Le terme "roman" dérive du mot romanz qui apparaît au XIIe siècle pour désigner les langues populaires par opposition au latin classique, langue des élites cultivées. Le terme s'étend ensuite à une forme littéraire en prose écrite en ancien français. Ce n'est qu'au XIXe siècle (1818, Charles de Gervilles), avec la revalorisation de l'époque médiévale, que le terme en vient à désigner un art spécifique, distinct du style gothique, qui apparaît en Europe méridionale à la fin du Xe siècle.
[Pour voir une carte des principaux sites romans en Europe, cliquez ICI.]
L'héritage romain
Les maîtres maçons du XIe siècle ont à leur disposition les techniques de construction héritées de l'époque gallo-romaine, auxquelles se mêlent, pour l'ornementation, des influences celtes et germaniques (ex. la "bande lombarde"). Les Romains ont considérablement développé les techniques de construction grâce à leur maîtrise de l'arc en plein cintre (demi-cercle) et des voûtes en berceau. Ces dernières constitueront la base structurelle de l'architecture romane. (Voir le lexique pour les termes techniques).
Les chrétiens vont adopter, pour la construction de leurs églises, le modèle de la basilique romaine (c'est pourquoi on parle de plan basilical). Cet édifice public romain, en effet, convient bien à l'expression du culte chrétien pour qui l'Église se doit d'accueillir l'ensemble des fidèles (contrairement au culte gréco-romain où le temple est la résidence du dieu).
La basilique romaine est un édifice public de forme rectangulaire terminé à une extrémité, par un mur courbé en hémicycle, l'abside. L'édifice servait de marché, de palais de justice et de lieu de promenade.
L'église chrétienne (ici le plan de Saint-Denis) adopte généralement le plan de la croix latine qui évoque le Christ : l'abside, qui entoure la choeur évoque sa tête ; le transept, qui coupe la nef centrale , évoque ses bras ; la nef, bordé decolonnes est son corps. À noter que les églises chrétiennes sont toujours orientées selon un axe est-ouest.
Les chrétiens vont jouter au plan basilical romain de nouvelles sections pour répondre aux besoins du culte.
Ils orientent l'église selon un axe est-ouest de telle sorte que le choeur regarde à l'est, là où la lumière jaillit des ténèbres.
Ils installent l'autel dans le choeur, souvent érigé au-dessus d'une crypte qui garde précieusement les reliques de quelque saint. Dans les cathédrales, le siège ("cathedra") de l'évêque est installé dans l'abside à l'endroit où se tenaient les magistrats romains lors des procès et des jugements.
On ajoute un transept, une petite nef qui coupe la nef principale devant le choeur. À chacune de ses extrémités une porte permet une circulation plus harmonieuse des fidèles.