De gauche à droite :
Henri TILLY, Guy AUFFRAY, Roger HAYES, Gérald BRIAND
Hommage à Gérald BRIAND, texte de Henri TILLY.
Sa modestie dût-elle en souffrir, il faut rappeler qui est Gérald BRIAND. D'ailleurs, pour éviter de le gêner, je profite qu'il s'est absenté pour vous en parler.
D'abord, c'est un AMI, un ami majuscule, un de ceux dont Desproges disait qu'on pouvait les compter sur les doigts de Django Reinhardt; un ami fidèle, solide, disponible en toutes circonstances et surtout les plus dures, les plus pénibles. Tous ceux qui le connaissent ont pu apprécier sa ténacité, son courage et sa disponibilité alliés à une force physique et une endurance impressionnantes.
Pour nous, les judokas de l'archipel, pour moi qui eus le privilège d'initier cette belle aventure du BUTOKUDEN, Gérald reste l'inoubliable figure du pionnier, dans toute sa rudesse et toute sa grandeur. Il est des tout premiers, de ceux qui "savourent" dans l'hiver 1962-63 , les rigueurs des entraînements dans le séchoir glacial de la "Morue Française", sur des tatamis verglacés. Il est de ceux qui continuent de s'entraîner quand je rejoins la France, fin 63, pour mes études professionnelles. Il est, tout naturellement, un des premiers à saluer la renaissance du Butokuden en y participant quand, en 1970, détaché à l'hôpital de St-Pierre pour y créer le service Kiné, je "rallume les feux" du dojo. Dès lors, Gérald s'adonne assidûment au Judo. Ceinture marron, à l'époque, il aide souvent à l'encadrement.
Mais nous n'avons pas encore eu l'occasion de prendre la mesure de ce que peut faire Gérald, convaincu et motivé. L'occasion se présente quand, l'association submergée d'effectifs et affichant un besoin impérieux d'espace vital, décide de construire son propre DOJO.
Toute la section "adultes" se mobilise et s'organise pour une construction en main-d'oeuvre bénévole, le terrain étant concédé par les Autorités locales et les plans offerts par Jean Ruault, architecte, mon beau-père.
C'est là que nous avons droit à un festival des capacités de Gérald, du 1er coup de pioche des fondations au couronnement de la cheminée. Faisant office de chef de chantier, mais en même temps terrassier increvable, maître charpentier-menuisier, donnant les directives ou répondant à nos questions en s'arrêtant à peine de travailler, avec une économie de mots digne du vieux Sensei Kawachi; il lève brièvement vers nous son regard myope derrière des verres épais comme des hublots, ce même regard qui laisse filtrer une grande douceur mais aussi une lueur amusée, expression involontaire, sans le moindre calcul, soulignant à merveille cette force tranquille qui émane de lui. Force tranquille! Qu'aucun publicitaire ne vienne nous chercher des poux dans la tête en revendiquant la paternité de l'expression; ce serait une imposture.Quiconque connaît vraiment Gérald BRIAND, sait ce qu'elle signifie mais ne saura pas nécessairement tout ce qu'elle recouvre chez lui de ténacité, d'endurance, de persévérance quand l'effort n'est pas que le temps d'un "coup de feu" mais qu'il doit durer plus d'un an, tous les soirs, après la journée de travail, tous les week-ends, toutes les vacances, la seule limite étant l'achèvement de la tâche afin que le bâtiment soit en mesure de recevoir...son âme, je veux dire ceux qui lui donneront la vie à laquelle il est destiné : le Judo.
Bien sûr, d'autres judokas participent à ce chantier homérique et même, quelques amis non judokas font parfois un bout de chemin avec nous et je ne parle même pas ici de tous ceux, amis et familles qui, dans la belle tradition de nos îles, accourent pour une occasion particulière comme le coulage des fondations. Et que dire de ceux et celles qui sont à l'intendance, à la logistique?
