Pourquoi multi pattes ? au fil de années, mes rencontres se sont présentées sous de nombreux aspects. Que se soient poils, plumes, écailles, carapace, deux, quatre ou pas de pattes du tout (oui, les poissons).
Bref, tout ce petit monde qui gravitait autour de moi, m'intéressait beaucoup plus que la plupart des gens que je pouvais croiser.
Inutile de préciser qu'à cette époque, on pouvait égorger la terre entière sous mes yeux, ça me laissait de glace. Mais, un animal maltraité, je pleurais toutes les larmes de mon corps, sous l'indignation générale, devant un épanchement disproportionné envers les animaux, selon eux. Je m'en allais alors, bouder dans mon coin, en traitant intérieurement tous ces insensibles, de tous les noms d'oiseaux que je pouvais connaître à cet âge.
13 ans: Teddy entre dans ma vie, genre de mini berger allemand. C'était bluffant, mêmes yeux bruns, même couleur fauve, le museau noir, mais beaucoup plus petit. Nous sommes allés le chercher à la SPA, quand je l'ai vu, il se trouvait au milieu de chiots jappant à qui mieux-mieux, on dit des oies, mais j'assure qu'une nichée de chiots est aussi bruyante, c'est d'ailleurs se qui m'a attirée dans le bâtiment où ils se trouvaient. Il faut que je vous dise que mon oncle et ma tante ne voulaient que des chiennes, et quand nous nous sommes arrêtés devant l'enclos ouvert, avec la maman et les chiots, nous sommes restés en admiration devant sa patience et sa douceur avec les bébés, comme je restais scotchée, mon oncle se renseigne et apprend qu'en fait se n'est pas la maman et que les bébés sont assez grands pour rester seuls. Emballé c'est pesé, on l'embarque. Il, oui je dis il vous comprendrez quelques lignes plus loin. Donc il saute sur mes genoux dans la voiture, et retour à la maison.
Bien sûr première mission, le bain.
Et là ! à la grande stupeur de mon oncle on s'aperçoit qu'en fait c'est un mâle, pas une femelle malgré ce qu'avait affirmé le gardien de la S.P.A, et comme stipulé sur le livret délivré à l'adoption. Grosse colère de mon oncle envers ces incapables, je passe sur les qualificatifs peu aimables qui ont suivi. Délaissant mes parents, car pour moi ce détail sans importance m'indifférait, je termine le bain de mon déjà ami le chien, pendant que les deux adultes se chamaillent au living. Je fais ainsi la connaissance de Teddy, oui je l'ai baptisé lors de son premier bain. Mon Teddy bien propre dans les bras, j'arrive près de ma tante, pour apprendre que mon oncle reprend le chien et le ramene d'où il vient. Pour la première fois de ma jeune vie je me suis battue bec et ongles pour garder mon nouvel ami, et j'y suis arrivée, avec des arguments dignes d'un avocat dixit mon oncle, qui s'est plié, à mes arguments. Forte hein !
Teddy était incroyable, il m'accompagnait à l'arrêt du bus, le matin, quand je partais à l'école, et le soir quand j'arrivais il m'attendait assis à l'aubette. Il me faisait une fête mémorable et me ramenait, en gambadant, à la maison. Il me suivait partout et ne se nourrissait pas tant que je n'étais pas là. Un toutou parti trop vite, que je n'oublierai jamais.
Ont suivit divers compagnons qui ont traversé mon existence, par hasard, jamais très longtemps, se qui m'a appris que rien n'est éternel, que tout bouge, change et passe, on avance au fil du temps croisant au passage, une tortue, un poisson rouge, un hamster, des chats etc.
Puis vient l'âge un peu bizarre ou les humains nous intéressent plus que les animaux. On se demande pourquoi mais ça doit être normal, puisqu'on y passe tous. J'avoue qu'il a fallu attendre mon adolescence, avancée, pour tourner vers mes semblables un regard aussi indulgent que celui que j'accordais, depuis toujours, à mes amis les animaux.
Au cours des années qui ont suivi...
