Médée, l'impensable maternel

"Médée, l’impensable maternel"

Par Catherine Fava-Dauvergne

Le mythe nous permet d’aborder les questions fondatrices de l’humain, questions intemporelles qui de tout temps se posent, question de vie, question de la mort que le sexe interroge.

Question du corps et de sa constitution au regard de l’Autre, de son existence en tant que parlêtre, et question enfin du maternel écrit sur le féminin.

Traiter de Médée, c’est aborder le versant sombre du maternel, ce lieu énigmatique, écrit dans le corps des femmes.

Ainsi Médée, dans son acte pose la question de la vie et de la mort qu’elle donne.

Question vive du maternel,

Que toute femme devenant mère aborde, ou évite, chacune à la convenance de son histoire. Elle porte cette question souvent dans l’angoisse, chevillée au corps car c’est dans son corps que cette alchimie vitale se fait.

Le choix d’aborder ces questions en réinterrogeant cette figure mythique m’est venu d’un moment de cure.

Cure d’une jeune femme non mère qui, dans une grande émotion déclare qu’elle ne sera jamais mère.

Sa meilleure amie vient d’accoucher d’un enfant dont on lui annonce quelques heures auparavant qu’il est sans vie et qu’elle mettra au monde un enfant déjà mort.

« Si c’est pour donner la mort que l’on donne la vie », dit-elle « eh bien, non ! ».

Question aiguë, éthique. Les femmes, en portant et donnant la vie, accueillent dans leur corps cette contradiction. Contradiction inscrite dans le fait même du maternel, offrir la vie avec la mort qui lui est inévitablement corrélée.

Le pouvoir des mères est effrayant aux mères elles-mêmes, et une mère ne méconnaît pas, outre ce fait, de donner vie à un être dont la destinée est inévitablement mortelle, elle ne méconnaît pas son pouvoir de vie et de mort sur l’enfant. Ses soins sont vitaux et ne peuvent pas s’interrompre. La vie de ce petit être immature est suspendue à elle, à ses soins, sa préoccupation, à son bon vouloir. Le sacrifice des mères est à l’aulne de cette connaissance, et vient en apaiser la tension.

Pouvoir exorbitant, parfois écrasant, menant à l’amour et à son envers, en continuité, la haine, haine pour ce qui cause cette angoisse, et refoulement de cette haine.

La mère ne sera-t-elle pas d’autant plus protectrice anxieuse, qu’elle aura refoulé l’horreur du don qu’elle fait et la haine qui y est attachée.

Un retour de ce refoulé s’entend dans les cures lorsque cette pensée somme toute commune vient rencontrer un vœu ancien inassumable.

Telle cette autre analysante venue pour des images insupportables s’imposant à elle, images de scènes où elle tue son nourrisson. Et çà n’est qu’à y dévoiler un désir inscrit dans un vœu infantile qu’elle en acceptera l’inacceptable et que ces images pourront cesser de la torturer.

Nouvelle rencontre avec la castration, limite posée à sa jouissance de créer un être pouvant venir la combler et qui se découvre non idéal, et mortel.

L’amour dit maternel est à double face, qui donne aussi ce qu’il ne voulait pas donner, dans l’horreur de ce don qui lui échappe.

Dans le mythe cette double face est représentée, et le personnage clef vient présentifier la face obscure, refoulée à l’autre versant, la haine méconnue derrière l’amour, et la division du sujet est ainsi maintenue et apaisée. Fonction du mythe et de sa présentation dans l’art qui se charge de nous décharger de cette question. Dans la suite les religions ont emboîté le pas au mythe, et dans nombre de cultures, c’est une femme qui initie la destinée humaine : Pandora, Eve.

Et la mort et la femme sont apparus en même temps.

Avant la création de Pandora, il n’y avait pas de mort pour les hommes, seuls humains.

De par son existence qui fonde la différence, de par son corps qui porte la vie, mais d’un être dorénavant mortel, l’être féminin supporte la responsabilité de la destinée humaine dans le maternel.

