Sur les objectifs du commentaire
"L'enjeu fondamental est bien le jugement critique (...) L'élève est donc invité à analyser et comprendre et un texte puis à le caractériser, à proposer un jugement sur ce texte en fonction des caractéristiques essentielles qu'il en a dégagées, et à justifier ce jugement par une argumentation fondée sur les analyses qu'il a menées : formation du jugement critique et analyse respectueuse du texte en sont les deux enjeux essentiels."
"Le commentaire est un exercice d'analyse et d'argumentation : il énonce des caractéristiques du texte et les prouve, par des références précises et des citations; il suppose donc qu'avant de commencer à écrire, l'élève ait fait une lecture analytique approfondie du texte et que le commentaire prenne appui sur les conclusions auxquelles celle-ci l'a conduit."
Extraits de l'accompagnement des programmes de premières
L'introduction est fondamentale et trop souvent négligée. Elle sert à présenter les grandes lignes de votre devoir, c'est une "mise en bouche " pour votre correcteur. Une introduction réussie est une introduction qui donne envie de vous lire, en montrant la pertinence de votre lecture mais aussi votre capacité à situer un texte, son auteur dans une époque donnée.
Une introduction se compose de 4 parties :
Dans un premier temps, vous rédigez une amorce ou accroche qui a pour but de capter l'attention de votre lecteur. Vous travaillez à la fois le style de cette entrée en matière (accumulation, citation, proverbe, question rhétorique...) et son contenu (approche par le biais de l' époque, du contexte historique, éléments d'histoire littéraire, biographie de l'auteur, thème abordé, genre du texte...)
EXEMPLE 1, amorcer avec une citation, un proverbe : On entend souvent dire que la justice est aveugle, et c'est bien de justice qu'il s'agit dans cette toile de Nicolas Poussin, même si la justice du roi qui semble aveugle dans un premier temps fait ensuite jaillir la lumière.
EXEMPLE 2, amorcer avec un procédé d'accumulation ou des connaissances sur le personnage: Sagesse, justice, clairvoyance, autant de mots que l'on peut facilement associer à Salomon le Magnifique.
EXEMPLE 3, amorcer en recourant à l'auteur: Rubens, Le Brun, Poussin, autant de peintres du grand siècle qui ont représenté le pouvoir.
EXEMPLE 4, amorcer par le biais de l'histoire littéraire: C'est sous le règne de Louis XIV que Poussin peint le roi Salomon, comme un hommage rendu au roi Soleil./ Le classicisme puise au sources antiques pour traiter les thèmes nobles, ici, Poussin s'inspire du mythe de Salomon....
Dans un second temps,vous présentez le texte, l'auteur et, donnez des informations sur l'époque à laquelle le texte a été écrit. Il s'agit de contextualiser l'extrait que vous devez étudier.Vous aurez toujours soin de rappeler les éléments essentiels, s'ils sont donnés, qui accompagnent le texte, généralement écrits en italiques. Vous indiquez les spécificités du texte : son thème, le genre auquel il appartient, la situation et les personnages mis en présence. Ces informations éclairent déjà votre lecture personnelle car ils montrent que vous ne considérerez pas que tous les textes sont identiques et de fait que leurs études peuvent être interchangeables.
Dans un troisième temps, Arrive la problématique que vous allez étudier, la direction générale que va prendre votre lecture
Enfin vous annoncez votre plan, deux ou trois parties, sans évoquer vos sous parties.
Démarche pour le commentaire
Objectif : faire apparaître l’intérêt, l’originalité d’un texte à partir de son analyse précise
1e étape : Cerner le texte
Notez vos premières impressions
De quoi ça parle, et comment?
Définition du texte (pour n’oublier aucun élément important. à réutiliser dans l’intro)
Auteur/Epoque/mouvement littéraire
Genre, type de texte
Thème/construction
Caractéristiques d’écritures : registres, procédés dominants
Buts de l’auteur
2e étape : Analyse du texte
Fiez-vous d’abord à vos premières impressions et essayez de trouver ce qui les justifie.
Vous pouvez aussi étudier le texte de façon linéaire (procédés et analyse), et en tirer les idées importantes pour former les sous-parties, cela vous permet de traverser l'ensemble du texte et de ne pas focaliser votre commentaire exclusivement sur certaines « zones » du texte.
Pensez à vous approprier le texte :
Approche visuelle : surlignez, entourez, soulignez, faites des flèches… Le texte est un document de travail !
Approche kinesthésique : réécrivez, organisez vos remarques sur différentes zones de votre brouillon...
Pour vous obliger à identifier les procédés et à les analyser, vous pouvez classer vos remarques dans un tableau :
citations
procédé
analyse
3e étape : L’organisation du commentaire : faire le plan au brouillon
L’analyse du texte doit être organisée en deux ou trois parties qui mettent en valeur les aspects importants du texte. A l’intérieur de chaque partie doivent apparaître 2 ou 3 sous-parties en lien avec l’idée générale de la partie Ces sous-parties doivent être des idées sur le texte, des analyses, et non des procédés. Chacune d’entre elles doit être appuyée par des analyses précises des procédés du texte et former un paragraphe cohérent.
