Les stratégies d’enseignement sont des techniques employées par les enseignants pour aider les élèves à devenir des apprenants indépendants ou stratégiques. Les stratégies d’enseignement peuvent servir à :
motiver les élèves et les aider à se concentrer;
organiser l’information pour mieux la comprendre et la retenir;
surveiller et évaluer l’apprentissage.
Pour devenir des apprenants stratégiques accomplis, les élèves ont besoin :
de stratégies d’enseignement pas à pas;
de matériel didactique et de méthodes d’enseignement variés;
d’un soutien approprié, comprenant un modelage, un apprentissage par découverte guidée et un apprentissage indépendant;
d’occasions de transférer leurs habiletés et leurs idées d’une situation à une autre;
de liens significatifs entre les habiletés et les idées, et les situations réelles;
d’occasions d’être indépendants et de montrer ce qu’ils connaissent;
d’encouragement pour s’autoévaluer et se corriger;
d’outils pour réfléchir sur leur apprentissage et évaluer celui-ci.
En tant que spécialiste en arts, l’organisation occupe une place centrale. Avec le grand nombre d’élèves et de groupes à gérer, il est essentiel de planifier soigneusement autant le matériel et l’aménagement du local que les contenus pédagogiques à aborder. Il faut également anticiper la manière dont ces contenus seront enseignés en choisissant les stratégies et modalités les plus adaptées pour favoriser l’apprentissage et la créativité des élèves.
Robert Marzano et John Hattie ont tous les deux analysé un nombre important de recherches afin de cibler les facteurs qui influencent le plus les résultats scolaires des élèves. En utilisant des méthodes différentes, les chercheurs ont tiré plusieurs conclusions semblables de leurs analyses et s’entendent sur l’efficacité de huit stratégies d’enseignement.
Selon Hattie, il est important d’informer les élèves des notions qu’ils sont sur le point d’apprendre. Dans le même sens, Marzano affirme que les objectifs de chaque leçon devraient être clairement énoncés aux élèves, en plus de présenter un défi stimulant pour eux. Pour ce faire, le chercheur encourage l’enseignant à poser des questions au groupe avant d’entamer une leçon.
Ex:
Musique: Comment doit-on placer les doigts sur la flûte à bec afin de produire un son de bonne qualité? C'est ce que tu devras savoir à la fin de la leçon d'aujourd'hui.
Arts plastiques: Quelle est la différence entre les couleurs primaires et les couleurs secondaires? C'est ce que tu comprendras aujourd'hui suite aux expérimentations que nous ferons.
Les deux chercheurs mettent l’accent sur l’importance d’un enseignement direct (« direct instruction ») et sur l’importance de donner des exemples et des contre-exemples lors d’une explication. Marzano prône aussi l’usage d’organisateurs graphiques pour mettre en évidence les liens existants entre les notions.
Ex:
Art dramatique: la voix : exemple et contre-exemple
Arts plastiques: l'énumération: croquis note
S’il est important d’informer les élèves sur ce qu’ils ont besoin d’apprendre, il est également crucial de les amener à s’engager de façon active à l’égard du contenu. Les deux chercheurs affirment que, pour favoriser cet engagement, il est important de faire un lien entre la nouvelle information et les connaissances antérieures des élèves. Marzano et Hattie s’entendent également sur l’importance d’amener les élèves à récapituler l’information apprise en cours de leçon.
Ex:
Brainstorm visuel rapide
Utiliser un nuage de mots (tableau, Post-it, application numérique) pour que les élèves écrivent ce qu’ils savent déjà sur un sujet.
Cela rend visible leur bagage et permet de corriger les conceptions erronées.
Questions déclencheuses et comparaisons
Poser une question ouverte qui amène les élèves à comparer une nouvelle notion avec une expérience déjà vécue (ex. : « Comment ce personnage ressemble-t-il aux héros que vous connaissez déjà ? »).
Les comparaisons, selon Marzano, augmentent la profondeur de compréhension.
Analogies et métaphores
Présenter la nouvelle information à travers une métaphore liée à quelque chose de familier.
Par exemple : Comparer l'apprentissage d'une chorégraphie à la complétion d'un casse-tête : chaque mouvement est une pièce, et c’est en les assemblant dans le bon ordre qu’apparaît la danse complète.
Carte conceptuelle évolutive
Faire construire par les élèves une carte conceptuelle avec ce qu’ils savent déjà, puis y ajouter les nouvelles notions.
Marzano montre que cette stratégie favorise l’organisation mentale des connaissances. Il s'agit d'ailleurs d'une stratégie d'apprentissage efficace reconnue en neurodidactique.