Elle signe la différence radicale, le sexe qui sépare l’humain en deux entités ( secare en latin), le masculin et le féminin. Elle marque également la différence radicale entre l’humain et le divin, c’est-à-dire entre le mortel et l’immortel, en faisant l’humain mortel du fait du sexe.

« C’est la femme qui est cause de tous nos malheurs » (Ecclésiaste XXV, 33)

Femme redoutée de dieu même, pour un peu elle aurait été capable de se faire l’égale de dieu en découvrant le moyen de l’immortalité. Elle est ainsi condamnée à porter dans son ventre la mortalité.

Le « Tu enfanteras dans la douleur » ne parle-t-il pas tout autant de la douleur, physique, que d’une autre inscrite dans le corps des femmes, une douleur plus grande encore et que voile le « baby blues », douleur de livrer à la vie un être pour la mort.

Ainsi se régule cette question, sous le sceau du refoulement, par le mythe et la religion.

Dans la Genèse (3.20), il est dit : « Eve est mère de tous les vivants ».

Eve est mère de tous les vivants, n’est-elle donc plus mère lorsqu’ils ne sont plus des vivants ? le destin mortel y est effacé, et la mère est ainsi protégée, elle met au monde des vivants, dans l’oubli de leur destin.

Péché originel et refoulement tout aussi originel.

Du côté de ce refoulement originaire, la prise au corps des signifiants de l’Autre, s’est faite dans la déchirure, ouverture irréversible du trou sous nos pas de sujet.

« Le corps nous fonde un autre espèce d’espace ». [1]

pour dire l’indicible de ce qui nous est invisible, ne nous renvoyant qu’un mi-voir, d’un mi-dire.

Et dans le séminaire « D’un Autre à l’autre » [2], il reprend le questionnement de Freud à propos de « la sortie d’un certain état de confusion avec le monde » où le psychisme se séparerait en un dedans et un dehors. Le dehors en tant que l’espace de l’Autre, pourrait-on dire, non pas la mère elle-même mais supporté par la mère, et un dedans qui se confondrait avec « ce quelque chose que nous tenons pour fonder une règle de l’organisme ».

A l’origine est la confusion des corps, du corps, et la prise des signifiants par l’être parlant opère, par le sonore véhiculé par la voix, une scission d’avec l’Autre. S’ouvre alors la faille constitutive du sujet entre lui et l’Autre, et par suite, entre dedans et dehors. Et dans le registre du scopique, le regard vient poursuivre cette opération.

Lacan, après avoir cherché du côté de la philosophie (Aristote et son propos « De la sensation »), va à l’écoute du poète, de Paul Valéry dans « La jeune Parque » :

« Je me voyais me voir, sinueuse, et dorais

De regards en regards, mes profondes forêts. »

Ainsi le sujet qui se voit se voir, dédoublé, d’un dedans qui lui revient du dehors, peut s’imaginer être origine du regard, origine de la vision.

L’oeil est un vecteur à éclipses, c’est-à-dire dont le sujet peut s’éclipser en fermant sa fente palpébrale, et où le modèle premier du « voyant se voir » de Paul Valéry est le jeu de cache de l’enfant.

L’enfant qui se croit à l’abri du regard de l’Autre en fermant les yeux nous l’indique. Il absente l’Autre tout en s’absentant lui-même, il se met sur une autre scène, invisible à lui-même donc supposée invisible à l’autre.

Son regard ne s’est pas encore mis hors scène pour prendre du champ, mais reste « collé » dans la scène, la comblant, la saturant de corps, son corps confondu au grand corps qu’est l’Autre.

La clinique nous livre des traces de cette genèse, avec ses conséquences, et parfois ses impasses.

J’avais été frappée par un dessin d’enfant, au cours d’une cure. Cet enfant dessine un bonhomme visiblement mécontent au centre et trace une ligne ondulante tout autour en suivant les bords de la feuille.

Lorsque je lui demande de raconter, il est étonné de mon ignorance et me répond, offusqué : « mais c’est la grande bouche du loup, il est beaucoup triste parce que il est dans la grande bouche du loup qui veut le manger ! »

Placés dans la « grande gueule du loup », nous sommes en inclusion de l’Autre, restera à en devenir en inclusion-exclusion.

