Description du projet

L’être humain, tant dans sa dimension individuel que collective, déambule au sein d’horizons tantôt ouverts tantôt fermés, le plus souvent les deux à la fois. Il se frotte à la terre en cherchant à se définir lui-même, mais trop fréquemment en se laissant définir par les autres, les normes sociétales et les   

« il faut que ». Trop souvent, son Être est à bout... portant. Toutefois, il y a place pour un autrement, une fissure par laquelle s’immisce l’espoir du monde en portant les êtres que nous sommes vers de nouveaux horizons vivifiants.

Le poème «Sentant la glaise» de Gaston Miron a été l’élément déclencheur motivant Claude Majeau et Nelson Tardif à tenter l’expérience d’un projet artistique commun. Ensemble, il et elle portent deux regards sur le monde, dans un même élan, autour du désir d’exprimer leur besoin de s’engager dans la vie. Deux regards, deux styles, de multiples réalités dans une exposition de peinture. Voilà la force de ce projet. 

Bien que très différentes, les œuvres de Majeau et Tardif s’interpellent, se complètent, suscitent un dialogue et un questionnement permettant de creuser des questions qu’ils portent sur le rapport au travail, les structures de pouvoirs, l’occupation de l’espace et l’amnésie collective dans laquelle on se conforte. Bref, de nombreux aspects du réel qui nous entrainent dans des black-out. Les toiles engendrent un échafaudage à la fois dur et espérant où le spectateur est interpellé à se questionner, bousculé, dérangé jusque dans ses zones de conforts et de sécurités. Il y a plus. La matière, les couleurs, les formes et les non-formes s’interpellent et retournent l’être humain en lui-même à la rencontre de son espace de liberté, le sien et au sein de la société.

Les œuvres présentées reflètent le parcours de chacun. Majeau après avoir travailler durant 17 dans des groupes de défenses des droits sur la question du logement, est retournée aux études en arts visuels et médiatiques, profil enseignement, est influencé par la question du territoire et de l’habitation. Tandis que Tardif étant auteur et formateur est plus porté pour une iconographie qui raconte ses réflexions. Ce ne sont pas des œuvres manifestes, mais des instantanés du monde dans lequel nous vivons. Leur travail est de format moyen, suffisant pour créer une distance sans envahir le spectateur, mais exigeant par la répétition des propos, particulièrement dans le travail de Tardif. Si les œuvres de ce dernier sont plutôt en aplat, sauf exception, celles de Majeau sont texturés par l’accumulation de papier, de photo et d’empâtement. Une rencontre qui donne des résultats originaux et interpellant. On ne s’ennuie pas.