Foss'Ile de France

Depuis longtemps les préhistoriens ont trouvé, dans des contextes funéraires ou d’habitat, des coquillages fossiles qui avaient manifestement été triés et préparés par perçage et façonnage pour servir de parure. On s’est longtemps demandé si ces coquillages avaient été trouvés sur place ou amenés de plus ou moins loin, témoignant ainsi de déplacements d’objets ou de matières premières sur longues distances.

C’est un peu par hasard que les membres d’une association d'Epône - le CRARM se sont intéressés à cette question et ont imaginé une méthodologie susceptible de faire avancer la recherche. Partant de la constatation que dans cette région de l’Ouest du Bassin parisien l’on trouve des sites particuliers où l’on peut ramasser aisément des coquillages fossiles, on pourrait, en les classant systématiquement, essayer de les comparer avec des spécimens ayant servi pour des parures.

Les contacts pris avec le Muséum National d'Histoire Naturel ont permis de découvrir qu’effectivement le Bassin parisien est un des rares lieux où l’on peut trouver ce type de sites riches en coquillages fossiles et non seulement en empreintes ou moules internes.

De plus les spécialistes de cette institution ont pu mettre en évidence que, compte tenu de la très grande variabilité des mer ayant occupé le Bassin parisien au cours des âges géologiques, certaines espèces ne peuvent venir que d’un endroit précis.

Partant de cette constatation, il devenait envisageable de se rapprocher des archéologues pour savoir si l’on avait trouvé des spécimens de certaines de ces espèces sur un site de fouille. Dans au moins un cas précis, la réponse a été positive. Il s’agissait du Granulolabium, devenu, depuis le logo de la présente exposition.

À partir de là, la méthode de travail pouvait être imaginée. Elle supposait un très gros travail de manipulation, mais plusieurs associations locales, fédérées dans la «Fédération Archéologique Val de Seine» pouvaient apporter la main d’œuvre bénévole et intéressée pour y contribuer. Elle supposait des connaissances très précises en archéologie préhistorique, mais les relations établies depuis longtemps avec des universités et unités de recherche du CNRS permettaient d’y avoir accès. Elle supposait l’avis de malacologues extrêmement pointus dans leur spécialité. La relation établie avec le MNHN le permettait.

Enfin elle nécessitait une aide financière non négligeable, mais rendue supportable puisqu’une large partie du temps consacrée à cette étude était apporté par des bénévoles. C’est alors que la Région Île-de-France est intervenue au travers de son programme de financement dit PICRI - Partenariat Institutions-Citoyens pour la Recherche et l'Innovation.

C’est ainsi qu’une très importante opération a vu le jour. Des seaux de fossiles ont été prélevés sur des gites bien localisés. Ceux-ci ont été tamisés, triés par taille, identifiés pièce par pièce et scannés. Chaque individu douteux a été proposé pour avis à un spécialiste de ce type de faune.

Des référentiels par site ont ainsi été composés. Ceux-ci doivent servir aux archéologues.

Des premiers résultats concrets ont même pu être obtenus. Il a ainsi pu être déterminé que des coquillages prélevés vers la fin du Paléolithique supérieur près de Houdan ont été retrouvés, sélectionnés, dans la Nièvre, à près de 500 km de leur lieu d’origine, il y a 12000 ans. Aux temps préhistoriques, les matières premières et/ou objets finis circulaient déjà fréquemment en Europe.

C’est tout cela que montre et détaille la présente exposition.

CETTE EXPOSITION A NOTAMMENT EU LIEU DE JANVIER A JUILLET 2016 AU MUSÉE DU VEXIN FRANÇAIS DE THÉMÉRICOURT - 95