Resistants

Pendant la guerre, on appelait Résistants ceux qui s’opposaient au régime de Vichy et à l’occupation allemande.

En pratique la résistance a revêtu quatre formes principales :
- la collecte de renseignements utiles aux alliés ;
- la lutte politique par la distribution de tracts ou de journaux clandestins ;
- l’assistance aux juifs, aux réfugiés, aux parachutistes alliés, etc.., grâce aux filières d’évasions ;
- la lutte par les armes, à base de guérillas, d’exécutions et de sabotages.
Ces trois derniers modes ont été dominants en France et plus globalement en Europe de l’Ouest.

 


Dans le cas Français, les résistants se sont rassemblés dans trois types d’organisations différents :
- les réseaux, qui sont des groupes restreints ( 7 à 88 personnes maximum ), souvent en contact avec la France libre, à Londres, et les services secrets alliés ;
- les mouvements, qui comptent parfois plusieurs milliers de militants, visent d’avantage à informer la population, à lutter contre la propagande de Vichy et du Reich. Les plus importants s’appellent Combat, Libération-sud, Franc-Tireur, Défense de la France... ;Ils éditent des journaux du même nom et se montrent plus indépendants à l’égard de Londres.  - les maquis, souvent organisés par les mouvements, rassemblent des combattants dans des zones difficiles d’accès : marécages, forêts, montagnes,… Ce sont des bases de départ pour mener des opérations de guérilla.

On ne trouvait pas des résistants qu’en France, il y en avait aussi aux Pays-Bas, en URSS, en Pologne, en Italie, en Yougoslavie, en Grèce, et même en Allemagne où ils furent rares et impitoyablement réprimés.

Charles Cliquet

Né le 21 janvier 1891 à Imphy dans la Nièvre, Charles Cliquet est Licencié en Droit.
 

Pendant plusieurs années, il dirige une petite entreprise qui fait faillite à la fin des années trente. Il entame alors des études de médecine et, au moment de l'armistice, habite, avec sa femme et ses deux enfants, à Vierzon.

Il commence avec son épouse ses activités de résistant dès le mois de juin 1940 (les Allemands étant arrivés le 20), en aidant des détachements français et des prisonniers évadés à passer en zone libre, par le Cher et par la ligne de démarcation.

Dénoncé, il est arrêté une première fois en juillet 1940, incarcéré à la prison de Vierzon mais relâché au bout de cinq jours faute de preuves suffisantes contre lui.
Il recommence immédiatement ces activités de "passeur", venant ainsi en aide non seulement à des prisonniers évadés, mais aussi aux agents de plusieurs services de renseignements, ou à des membres des Forces alliées qui s'efforcent de regagner l'Angleterre.

De juin 1940, jusqu'à la suppression de la ligne de démarcation, il réussit à faire passer clandestinement d'une zone à l'autre de 1000 à 1500 personnes, parmi lesquelles 21 aviateurs anglais ou américains, 5 canadiens qui avaient participé au débarquement de Dieppe, et de nombreux agents français ou alliés des services de renseignements ou des organisations de résistance. Il réalise ces passages, soit au moyen de faux papiers qu'il fabrique lui-même, soit en guidant lui-même de jour ou de nuit, ceux qui viennent lui demander son aide, entre les postes allemands et la ligne de démarcation.

Charles Cliquet s'est trouvé en rapport avec un grand nombre d'organisations de résistance, ou de services de renseignements qui, tous, ont fait largement appel à son concours, comme le SR (5e Bureau), l'organisation anglaise qui s'occupait du rapatriement des aviateurs alliés tombés en France, l'Organisation Civile et Militaire (OCM), etc. Il concourt à l'activité de ces organisations, en assurant les passages de leurs agents d'une zone à l'autre, mais traverse également lui-même régulièrement la ligne avec des renseignements et des documents. Il transmet en outre à ces organisations les informations d'ordre militaire qu'il peut recueillir lui-même.

Parallèlement à ses activités de résistant, Charles Cliquet continue tant bien que mal ses études de médecine et travaille de temps en temps dans une clinique de la région.
Il poursuit son activité, connue d'un très grand nombre de personnes, bien qu'il sache à quel point il est soupçonné et surveillé par la police allemande. En plus de son arrestation de juillet 1940, il subit, en mars 1941, une perquisition de la gendarmerie allemande à domicile. Plus tard, en août 1942, à la suite de nouvelles dénonciations, il est arrêté ainsi que sa femme, et emprisonné pendant quatre jours, puis une nouvelle fois relâché faute de preuves.
Enfin, le 23 mars 1943, il est arrêté à nouveau, son adresse ayant été trouvée par la police allemande dans les papiers d'un officier anglais appartenant à l'organisation chargée de l'aide aux aviateurs alliés.