Récit ou expérience personnelle
Inviter les élèves à raconter une expérience qui se relie au thème (ex. : avant une leçon sur la pulsation demander : « Où as-tu déjà entendu des sons qui se répètent de façon continue et soutenue? »).
Hattie insiste sur l’importance de donner du sens en reliant à la vie réelle.
Jeu du vrai ou faux
Présenter une série d’affirmations sur le sujet (certaines vraies, d’autres fausses) et demander aux élèves de réagir selon leurs connaissances.
Cela suscite la curiosité et met en lumière leurs représentations initiales.
Lorsque les élèves sont engagés dans une tâche, il est important selon Hattie et Marzano de leur fournir des rétroactions sur ce qu’ils maitrisent ou non, et de les aider à déterminer comment ils pourraient améliorer cette maitrise.
Ex:
Je vois Ismael qui utilise le niveau bas pour faire un mouvement de grande amplitude avec ses jambes. Belle idée! Continue
Ta fable est incomplète, il te manque le retournement. Qu'est-ce qui arrive au personnage? Retourne y réfléchir et ajouter cet élément.
Contre exemple: Bravo les élèves! Beau travail!
Les élèves doivent être exposés plusieurs fois à un contenu d’apprentissage pour l’internaliser. Ils doivent également réviser ce contenu une fois appris. Hattie met cependant les enseignants en garde contre la pratique sans rétroaction, qui pourrait faire en sorte que les élèves internalisent certaines erreurs.
Ex:
Répéter plusieurs fois un même geste dans différents contextes avant de l’appliquer à une création personnelle.
Revenir sur des productions anciennes, comparer, annoter ses progrès et retravailler certaines parties pour améliorer la maîtrise
Répéter une courte phrase de mouvement plusieurs fois, mais avec rétroaction immédiate de l’enseignant ou d’un pair.
Filmer un extrait de répétition, puis le revoir collectivement pour ajuster et améliorer la performance.
Répéter un passage difficile en boucle, donner de la rétroaction, puis le replacer dans le morceau complet.
L’application des connaissances en contexte s’apparente à un processus de déduction selon Marzano, puisque l’élève doit appliquer certains principes généraux à des cas ou à des problèmes spécifiques. En ce sens, enseigner aux élèves comment penser de manière déductive et prévoir des moments de pratique guidée à cet effet les aiderait à généraliser leurs apprentissages au-delà de certaines tâches précises.
Ex:
Étape 1 — Préparez les élèves à lire une séquence dramatique, dans le but de l'interpréter, en leur demandant de faire ce qui suit :
Lire le titre
Regarder la photo ou l'illustration
Faire des prédictions: à partir du titre, quel est, selon toi, le sujet de l'histoire?
— Encouragez les élèves à se poser les questions suivantes : Qui? Quand? Où? Comment? et à faire des prédictions sur les personnages, le lieu de l'action et l'intrigue.
Étape 2 — Les prédictions n'ont pas besoin d'être correctes pourvu qu'elles soient sensées. Veillez à ce que les élèves expliquent pourquoi ils ont fait ces prédictions.
Étape 3 — Commencez à faire un schéma du récit d'après ce que les élèves imaginent de l'histoire.
Étape 4 — Divisez le récit en sections.
Étape 5 — Les élèves lisent une section du récit en silence (ou en groupe) pour vérifier leurs prédictions. Ils devraient pouvoir dire pourquoi ils ont fait ces prédictions.
Étape 6 —Veillez à ce qu'ils comprennent ce qu'ils lisent. Observez-les et aidez ceux qui ont besoin d'aide avec le vocabulaire ou la compréhension des idées.
Étape 7 — Les élèves déposent le récit quand ils ont terminé la lecture. Posez diverses questions en mettant l'accent sur la compréhension de texte et la compréhension déductive. Par exemple :
compréhension du récit — Que s'est-il passé? Où sont-ils allés? Quand est-ce que cela s'est produit?
compréhension déductive — Pourquoi croyez-vous qu'ils ont fait cela? Selon vous, qu'est-ce qui va se passer après?
Étape 8 — Les élèves lisent la section suivante et, pour chaque nouveau passage, continuez la discussion à l'aide de questions de compréhension de texte et déductive. À la fin du récit, il est important qu'ils fassent ce qui suit :
Étape 9 — Revoir les prédictions qu'ils ont faites avant la lecture. Demandezleur si elles étaient correctes. Dans la négative, ils doivent expliquer pourquoi ils ont dû les réviser. Changez les prédictions en conséquence sur le schéma de récit pour qu'elles correspondent à ce qui s'est réellement passé.
