Vous trouverez en bas de page dans les documents: "Fichiers ajoutés" Le questionnaire "LE PETIT APOLLINAIRE ILLUSTRE"
Alcools
Alcools est paru au Mercure de France en avril 1913. Tiré à environ 600 exemplaires dont 350 seront vendus la première année, ce qui n’est pas négligeable. Les voyages, les amours, les déceptions d'Apollinaire lui inspirent ce recueil qui rompt avec l'art poétique traditionnel.
I Un recueil autobiographique
"Alcools" est un recueil de poèmes écrits entre 1898 et 1913. En 1898, Guillaume Apollinaire - de son vrai nom Wilhem Apollinaris Kostrowitzky - a 18 ans et cherche encore sa voie ; en 1913, il en a 33 et est l'un des représentants de l'avant-garde. L'ensemble de ce livre contient tous les développements futurs de son œuvre.
La moitié du recueil est née du séjour en Allemagne qu'il fit en tant que précepteur. La section intitulée "Rhénanes" restitue les impressions du jeune voyageur, alors épris de la gouvernante. Son amour déçu le conduit à fuir Paris où il écrit "La chanson du mal-aimé". Il y rencontre Jarry, Max Jacob, Vlaminck et fréquente le Bateau-Lavoir, atelier de Picasso. Il participe alors à cette esthétique nouvelle faite d'ironie, de féérie, exaltant le modernisme : Apollinaire écrit ainsi "Lul de Faltenin". En 1907, il rencontre Marie Laurencin dont il tombe amoureux. Il écrit alors "Le Brasier", "Les fiançailles"...
Dès 1911 s'opère un retour à la prosodie traditionnelle : c'est sa période classique. Son emprisonnement dans l'affaire des statuettes se traduit par "A la santé". Mais c'est sa rupture avec Marie Laurencin qui le marquera le plus et inspirera "Le Pont Mirabeau", "Marie" et "Zone" qui, placé en tête d'"Alcools", est en même temps adieu à l'amour et au monde ancien.
II- Modernité dans l’écriture "Alcools"
Le livre fit la gloire d'Apollinaire notamment par le scandale provoqué par la suppression de toute ponctuation. Pour le poète, "le rythme même et la coupe des vers voilà la véritable ponctuation et il n'est rien besoin d'une autre."
Le mélange des genres : certains poèmes sont lyriques, d’autres presque comiques, utilisation d’un registre de langue parfois familier voire grossier .
EXTRAITS
"Alcools" permet d'appréhender tous les styles et influences littéraires d'Apollinaire. Les "Rhénanes" font preuve d'un romantisme discret et rattachent l'auteur à la tradition poétique française de Villon à Verlaine. Le reste du recueil privilégie imagination, irrationnel et jeux d'écritures. Dans "Zone" enfin transparaît l'influence cubiste et futuriste.
La nouveauté de la forme poétique créée par Apollinaire est ce qui frappe en premier lieu : "Sa tentative pour tuer la littérature, arracher la poésie au lyrisme et mettre en forme de vers une suite de constatations remarquables par leur prosaïsme ou leur platitude, ressemble au jeu d'un mystificateur intelligent et habile qui se torture un peu l'imagination pour renouveler les arts et transformer les visions du monde." (Kleber Haedens, "Une histoire de la littérature française", Grasset).
Cela va même jusqu'à mécontenter certains critiques : "Rien ne fait plus penser à une boutique de brocanteur que ce recueil de vers publié par M. Guillaume Apollinaire sous un titre à la fois simple et mystérieux : "Alcools". Je dis boutique de brocanteur parce qu'il est venu échouer dans ce taudis une foule d'objets hétéroclites dont certains ont de la valeur, mais dont aucun n'est le produit de l'industrie du marchand lui-même. C'est bien là une des caractéristiques de la brocante : elle revend, elle ne fabrique pas". (G. Duhamel, "Le dossier d'Alcools" - Pub. romanes et françaises, 1971)
Renouvellement des thématiques poétiques :
→ La modernité/ La beauté du monde moderne (Tour Eiffel), la cité industrielle, l’énergie de l’électricité, les lumières et les émotions changeantes de la ville.
EXTRAITS
→ La poésie du quotidien : poser un regard neuf sur les choses communes et y déceler une beauté « Les femmes »
EXTRAITS
→ L’ivresse : célébration d’une nouvelle énergie collective
EXTRAITS
→ Les exilés de toutes espèces : émigrants, matelots, prostituées, bohémiens, laissés pour compte de la vie moderne :
EXTRAITS
→ La ville lieu ambigu, d’exaltation et de désespoir, d’émerveillement et d’angoisse ou de désarroi.
