TÉLÉVISION MÉCANIQUE

" A quoi pouvaient donc bien ressembler les premières images télédiffusées par la BBC en 1930 ?"

C'est la question que je me suis posé lorsque j'ai découvert l'existence de ces appareils à disque de Nipkow dans une encyclopédie, premiers balbutiements de la télévision au milieu des années 20.

C'était au début des années 80, j'étais alors collégien et je débutais dans une nouvelle passion dont je devais faire plus tard mon métier, l'électronique.

Ce procédé d'exploration mécanique de l'image à disque perforé en spirale m'avait paru absolument génial et je m'étais rapidement lancé dans la fabrication d'un disque en carton. Mais mes connaissances limitées en électronique et le manque de documentation sur le sujet m'avaient très vite fait abandonner ce projet.

Et puis, vingt ans plus tard, je découvrais le site de Roger Dupouy, la radiovision.fr et je décidai à nouveau de me lancer dans la réalisation d'un prototype. Mon but, le réaliser avec la technologie de l'époque de manière à reproduire le plus fidèlement possible l'aspect de ces premières images de la télévision originelle. Je voulais me rendre compte par moi-même des performances du premier système de télévision au monde, le trente lignes verticales de la BBC, de la qualité de l'image, réputée médiocre.

Pour mener à bien ce projet, j'allais devoir mettre de côté tout ce que j'avais appris en matière de télévision cathodique, repartir de zéro et expérimenter tout de A à Z. Je voulais ressentir, moi aussi, l'émotion suscitée par l'apparition des premières silhouettes tremblotantes obtenues après de nombreuses heures de tâtonnement, tel un pionnier expérimentateur des années 20 .



Album photos commenté:

Voici le prototype réalisé très sommairement dans le but d'évaluer la faisabilité de ce projet.



Ici, validation de l'utilisation d'une luciole néon comme source lumineuse modulable.

La couleur orange de la lumière produite est la même que celle des tubes à plaque au néon utilisés à l'époque.

Je me suis servi ici d'une veilleuse pour chambre d'enfant.

luciole néon

Un petit moteur 12 V continu raccordé à mon alimentation de labo variable entraîne le disque. C'est vraiment un bricolage très rudimentaire ! Difficile de s'imaginer que l'on puisse voir une quelconque image de télévision avec un tel bric-à-brac, et pourtant...



J'en ai aussi profité pour valider l'usage d'un cône en carton fixé autour de la loupe, il est destiné à occulter une partie de la lumière ambiante.

Utilisation d'un récepteur de TSF commuté en pick-up pour moduler à plus de 100 V crête la luminosité de la luciole néon de la veilleuse.


La source vidéo est fournie par la sortie de la carte son de mon ordinateur sur lequel j'ai installé le logiciel convertisseur trente lignes de Garry Millard téléchargeable ici.


J'ai en effet vite renoncé à la très fastidieuse réalisation simultanée de la caméra et du moniteur.

Voici la première image cohérente obtenue.

Elle est assez sombre et l'alignement des trous du disque est loin d’être régulier.

Il n'y a pas encore de dispositif de synchronisation, l'image se stabilise en ajustant manuellement le réglage de tension d'alimentation du moteur.

Malgré tout, mon enthousiasme est au plus haut.

J'ai réussi assez facilement à obtenir ce résultat encourageant mais cependant médiocre. Je mesure quand même l'ampleur des difficultés qu'il faudra surmonter pour m'approcher de la perfection tant la précision de perçage des trous en spirale sur le disque doit être grande .

Première évolution du prototype.

Réalisation d'un nouveau disque plus précis et installation d'une chambre noire pour la mise en place d'une luciole plus performante.

Cette dernière provient du bandeau de commande d'un four électrique. Un morceau de plexiglas translucide sert alors de diffuseur afin d'élargir la surface éclairée.


Nouvelle évolution.

Utilisation d'un disque vinyle 33 tours tracé suivant cette méthode:




J'ai aussi testé ce superbe moteur d'époque trouvé par chance chez un ami collectionneur. Il m'a permis l'installation d'un dispositif de synchronisation sur le principe de la roue phonique : un aimant de dynamo de vélo à huit pôles, intercalé entre deux bobines alimentées en 50 Hz verrouille la vitesse et la phase de rotation du disque sur cette fréquence.

Voici l'image obtenue après tout ce long travail d'expérimentation.

Elle est assez stable malgré quelques irrégularités du moteur sans doute un peu surdimensionné en puissance pour cette tâche.

La luminosité est bien meilleure, les lignes sont plus régulières mais c'est encore relativement médiocre.

Je perçois cependant un certain potentiel en terme de qualité d'image malgré la faible définition de ce standard très proche de celui de la BBC.

J'allais enfin pouvoir m'attaquer au prototype définitif....