De même, dans le registre du sonore, le sujet imagine son cri premier, « oubliant », refoulant, qu’il a d’abord été pénétré du souffle de l’Autre puis qu’il l’a rejeté dans le cri après l’avoir accepté.

L’air qui nous pénètre, est la première manifestation de l’Autre, et c’est dans l’après-coup que le cri a pris sens, dans l’après-coup de la lecture qu’en a fait l’Autre, le ralliant à ses signifiants, les signifiants de sa demande.

Ainsi le sujet reçoit, d’un dehors confondu, fondu à lui, ce qui le fonde. Et çà n’est qu’ultérieurement que l’imaginaire en fera un « autre ».

Dans un premier temps c’est donc du dehors que se fait la demande, pressante, de l’Autre, par intrusion d’un dehors qui ne s’est pas encore tracé comme littoral. En réponse le corps émet, et fait une lecture pulsionnelle de la demande qu’il reçoit.

L’oreille ne peut pas se fermer à l’Autre et seule la voix, sa vocalisation fera faire silence à l’incessant bruissement de l’Autre. Si fermer les yeux fait barrage, c’est sur un mode passif, qui ne renverse pas la vectorisation pulsionnelle. Alors que vocaliser est un acte du sujet qui renverse cette vectorisation et fait adresse dans l’espace de l’Autre.

Emettre dans l’espace de l’Autre,

C’est renverser ce qui nous faisait récepteurs et poursuivre au-delà de ce qui nous agrippe par le scopique.

Dans le séminaire « La relation d’objet»[3] Lacan dit : « l’objet maternel est proprement appelé quand il est absent--et quand il est présent, rejeté, dans le même registre que l’appel, à savoir par une vocalise ».

Ainsi rejet et appel sont en continuité dans la boucle pulsionnelle et s’initie le rapport à l’autre qui fera le rapport aux autres, au monde.

Notre voix, nous l’entendons d’un extérieur qui nous revient. Son passage dans l’espace de l’Autre fait que notre voix nous revient tintée de l’Autre, et cela fait son étrangeté pour nous.

Le passage qu’une femme traverse de fille à mère,

Vient réinterroger ce premier passage et en conséquence sa place dans la transmission et la continuité de la vie. L’enfant qui la fait mère est porteur de ce pas à faire, de cette volte face dans la temporalité des générations. Les enfants marquent la mère comme mère et lui font quitter son statut de fille.

Cet abandon n’est pas sans angoisses, angoisses sédimentées, au feuilletage serré depuis le premier refoulement que fut l’abandon de la chose par son meurtre, pour articuler de signifiants le monde.

L’entrée dans la langue a été dire non à s’offrir en complétude de l’Autre, et du meurtre originaire de la chose par le non qui lui est signifié, le sujet a causé sa perte.

Il a provoqué la disparition, l’effacement de l’objet.

Cette perte, irrémédiable, par lui provoquée, le sujet la supporte de sa solitude. Solitude, à mort, comme représentation de la béance originaire.

Et le théâtre reprend les questions que le mythe pose.

Pour Euripide, il n’y a pas à resituer, restituer le contexte sacré, il est acquis pour ses contemporains, il nomme simplement ce qui est du registre du sacré, ce divin qui conduit les destinées à sa guise, de la vie à la mort et au-delà.

Euripide le grec s’appuie sur une croyance partagée dans le monde qui est le sien, et parle du conflit individuel pour secouer ses contemporains, les pousser à réfléchir sur leurs évidences et réaffirmer la puissance du divin, je dirais du Réel.

Il introduit pour cela une étrangère, étrangère en tous lieux, même à sa patrie qu’elle a fuit, et barbare, c’est à dire qui ne partage pas le même sacré.

Altérité radicale, peut-être celle-là même du féminin qui surgit derrière le maternel que Médée affecte de son acte. Médée la toute autre, la sorcière qui fascine pour mettre à sa merci par la magie, et exercer son pouvoir de vie et de mort sur quiconque se met en travers de sa jouissance.

