LES CROIX DE PIERRE - ALBUM DE BRETAGNE

La démarche de Castelao tant pour la Galice que pour la Bretagne, ne vise pas seulement la sauvegarde d'un patrimoine matériel mais aussi peut-être et surtout celle d'un patrimoine humain. "Sous sa plume et son crayon, remarque Yvon Cousquer qui a traduit les textes de Castelao, le passé redevient présent et il redonne vie et souffle à ce qui pouvait n'être plus que témoins endormis d'une histoire qui aurait cesser d'influer sur notre présent".

Castelao note qu'à part la Galice, il n'y a aucune terre chrétienne où il y ait autant de croix allant de la croix rudimentaire jusqu'au calvaire orné de centaines de personnages. "Le culte des pierres a des racines profondes dans l'âme celte". Ci-contre: menhir christianisé de Kervadel-Plobannalec actuellement au musée de Quimper.

Castelao établit une distinction entre les "croix ornées" croix seules avec plus ou moins d'ornements et les calvaires qui représentent les moments de la vie du Christ. La densité la plus importante réside dans le Finistère (Léon, Tréguier, enclos) tout comme en Galice (Pontevedra, La Corogne) et est liée pour nombre d'entre elles, à la peste bubonique qui ravagea la Bretagne à la fin du XVIe si et au début du XVIIe siècle.. Elles ont connues sous le nom de "croix de la peste" croaz ar vosen" et les fûts sont habituellement ornés de de bosses, de bubons. Les croix se trouvent souvent dans les deux régions, situées à des carrefours et présentent les mêmes ressemblances: Christ sur l'avers, Vierge sur envers, recueil du sang dans des calices qui conduisent au souvenir de la légende du Graal. "Si l'on mêlait, dit-il, des photos des croix des deux régions, il serait difficile d'établir la distinction".

Castelao note que "ces croix ornées possèdent souvent des marches et une petite table de pierre comme un autel.  Les fûts sont généralement octogonaux ou cylindriques. Parfois, des saints y sont adossés comme en Galice. Les marches, bases et fûts sont habituellement en granit ordinaire mais les chapiteaux, croix et croisillons sont souvent taillés dans la pierre de Kersauton, près de Daoulas". La Vierge apparaît sur les chapiteaux ou au dessus d'une corniche, les yeux tournés vers la croix. Castelao estime que la pieta bretonne est plus raffiné que la galicienne mais moins "spontanée et variée", la même composition se répétant à l'exception de la croix de Plougoulm où le visage du Christ est à gauche. Quant au corps du Christ, il est très stylisé et Castelao a dessiné de nombreuses représentations.

                                                                                                                                                                                                                                                         

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"Les croix ornées les plus belles, celles qui sont le sommet de l'art populaire en Bretagne, sont celles qui possèdent deux croisillons ornés de nombreux personnages comme l'Hopital-Camfroux ou Loperec. Tout cela est bien réparti et forme un miracle d'équilibre". Ce que Castelao a retenu d'original est " les croix ornées avec chaires à prêcher (comme Tréminou ci-dessus ou Pleubian) et les grands calvaires" dont la fin coïncide avec celle de la peste vers 1650. « Ceux qui savent goûter l’art populaire porteront toujours leurs yeux sur les petites chapelles bretonnes où les sculptures démontrent l’âme pure des saints celtes. »


  6  Guimiliau: le calvaire date de 1581: il comporte 25 scènes et 200 personnages ! Cette gravure représente l'entrée à Jérusalem: un personnage étend son manteau devant l'ane, un autre cueille un rameau dans l'arbre voisin



7 Lampaul:

 Saint Thegonnec: calvaire de 1610 (année de l'assassinat d'Henri IV). Un soldat s'assoie sur la croix pour ajouter à la souffrance, un autre menace le Chris

rvillac: curieux calvaire de Coat Nant près de Brest. Edifié par RolandDoré, sculpteur du Roi en 1559.  Il surmonte une fontaine. Les colonnes supportent Notre Dame, St Jean, St Yves, St Pierre, les larrons et un crâne.

Dolmen christiannisé de Portsall.

Tronoen: "L'une des émotions les plus fortes de ma vie" s'est exclamé Castelao devant le plus ancien calvaire de Bretagne. St Jacques y apparait en pélerin.

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11 Menhir christiannisé de Rungleo près de l'Hopital Camfrout. Composé de trize niches groupées par quatre pour les apotres dont St Jacques muni d'un gros bâton. Le Christ étant dans la niche supérieure.

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13 Pontivy Stival: menhir christiannisé (par Mériadec alors ermite à Stival ?) aujourd'hui disparu.

14 Pontivy: partie haute du calvaire de La Houssaye. " J'ai vu un type de croix ornée qui représente la Trinité. Au dessus du crucifix, flanqué des statues de St Jean et de la Vierge apparait le Père Eternel avec une colombe sur la poitrine et deux phylactères" a indiqué Castelao. 

15 Guehenno: ensemble le plus important du Morbihan. Au centre les trois croix, la Passion, une Piéta, Jessée. Sur les croix latérales, les larrons sont très expressifs. Sur une colonne faisant face au calvaire, le coq et les instruments de la Passion.

16 Vannes: calvaire de l'ancien cimetière de Saint Patern aujourd'hui dans le jardin de la cathédrale. "Particulièrement original" a estimé Castelao. Il est à médaillons quadrilobés; à la base du fût orné de fruits et de feuillages, les quatre évangélistes et une représentation du péché originel, une des rares représentations avec Tronoën.

 

L'ensemble des dessins de Castelao est visible sur le site du musée de Pontevedra: www.museo.depo.es

Nous remercions Monsieur Carlos Valle Perez, Directeur du musée, pour le soutien qu'il nous a apporté.