Les idéologies au Canada

Sir Wilfrid et les extrémistes

Caricature de James Fergus Kyle, 1911.

Source (BAC Acc. No. 1989-612-3 )

Domaine public du Canada.

ASPECTS

Social

Les extrémistes présents sur la caricature sont deux courants de pensée très importants au Canada: les impérialistes et les nationalistes. Cette opposition remonte à la naissance du parlementarisme au Canada en 1791.  Les anglophones et les francophones se sont toujours opposés sur les questions de langues, de religions et de cultures. Entre 1896 et 1911, les débats mettent de l'avant la confrontation entre les deux nations. Les impérialistes rejoignent davantage la nation anglophone du Canada, fière d'être britannique, et proposent une vision d'un Canada unilingue et protestant. Les nationalistes  sont principalement composés de francophones. Représentants les droits des minorités au Canada, les nationalistes proposent soit la création d'un Canada uni d'une province à l'autre, soit la création d'un État français dont le Québec serait le foyer. Surtout, les nationalistes refusent de participer aux projets impérialistes. Après la Première Guerre mondiale, un mouvement nationaliste anglophone sera également présent au Canada et constatera que la participation du Canada à la guerre n'aura été bénéfique qu'à l'Angleterre. Les deux mouvements nationalistes s'allieront donc pour soutenir le développement du statut autonome du Canada.

Politique

Les débats entre nationalistes et impérialistes remettent en question la place du Canada sur la scène internationale. Les partis politiques s'affrontent au Parlement fédéral. Les décisions de Wilfrid Laurier auront une incidence sur le développement politique du Canada.

En 1899, Laurier accepte d'envoyer des volontaires pour soutenir l'Empire britannique dans la Guerre des Boers. Indigné par les lois adoptées par gouvernement fédéral qu'il considère comme assimilatrices pour les minorités francophones, Henri Bourassa démissionne du parti libéral et se propose comme député indépendant.

En 1910, Laurier envisage la création d'une marine militaire afin de soutenir l'Empire britannique. La présence de la marine allemande sur les mers est de plus en plus importante, ce qui pousse l'Empire britannique à se lancer dans une course aux navires. Pour satisfaire ses besoins, l'Empire demande l'aide de ses colonies. Wilfrid Laurier met donc sur pied la Loi navale et crée une marine militaire canadienne en temps de paix, anglaise en temps de guerre. Les impérialistes (Borden) jugeront cette mesure insuffisante, préférant offrir un soutien financier. Les nationalistes (Bourassa) dénonceront cette mesure, considérant que le Canada n'a rien à faire dans les conflits de l'Empire.

Économique

En 1911, le Canada élabore une entente de réciprocité avec les États-Unis. Cette entente envisage l'établissement de conditions sur le partage des ressources naturelles et sur les droits de douane entre les deux pays. Les élections de 1911 seront déterminantes sur cette question: Wilfrid Laurier perd le pouvoir, alors que Robert Borden devient premier ministre et met fin à l'entente commerciale avec les États-Unis. 

Henri Bourassa et les nationalistes soutiennent le projet de réciprocité, espérant la séparation avec l'Empire britannique. Justement, sur ce point, les impérialistes, donc le premier ministre Borden, craignaient surtout que cette entente limite la relation avec l'Empire et que le Canada soit absorbé par les États-Unis. Ces craintes seront partagées par les intérêts financiers de Montréal et Toronto, ce qui fera pencher la balance du côté des conservateurs.

Culturel

Territorial

Le débat de 1910 et 1911 sur la marine militaire touche la question de la défense militaire du Canada. Depuis 1867, l'Empire britannique doit s'occuper de la défense de ses colonies et dominions. Les nationalistes considèrent donc que le Canada ne doit s'occuper que de la gestion interne de son territoire. Les débats sur le statut du Canada mèneront à une redéfinition du rôle du Canada dans la défense de son territoire, en 1931.

Scientifique & Technique

Extraits

Henri Bourassa

« Toute forme de participation ou de contribution aux préparatifs de guerre de l'Empire entraînerait pour (le Canada) d'énormes sacrifices et de nombreux risques; elle ne lui assurerait aucune protection efficace contre les dangers de sa participation particulière. Le Canada n'a aucun motif avouable d'aider au maintien de la domination impériale de l'Angleterre et à l'accaparement de toutes les richesses du globe aux bénéfices de ses financiers et de ses négociants. (...) Pour déjouer les desseins de l'impérialisme, (...) il faut placer et poursuivre la lutte sur le terrain (...), dénoncer le programme  impérialiste dans son ensemble, en marquer les aboutissements, et s'opposer sans relâche à toutes les entreprises impérialistes. » 1917, Source, p. 36.


