Mexplo 2013

Premier Compte-rendu de l’expédition GSAB - Mexique « Chilpotles 2013 »

Richard Grebeude, pour l’expé 2013

Lire le compte-rendu sur le site du GSAB.

« Chilpotles »

Les participants adoptent chaque année l’un ou l’autre mot fétiche pour l’expé. Ces mots viennent enrichir le maigre lexique hispanique de la plupart. Après les Serranos et les Jalapeños, voilà que mes petits camarades viennent enfin de découvrir cette année toutes les vertus des Chiles Chilpotles Adobados… des piments rougeâtres, au gout fumé, enrobés d’un cocktail tomateux plein de saveurs de piments, un goût corsé mais délicieux, très différent des verts jalapeños.

Parlons-en donc de cette expé, ce fut un cocktail équilibré de climat, ambiance, nourriture, confort, découvertes.

Ambiance

Pas mal de rigolades, une bonne expé sur le plan humain, une bonne collaboration entre tous, pas de tensions, de clans ou de bagarres, un bon mélange des participants (compte tenu des cycles de descente de plusieurs jours dans Tepetzala empêchant certains de se retrouver sous terre). Deux-trois petites prises de becs bien sûr, c’est inéluctable, mais des choses sans grande importance, complètement anodines en tout cas par rapport à la marche d’une expé.

Durée

25 jours de Belgique à Belgique, soit sur papier une expé de trois semaines et demi, mais retirez en : le jour aller en avion, le jour de courses, le jour de montée dans la sierra, deux jours d’installation du camp, deux jours de démontage du camp, le jour de descente de la sierra jusqu’au décollage deux à trois nuits plus tard, le jour de retour en avion... il reste 14 jours effectifs sur le terrain pouvant être consacrés à la spéléo. Personnellement j’ai été une dizaine de jours sous terre, et c’est le cas de la plupart d’entre nous. Je pense donc que nous avons tous été efficaces en terme de rendement et motivés, mais le temps nous a un peu manqué. Quand on passe 4 jours dans Tepetzala c’est un bout d’expé qui est passé, cela aussi a peut être contribué à nous donner un sentiment d’expé vite passée. Avec philosophie, je me dis finalement « tant mieux », car il vaut mieux partir avec un petit gout de trop peu qu’un petit gout de trop.

Climat

Entre trois semaines de canicule torride ou trois semaines de pluies et chipi-chipi, nous avons eu droit à une version variée bien plus vivable : trois jours de pluies, deux jours de canicule, tous les autres jours 25°C avec un petit vent frais... l’idéal pour vivre et circuler dans la sierra sans se liquéfier.

Bouffe

En l’absence de Loran (auquel j’ai concédé en 2005 un partage de la dictature dans la gestion de la cuisine et de ses réserves), les femmes ont pris d’emblée le pouvoir aux fourneaux. Les mauvaises langues diront que telle est bien là leur place, je dirais pour ma part que cela nous a changé un peu que d’avoir une gestion féminine plutôt que masculine. Certains ont eu beaucoup de difficultés à retrouver rapidement des victuailles ou divers produits ou objets liés à la cuisine, le rangement n’étant pas foncièrement différent d’habitude mais pensé autrement, parfois changeant. Il a régulièrement fallu s’accrocher à son bol ou à son verre pour éviter de voir ceux-ci remplacés par une assiette ou un verre propres grossissant inutilement le tas de vaisselle. Bref, homme et femme n’ont souvent pas les mêmes mœurs et la même hygiène de vie dans une cuisine, et j’ai trouvé ce contraste pendant l’expé très amusant. A part ça on a mangé un peu de tout comme d’habitude : viandes, fromages, œufs, thon, pain, tortillas, pancakes, crêpes diverses, pâtes, riz, frijoles, lentilles, jalapeños, chilpotles, tomates, oignons, carottes, chou, patates, patates douces, chayotes, aguacates...

