On s'y trouve volontairement ou involontairement, le truc c'est d'y faire face, le soucis c'est de se faire face à soi.
Au début j'ai trouvé ça très difficile, j'ai continué pendant plusieurs mois à calquer ma vie sur celle que je menais avec mon mari et mes enfants. Je continuais à me lever à 5h30 du matin, mentalement je refaisais les gestes, les trajets enfin bref je me repassais dans ma tête mes journées d'avant.
Pendant deux ans j'ai gardé ma photo de mariage sur la cheminée ou sur un meuble, quand les enfants venaient je l'enlevais et la replaçait dès qu'ils étaient retourné avec leur papa. Maintenant après 19 ans, je me rend compte que c'était ma façon de faire mon deuil.
C'est difficile quand on y pense, une séparation est un peu comme une perte. Sans parler de ce sentiment d'échec, je ne sais pas pour les autres, mais dans mon cas, quand je me suis mariée c'était pour la vie et pas pour quelques années. Encore maintenant, malgré le divorce prononcé depuis des années, j'ai toujours l'impression d'être unie à mon ex-mari, c'est peut-être parce qu'il y a les enfants.
Je ne suis jamais arrivée à m'attacher à un autre homme, pourquoi ? car mis à part le respect que je ressens envers le père de mes enfants, les sentiments ont changé.
Donc, j'ai appris à vivre seule, la première chose que j'ai faite c'est me poser des questions sur ce que j'aime, et ce que je n'aime pas. C'est idiot au fond, mais en y regardant de plus près ...
Quand on est enfant on vit sous la tutelle de nos parents, nous suivons leurs règles, nous devons obéir et nous plier à leur volonté. Ensuite on se marie, et ça recommence, on s'accommode de la façon de vivre de l'autre, on se plie à ses souhaits, ses désirs et souvent on s'oublie au passage. En y regardant de plus près, on se rend compte qu'on ne se pose jamais la question, est-ce que j'aime faire ça ? est-ce que j'en ai envie ?
C'est là que j'ai réalisé que nous vivons la plupart du temps en fonction des autres sans tenir compte de nos propres besoins et envies. Quand on en prend conscience ça fait bizarre, car on se sent désœuvré, on ne sait plus quoi faire, on est perdu. Plus personne à suivre, à écouter sinon soi. J'avoue que pour moi ça été un choc, je ne savais plus qui j'étais, ce que je voulais, ce que je pouvais faire.
Je me suis donc tournée vers le boulot, je faisais des heures, beaucoup d'heures et m'effondrais de fatigue pour repartir le lendemain. On s'abruti de travail, on occupe son esprit le plus possible, dans mon cas, en dehors du boulot je pouvais lire sans m'arrêter deux voir trois jours sans dormir. Toujours le même objectif, ne pas penser, ne pas se poser de question, avancer et ne pas regarder derrière. Ensuite je suis passée aux mots croisés, au sudoku.
Bref, toujours s'occuper, toujours avoir un bruit de fond, la radio, la télé n'importe quoi pourvu qu'on occupe notre esprit. À force on se ruine la santé, jusqu'au jour où on ouvre enfin les yeux. C'est alors qu'on commence à chercher des réponses, on cherche pourquoi on en est arrivé là. Bien entendu les solutions n'arrivent pas toutes seules, on travaille sur soi, on lit des bouquins sur le bien-être. Certains aide, d'autres pas. On continue à chercher, jusqu'au moment où on comprend enfin qu'il faut apprendre à s'aimer, à s'accepter avec nos qualités et nos défauts (enfin ce qu'on considère comme tels).
Simplement se regarder en face, apprendre à se connaître. Je ne sais pas pour les autres, mais j'ai toujours eu le sentiments d'être incomprise. Si j'y réfléchi je ne me comprend pas moi-même, alors comment les autres pourraient-ils y arriver ? C'est là que le vrai travail commence. Apprendre à se comprendre, c'est dur encore maintenant j'y travail.
Je me sens souvent perdue face à moi, les psy conseillent de se considérer comme une amie. Mouai!! Il est vrai que je ne dirais jamais à une amie les choses que je me dis à moi dans ma tête. Je suis plus gentille avec mes amies, je suis compréhensive, je les console. C'est difficile de faire ça avec soi.
Les mots comme "idiote, que t'es conne etc." viennent tout seul. Pas évident de les empêcher de se manifester. Il m'arrive de m'excuser à moi-même quand ça arrive encore. Mais le réflexe ne vient pas systématiquement, il faut encore y faire attention. Mais j'y travaille, je m'applique.
Donc, la solitude on doit apprendre à l'apprivoiser, ne pas la laisser nous dominer, mon frère ainé m'a souvent dit "l'Homme n'est pas fait pour vivre seul". Je veux bien le croire, mais quand on a pas le choix. Il faut reconnaître que le monde actuel nous pousse plus à vivre seul, plutôt qu'en communauté.
Si par malheur on ne travaille pas (chômage), il vaut mieux ne pas louer avec un ou une coloc. sinon on est diminué et se retrouve à ne plus pouvoir assumer les charges locatives et le reste.
Il faut absolument se débrouiller tout seul, que se soit émotionnellement ou financièrement.