Thèse de doctorat

Directeurs:

Membres du jury:

  • Alain Berrendonner (Fribourg)

  • Sylvain Kahane (Paris Ouest)

  • Jean Marie Marandin (Paris Diderot)

  • Caroline Smith (New Mexico)

Mentions:

  • Mention summa cum laude (Neuchâtel)

  • Mention très honorable avec les félicitations du Jury (Paris Ouest)

Résumé :

Une hypothèse communément partagée dans la communauté des linguistes est que la structure prosodique repose sur l'identification de syllabes proéminentes et de tons de frontières de différents degrés. Les divergences entre les spécialistes sont à chercher dans les méthodes employées pour mettre au jour cette structure. Deux approches s'opposent : (i) une approche qui considère que la structure prosodique peut être décrite sur la base d'informations syntaxiques et phonologiques (cette position "générativiste" est la plus influente de nos jours), (ii) une approche qui considère que les paramètres pertinents pour décrire la structure prosodique peut être définie à partir d'indices perceptifs/acoustiques uniquement. Ma thèse s'inscrit clairement dans le second paradigme. Pour décrire la structure prosodique du français, j'ai développé avec l'aide de spécialistes du traitement automatique le logiciel ANALOR. Cet outil a pour fonction de détecter des syllabes proéminentes et des frontières prosodiques sur la base d'indices acoustiques uniquement. La mise au jour des ces proéminences et frontières de différents degrés est importante pour décrire le français parlé. Elle permet de vérifier certaines hypothèses intonosyntaxiques en circulation dans la communauté (du genre : le constituant extraposé à gauche dans une dislocation est toujours ponctué d'un accent, l'absence de qu- est supplée à l'oral par un morphème supragsegmental, etc.). Mais elle permet aussi d'apporter de nouveux arguments pour décrire certaines constructions que la syntaxe ne permet pas d'expliquer de façon satisfaisante (comme les greffes de constructions verbales à valeur temporelle), ou d'expliquer pourquoi certaines configurations engendrent une surinterprétation alors que d'autres non.

Abstract:

An hypothesis commonly shared in the linguists community is that prosodic structure relies on the identification of boundaries and of syllabic prominences of different degrees. Divergences concern the methods scholars employ to describe prosodic structure. There are at least two classes of specialists: (i) those who consider that prosodic events can be predicted by taking syntactic information into account (i.e. prosodic structure and syntactic structure match together, this “generative” position is the dominant position nowadays); (ii) those who consider that relevant prosodic parameters can be defined on acoustic/perceptive cues only (i.e. without syntactic information). My researches are clearly inscribed in this second paradigm. In order to annotate French prosodic structure, I developed with specialists of automatic language processing a software called ANALOR. This algorithm allows detecting major prosodic breaks and prominent syllables on the basis of acoustic cues only. The location and the appreciation of different prominent degrees are important for syntactic description of spoken French. It allows discussing some well-known or instinctive intono-syntactic regularities (as: "left dislocations are always followed by a strong prosodic break", "wh- deletion is prosodically marked in spoken French", etc.), but also to bring new arguments where syntactic tests do not work (in the case of temporal parataxis), or explaining when and why specific parataxis engender an inferential interpretation or not.