Les chats ! Ils m'ont beaucoup appris sur l'indépendance, par contre après en avoir eu quelques uns, car c'est difficile, si on veut les laisser courir librement, de les garder longtemps. Je me suis aperçue que contrairement à une idée reçue, les chats s'attachent à une personne et pas nécessairement à un endroit. Chaque fois que j'ai déménagé si j'avais un chat, il me suivait et pas besoin de beurre sur les pattes ou autres idioties de ce genre. Je le prenais sur mes genoux, lors du dernier trajet, et l'emmenais avec moi sans soucis, pas besoin de boite. J'ai procédé de cette façon plusieurs fois, sans problème. Ce qui me permets de douter, sur le bien fondé de certaines croyances populaires.
La compagne qui m'a le plus marqué durant mon âge adulte, c'est Moka. Un briard noir, que nous sommes allés chercher le papa des enfants et moi à Ath. Là une petite leçon de génétique animale s'impose. Je voulais un berger de Brie noir, hors en Belgique beaucoup de problèmes de consanguinité existent pour les noirs, car le pays étant petit les éleveurs n'hésitent pas à croiser des membres éloignés de la même famille. Donc, mon premier soucis fut de trouver un éleveur qui se souciait de ce problème, je l'ai trouvé à Ath. Celui-ci précisait que le papa des chiots venait d'un élevage français, Brie (lieu d'origine de cette race), d'où son nom. Il faut savoir qu'une race de chien ne conserve ses caractéristiques, surtout comportementales, qu'à condition de croisement sain. Il était donc important pour moi, enceinte de 6 mois, de ne pas me retrouver avec un compagnon ingérable ou caractériel. Trop dangereux!
Nous voilà donc parti chez ce fermier. Il nous explique en long et en large, les origines du papa magnifique, fier comme un paon, trônant dans la cour de ferme. Nous racontant comment il l'aide pour rentrer ses troupeaux, (activité où excelle cette race de berger), en nous emmenant dans la grange où se trouvait la portée. À notre entrée tous les chiots se sont dirigés vers nous sauf un, qui restait derrière les autres en me fixant de loin, c'est là que ça c'est passé, pas moyen de détacher les yeux de cette petite boule de poils. Je me suis avancée vers elle et elle vers moi, oui, c'était une femelle (à mon avis, influence résiduelle de mon enfance). C'était comme dans les films, quand deux amoureux se retrouvent après une longue absence. Arrivée près d'elle, je l'ai prise dans mes bras et elle ne m'a plus quittée.
J'ai vécu avec Moka dix années de complicité incroyable, j'avais l'impression qu'elle comprenait tout, petite anecdote, quand je faisais mes galettes, elle s'installait, entre moi et la cuisinière, pour happer tous les morceaux qui s'échappaient lors des déplacements, entre le fer et l'assiette. Elle n'en laissait tomber aucun, elle était impayable. Chaque enfant qui est arrivé ensuite, elle le couvait comme si c'était le sien, une vraie mère poule, pire que moi!
Quand elle est décédée, j'ai perdu ma plus chère amie. Tellement de bons moments passés avec elle sont restés dans mon cœur, des souvenirs, j'en ai des tas, souvent liés à mes enfants car elle était là avec moi pour assister à leur premiers pas chancelants, leur bêtises, leurs pleurs. Sans oublier les réunions d'anniversaires, où elle veillait à se qu'on ne fasse pas de mal à son gamin. Elle adorait David, pourtant leurs débuts furent difficiles.
Quand il a commencé à marcher, elle n'acceptait pas qu'il envahisse son territoire. Nous avons du rajuster le tir de temps en temps, en calmant les ardeurs de l'un comme de l'autre, mais au bout du compte ça c'est très bien arrangé. La période trotteur était épique, il lui attrapait la queue et elle le tirait à travers la cour, quand il estimait aller assez vite il la lâchait en levant les pieds pour profiter de la vitesse.
Moka a vu passer pas mal de compagnons, durant sa vie, Hamster, furet, oiseaux (un couple d'inséparables), un lapin nain. Ils faisaient tous partie de se que j'appelle, ma période sauvetage. Des amis, des connaissances qui ,pour une raison ou l'autre, ne pouvaient plus garder leur animal, m'appelaient au secours . Donc j' accueillais ceux-ci et les soignais afin qu'ils puissent finir leur vie en paix. Mais j'avoue que je n'arrivais pas à m'habituer aux cages, il est arrivé plus d'une fois que j'oublie de les fermer. Probablement pas intentionnellement, mais je pense que mon inconscient agissait pour moi.