Confort

Celui-ci est bien sûr lié au climat, mais aussi aux installations et facilités disponibles. Que ce soit en bivouac ou au camp, nous avons bénéficié de place et de confort. Table et bancs ont été faits avec huit planches achetées sur place et que nous réutiliserons la prochaine fois, c’est une amélioration. La traditionnelle bassine de la douche a été augmentée d’une douchette solaire très efficace et économique en eau, c’est une autre amélioration. Le réchaud à gaz double bec a été doublé d’un confrère, c’est encore une amélioration. Sous terre il y a une petite dizaine de couchages et une demi douzaine de matelas Thermarest disponibles, des casseroles, gamelles, bols et verres en plastique en suffisance.

Découvertes

Il arrive que l’on s’éparpille un peu partout, que l’on papillonne et que l’on perde de précieux premiers jours d’expé à se faire les dents sur des objectifs accessoires et secondaires. Cette fois-ci ce fut tout le contraire, toute notre expé s’est passée sur deux cavités seulement! Je ne sais si c’est parce que nous étions d’emblée conscients que ça allait se passer très vite, et qu’il fallait avant tout travailler au bout de Tepetzala, mais nous avons été directement “al grano”. Une première équipe s’est engouffrée dans Tepetzala pour une nuit à B1 et trois nuits à B3 après l’avoir installé, pendant ce temps les autres se sont concentrés sur l’OZ 40 la Cueva Clandestina qui est effectivement bien une Cueva quand on voit le développement atteint pour la faible profondeur, qui doit être (à vue de nez sans les chiffres) de l’ordre de –180 m. De toute l’expé nous n’avons ensuite fréquenté que ces deux cavités, et ce n’est qu’au cours des trois derniers jours que l’OZ41 la Cueva Escondida a été explorée. A part cela, quelques randos de prospection ont été faites essentiellement sur le secteur Ocotepetl, vers la grande cuvette au-dessus de Cruztitla. Accompagné d’un local, un sotano d’un diamètre d’une centaine de mètres pour une profondeur d’au moins autant a été pointé mais non descendu. Il nous a couté 100 pesos... si le mètre de diamètre et de profondeur est à un peso... alors je veux bien en mettre 500 pour un seul site.

Résultat des courses

  • Tepetzala : désolé de le dire, mais ça commence à sentir la fin du grandiose et surtout du “principal". Il reste toutefois des kilomètres à découvrir et de belles jonctions à faire. Les détails viendront plus tard, mais je pense qu’on peut résumer les découvertes dans Tepetzala à ceci : 2.500 m de galeries essentiellement à partir de “Fuyez Pauvres Fous” dont 90% répartis dans cinq “galeries” ou “réseaux” distincts. Désormais Tepetzala dépasse donc allègrement les 20 km explorés. Il reste dans cette zone “lointaine” 3-4 trucs à aller voir.
  • Cueva Clandestina (OZ40) : environ 2.200 m de galeries supplémentaires s’ajoutent aux 950 existantes. Il reste quatre avals et un amont à aller voir. Il semblerait que l’amont aille vers le 21, l’aval vers le 20 et vers Tepetzala. Courant d’air violent par endroits et certains jours. La cavité est assez grandiose et très vaste par endroits.
  • Sotano de Cien Baros : (baro = peso en argot mexicain, c’est comme si on disait “Gouffre à 100 balles”) un P100 minimum à descendre... frontale non nécessaire.
  • Cueva Escondida (OZ41) : environ 500 m de galeries avec rivière et courant d’air, arrêt sur P120 minimum débouchant dans une énorme salle... dont la Scurion ne perçoit pas les limites... mais qui pourrait bien être le fond de l’OZ21! Quelques alléchantes perspectives pour le futur donc.
  • L’expé 2013 ramène environ 5.200 m de nouvelles galeries de ce fabuleux gruyère.

Participants 2013

Guido Debrock, Jean-Luc Nandancé, Luis Alvarez, Marie-Hélène Grandjean, Geneviève Sinn, Gustavo Vela, Nicolas Soetaert, Joseph Dewulf, Fernand Decock, Dédé Dawagne, Serge Delaby, Roland Gillet, Richard Grebeude et... les trois derniers jours : Loran Haesen!

Ah oui... sachez quand même que pour cette expé nous avons bénéficié d’un soutien financier de la Commission Explo de l’UBS, ainsi que de l’aide et du soutien matériel de PETZL. Nous les remercions vivement au passage.