Les rébellions patriotes

Le patriote

Illustration, Henri Julien, 1904.

Source

Domaine public du Canada

ASPECT-T

Social

Politique

Si l’Acte constitutionnel semble satisfaire les principales demandes des colons, ce régime met en place des conditions de cohabitation très tendues entre les anciens colons francophones et les nouveaux colons anglophones. En effet, le contrôle du gouverneur sur le pouvoir exécutif (l’application des lois) limite grandement les pouvoirs de l’Assemblée législative, qui est majoritairement francophone. 

En 1826, le Parti canadien devient le Parti patriote. Il s'engage à défendre les intérêts des Canadiens français et à appliquer le principe de la souveraineté populaire. 

En 1834, après quelques années d'épisodes difficiles pour la colonie (émeutes, épidémies, crise agricole, arrestations), le Parti patriote propose ses 92 Résolutions dans lesquelles il soumet les revendications des Canadiens  français. Ces derniers obtiennent une réponse négative à travers les Résolutions Russell

Dès 1837, des assemblées populaires se multiplient dans la colonie. Les députés patriotes dénoncent l'attitude du gouvernement britannique et revendiquent la défense des intérêts canadiens. Ils encouragent la population à boycotter les produits provenant du Royaume-Uni. En juin 1837, le gouverneur tente d'interdire les rassemblements. Peu à peu, le mouvement se radicalise autour des députés et de leurs sympathisants, que l'on appelle les patriotes. 

D'un côté, Papineau rassemble les patriotes plus modérés qui souhaitent orienter la lutte vers la politique. De l'autre côté, les frères Wolfred et Robert Nelson encouragent les patriotes à prendre les armes. Ce mouvement va former un groupe paramilitaire: les Fils de la Liberté.

Les Rébellions débutent officiellement le 6 novembre 1837 lors d'un affrontement entre les Fils de la Liberté et les membres du Doric club, groupe anglophone loyaliste. Suite à cet événement, le gouvernement anglais impose des mandats d'arrestations, ce qui déclenche la fuite de nombreux patriotes. Ces derniers s'organisent, en campagne ou aux États-Unis, pour préparer des attaques. Les affrontements militaires deviennent inévitables. La bataille de Saint-Denis est une victoire, le 22 novembre 1837. Mais deux jours plus tard, les patriotes doivent essuyer une défaite à Saint-Charles. Cette bataille sera suivie de dures répressions armées. Puis, à Saint-Eustache, le mouvement doit à nouveau faire face à la défaite le 14 décembre 1837.

Le gouvernement britannique établit la loi martiale à plusieurs reprises. Puisqu’aucun cadre ne définit cette loi, elle laisse peu de place à la contestation puisqu’elle donne tout pouvoir à l’autorité militaire. 

753 prisonniers seront transférés devant une cour martiale. 99 seront condamnés à mort. 12 seront pendus. 57 seront déportés en Australie. 27 seront finalement libérés sous caution. Le pouvoir politique sera donc peu enclin à satisfaire les revendications patriotiques.

Économique

Plusieurs questions économiques expliquent l'opposition grandissante entre Britanniques et Canadiens français.

D'abord, la pression du gouvernement britannique sur le budget de la colonie entraîne une augmentation des frustrations: pour rembourser sa dette, l’Angleterre espérait obtenir une part du budget de la colonie, ce qui irrite les colons. De pus, les Canadiens français veulent obtenir un droit de regard sur les dépenses du gouverneur, ce que leur est refusé. Il s'agit de la crise des subsides.

De plus, les marchands britanniques font pression pour que le gouvernement du Bas-Canada financent la construction de canaux, espérant ainsi favoriser le développement économique de la colonie. Cependant, les marchands trouvent une opposition chez les députés canadiens, qui représentent les intérêts agricoles de la population canadienne-française. À leurs yeux, les dépenses du gouvernement devraient favoriser l'agriculture. 

Aussi, en 1817, le gouverneur britannique accorde au Haut-Canada de soutirer 1/5 des droits de douanes que le Bas-Canada obtient de la marchandise qui arrive par bateau.  Cette décision augmente le mécontentement des Canadiens français.