Après 17 jours d'interrogatoire à Bourges, au cours duquel il ne livre aucun renseignement à la Gestapo, malgré les menaces et les tortures subies, il est transféré à Fresnes, et, de là, le 13 septembre, au camp de Sarrebruck, puis au camp de concentration de Buchenwald et de là au camp de punition de Laura. Il y travaille à la fabrication des VI et des V2, et y voit mourir, en trois mois, les deux tiers de ses camarades.

En juin 1944, Charles Cliquet est renvoyé à Buchenwald. Il en repart au mois de septembre suivant, s'étant porté volontaire pour un Kommando de travail à Deutz, près de Cologne, d'où il espère pouvoir s'évader et rejoindre les Alliés. Il s'évade effectivement le 6 février 1945, mais il est repris le 16 par la Gestapo, alors qu'il tente de franchir le Rhin.
Conduit à Kaiserau, à 40 km à l'Est de Cologne, et privé presque totalement de nourriture pendant quatre semaines, il réussit cependant à s'évader de nouveau le 11 avril, à traverser les lignes allemandes à Runderoth, et à rejoindre les lignes alliées.

Après la guerre, il termine rapidement des études et, docteur en médecine, s'installe à Montreuil-sous-Bois.

Charles Cliquet est décédé à Paris, à l'hôpital Saint-Antoine le 27 mars 1956 des suites de sa déportation. L'inhumation a eu lieu au Cimetière de Vierzon-Ville (Cher).

• Chevalier de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 26 septembre 1945
• Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Croix du Combattant
• Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
• Médaille des Evadés
• Médaille de la France Libre
• Médaille d'Argent des Epidémies
• Medal of Freedom (USA)
• King's Medal for Courage (GB)

Henri Manhes

Alias : Frédéric

Henri Manhès est né le 9 juin 1889 à Etampes (Seine-et-Oise), de parents horlogers.


Appelé sous les drapeaux le 1er octobre 1910, il effectue deux années de service militaire au 15e Régiment d'Infanterie.

Mobilisé le 2 août 1914, comme sergent du 160e RI, il se porte volontaire pour le front à deux reprises et subit deux blessures par balles et une par grenade.
Il termine la Première Guerre Mondiale commandant de compagnie avec le grade de lieutenant.
Rendu à la vie civile, il entre dans l'édition aux Messageries Hachette puis chez Tallandier comme directeur commercial, puis comme directeur adjoint.

Militant syndical, il est par ailleurs membre des Croix de feu et franc-maçon.

Après avoir quitté Tallandier fin 1933, il exerce des activités dans l'industrie alimentaire.

En Espagne en 1936, il assiste aux débuts de la Guerre civile et, à son retour en France, entre dans l'équipe de Pierre Cot, ministre de l'Air du gouvernement de Front populaire. Il y fait la connaissance de Jean Moulin, directeur du cabinet civil.

Henri Manhès cherche alors à s'engager dans l'armée de l'air. N'ayant pas fait de période d'instruction militaire et étant réformé pour ankylose partielle de l'épaule droite (décembre 1919), il est promu au grade de capitaine de réserve seulement en 1929. Par la suite, il suit les cours de l'EPOR d'Infanterie (Paris-Reuilly) en 1935 et 1936 et, le 1er novembre 1937, il est admis à servir en situation d'activité dans l'Armée de l'Air.
Commandant d'unité à la Base aérienne de Villacoublay, puis à la Base aérienne de Saint-Cyr, il est promu au grade de commandant le 15 juin 1939. Dès la déclaration de guerre, il organise la défense de la Base et de la région.

Début 1940, il sollicite son reversement dans l'armée de Terre pour exercer un commandement au front. Sa demande est rejetée. Il pose alors sa candidature pour effectuer des missions spéciales et lorsque le général directeur du Matériel demande un groupe encadré pour accomplir le travail de récupération, dans les lignes et même au-delà, le groupe qui se présente est celui de la Base aérienne de Saint-Cyr, constitué par le commandant Manhès.

Les 20 et 24 mai, il accomplit avec son groupe deux missions de récupération sur la ligne de bataille, la seconde à Somain, à l'intérieur des lignes ennemies. Il se distingue également lors du bombardement de la Base de Saint-Cyr le 3 juin 1940 et pendant les mouvements de repli successifs exécutés du 10 au 24 juin, assurant l'évacuation du maximum de matériel et ne quittant les lieux de stationnement que sur le point d'être en contact avec les avant-gardes motorisées ennemies.

