Dans ce premier objet d'étude, vous allez découvrir et analyser des poèmes, mais surtout vous vous interrogerez sur la création poétique.

• D'où vient l'inspiration ?

• Comment invente-t-on de nouvelles formes poétiques ?

• Comment les poètes travaillent-ils leur texte ?

I - Introduction à la poésie

A – Caractéristiques de la poésie

Le mot poésie vient du grec « poiein » qui veut dire « créer ». C’est l’art du langage pour exprimer de façon esthétique un sentiment, une idée, une situation. 


Conçu à l'origine pour être chanté, le poème s'appuie sur le retour des vers et des rimes pour charmer le lecteur. Pour analyser un poème, il faut donc s'arrêter aux règles de la versification.

• Le vers, la rime, la strophe

Le vers. Il est la ligne de texte qui constitue l’unité de base du poème. S’ouvrant par une majuscule, s'achevant par la rime, il est composé d'un nombre calculé de syllabes. La mesure de l’octosyllabe est de 8 syllabes ; du décasyllabe, 10 ; de l'alexandrin, 12.

La rime. Elle est le retour du même son, plus ou moins riche, à la fin du vers. La disposition des rimes varie entre rimes plates (AA/BB), rimes croisées (AB/AB) et rimes embrassées (ABBA).

La strophe. Elle est un groupe de vers, unis par les rimes et le thème qu’ils développent, séparés par un blanc de la strophe suivante. Le tercet comprend 3 vers ; le quatrain, 4 ; le quintil, 5 ; le sizain, 6 ; le huitain, 8 ; le dizain, 10.

• Les jeux du vers et de la phrase

Les effets d'harmonie. Le poème produit une régularité harmonieuse quand la fin de chaque vers et de chaque strophe coïncident avec une pause grammaticale. Il faut aussi que la pause à l'hémistiche - la césure, au milieu de l’alexandrin - soit respectée.

Comme on voit, sur la branche,// au mois de mai, la rose,//

En sa belle jeunesse,//en sa première fleur (Ronsard)

Les effets de rupture. L'enjambement à la rime et l’enjambement à la césure créent un effet de surprise, en brisant le rythme harmonieux des vers.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme : (Rimbaud)

• Le rôle des sonorités

Les rimes. Elles assurent à la fin de vers un effet sonore, qui rythme le poème.

L'assonance. Elle consiste dans la répétition du même timbre vocalique (voyelle). Ex : « Les sanglots longs des violons... » (Verlaine) : répétition de la voyelle « o » et des nasales « an » et « on ».

L'allitération. Elle consiste dans la répétition du même timbre consonantique (consonne). Ex : « Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs » (Valéry) : répétition des consonnes « r » et « f ».

L’harmonie imitative. Elle cherche à reproduire le son que produit, dans la réalité, ce dont parle le texte. Ex : « Les souffles de la nuit flottaient sur Calgala » (Hugo) : la répétition de la consonne liquide « I », associée à la lettre « f », imite le bruit du vent.

B – L’évolution de la poésie

• Les formes poétiques traditionnelles

L'épopée.

Long poème en décasyllabes, elle célèbre le courage et le sacrifice des héros, exaltant des valeurs fondatrices, comme l’esprit de la chevalerie, la générosité ou la tolérance.

La chanson, le rondeau et la ballade.

Ces poèmes de forme fixe, aux règles plus ou moins contraignantes, expriment l'intensité de l'amour, le défilé des saisons, les joies de la nature ou les souffrances de l'homme à travers une tonalité souvent lyrique.

La fable.

Elle raconte une histoire versifiée, accordant au récit le rythme des vers. Elle met souvent en scène des animaux pour donner une leçon à l'humanité : la moralité.

L'ode.

Elle se présente comme un long poème au langage solennel, qui aborde des thèmes historiques, philosophiques ou religieux

Le sonnet.

Depuis son apparition, à la Renaissance, il traverse les époques et les œuvres, grâce à ses deux quatrains et deux tercets ponctués d une « pointe » finale. Il s'impose comme la forme poétique la plus célèbre.

Le calligramme.

Popularisé par Guillaume Apollinaire, il utilise les mots du poème pour former un dessin, qui représente le thème qu'ils développent.

• La poésie de la modernité

Le poème en prose.

Ce texte poétique, apparu au xixe siècle, ne comprend plus de vers ni de rimes. Il se présente comme un texte en prose, avec de courts paragraphes qui se succèdent. La puissance poétique repose sur le rythme des phrases, les jeux sur les mots et les sonorités, la dimension énigmatique, sensuelle ou pittoresque des thèmes développés.

Le poème en vers libres.

Cette forme moderne s'impose au début du xxe siècle : commençant par une majuscule, le vers se reconnaît dans son unité linéaire, mais il n'y a plus de rimes ; la mesure du vers change d'un vers à l'autre ; la longueur des strophes est variable ; la ponctuation est abandonnée.