Hopiel Ebiatsa, Docteur d'Etat et certifié d'Histoire-Géographie, nous présente le peuple Teke et sa langue.
L’immensité du pays des Teke nous a été restituée par la répartition des hommes.Cependant, d’un écosystème à un autre, en suivant les pistes d’échange qui transcendent la diversité géographique en reliant entre eux divers villages éloignés, les hommes se comprennent dans leur parler sans l’aide d’un interprète. Une telle situation d’unité linguistique est forcément liée à un fond commun autour duquel les diverses variétés dialectales se sont articulées.
L’élément linguistique Teke comprend trois espaces, en intime coexistence :
La langue des Teke est Ityo ou Iteke. L’évidente difficulté de prononciation qu’elle comporte exige, un effort phonétique, pour la conserver et implique une profonde signification dont on se doit de soigner et de choyer la maintenance à travers l’espace et le temps. On attend pour bientôt un ouvrage sur la linguistique Teke (3).
L’originalité, en tout cas la pureté archaïque de cette langue sont un fait communément reconnu dans le bassin congolais. L’espace Teke le plus élargi est au centre du Congo. Centre géographique du pays, cette contrée est aussi son centre linguistique. Car, en matière de langue, sur cet espace, le Congo entier se noue à la crête de deux versants linguistiques : Nord, voyelle et Midi, consonnes.
La description anthropologique de cette langue est une démonstration de l’impossibilité de séparer la langue de son contexte socio-culturel et historique. Elle éclaire au mieux l’utilisation des phénomènes linguistiques comme des témoins d’histoire et de civilisation.
Il existe un ordre dans l’univers de nos peuples et il appartient aux chercheurs d’en chiffrer les lois cachées. L’expérience humaine ne se contente pas de distinguer les éléments de la réalité qui l’entoure. Elle éprouve le besoin de les classer en catégories fondées sur des critères bien déterminés. Ces classifications constituent pour nos sociétés une explication du monde car les unes et les autres sont fondées sur une connaissance approfondie de la réalité historique, du vécu des hommes.
Analyser et décrypter certaines classes nominales prendra la place essentielle dans cette étude. C’est que l’archéologie linguistique s’accorde mieux à l’aspect synchronique de la langue perçue par l’historien comme son état statique constitué de l’ensemble des rapports logiques reliant des termes coexistants et formant un système tel qu’il est aperçu par une collectivité à un moment donné de son évolution.
Les classes consonantiques se constituent en des groupes dont les principaux sont :