La trace du Petit-Malendure, à pied depuis chez nous

Premier matin en terres caraïbes et premières déconvenues en découvrant la couleur du ciel et la force du vent. Avec un temps pareil, qu'allons-nous bien pouvoir faire ? Les Mamelles ? Certainement pas ! Là haut, ça doit être la gadoue avec tout ce qu'il est tombé cette nuit.

Mais avec un peu de patience, au fil des heures, les nuages régressent pour laisser la place à un ciel de plus en plus dégagé, notamment sur le littoral.

Dans ce cas, la meilleure solution est encore de partir à pied depuis la villa afin de découvrir les alentours. Il se trouve qu'à notre porte (ou presque) passe la trace du Petit-Malendure, un sentier de randonnée de deux kilomètres et demi, avec 150 mètres de dénivelé, à parcourir en deux heures et demie, l'aller simple.

Cette durée a l'air de convenir également à Charlotte (qui n'est pas une grande marcheuse) et à Rémy, d'autant qu'on leur présente le programme, sans vérifier nos documents, comme une petite balade en bord de mer, classée facile par notre topo-guide.

La trace est en violet sur la carte

Nous voilà donc partis comme des amateurs pour cette petite marche que nous pensions facile, Hervé en sandales avec, pour tout liquide, une demi-bouteille d'eau seulement pour nous quatre et pas même un biscuit pour faire face à une baisse de régime mais avec, dans nos sacs, les maillots de bain pour le cas où.

Ça sent l'improvisation !

Pour récupérer le sentier, on espérait trouver un raccourci pour nous éviter les 50 mètres de dénivelé nous séparant du bord de mer. Mais à force de chercher, nous finissons par arriver au niveau de l'eau. Commençons alors par le commencement c'est-à-dire, comme prévu par le topo, à l'extrémité de la plage de Malendure.

Pas de chance, le dénivelé que nous venons de descendre, il faut immédiatement le remonter et c'est loin d'être la seule montée.

A l'ombre de la forêt sèche du littoral, le parcours, jalonné de jolis points de vue sur la Côte-sous-le vent, enchaîne montées et descentes incessantes.

Le sentier, petit à petit, nous conduit en face des Ilets Pigeon (dont on reparlera plus tard) qui se détachent sur une mer moutonnée.

Un peu plus loin, une petite chaise d'écolier invite à une pause. Notez bien cet endroit, nous y reviendrons photographier le coucher de soleil, il se trouve en fait à cinq minutes à peine de la villa alors que nous crapahutons depuis plus d'une demi-heure.

La clarté de l'eau au pied des falaises invite à la baignade alors même qu'une première pancarte indique un accès à l'Anse à Négresse.

On s'arrête là ou on continue ? Notre topo-guide indiquant aussi un accès à la plage de galets de l'Anse Colas plus loin, on décide à l'unanimité de poursuivre jusqu'à cette nouvelle destination.

La partie se corse car les montées se font plus longues, plus raides alors que le niveau de notre demi-bouteille d'eau diminue dangereusement. Mais avec une perspective de baignade à l'Anse Colas, tout le monde résiste, bien que des randonneuses croisées en chemin nous préviennent qu'elles n'ont pas trouvé d'accès vers cette fameuse anse.

Pensant être plus malins qu'elles, nous poursuivons malgré tout, mais ferons à notre tour chou blanc. La plage est à un jet de pierre, mais pas d'accès direct. La perspective de baignade s'éloigne !

En 2022, nous trouverons l'accès vers l'Anse Colas. VoirICI

Avant que le sentier ne rejoigne la route nationale (où nous aurions pu déposer un de nos deux véhicules !!), nous faisons demi-tour afin de retourner vers l'Anse à Négresse. Cela fait deux heures que nous crapahutons.

Le moral est dans les chaussettes, il va falloir se farcir une seconde fois les montagnes russes. Charlotte, plutôt petite marcheuse, s'accroche. Son leitmotiv est le suivant : "si ma mère y arrive, j'y arriverai aussi". Seulement voilà… sa mère faiblit dans une énième côte. Heureusement il reste quelques gouttes d'eau dans la bouteille, de quoi me ressusciter pour la dernière ligne droite… pas si droite.

Enfin l'Anse à Négresse se profile. La baignade est imminente… enfin pas tout à fait car il reste à descendre le long d'une falaise à l'aide d'une corde. Mes lunettes de soleil atterrissent immédiatement un étage plus bas. Quant à moi, j'atterris sur les fesses, amortie par mon sac à dos. Plus de peur que de mal !

Allez, un dernier effort avant le réconfort !

Dans ce contexte, ce premier bain de mer est un vrai bonheur, seuls ou presque dans cette crique, dans une eau transparente à souhait.

Laissant les jeunes continuer à faire trempette, Hervé et moi prenons les devants et à hauteur de la petite chaise, trouvons le raccourci qui en cinq minutes nous ramène à la villa.

Quant aux jeunes, bien que leur ayant balisé le raccourci à l'aide d'une branche, ils vont l'ignorer et se payer l'intégralité du parcours tout en recevant sur la tête une bonne averse. Les pauvres !

Moralité : pour une première randonnée, on a fait fort. Prévue facile en one way, on avait sous-estimé la difficulté d'un aller/retour. Nous avions peur que Charlotte ne suive pas, or elle a assumé comme une randonneuse confirmée !

Les chiffres : on a tout doublé. La distance = 5 km, la durée = 4 à 5 heures en tout, le dénivelé = 300 mètres.

Après une telle matinée d'efforts, l'après-midi est consacré au repos d'autant que les averses s'enchaînent. C'est vrai que nous sommes en mars : serait-ce la version caribéenne de nos giboulées métropolitaines ? En tout cas, c'est l'occasion d'un magnifique arc-en-ciel !

Pour le coucher de soleil, le meilleur point de vue est à cinq minutes de la villa. Maintenant que nous avons repéré le raccourci pour nous mener à l'anse à Négresse et sa petite chaise, nous en profiterons souvent !

Quelques clichés pour le plaisir !