L'Action nationale

«Chez tout Anglo-Canadien, si Canadien soit-il, sommeille au fond un impérialiste, un monsieur qui, ayant vécu dans u empire mondial, transporte avec lui (...) une conception impérialiste (...) de la défense de sa nouvelle patrie. (...) En tant que Canadien, il ne se sent pas en sécurité si l'Empire ne reste pas intact, et si l'Empire tel que nous le connaissant n'existait pas.» 1933, Source, p. 90


Lionel Groulx (1937):
«Qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, notre État français, nous l'aurons; nous l'aurons jeune, fort, rayonnant et beau, foyer spirituel, pôle dynamique pour toute l'Amérique française.  » (Source, p. 310)

Critique externe -3QPOC

Critique interne -3QPOC

Qui?

L'organisation de l'espace met en scène 3 personnages.

Premier ministre de 1911 à 1917, Robert Borden est chef du parti conservateur. 

Premier ministre de 1896 à 1911, Wilfrid Laurier est le chef du parti libéral.

Henri Bourassa est dirigeant du mouvement nationaliste pancanadien et proche de Wilfrid Laurier. Il sera membre du parti libéral de 1896 à 1899, puis sera député indépendant.

Pourquoi?

Les débats confrontant les impérialismes et les nationalistes au Canada s'accumulent au tournant du XXe siècle. Au coeur des débats: le statut du Canada et sa participation aux projets de l'Empire britannique. 

Wilfrid Laurier, premier ministre de 1896 à 1911, doit trancher. D'un côté, les impérialistes considèrent que Laurier n'est pas assez impérialiste, de l'autre les nationalistes considèrent que Laurier est trop impérialiste. Laurier adoptera donc toujours une position de compromis entre les deux nations du Canada. La loi de 1910, notamment, appuie cette idée, puisque Laurier crée une marine militaire canadienne en temps de paix et anglaise en temps de guerre. 

L'entente de 1911 accentue encore l'opposition entre les deux idéologies, alors que les nationalistes espèrent qu'un traité de réciprocité avec les États-Unis amène la séparation avec l'Empire britannique. Les impérialistes envisagent cette idée avec crainte et croient que cette entente risque d'amener l'absorption du Canada par les États-Unis.

Quoi?

L'oeuvre est une caricature publiée par Fergus Kyle, artiste canadien né en Ontario. La caricature présente Wilfrid Laurier sur une balance, entre Robert Borden d'un côté, et Henri Bourassa de l'autre côté. Au pied de la balance, des écritures mentionnent des questions de commerce et de marine.

Où?

Canada. Les débats se déroulent principalement au Parlement fédéral.

Quand?

La caricature date de 1911, à l'occasion des négociations sur un traité de réciprocité avec les États-Unis. Cette caricature est produite un an après le débat entourant la création d'une marine militaire canadienne en temps de paix, britannique en temps de guerre. 

Comment?

La caricature illustre le travail de Laurier pour présenter un programme politique qui satisfait les Canadiens et qui est équilibré entre nationalisme et impérialisme. Cependant, comme le démontrent les deux côtés de la balance, les Canadiens ne s’entendent pas. 

Borden accuse le Premier ministre de ne pas être assez impérialiste, car il juge que Laurier adopte des politiques favorisant les Canadiens et menaçant le lien entre le Canada et l’Empire britannique. Robert Borden tient dans ses mains des drapeaux anglais et dit : "Laurier is not british enough" (Laurier n'est pas assez britannique). 

De l’autre côté, Henri Bourassa accuse Laurier d’être trop impérialiste, car ses politiques entraînent une participation accrue du Canada aux conflits militaires de l’Empire et menacent l’autonomie du Canada. Pour le démontrer, le caricaturiste illustre Henri Bourassa qui lève un poing indigné et clame que "Laurier is too british" (Laurier est trop britannique).

Sur la balance, une écriture dit: " A well balanced platform for all Canada" (Une plateforme équilibrée pour tout le Canada). Des écritures sur le  pied de la balance nous informe sur les questions d'ordre politique qui séparent les Canadiens: « support of thinking canadians » (support de la pensée des Canadiens), « natural conditions trade policy » (Politique commerciale des ressources naturelles), « common sense navy policy » (le bon sens de la politique navale).

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Documents à télécharger

Pour aller plus loin...

La conscription de 1917

La participation du Canada aux conflits de l'Empire