Médée, figure de l’impensable féminin derrière l’impensable maternel ?

Cette totale altérité, Euripide la situe du Réél, endossant en cela ce que l’artiste, le poète, le dramaturge, tiennent comme rôle dans la cité. Et la pièce se termine sur l’affirmation de la suprématie de ce réel, « l’attendu ne se réalise pas et à l’inattendu la divinité ouvre passage. »[4]

Le choeur composé des femmes suit les mouvements du conflit que traverse Médée, c’en est une deuxième voix, et représente entre femme et mère ces deux faces en continuité.

Le choeur ici la plaint, l’appuie dans ses desseins, et fait face au côté obscur de Médée infanticide : « drasw », ( je t’obéïrai), ( à bon droit tu châtieras ton époux,) lui dit le choryphée au vers 266 [5].

Chez Sénèque, l’étrangère est étrangère à plus d’un titre. Doublement étrangère dans le registre sacré car la mythologie grecque pour les latins du siècle de Sénèque qui ne sont plus des croyants en ces dieux, la rend encore plus « autre » que pour les grecs du temps d’Euripide.

Sénèque a été précepteur du sanguinaire Néron, lui sophiste « éclairé ». Dans sa Médée il dénonce Agrippine, Néron, et cette violence meurtrière qui n’est qu’individualisme forcené assoiffé de pouvoir et possession personnels.

Il tente de réintroduire du sacré chez ses contemporains jouisseurs et assassins dont « le ciel est déserté ». Ces derniers célèbrent un culte à des dieux individuels, ne se référant plus à un sacré commun, perdu dans un « consumérisme » individuel où la possession des objets de pouvoir se fait dans la violence.

Le choeur dans la pièce de Sénèque se fait l’écho de cette question par la voix des femmes de la cité. Elles tentent de dissuader Médée de son dessein funeste qui la conduit hors loi humaine qui en passe par le sacré partagé. Ce que Sénèque prédit à celui qui se met en-dehors des lois sacrées des hommes, c’est un ciel déserté, c’est-à-dire un monde ne se référant plus à l’ordre symbolique, mais livré à un réel déchaîné, dans l’illusion d’abolir le temps, abolir la mort.

Jason dit : « va et atteste que le ciel est déserté des dieux », il souligne ainsi que Médée s’égale au divin et l’abolit dans sa fonction symbolique.

La mère retourne à son être de fille, opère une régression à la « virgo », retour impossible dans la réalité, et cet impossible la fait équivaloir au divin. Son acte, donner la mort à ceux à qui elle l’avais donnée, la met en équivalence avec le divin qui donne et reprend la vie.

Médée conquiert son immortalité en tuant ses fils et se place dans l’intemporel. Elle fait disparaître ce qui l’a faite mère, annulant l’acte qui la faite et femme et mère.

Et à entendre Sénèque :

« materque tota coniuge expulsa redit » ( la mère a chassé l’épouse), et

« rapta virginitas redit » (rendue la virginité que tu m’avais ravie), après avoir dit :

« fas omne cedat » (rien ne doit plus être sacré),

« Medea nunc sum » (Médée maintenant je suis), aux vers 900 et suite,

ainsi se marque le retour à l’être vierge, rejet de l’être mère qui ouvre la possibilité de l’horreur : « maiora iam me scelera post partus decent » (plus grands doivent être mes crimes à présent que j’ai enfanté), déjà annoncé au vers 50.

Le mythe de Médée comme représentation de l’inacceptable,

nous permet d’« exorciser » l’inacceptable don que nous faisons à nos enfants, en leur donnant la vie, don que les femmes portent dans leur corps, inscrit dans le maternel.

Médée vient représenter l’impensable haine maternelle, haine envers l’enfant attendu comme don pour combler son manque, haine qui se dévoile et se déchaîne ici au moment où elle vient à être délaissée pour une autre femme, quand son manque, à nouveau, se dévoile.

