DISCOURS de Philippe KEUER lors de la commémoration au KNOPP le 18 juin 2020.
Le 18 juin 1940, les Marsouins des 41e et 51e RMIC, ainsi que les Grenadiers de la 1re Division d’Infanterie Polonaise, n’ont pas pu entendre l’Appel lancé depuis Londres par le général de Gaulle.
Ce jour-là, ils se battaient contre l’envahisseur sur le canal de la Marne au Rhin.
Des combats, qui pour eux avaient commencé 5 jours plus tôt dans le Pays d’Albe.
Le 14 juin 1940, alors que des troupes allemandes défilaient sur les Champs Elysées à Paris, déclarée ville ouverte, la 1reArmée allemande du général von Witzleben ouvrait un nouveau front dans le Nord-Est de la France : c’était le début de l’Opération Tiger.
Cette offensive avait pour objectif de rompre la Ligne Maginot entre Biding et Sarralbe, puis de s’engouffrer dans la brèche et poursuivre la progression en direction de Nancy et Lunéville.
Pour se faire, les assaillants avaient engagé des moyens en hommes et en matériel très supérieurs à ceux que pouvaient leur opposer les défenseurs de la Trouée de la Sarre...
Le Knopp était le premier objectif que s’étaient fixés les assaillants dans le secteur Sarralbe-Holving.
Cet observatoire aux vues très étendues était défendu par 24 hommes du 51e RMIC, tous volontaires pour cette mission qu’ils savaient de sacrifice, car leur position, trop isolée en avant de la ligne principale de résistance, ne pouvait compter sur aucun renfort.
Ils accomplirent leur mission avec courage, détermination et héroïsme, ne succombant qu’après plusieurs heures de combat, au prix de 6 morts et 8 blessés graves, face à un ennemi en surnombre.
Une fois sur la position, les Allemands vont suivre, impuissants, les assauts successifs lancés par leurs troupes contre l’avancée d’Holving, qui jusqu’au soir, restera aux mains des Marsouins du 41e RMIC, renforcés par deux sections de soldats polonais.
A l’Ouest du Knopp, une contre-attaque victorieuse lancée en début d’après-midi par un escadron de grenadiers polonais rejette sur la rive gauche du Mutterbach un détachement allemand qui avait réussi à prendre pied dans la forêt du Buschenhugel, au Sud d’Holving.
C’est aussi depuis ce promontoire que les Allemands suivent le bombardement de Sarralbe sur laquelle l’artillerie et l’aviation ennemie s’acharnent, faute de parvenir à conquérir la ville par les combats terrestres.
Au soir du 14 juin, malgré les moyens considérables mis en œuvre par les Allemands, les défenseurs du Secteur Fortifié de la Sarre sont restés partout maitres de leurs positions...
Pour la 1re Armée Allemande, c’est un échec...
Une victoire défensive française éphémère, réduite à néant dans la soirée du 14 juin par un ordre de repli émanant du général Weygand, obligeant les défenseurs à abandonner les positions si chèrement défendues, et se diriger, à pied, vers le massif vosgien.
Commençait alors pour eux un long et épuisant repli, jalonné par des combats retardateurs mené dans des conditions matérielles de plus en plus difficiles.
Le 17 juin, alors que le Maréchal Pétain s’adresse aux français et leur demande de cesser le combat, les Marsouins et les Grenadiers Polonais poursuivent la lutte.
Le 18 juin, lorsque le général de Gaulle s’adresse à son tour aux français pour les appeler à poursuivre le combat à ses côtés, les marsouins et grenadiers polonais continuent toujours à se battre face à l’envahisseur.
Combattant le jour, retraitant la nuit, ce sont des régiments totalement disloqués qui formeront le dernier carré dans le massif vosgien...
Répondant à un ordre suprême de leur gouvernement en exil, la 1re Division de Grenadiers Polonais sera dissoute le 21 juin dans la région de Raon-l’Etape.
Les Marsouins, quant à eux, auront l’ordre de leur commandement, de déposer les armes dans la soirée du 22 juin, à l’Ouest de Saint-Dié, alors que dans le même temps l’armistice était signé dans la clairière de Rethondes, dans la forêt de Compiègne....
Aussi s’achevait l’épopée des Marsouins des 41e et 51e RMIC qui, comme il l’est rappelé sur blockhaus Mémorial d’Holving, « le 14 juin 1940 repoussèrent tous les assauts et qui, du 15 au 22 juin, conservèrent jusqu’au bout leur ascendant sur l’ennemi ».
Les événements que je viens d’évoquer se sont déroulés il y a tout juste 80 ans, et la commémoration d’aujourd’hui est là pour nous rappeler le sacrifice consenti par nos grands ainés.
Je voudrai me faire le porte-parole du Général Robin et des familles des anciens Marsouins et Bigors des 41e et 51e RMIC, héritiers des Troupes de Marine, empêchés par les mesures sanitaires liées à la lutte contre l’épidémie de Covid 19 d’assister à cette cérémonie, et remercier la ville de Sarralbe, l’UNC et les communes de Rémering et Holving pour leur fidélité sans faille à poursuivre le devoir de Mémoire initié et porté, de 1975 et jusqu’à sa dissolution en 1999, par les membres de l’Amicale des Anciens Combattants Marsouins et Bigors du Secteur Fortifié de la Sarre. Grace à vous, la flamme du Souvenir continue à éclairer cette page méconnue de la France combattante de 1940.
Et je voudrai également remercier toutes les personnes présentes aujourd’hui.