photo - 1945 - "Army Signal Corp" 

Joseph avec deux autres déportés à la libération de Buchenwald - avril 1945 - 

Joseph avec son père et d'autres prisonniers de Buchenwald - avril 1945 - 

Groupe d'enfants survivants de Buchenwald.

Le jeune garçon au milieu est Joseph.

Garçons survivants du bloc 66 de Buchenwald vêtus d'uniformes allemands cousus spécialement pour eux - avril 1945 -

De gauche à droite : Lolek Blum, David Perlmutter,  Birenbaum, Joseph Schleifstein, non identifié, et Israël Meir Lau,

Rangée du milieu : Nathan Szwarc, Jack Neeman, Berek Silber, Jacques Finkel, non identifié, Marek Milstein, et Salek Finkelsztein.

Rangée arrière : Elek Grinbaum [ou Grinberg], Chaim Finkelstajn (ou Charles Finkel), Romek Wekselman (ou Wajsman), et Abram Czapnik.

Joseph avec son père.Dachau - 1945 - 

La famille enfin au complet - Dachau 1946 - 

Joseph Schleifstein 

Joseph Schleifstein (Janek Szlajfaztajn) est né à Sandomierz en Pologne le 7 mars 1941 pendant l'occupation allemande. Ses parents Israël et Esther Shleyfshteyn ont vécu dans le ghetto de Sandomierz de juin 1942 à janvier 1943.
La population juive de cette ville s’élevait à environ 2500 personnes, soit 40% des habitants de la ville, qui a disparu dans les camps d’extermination de Belzec et de Treblinka. Après la liquidation du ghetto, ses parents sont envoyés dans un camp de travail à Czestochowa, où ils sont mis au travail à l'usine de munitions militaires HASAG (Hugo Schneider Aktiengesellschaft Metalwarenfabrik). Pendant cette période, Joseph vit caché dans des caves de la zone du camp, où ses parents le rejoignent dès qu’ils le peuvent.

En Janvier 1945, l'usine HASAG ferme et ses activités transférées en Allemagne.

Tous les prisonniers, sont déportés vers d’autres camps : Esther sa maman à Bergen-Belsen, et Israël et le petit Joseph arrivent à Buchenwald 20 janvier 1945.
Dans la confusion générale de la queue, Israël passe le processus de sélection en dissimulant Josef dans un grand sac dans lequel il transporte ses outils pour travailler le cuir.

Joseph est caché par son père avec l'aide de deux prisonniers antifascistes allemands.
Son père était apprécié par les cadres du camp pour son travail de fabrication de selles et de harnais.
Un jour, Joseph est finalement découvert.
Mais les gardes SS le prennent en affection et le traitent comme la mascotte du camp. Ils lui font confectionner un petit uniforme de prisonnier, et le font participer aux appels matinaux, où il doit saluer la garde et faire le rapport : « Tous les prisonniers sont présents ».
Quand il y avait des inspections officielles ou des visites de fonctionnaires nazis, Joseph devait être caché.
Souffrant de carences alimentaires, Joseph, comme bon nombre de déportés, tombe malade.
Il passe beaucoup de temps à l’infirmerie du camp, et survit miraculeusement, soigné par des médecins allemands.

Joseph et son père sont libérés par l'armée américaine le 12 avril 1945.
Les soldats recensent plus de 21 000 prisonniers à Buchenwald, dont près de 1000 mineurs, principalement des adolescents.
Ils s’étonnent de la présence de Joseph, et le photographient à plusieurs reprises, notamment assis sur le marchepied d'un camion de l’Organisation des Nations Unies (voir photos ci-dessous).
Lui et les autres jeunes enfants n'ayant pas de vêtements, on leur en confectionne avec des uniformes de soldats allemands.

Les souvenirs de libération de Joseph ont été enregistrés dans un document en 1947. Joseph rappelle ce jour de joie pour plusieurs raisons. D'abord parce qu’à partir de ce jour il n'avait plus à cacher ; deuxièmement, parce qu'il a commencé à avoir enfin à manger et à boire ; troisièmement, Joseph se souvient de ce jour avec la plus grande joie, parce qu'il y avait « beaucoup, beaucoup de manèges », (les Américains l’ont fait monter sur leurs chars et leurs jeeps).

Après la libération, Joseph et son père sont envoyés en Suisse pour se faire soigner.
Quelques mois plus tard, ils retournent en Allemagne et se mettent à la recherche de sa mère, qu’ils finissent par retrouver dans la ville de Dachau.
La famille vit là pendant quelque temps, puis émigre aux Etats-Unis en 1948.

Joseph n'a pas parlé de sa vie pendant la guerre, même avec ses enfants, durant plusieurs décennies.

Son cas a été découvert par hasard en 1999, après la sortie du film de Roberto Benigni « La vie est belle », racontant la vie d'un enfant dans un camp de concentration.
Un archiviste en faisant des recherches pour une exposition, découvre dans un dossier une des photographies de Joseph, faite par Wendy Ewald.
Des recherches pour retrouver la piste de Joseph sont mises en œuvre. Au bout d’un mois, Joseph est trouvé vivant à New York.

Sa famille s'était installée dans Brooklyn, où un deuxième enfant est né en 1950.
Israël Schleifstein est mort en 1956 et sa femme Esther en 1997.
Joseph Schleifstein a travaillé à AT & T (American Telephone & Telegraph) pendant 25 ans, et a pris sa retraite en 1997.


Jour du Souvenir de la libération du camp - Buchenwald 1946 -