Ma façon d'aborder la vie

Dans la vie, des surprises nous en avons beaucoup. Bien sûr surprises signifie événements imprévus, on peut choisir comment les accueillir. Personnellement, je préfère prendre le bon côté des choses.

Mon destin a croisé celui de deux personnes qui m'ont formée, façonnée à leur idée, celle qu'ils se faisaient de la bonne manière d'élever un enfant.

Ma tante et mon oncle, puisqu'il s'agit d'eux, ont pris soin d'éveiller mon intérêt depuis ma plus tendre enfance, et ce dans tous les domaines imaginables, intellectuel ou manuel, aucune limite posée, si se n'est celle de la bienséance, la politesse et surtout le respect de la vie sous toutes ses formes.

Mon intrépidité d'enfant n'a pu néanmoins se développer librement qu'en la compagnie de mes camarades de jeu, étant donné la surveillance étroite dont je faisais l'objet, sous la tutelle de ma tante toujours sur le qui-vive.

Ce qui ne m'a pas empêchée de faire les 400 coups, de faire partie d'un club de volleyball pendant deux ans, de m'adonner à la natation, ou en douce, de mobiliser mes copines dans des séances intensives de gym, patins à roulettes (oui à mon époque, les rollers n'existaient pas), courses à pieds ou a vélo, sans parler des randonnées dans les bois ou, par exemple, la traversées des champs pour rejoindre le barrage de l'Eau d'Heure, partie soi-disant interdite, car pas aménagée, mais c'était beaucoup plus excitant que de suivre les sentiers battus.

C'est sans doute ce côté ingérable qui m'a amenée à quitter l'école à 15 ans. La cause? Je m'ennuyais.

Triste quand on sait le plaisir que j'ai toujours eu à apprendre des nouvelles choses. Je pense que ce n'est la responsabilité de personne en particulier, juste le fait que l'enseignement de l'époque n'était pas aussi intéressant que l'idée que je m'en étais faite.

Résultat, je quitte l'école à 15 ans et commence à travailler comme apprentie vendeuse en mercerie. Petite anecdote: quand je suis arrivée dans le magasin en question pour un entretien d'embauche, je n'avais aucune idée du genre de marchandises qui s'y vendaient, ma sœur ainée, qui m'accompagnait s'est bien moquée de moi, longtemps après, au vu de la tête que j'ai faite en y entrant.

Grosse panique !!! que des murs remplis de boites avec des boutons cousus dessus, des meubles remplis de bobines de fils, d'énormes tiroirs d'où sortaient toutes sortes d'objets dont je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi ils pouvaient servir, des piles de tissus de toutes les sortes et bien d'autres objets innommables pour moi à cette époque.

Ma première idée? prendre mes jambes à mon cou. Courageusement, je suis restée collée à ma sœur, regardant le patron arriver, un grand gaillard d'au moins 1 m 90 qui pesait au moins... oh oui tout ça !

Je l'ai écouté, j'ai répondu à ses questions et dans un état entre deux eaux, j'ai rejoins ma sœur pour partir de cet endroit, je dis partir, mais, avec du recul, je me demande si je n'ai pas plutôt fui . Elle, voyant ma réaction durant le trajet du retour, veut me rassurer (t'inquiète, de toute façon, il a dit qu'il te rappellerait, et on n'a jamais de nouvelles).

La semaine passe, le lundi de Pâques arrive, le téléphone sonne: c'était lui. Je commençais le lendemain. Inutile, je pense, de préciser mon état de panique jusqu'à mon premier jour, mais contrairement à toute attente j'ai adoré. De là est née une passion. Enfin, je ne sais pas si on peut appeler ça ainsi, mais ce que je sais, c'est qu'il me faut ma machine à coudre installée en permanence avec tout mon matériel prêt à l'emploi.

Je dois pouvoir m'installer à tout moment et l'utiliser, ce qui, sans mentir m'arrive presque tous les jours. Mon appartement ressemble plus à un atelier de couture qu'à un logis, mais, bon, c'est mon endroit, j'y vis seule donc ça n'ennuie personne et puis même. Si on veut Anne-Marie, on prend tout le "bazar" avec, pas le choix!

J'ai effectué mon apprentissage durant 3 ans chez Novita, ensuite vendeuse, jusqu'à mes 21 ans, année de mon mariage où je suis partie habiter dans le Brabant wallon. Mariée 14 ans, 4 merveilleux enfants, les plus belles surprises de ma vie. Durant cette période, mes occupations se sont multipliées. La propriété étant grande, je me suis adonnée au jardinage: potager, parterres de fleurs ornementales, petit élevage aussi : poules, coqs, canards, cailles, lapins et même 2 cochons.

Avec le papa de mes enfants, qui avait son atelier de menuiserie derrière la maison, je me suis familiarisée au travail du bois. Comme je connaissais la gestion, je faisais ses devis avec lui et assurais le côté administratif. Il m'a même appris le travail en atelier (ponçage, pose de quincaillerie etc.), le montage et le placement de cuisines et de placards. Maintenant encore, vivant seule, je me sers de ce qu'il m'a appris. Pour faire face aux divers problèmes domestiques auxquels je peux être confrontée.

Ensuite? Eh bien, nouvelle surprise, moins gaie au premier abord mais très enrichissante. Séparation, tout est a refaire, le plus difficile, se restructurer. J'y ai mis le temps qu'il fallait, j'y travaille encore mais il y a du progrès. Ce qui est certain, c'est que je me sens nettement plus apte à continuer mon chemin, et pas nécessairement en suivant les balises. Les limites de ma vie, s' il doit y en avoir, c'est moi qui les mets.

Les surprises, la vie continue à m'en faire tous les jours, c'est un rayon de soleil, des oiseaux qui chantent le matin. j'ai appris à les apprécier. Bien sûr, il y en a d'autres, plus terre à terre, des messages ou la visite surprise de mes enfants, des amis qui me rendent visite, mes sœurs ou mes frères, enfin tous ces petits instants que la vie m'offre sans restriction et qui mis bout à bout forment ma banque de souvenirs. Celle où je vais puiser quand le ciel s'assombrit; et j'assure haut et fort que je suis très riche, car ma banque de souvenirs est inépuisable, c'est mon plus beau trésor et je m'y nourris à chaque instant de ma vie.

Aujourd'hui nous sommes en pleine période Covid 19, comme son nom l'indique, elle a commencé en 2019, un virus comme beaucoup d'autres. Son premier nom Corona Virus (virus en forme de couronne), comme une grippe en somme.

J'en parle car pour le moment ma banque de souvenirs m'est très très utiles, Ben oui car nous sommes en "confinement", "couvre feu" oui oui, il ne faut pas se contaminer les uns, les autres. Alors quand on vit déjà seule, il n'y a pas grand monde à éliminer n'est-ce pas ;) .

D'où l'utilisation de ma belle banque de souvenirs, si je pouvais donner un conseil je donnerais celui-ci "constituez en une très riche". Difficile pour l'instant de se contenter de regarder le soleil ou les jolies fleurs. On a presque l'impression que la nature nous rit au nez. Comme je n'ai pas envie de m'étaler sur le sujet, je m'arrête là.