Terme plurivoque, car de l’entretien courant à la transformation complète d’un ouvrage ou d’un quartier, « la réhabilitation » recouvre une palette d’interventions et de stratégies pour améliorer ou transformer l’existant.
Enjeu majeur, car compte-tenu du rythme de renouvellement du patrimoine bâti et des engagements environnementaux pris par la France, la réhabilitation concentrera durant les prochaines décennies l’essentiel des interventions et de l’activité du secteur de la construction.
Potentiel de création architecturale sur le patrimoine ordinaire, notamment le logement, encore mésestimé tant du point de vue de ses potentiels que de ses qualités intrinsèques, quand les patrimoines « distingué » et « industriel » disposent de savoirs constitués et d’une culture de la restauration et de la reconversion.
Si la modification de l’existant est une pratique inhérente à la fabrication de la ville, la distinction entre construction neuve et intervention sur l’existant s’inscrit dans une période de transformation des métiers de la construction. [...] . C’est à partir des années 1980 qu’émerge une nouvelle attitude envers le patrimoine bâti. Ce récent intérêt pour l’existant découle de plusieurs facteurs : essor d’un marché professionnel, mise en place de politiques publiques axées sur le renouvellement urbain, émergence du développement durable et évolution du cadre réglementaire.
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L’évolution des politiques publiques vers le développement durable favorise les interventions sur le cadre bâti existant, tant pour permettre des économies d’énergie et améliorer les performances thermiques [...], que pour prendre en compte l’énergie grise et la récupération des matériaux de construction [...].
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Un autre facteur, favorisant le renouvellement de l’intérêt pour l’intervention sur l’existant réside dans la remise en cause, notamment depuis les années 1980, du modèle de la construction neuve issu des années 1950-1960. [...] À la production des architectures dites « de la croissance » [...], s’est substitué le concept de « la ville sur la ville ».
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Le dernier facteur réside dans la permanence d’une culture de protection du patrimoine historique. À l’origine centrée sur les monuments historiques et les secteurs sauvegardés, elle reconnait aujourd’hui des valeurs de mémoire à des architectures de plus en plus récentes, notamment celles du XXe siècle, qu’il s’agisse d’édifices industriels ou militaires, d’hôpitaux, des équipements de loisirs ou de l’habitat de masse.
Histoire et théories de l’intervention sur l’existant
A partir des comparaisons des doctrines et des réalisations contemporaines avec la tradition culturelle de la restauration et conservation, la réhabilitation du patrimoine bâti sort de la sphère des interventions de conservation pour s’inscrire dans l’histoire de l’architecture avec la même légitimité que la construction neuve.
De cette manière, la réhabilitation acquiert le statut d’opération culturelle, dotée d’un discours d’action, de références théoriques, d’un corpus de plus en plus ample d’exemples, de projets et de réalisations.
Ce constat permet d’expliquer aux étudiants la nécessité d’aller au-delà de la simple amélioration et d’aborder la dimension culturelle et créative de la réhabilitation.
Culture constructive et technique
Une culture des pathologies est indispensable à l’expertise architecturale, un bon diagnostic étant souvent la clef d’un bon projet. Le développement de cette culture passe par deux actions.
Apprendre les systèmes constructifs des constructions anciennes en pierre, brique, bois, métaux ou terre, ou issus des technologies du béton et de l’acier du XXe siècle.
Découvrir les techniques de restauration spécifiques et adaptées aux différentes typologies, notamment les reprises structurelles, ou les interventions sur l’enveloppe bâti, avec notamment les problématiques d’échanges thermiques
Ce savoir disciplinaire [...] garantit que le projet d’architecture s’empare du discours des techniques, sans pour autant se laisser guider par ce dernier.
Outils de conception et de représentation
Bien plus qu’une simple technique de représentation, le relevé est un outil qui participe à la lecture, à l’analyse et à la constitution des connaissances qui investissent aussi le cadre du projet.
Le développement des technologies numériques de représentation a amplifié les capacités de compréhension des situations existantes et a apporté des données supplémentaires pour le projet. Parmi ces outils, on peut faire la distinction entre, d’une part, les outils d’aides à conception, d’autre part, ceux de la représentation.
L'ENSAL possède une culture spécifique en la matière, du fait de la présence de l'équipe ARIA de l'UMR MAP, spécialisée dans les questions de relevés numériques depuis plus de vingt ans.
Enjeux écologiques
La réhabilitation constitue avant tout un acte de développement durable, par le fait même qu’elle implique un processus de réutilisation et de renouvellement du bâti existant, qui répond aux thématiques environnementales en cours comme la santé dans l’habitat, le recyclage et la réutilisation de matériaux, l’énergie grise, les bio-matériaux, etc., et affirme que cet existant est un potentiel dans une économie globale
Les textes proposés sur cette page sont issues de : CREMNITZER, Jean-Bernard, FENDRICH, Fabienne et ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE NORMANDIE (DARNÉTAL, Seine-Maritime) (dir.). Former à la réhabilitation: enseignements supérieurs et professionnels. Rouen : Point de vues, 2018. ISBN 978-2-37195-028-3. Disponible à l’adresse : http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/ensan_puca_bag_v2_bd.pdf