, 6ème partie du Discours de la méthode, 1637)
2- La nécessité absolue comme destin
a- Qu'entend-on par un événement fatal? La tragédie d'Oedipe (le destin se joue des moyens par lesquels on prétend l'éviter)
b- La critique du fatalisme par Aristote (Traité de l'interprétation)
- un usage abusif du raisonnement logique: l'exemple de la bataille navale de Salamine
- les conséquences de la conception du futur qu'il implique: l'"argument paresseux"
- cette critique met en évidence la contingence du monde ("sublunaire") comme la condition de possibilité de la liberté humaine
c- Le fatalisme comme expression de la superstition
- comme croyance "finaliste", il nie l'existence du hasard. Le hasard est l'absence de finalité (exemple de l'homme qui reçoit une pierre tombée d'un toit sur la tête, appendice de la 1ère partie de l'Ethique de Spinoza, 1677)
- le hasard n'est pas l'absence de cause mais il résulte de la "rencontre de séries causales indépendantes" (Essai sur les fondements de la connaissance et sur les caractères de la critique philosophique, Cournot, 1851)
- expliquer les sources de la superstition qui nous fait croire que l'avenir est tracé par avance (Psychopathologie de la vie quotidienne, Freud, 1901)
3- La nécessité absolue comme enchaînement universel de causes et d'effets
a- L'idéal du déterminisme universel et d'une parfaite prévisibilité de tous les événements élimine le hasard et la liberté (hypothèse de Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, 1814)
b- Est-il possible de tout connaître (la totalité des conditions qui permettrait de tout prévoir)? L'examen des conditions qui rendent possible notre connaissance montre qu'il n'y a pas là seulement une impossibilité de fait mais aussi de droit (il n'y a de connaissance que dans les limites de l'expérience possible, la catégorie de causalité n'a de sens que par rapport à l'expérience). Voir la Critique de la raison pure, Kant, 1781.
c- Dans son besoin de concevoir la totalité des conditions pour parvenir à une explication intégrale, la raison sort des limites de l'expérience et prétend s'élever à l'absolu. Les Idées (idées de monde, de Dieu, de liberté) qu'elle conçoit, sont des exigences de la pensée qui expriment son besoin d'absolu mais elles ne sont pas des connaissances
d- En s'élevant au-dessus des limites de l'expérience, la raison tombe dans un conflit insoluble entre la thèse de la liberté et celle d'une nécessité absolue (antinomie de la raison). En vérité, ces deux thèses ne se contredisent pas si l'on sait qu'elles ne se situent pas au même niveau (la distinction chose en soi/ phénomène). Rien ne permet d'affirmer que la liberté n'existe pas: on ne peut prétendre que la réalité se réduise à ce que nous en connaissons à travers notre expérience