Culturel

Dans les années 1830, les Canadiens français sont mécontents. Depuis 1791 et la mise en place du système parlementaire, par l'Acte constitutionnel, ils ne parviennent pas à s’entendre avec les Anglais, à l’Assemblée législative. Les différences de langue, de culture et d’intérêts entraînent des conflits importants, la mainmise des anglophones sur le système politique et économique également. Les Canadiens français ont le sentiment qu'ils doivent protéger leur culture.

L'influence des idées libérales est très présente aux XVIIIe et XIXe siècles. Inspirés par les révolutions américaines et françaises, les Canadiens français font la promotion de la démocratie, de l'égalité des droits, de la liberté d'expression et de presse. Le républicanisme devient un modèle à suivre: le peuple doit être la seule autorité souveraine. 

Territorial

Technique

Extraits



"Le Canada rendra justice à sa mémoire - les Canadiens ne peuvent pas rester longtemps en esclavage. Ils seront libres. Le lion cédera, et une étoile audacieuse finira par orner le feuillet standard canadien. Alors le nom des martyrs canadiens sera-t-il chanté par les poètes et exaltés par les orateurs, tandis que ceux qui donnent maintenant la loi au peuple saignant du Canada seront détestés ou oubliés par le monde civilisé."

Elizabeth Lount, lettre au juge en chef du Haut-Canada, John Beverley Robinson,

12 juin 1838 


"Une peine de déportation soumet le coupable non seulement à être déporté dans l'une des colonies pénitentiaires, mais lorsqu'il y est, à être envoyé dans une colonie pénitentiaire (lieu de peine spéciale) ou à être employé à des travaux forcés sur les routes ou sur les travaux publics, ou d'être affecté au service des colons... En effet, un forçat est entièrement privé de sa liberté, et est, à toutes fins pratiques, un esclave."

Sir George Arthur, 31 décembre 1837 


"Mon pays - qu'elle n'oublie jamais que pour elle nous sommes morts sur l'échafaud ! Patriotes nous avons vécu et patriotes nous mourons ! A bas les tyrans ! Que leur domination cesse ! Vive la Liberté ! Vive l'Indépendance !"

Le chevalier de Lorimer, 14 février 1839 

"Je m'attendais à trouver une lutte entre un gouvernement et un peuple ; j'ai trouvé deux nations en guerre au sein d'un seul État ; j'ai trouvé une lutte, non de principes, mais de races ; et j'ai compris qu'il serait vain d'essayer aucune amélioration des lois ou des institutions, jusqu'à ce que nous puissions d'abord réussir à mettre fin à l'animosité mortelle qui sépare maintenant les habitants du Bas-Canada en divisions hostiles de français et d'anglais.

                                                                                Lord Durham, Rapport , 1839 

Source.

Critique externe -3QPOC

Qui?

L'illustration présente un patriote tel que typiquement représenté. 

Comment

Le patriote est représenté portant le bonnet, la pipe et la ceinture fléchée. Il tient un arme et semble en action. 

Critique interne -3QPOC

Qui?

Les Rébellions du Bas-Canada ont opposé des colons canadiens-français à l'armée britannique et aux colons canadiens-anglais ayant supporté le gouvernement anglais. 

Pourquoi?

Les colons canadiens-français, représentés par le Parti patriote, sont influencés par les idées libérales évoluant en Amérique et en Europe. Depuis les années 1920, les Patriotes ont plusieurs revendications:

Le refus de ces revendications est transmis par les Résolutions Russell, en 1839. 

Quoi?

Les Rébellions patriotes sont un réaction politique d'opposition, sous forme de conflits armés.

Où?

Les Rébellions patriotes ont eu lieu au Bas-Canada. Dans le Haut-Canada, les colons anglais se sont également rebellés contre le gouvernement britannique.

Quand?

Les Rébellions du Bas-Canada ont eu lieu en 1837 et 1838.

Comment?

L'opposition des patriotes s'est d'abord faite par l'envoie des 92 Résolutions, en 1834. Cependant, face au manque d'ouverture du gouvernement britannique, les Patriotes s'organisent: ils mettent sur pied des Assemblées et boycottent les produits britanniques. Puis, plusieurs affrontements armés ont lieu.  

Documents à télécharger

SAÉ : Travailler les opérations intellectuelles

SEA : Travailler la méthode historique

Pour aller plus loin...

Lors Charles Beauclerk, Traversée de nuit du Richelieu, 22 novembre 1837, v.1840.

Source. Musée McCord, M4777.1