De l'eau à la photo

L'eau …

… L'eau, H²O cet élément fascinant qui, à ce jour, constitue l'une des briques fondamentales permettant l'émergence et le maintien de la vie.

Sous forme solide on le trouve en de nombreux endroits comme par exemple dans touts bons congélateurs, prêt à être servi à l'apéro.

De la glace nous savons qu'il en existe aussi à la surface de bon nombre d'objet tournoyant dans notre système solaire comme par exemple recouvrant la surface d'un des principaux satellites de Jupiter, EUROPE et probablement en de nombreux endroits dans l'univers.

Sous forme liquide, la présence de cet élément devient beaucoup plus rare. Les connaissances scientifiques à ce jour sont formelles, dans un rayon de quelques Années Lumières, seule la Terre dispose "à sa surface", d'eau sous forme liquide. Elle recouvre les 4/5 éme de la surface de notre planète. Dans les océans, les mer, les rivières, nos baignoires ainsi que...

Dans mon salon.

Rassurez-vous je ne me baigne pas dans mon salon. Quoi que … Parfois j'ai tout de même les pieds qui baignent. Depuis quelques temps maintenant, je me suis mis en quête de photographier l'eau. Au départ je ne savais pas vraiment où cela allait me conduire.

Qui, dans toutes ses expériences photographiques, ne s'est pas frotté à ce domaine.

Aller c'est parti ! 

Ma salle à mange transformée en laboratoire photo éphémère, à moi les déclenchements. 

Un pied d'accessoire pour flash, un bout de rail, une console, un poche de perfusion médicale, un récipient plein d'eau et de la lumière...

3... 2 … 1 … Top déclenchements, top re déclenchements … Top top top

     Ah c'est top tôt  

 Ah c'est trop tard

Bof c'est pas trop top  

 Ah c'est pas trop mal 

Bref il m'aura fallu pas loin de 400 à 500 photos sur trois séances pour admettre que d'une part manuellement il serait très difficile de progresser et d'autre part l’éclairage, les couleurs, la profondeur de champ … doivent être maîtrisés pour que les rendus soient esthétiques.

1er point à résoudre :

La mise sous contrôle électronique du générateur de gouttes.

Disposant de bonnes bases de connaissances en électronique ainsi qu'en informatique j'ai opté pour un montage « home made » . Quitte à relever le défit autant partir de zéro.

Assemblage des composants, développement du code informatique et mise en boîtier.  

 Ici un aperçu du champ de bataille

Un peu de cogitation, quelques coups de scie, une poignée de vis, un peu de plomberie, de câblage et pas mal de café puis voilà le prototype achevé.

A ce stade l'idée est avant tout de valider le fonctionnement de l'ensemble.

Voici l'installation V0.

Bon OK c'est un peu le « caillon » j'en conviens.

C'est mon magasin de bricolage préféré qui est content. J'ai même bénéficié d'une carte fidélité SUPER CLIENT lol

Avec ce nouveau dispositif le taux de réussites d'imager une colonne d'eau est passé de 5% à 75%

  Pour le coup, on dirait Stivie Wonder

Bien plus efficace, bien plus répétitif, mais obtenir une simple colonne d'eau devient vite ennuyeux...

Et si l'on augmentai un peu la difficulté ?

Passons à deux gouttes !

Mais que peut on faire avec deux gouttes ???

Tout simplement une collision !

Le première lâché de goutte va créer une colonne montante (appelé aussi jet de Worthington). Si le lâché de la seconde goutte est bien maîtrisé, cette dernière va rencontrer le jet montant et nous obtiendrons une collision entre deux gouttes.  

   Voici l'une des premières photo de collision 

Mais c'est à ce moment là que les ennuies commencent. Une goutte ça va, deux gouttes c 'est mieux mais bonjour les dégâts enfin plutôt les crises de nerf et les prises de tête.

A ce stade il faut dominer parfaitement l'ensemble des timings :

Notre œil n'étant pas pourvu de l'application slowmotion, compte tenu que le tout se déroule à la milliseconde … Autant dire que définir pour la première fois ces réglages à nécessité un nombre d'essais non négligeable voir même inimaginable.