Ex: pratique guidée
Hattie et Marzano s’entendent aussi sur le fait qu’amener les élèves à travailler ensemble favorise l’apprentissage. Sans remplacer l’enseignement de groupe et le travail individuel, le travail coopératif devrait plutôt être utilisé de façon complémentaire aux autres modalités de travail, en plus de faire l’objet d’un enseignement.
L’auto-efficacité renvoie à la perception qu’a un élève de sa capacité à réussir une tâche. Ce sentiment d’auto-efficacité, spécifique à chaque situation, aurait un impact important sur l’apprentissage. Les recherches de Marzano ont montré qu’il était possible de favoriser le développement du sentiment d’auto-efficacité chez les élèves, et ce, en encourageant ces derniers et en leur faisant prendre conscience de chaque petite réussite.
En bonus, 2 stratégies tirées de l'enseignement basé sur des données probantes
Tenir compte des connaissances antérieures: Il ne s'agit pas seulement de se demander ce qu'on sait à propos d'une notion, mais bien de se pencher sur l'état actuel de notre compréhension.
Des mots de sagesse: Habituer les élèves à suivre certaines maximes comme « Le travail d'abord, le plaisir ensuite » (ou le plat principal avant le dessert!). Les élèves les plus consciencieux s'attaquent d'abord à la partie principale d'une tâche au lieu de commencer par des tâches secondaires comme la mise en page ou la recherche d'images (sauf s'il s'agit de la phase d'inspiration...)
Une réponse raisonnable: Avant de se lancer dans une démarche élaborée, amener les élèves à estimer la réponse attendue, pour ensuite comparer la réponse obtenue avec l'estimation initiale.
Ex:
Brainstorming ou discussion guidée
Demander aux élèves ce qu’ils savent déjà sur le sujet ou la technique.
Noter les idées sans corriger pour observer les représentations initiales.
Questionnaires rapides, quiz ou sondages
Courtes questions écrites ou orales pour identifier ce que les élèves connaissent ou comprennent.
Observation et comparaison
Montrer des exemples ou reproductions et demander aux élèves de les relier à ce qu’ils connaissent.
Activité de prédiction ou anticipation
Les élèves prédisent ce qu’ils pourraient faire ou ce que l'œuvre pourrait symboliser par exemple, révélant leur compréhension actuelle.
Échanges en binômes ou petits groupes
Faire verbaliser les connaissances pour que l’enseignant entende leur niveau de compréhension et leurs idées préconçues.
Carte conceptuelle ou schéma rapide
Les élèves dessinent ou écrivent ce qu’ils savent sur le thème pour visualiser leur état de compréhension.
C'est préparer l'apprenant à choisir les meilleures stratégies à utiliser et à ajuster ses stratégies lorsqu'elles ne fonctionnent pas.
Enseigner les 4 étapes de base de la métacognition
Que dois-je faire?
Faire un plan d'action
S'assurer d'être sur la bonne voie
Ajuster si besoin
Modéliser avec les élèves leurs « discours intérieurs »
Encourager la pratique
Ex:
Discussion guidée : « Qu’est-ce qui vous aide à vous mettre dans la peau d’un personnage? » → Les élèves identifient leurs propres stratégies (mimer, se souvenir d’une émotion, observer quelqu’un dans la vraie vie…).
Question d’anticipation : « Quand tu dois mémoriser un texte, qu’est-ce qui fonctionne le mieux pour toi : répéter seul, répéter en duo, écrire les répliques, dessiner une scène? »
Pause réflexive en improvisation : on interrompt une scène pour demander : « Qu’est-ce qui te dit que ton personnage réagirait comme ça? » ou « Comment sais-tu que ton idée fonctionne bien avec celles des autres? »
Observation entre pairs : pendant qu’un groupe performe, les autres notent mentalement une force et une question à poser → cela oblige à analyser la démarche de l’autre.
Retour individuel rapide : « Aujourd’hui, qu’est-ce que tu as découvert sur ta façon de t’exprimer sur scène? »
Autoévaluation guidée : sur une échelle imagée (par ex. thermomètre ou météo), l’élève se situe : « Est-ce que j’ai osé prendre des risques? Ai-je bien écouté les autres? »
Lien avec d’autres expériences : « Est-ce que la stratégie que tu as utilisée pour entrer dans ton rôle pourrait t’aider aussi dans la lecture à voix haute ou dans une présentation orale? »
La rétroaction positive