EXTRAITS
Les dates en sont données par le sous-titre 1898-1913 (quinze années). Né en 1880, Apollinaire a 18 ans en 1898. En 1913, à 33 ans, il est un des principaux représentants de l’avant-garde
Cette période de composition va de la fin du symbolisme à l'affirmation de « L’esprit nouveau » et à la veille de la Première guerre mondiale.
Pendant ces quinze années, Apollinaire a ébauché plus de 250 poèmes
a) Les séries, les séquences chronologiques
("Merlin", "Le Larron", "L’ermite", "L’adieu"...)
1901-1903 : L a féconde période des Rhénanes (près de la moitié des poèmes d’Alcools sont composés en 1901-1902) et de l’amour pour Annie Playden : "Les colchiques", La synagogue, "Rhénanes d’automne", "Les femmes", "Le vent nocturne", "Les sapins", "Clair de lune". En 1902 : suite des Rhénanes : "Nuits rhénanes", "Mai", "les cloches", "la Lorelei", "la tzigane", les deux premières strophes de "Fiançailles"
le cycle d’Annie comprend les poèmes suivants : « La chanson du Mal-Aimé », en 1903 Apollinaire compose une grande partie de ce poème achevé en 1904. C’est un poème de fin d’amour. « Chacun de mes poèmes est un événement de ma vie, le plus souvent tristesse ». « L’Adieu », « L’Emigrant de Landor Road », « La Dame », « La maison des morts », « Automne malade » , « Annie »
1903-1906 : intermède parisien : temps de publications en revues, de fréquentation des milieux littéraires et artistes
1907-1912 : Le temps de Montmartre et de Marie Laurencin (rencontrée en mai 1907) : "Lul de Faltenein", "Le brasier", la fin de « Fiançailles », "Poème lu au mariage d’André Salmon", "Vendémiaire"…Le cycle de Marie comprend les poèmes suivants : « Zone », « Marie», « Le pont Mirabeau », « Crépuscule », « Cors de chasse »
Guillaume Apollinaire organise son volume à partir de textes déjà publiés en revue pour la plupart.
· Récuse l’ordre thématique, l’ordre chronologique
· Respecte une certaine alternance entre textes longs et courts
· Place une ouverture et un final très forts
· Jeu entre un ordre et un désordre.
Les poèmes ont été écrits entre 1898 et 1913, mais ne sont pas présentés dans l’ordre où ils ont été écrits. Ni dans l’ordre alphabétique : sinon, nous aurions eu l’ordre suivant : « 1909/ À la Santé/ Automne malade/ Automne/ Annie etc...jusqu’à Zone »
→ On a pu dégager certains principes de composition :
– le poème placé au début et celui qui est placé à la fin du recueil se répondent : « Zone » et « Vendémiaire ». Ils sont très longs. Le premier est pessimiste, le second optimiste.
– à l’intérieur, le poète a conservé des regroupements :
les Rhénanes (poèmes 31 à 39) :
A la santé
Le Brasier (trois poèmes)
Les fiançailles (neuf poèmes)
le poète alterne les poèmes longs et les poèmes courts : « Zone » (long), « Le Pont Mirabeau » (court), « La Chanson du mal-aimé » (long), « Les colchiques » (court), « Palais » (long), « Chantre » (court), etc.
le poète alterne les poèmes réguliers et les poèmes libres : « Zone » (verset, strophes irrégulières), « Le Pont Mirabeau » (strophes régulières, refrain), « La Chanson du mal-aimé » (quintils d’octosyllabes), « Les colchiques » (trois strophes de 7, 5 et 3 vers libres), etc.
On peut parler de recueil cubiste. Apollinaire est très proche du cubisme qu’il a défendu dans le journal L’Intransigeant dès 1910. Il pense que la poésie, elle aussi, doit s’affranchir de l’imitation du réel et doit reproduire plutôt une vision intérieure.
IV- Tradition dans Alcools
a) Dans les références
→ mythiques/mythologiques
EXTRAITS
→ religieuses
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b) Dans les thèmes
→ L’amour /la souffrance amoureuse
EXTRAITS
→ le temps/ La mélancolie/Les saisons mentales. L’Automne.
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→ La condition humaine
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c) Dans la forme
On observe de nombreux poèmes versifiés : voir cours ci-dessous
EXTRAITS