Dites-vous que :
chaque AXE d'étude vise à défendre une THESE: une lecture du texte
→ « Nous allons démontrer que ….. »
Chaque THESE est développée dans des PARAGRAPHES qui développent un ARGUMENT
→ « En effet on peut observer que... »
Chaque ARGUMENT est illustré par une/ des CITATION(S)
→ « Ainsi on peut relever ... »
Chaque CITATION fait l'objet d'une ANALYSE
→ « On remarque ici que... »
Chaque ANALYSE est STYLISTIQUE
→ « Le recours à la métaphore….
→ L'ANALYSE STYLISTIQUE est en lien avec ce que l'on veut démontrer
4e étape : La rédaction :
directement au propre !
Il ne sert à rien de rédiger intégralement votre commentaire au brouillon et de le recopier ! Donc commencez à rédiger, une fois votre plan bien clair dans votre esprit, au brouillon et quand vous avez bien démarré recopiez votre paragraphe de brouillon au propre et poursuivez le travail de rédaction sur votre copie.
Si vous bloquez sur une étape, à ce moment là seulement revenez au brouillon : vérifiez que vous ne voulez pas modifier la suite de votre plan, si c'est le cas, procédez à vos modifications. Puis, rédigez à nouveau votre début de paragraphe au brouillon et, quand vous êtes satisfait de votre texte reprenez-le au propre et poursuivez l'écriture sur copie. Ne retournez au brouillon que quand cela vous est nécessaire !
Rédigez introduction et conclusion en dernier.
Soyez logiques !!
Vous construisez une démonstration : il s'agit, analyses de citations à l'appui, de valider vos hypothèses de lecture ! Donc pensez aux liens logiques, un commentaire n'est pas un collage de remarques.
La rédaction doit mettre en valeur les analyses. Elle doit donc être claire et organisée. pour cela il faut
- utiliser les connecteurs logiques,
- sauter des lignes entre les parties,
- aller à la ligne, en retrait, à chaque sous partie,
- afin de soigner la cohérence, faites des transitions entre vos parties.
Les citations doivent être correctement intégrées dans les phrases
Attention à ne pas paraphraser le texte, ne rien relever sans interpréter
ne jamais avancer une idée sans justifier par une analyse de procédé
5e étape : La relecture (indispensable)
Vérifiez que vous n’avez pas fait de fautes d’accords (sing/pl, fem/masc, tps des verbes et part passés)et vérifiez que chaque phrase a bien un verbe principal.
Les outils de l’analyse littéraire
Ces éléments sont à observer pour chaque texte, mais ils sont plus ou moins importants selon les textes. N’en parlez que si leur analyse aboutit à une remarque intéressante :
Chaque relevé de procédé doit aboutir à une analyse de l’effet produit
la construction : du texte (progression ? opposition ? …)
des phrases : longueur / rythme des phrases / constructions originales (inversion, incises …)
les champs lexicaux : connotation ? oppositions ? associations intéressantes ?
Les verbes : leur type (verbes d’état, de mouvement…)/ leurs temps/ leur mode (actif, passif)
l’énonciation : les pronoms, leur rôle/ implication de l’énonciateur ? (termes évaluatifs, affectifs, modalisateurs ) /interpellation du destinataire (pronom, question, apostrophes) / types de phrases
les figures de style : images : personnifications, métaphores, comparaisons
énumérations, répétitions, anaphores, parallélismes, hyperboles, antithèses, ironie…
le ou les registres : pathétique, tragique, lyrique, polémique, satirique, comique, épique, fantastique, réaliste
les effets sonores : allitérations, assonances
les références culturelles
dans les textes narratifs
le statut du narrateur
la focalisation employée
la description (éléments, ordre, utilité …les mouvements, ordre/désordre, les 5 éléments, les 5 sens, verticalité/horizontalité…)
le traitement du temps : ordre rythme…
les personnages (rapports entre eux, qui agit, qui subit …)
dans les textes poétiques
la mise en page du poème (pour distinguer immédiatement un poème à forme fixe d’un poème en prose)
la versification : le rythme
- les sonorités (disposition et richesse des rimes, allitérations (= répétition d’une même consonne), assonances (= répétition d’une même voyelle) )
dans les textes théâtraux
les didascalies : attention, le théâtre est un langage multiple (gestes, décors, éclairages, bruitages, costumes …)
la double énonciation
dans les textes argumentatifs
- la stratégie argumentative : implicite/explicite, arguments, conn log, concession réfutation, convaincre persuader, rôle des exemples
- l’implication du locuteur
En bref
Les commentaires réussis sont ceux qui parviennent à énoncer clairement et de manière argumentée :
- le sujet du texte,
- la forme du texte,
- comment la forme du texte est liée au sens (au fond) du texte, c’est-à-dire comment les moyens mis en œuvre par l’auteur aboutissent à un (ou plusieurs) sens.
Les commentaires voués à l’échec sont ceux qui :
- racontent l’histoire (paraphrase),
- suivent l’ordre du texte (explication linéaire),
- séparent le fond et la forme du texte,
- présentent une juxtaposition de remarques grammaticales, stylistiques, rhétoriques sans commentaires pertinents.