Ce manque à être, qu’une femme peut combler imaginairement d’un enfant qui viendrait prendre la place dans la lignée des objets perdus, ce manque à être qu’un homme, d’autant plus s’il la faite mère, peut venir temporiser en la mettant en place de ce qui vient combler son manque à lui.

Et Médée est démise de cette place pour une autre femme. Elle se retrouve face à son manque qu’elle traite dans la violence.

Remarquons que les fins, d’une part de la pièce d’Euripide, d’autre part de la pièce écrite de Sénèque, font référence au divin, divin si proche du féminin. Et chacun dans sa culture porte ces questions pour ses contemporains.

Euripide réaffirme directement la suprématie du réel, l’inattendu, l’« adokhtwn », le sujet est soumis à l’impensable.

Quant à Sénèque, « atteste que là où tu t’élèves il n’y a pas de dieux » vient secouer ses contemporains sur la question du sacré qui a déserté leurs vies.

Cà n’est pas sans évoquer nos questions, contemporaines.

Question de la dette dans la transmission de la vie et de la mortalité.

Au vu des avancées scientifiques, le contemporain se plaît à penser l’immortalité comme possible, et possible aussi l’abolition de la différence des sexes.

On assiste à une course à l’immortalité en remplaçant les organes et fonctions défaillantes d’un corps transmutant, de moins en moins humain, refoulant cette ultime limite à la jouissance qu’est la mort, là où la castration est peut-être le pensable de l’impensable, la mort.

Le refoulement de l’idée de la mort va de pair avec celui de la différence, des sexes,

Refoulement actif du féminin, de l’autre en tant que tout autre.

Si le sexe n’est plus incontournable pour procréer et faire perdurer l’espèce humaine par le maternel, alors la mort même est remise en cause. Après la possibilité chirurgicale et hormonale de changement de sexe, le dernier bastion féminin, la maternité, n’est plus exclusivement féminine, (procréation hors utérus, clonage, et homme enceint.), on peut penser pouvoir se passer des femmes, des mères, donc de la différence, support de la castration, ce que Jason émet comme souhait.

La dette ouvre une béance et son refus font que les objets de jouissance, démultipliés, dont le sujet est insatiable tentent de combler ce trou, ce manque radical qu’un don ne vient plus solder.

Le don n’étant plus qu’un dû, il n’y a plus de dette et cela se fait dans la plus grande violence vis à vis de l’autre que l’on nie. Plus d’autre, plus de différence, plus d’altérité radicale, plus que du même à détruire.

L’annulation de la question de la dette dans la transmission met à mal le lien social, ouvrant au sujet, conforté par la science, la possibilité de penser l’impensable.

Et l’art nous permet de tresser cet impensable qui tutoie le réel.

Heidegger dit à propos de l’artiste, lors d’une allocution, qu’il « donne figure à ce qui est proprement invisible » [6].

L’art est acte de sujet venant revisiter et tenter de rejouer sur un autre mode, sublime, ce passage qui l’a mené à la perte irrémédiable. Traversée en ce temps d’avant même la signifiance, indicible, dont la trace et le reste est l’oeuvre créée.

L’artiste fait entendre l’inentendable au-delà de l’entendu, fait voir l’irreprésentable au-delà du visible et vient représenter cet impensable pour que nous le supportions, pour que se taise, dans l’instant éphémère que l’artiste offre, ce qui ne cesse de nous occuper. Acte éphémère à répéter, car toujours ratant un but sans lieu.

Catherine Fava-Dauvergne

septembre 2009

[1]Jacques Lacan : séminaire « l’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre » ; 1976-77.

[2]Jacques Lacan : 1968-69 ; p. 287.

[3]Séminaire 1956-57 ; p. 67.

[4]Traduction de Pierre Miscevic ; éditions petite Bibliothèque.

[5]Traduction de Louis Méridier de l’édition biligue 2003 « Les belles lettres ».

[6]Martin Heidegger : « Remarques sur art-sculpture-espace » ; Payot ; p. 27 ; allocution du 3 octobre 1964 pour l’inauguration d’une exposition de Bernhard Heiliger.