Sur les 18000 heures de main-d'oeuvre bénévole estimées pour cette construction, il est bien difficile d'évaluer le quota de chaque participant; une certitude, cependant : Gérald détient la médaille d'or toutes catégories et haut la main. Mais il s'en soucie comme de colin-tampon et, le dojo devenu opérationnel, il reprend son kimono et revient s'entraîner, comme tout le monde. Alors, heureux ceux, et j'ai encore ce privilège, qui surprennent dans son regard cette lueur fugace d'émerveillement et de fierté en saluant un tatami qui nous paraît immense, rempli de judokas.
Merci à toi, vieux frère, d'avoir permis, par tes qualités exceptionnelles, que vive ce bel outil qu'est ce dojo. Ici, chacun sent ta présence et ta marque dans tout ce qui nous entoure; aucun risque que l'on t'oublie. De ton côté, maintenant que tu as eu l'idée saugrenue de nous fausser compagnie avant l'heure et, dois-je te le rappeler, avant le Jubilé de 2013, maintenant que, n'en doutons pas, tu vas prendre du galon, pardon, des dans, n'oublie pas de jeter, de temps en temps, un oeil bienveillant sur ceux qui font si joliment tourner notre BUTOKUDEN et qui, tous les jours, font honneur à cette réalisation que beaucoup considéraient, goguenards, comme un échec programmé alors que depuis 30 ans, elle leur fait la nique en prospérant.
Bon! Tu voudrais que j'arrête de te faire gonfler les chevilles? D'accord! Pourquoi je parle au présent? C'est simple; si tu crois être parti dans le passé, tut te goures. tant que vivra ce Judo-Club, tu seras, nous serons, tous ensemble, dans le présent et même dans le futur; après, seulement, commencera, peut-être, le passé, puis l'éternité....Et là, il paraît que c'est long...surtout vers la fin.
Sayonara damatte ita bokuno tomodachi. H. Tilly
Au revoir, mon silencieux Ami.
A Gérald BRIAND
Merci d’être venus nombreux, le club tenait ce soir à rendre un dernier hommage à Gérald Briand, décédé le 27 juillet dernier.
Nous sommes aujourd’hui le vendredi 1er octobre 2010 et l’association du Butokuden-Dojo depuis deux semaines a repris ses activités pour la 38ème saison dans ce dojo.
J’ai rejoint le comité directeur du Butokuden-Dojo à l’automne 1973.
En février 1974, j’en suis devenu le président.
Pendant trois années j’ai côtoyé Gérald, que je connaissais déjà de longue date et dont j’ai pu ensuite apprécier les nombreuses qualités.
Le code moral du judo il l’avait bien assimilé, les mots : politesse, sincérité, courage, amitié, modestie, avaient pour lui tout leur sens.
Sa dernière prise de licence, saison 1976/1977.
Au départ d’Henri en 1977(son presque jumeau, ils avaient trois jours de différence), Gérald n’a plus fréquenté le dojo, mais était resté un inconditionnel du judo et du club, chaque fois que je pouvais le rencontrer, parler des résultats de telle ou telle compétition locale ou étrangère était pour lui un réel plaisir et une fierté.
Pour les 40 ans du judo en 2003, il nous avait confié plusieurs photos(construction du dojo, entraînements, compétitions), car Gérald aimait faire des photos de la vie quotidienne à Saint-Pierre, son appareil ne le quittait jamais, même au travail.
Avec Henri Tilly qui en a été le promoteur, le nom de Gérald Briand restera attaché à la construction de ce dojo, que nous nous efforçons autant que nous le pouvons d’en améliorer le confort et la sécurité, pour nos adhérents licenciés, mais également pour tous les publics qui fréquentent le dojo et la salle de musculation.
Merci de votre attention.
Hommage à Gérald BRIAND, texte de Monsieur Louis LANGLOIS Président de l'association.
Bonsoir à tous,