De plus au cours d'une même séance d'imagerie, ces paramètres varient et évoluent plus ou moins rapidement en fonction du contexte comme par exemple :

Quoi qu'il en soit, l'eau à l'état naturelle (insipide, incolore et inodore comme nous l'avons tous apprit à l'école en cours de science naturelle) est très difficile à dompter de part sa viscosité très faible. Les images obtenues ne sont pas des plus esthétiques (voir image précédente).

En piste pour un peu de chimie.

Nous allons ajouter à notre liquide, un élément que l'on appelle de la gomme de Xanthane. Nous en avons tous consommé au moins une fois dans notre vie.. Il se cache dans les produits alimentaires industriels sous le nom poétique de E415...

Correctement dosée, et j'insiste sur le « correctement », la gomme confère à l'eau une certaine viscosité ce qui rends le phénomène tout de suite plus esthétique.

Mais … Hélas, oui il y a un « mais », tout est remis en question en terme de gestion du temps.

De plus, à l'issu de chaque séance photo, il va falloir consacrer pas mal de temps au nettoyage du matériel. La Xanthane en séchant laisse un dépôt qui va rapidement perturber le fonctionnement de l'électrovanne et rendre impossible l'utilisation du système.

Revenons un instant sur la concentration en gomme. Je vous disais précédemment que le mélange doit être correctement dosé. Parfois il faut savoir affronter les robots ménager et accepter la pagaille dans la cuisine pour préparer les liquides. Le Xanthane étant très difficile à dissoudre dans l'eau. L'idéal est de passer le tout au bol mixer ….. un « bon » moment !

Il est aussi possible de s'amuser avec la couleur des liquides. J'utilise deux types de coloration, soit des  colorants alimentaires soit de la peinture en dilution de l'encre, du lait... 

Compte tenu du panel de couleur à disposition, il y a de  quoi faire et se faire plaisir.

Bref maintenant que l'on domine les paramètres temps, concentration, couleur et tout ça et tout, passons aux réglages photo.

Le matériel et les rélages.

Côté matériel j'utilise une boîtier Canon 7D équipé d'un objectif EF 100 mm f/2,8 Macro le tout étant monté sur un pied photo Manfrotto équipé d'une rotule Vanguard.

Côté réglage, chaque image est prise au format RAW. Le boîtier est réglé comme suit :

Pour le setup éclairage, j'utilise des flashs cobra fonctionnant en maître esclave. En règle générale je les configure à 1/64 éme de leur puissance. La durée de l'éclair émis est de la sorte assez court pour obtenir une image nette de la collision. Au delà de 1/32 éme les images obtenues présentes des flous de bouger liés à la vitesse des gouttes.

La position des flashs est très importe. Elle aura un impacte directe sur le rendu final. Je me sert de diffuseur faits maison me permettant de jouer sur la dureté de l'éclairage. 

Afin d’apporté un peu plus d'esthétique aux images, j'intercale des filtres colorés devant les flashs.

En contre partie il faut être encore plus méticuleux sur la position et l'orientation de ces derniers.

Bon vous en voulez encore ?? Parce que ce n'est pas fini.

Le mélange est prêt, le matériel photo est en place, l'installation est connectée... Il nous reste :

Le bac de réception

N'importe quel réceptacle profond d'au moins 7cm fera l'affaire. J'en ai trouvé de toute sorte allant de la l'auge de maçon au plat de cuisine. Le remplissage du bac terminé, j'ajoute parfois 3 à 4 gouttes de liquide de rinçage pour lave vaisselle. Ce produit contient des agents tensioactifs.

De la sorte les colonnes montantes sont un peu plus plus importantes et permettent une latitude de manœuvre plus grande concernant les collisions.

Le mieux étant l'ennemi du bien, le bac de réception va vite attrapé la rage … La nature tensioactive de l'additif va engendrer pas mal de petites bulles disgracieuses qu'il faudra chasser entre chaque photo. C'est le prix à payer.

Mise au point

L'objectif étant placé entre 60 et 90 cm des collisions on ne peut pas vraiment parlé de macrophotographie mais plutôt de proxiphotographie, il n'en demeure pas moins que la profondeur de champ est très réduite. A peine plus de 5 à 7 cm.

Il faut donc faire la mise au point au bon endroit.

S'amuser

Voici un petite extrait de collision. Parfois je vise une forme particulière, rien ne fonctionne comme je le souhaite mais il en ressort des formes intéressantes comme sur la seconde image que j'ai baptisé « L'étreinte »