1. Son église


Entourée de son petit cimetière, l’église romane Saint Christophe, XIIIe siècle, classée le 24 décembre 1925, est située à l’extrémité de l’éperon rocheux dominant la vallée du Ciron; elle a pu servir d’ouvrage de défense, comme l’illustre un hourd surmontant le portail ouest.

Elle est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, ainsi qu'une partie de son mobilier.

Jusqu'au XIX ème siècle, le porche roman était couvert, comme l'indique ci-dessus le croquis d' Emilien PIGANEAU en 1888 dans " Excursion en Bazadais ".


On remarque sur cette carte postale ancienne les anciens trous de fixation du porche au dessus du portail roman, ainsi que les cyprès qui longeaient l'allée principale jusque dans les années 1980.

Les vitraux St Christophe et St Roch

Porche roman

L’entrée et le chœur sont d'architecture romane. ( http://jazz.physik.unibas.ch/~kristoff/Perso/roman/leogeats/index.html )

La nef a été recouverte d’ogives et on y a ajouté une nef secondaire d'architecture gothique. Les ogives s’appuient à leur base sur de curieuses têtes grimaçantes en pierre.

Dans la nef secondaire existe toujours au nord ce qui devait être la porte des lépreux ou des cagots.

La porte des cagots.



Les archives montrent que les familles cagotes qui étaient établies dans le sud de la France, ont été frappées d'exclusions et de répulsions jusque dans leurs quartiers et villages du Pays basque et de Gascogne dès le XIIIè siècle; puis de part et d'autre du Piémont pyrénéen à partir de la Renaissance2,3. Outre de probables raisons religieuses d'hérésie, la réputation des cagots a été mise à mal dès le Moyen Âge, lorsqu'ils ont été en plus associés à la peur des épidémies de lèpre. Plus tard, leur situation a empiré lorsqu'ils ont été aussi associés aux gens du voyage de la Petite Égypte migrants en Europe.

Une Vierge assise du premier quart du XIVe siècle, en bois sculpté, porte des traces d'immersion : elle a du être soustraite aux exactions lors des guerres de religion, ou durant la période révolutionnaire.


La chaire en pierre, datant de 1689, est composée d’un escalier droit menant à une cuve à encorbellement sur le mur de la nef : sa particularité est d’avoir été peinte pour imiter le bois.


Le retable ornant le chœur aurait été élaboré à la fin du XVIIe par un artisan du village. Il est en bois doré, avec un décor sculpté d’une grande richesse.

Le Christ crucifié, ornant un pilier central polygonal, ainsi que la sculpture de Saint Christophe portant l’enfant Jésus sur ses épaules (art naïf) sont en bois polychromes.

A droite de l’entrée, le petit baptistère est surmonté de la colombe mystique.

Le cimetière entourant l'église, jadis ombragé de cyprès, fut le cadre, dans les années 1960, de plusieurs scènes du film " Thérèse Desqueyroux ", tiré du roman de François Mauriac (1927). Dans son autre roman Le Sagouin (1951), celui-ci fait allusion au tombeau de la famille historique de Cernès (http://www.paysdecernes.org/le_pays_de_cernes.htm), lequel est situé au sud, dans une petite enceinte en surplomb au dessus du rocher.

En 1980, le cimetière fut à nouveau le théâtre cinématographique d'une adaptation télévisée du roman de Mauriac "Le baiser au lépreux".

Tombeau de Cernès


Le clocher, de forme spéciale, est similaire à d’autres se trouvant sur les routes de Saint Jacques de Compostelle. On y accède par un escalier extérieur en pierre. Il comporte deux cloches. La plus petite, datant de 1634, classée en 1942, est la plus ancienne de la région ; la plupart des cloches furent fondues à la Révolution, celle-ci a pu être soustraite. Elle comporte les inscriptions suivantes : PARRINS PIERRE LOBIS LEVIEVY MARCHAND, JEANNE BERBIEN MARRINE DAMOISELLE. SAINT-CHRISTOPHE-DE-LAUGEAT 1634.

La grosse cloche date de la fin du XIXe siècle sous le pontificat de Léon XIII (Mgr Donnet, Cardinal Archevêque de Bordeaux).

Début XVIIe, Pierre Lobis, l'un des parrains de la petite cloche, était médecin : il habitait une "maison-noble" à laquelle il a laissé son nom.

Magnifique panorama sur la vallée du Ciron.

Le joli cadran solaire orne la face sud de l'église.

Recherches archéologiques en 2004

Suite au projet municipal d'extension du cimetière, un diagnostic archéologique effectué au nord de l'église en 2004 par Nathalie Moreau, archéologue à l'Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives), a mis en évidence d'une part la présence de tombes anthropomorphes du XIIe ou XIIIe siècle développée jusqu'au cimetière actuel, d'autre part les vestiges de fondations de constructions en bois de type médiéval.

" L'église est toujours entourée de son cimetière, mais ce dernier est maintenant trop petit. Un projet d'extension est prévu au Nord, sur une prairie mitoyenne.

Vue la situation à proximité de l'église, qui est d'ailleurs inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1925, un diagnostic archéologique, à la demande du service régional de l'archéologie, a été effectué.

Ce diagnostic, qui est une pre­mière phase, est dirigé par Nathalie Moreau, archéologue à l'INRAP, Institut national de la Recherche Archéologique Préventive.

Trois tranchées de 1 m de large ont été réalisées, une orientée Nord Sud et deux Est Ouest. Là sous la fine couche d'humus et de terre noire, environ 45 cm, le rocher est apparu avec diverses traces d'occupation.

Dans la première tranchée, plusieurs tombes taillées dans le rocher et orientées, contenant des restes humains, sont découvertes. Il s'agit de tombes anthropomorphes, c'est à dire de forme humaine, dont la tête est à l'Ouest mais comme le défunt est couché sur le dos, son regard se porte vers l'Est d'où l'orientation.

Ces sépultures remontent de toute évidence à l'époque médiévale, XIIè ou XIIIè siècles, et ce cimetière primitif se prolonge de toute évidence vers le cimetière actuel et sur une part plus importante du terrain.

L'autre découverte se situe dans les autres tranchées. Là, plusieurs cavités circulaires, au diamètre différent avec pierres de calage, montrent la présence d'une construction à ossature bois. En effet, ces cavités sont les trous d'assujettissement des poteaux porteurs. Ce type d'habitat qui est connu depuis l'époque gauloise ne semble pas ici antérieur au début de l'époque romane.

La fouille est un travail minutieux, car tout se fait à la main, et la couche est aussi importante que l'objet. En fait c'est un tout. Ici par exemple, si le rocher est la couche de référence, il convient de bien nettoyer les tâches, noires, car elles peuvent être soit des irrégularités de la roche, soit des sépultures.

Ce site livre ses premières données, et même en l'absence de mobilier archéologique significatif, car même s'il a été perturbé et réutilisé, il reste d'une grande richesse pour la commune et la connaissance en général des bourgs ruraux de la vallée du Ciron.

Il est évident que le site de Léogeats, de part sa situation et sa morphologie, a été occupé dès la plus haute antiquité. Le souhait serait de poursuivre la fouille surtout le terrain afin d'en dégager l'essence même et de pouvoir ainsi avancer dans l'histoire de Léogeats."

Extrait de la collection Françis LAFON, Pujols sur Ciron, 24 février 2005.

Le cimetière entoure l'église au sud et à l'ouest.





Bernard TAUZIN