Henri Manhès réclame sa démobilisation dès l'annonce de l'armistice et l'obtient le 12 août 1940. Il commence alors le travail de résistance à l'ennemi dès septembre et reprend contact avec Jean Moulin alors que ce dernier est encore préfet d'Eure-et-Loir.
Mahnès s'affilie bientôt au groupe de Résistance naissant "Ceux de la Libération" créé en zone occupée à la fin de l'année 1940 par Maurice Ripoche, Henri Pascal et Jacques Ballet. Il se consacre tout entier au recrutement pour ce mouvement dans la région parisienne.

Il signe son engagement dans les Forces françaises libres au début du mois d'avril 1941 sous le nom de Frédéric Monceau avec le grade de lieutenant-colonel.

Dès le retour en France de Jean Moulin, en janvier 1942, il travaille à ses côtés en qualité d'adjoint à l'organisation de la résistance française en zone non occupée, s'attachant plus particulièrement au recrutement du personnel, à la recherche des terrains d'atterrissage, à la propagande anti-vichyssoise jusqu'en mai 1942.
A cette époque, Jean Moulin le charge du même travail en zone nord et plus particulièrement de la coordination des mouvements de Résistance dans cette zone occupée. Le 1er juin 1942 il est promu au grade de colonel dans les FFL.
Manhès, avec ses adjoints Pierre Meunier et Robert Chambeiron, s'attache alors à rechercher un à un les différents mouvements, en prenant de nombreux et dangereux contacts. Il établit ainsi des liaisons avec "Ceux de la Résistance", "Lorraine", "Liberté Egalité Fraternité", "La Jeune République", "Le Cercle", "Patriam Recuperari", "La Voix du Nord", "Libération-nord" et "l'OCM". Au même moment, il crée un réseau d'action, de renseignements et d'évasion qui prend pour nom son second prénom (et pseudonyme) et devient le réseau "Frédéric" des FFC.

Le 27 janvier 1943, il part pour Londres par une opération aérienne organisée dans la région de Lons-le-Saulnier et est nommé délégué du Comité national français (CNF) pour la zone occupée.

De retour en France le 14 février, il est arrêté par les Brigades spéciales à Paris, le 3 mars 1943. Transféré à la Police allemande le 5 avril 1943, il est incarcéré au Cherche-midi, puis à Fresnes.

En dix mois, il subit 27 interrogatoires, ne fournissant aucun renseignement exact, malgré la violence des méthodes appliquées par la Gestapo à son égard.
Cependant, certaines dépositions le chargent suffisamment pour qu'il soit condamné à mort le 3 novembre 1943. Sauvé grâce à l'action de sa femme, il est envoyé au camp de Compiègne du 18 au 22 janvier 1944 avant d'être déporté en Allemagne, à destination du camp de Buchenwald où il parvient le 24 janvier.

A Buchenwald, jusqu'à sa libération le 11 avril 1945, mandaté par ses camarades, il crée le Comité des intérêts français et des groupes d'autodéfense rassemblés sous le titre générique de "Brigade française d'Action libératrice", dont le but était, le moment venu, d'entrer en lutte avec les SS pour s'opposer à l'extermination des français. Par cette action particulièrement courageuse et dangereuse, il risque à tout moment la mort.

A son retour de déportation, il crée, en octobre 1945, la Fédération nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP), avec Marcel Paul qu'il a rencontré à Buchenwald. Lorsque ce dernier devient ministre de la Production industrielle le mois suivant, il appelle Henri Manhès comme chef de cabinet.

Il est président dès sa fondation en 1945 de l'Association des Anciens Déportés du Camp de Buchenwald et président d'honneur de la Fédération internationale des anciens Prisonniers politiques.

Citoyen d'Honneur de la ville de Weimar et président de la Fédération internationale des Résistants.

Henri Manhès est décédé le 24 juin 1959 à Nice où ses obsèques ont été célébrées. Il est inhumé à Paris, au cimetière du Père Lachaise.

• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 19 octobre 1945
• Croix de Guerre 14/18 (7 citations)
• Croix de Guerre 39/45 (1 citation)
• Médaille de la Résistance
• Médaille des Evadés
• Croix du Combattant 14/18
• Croix du Combattant Volontaire 14/18
• Croix du Combattant 39/45
• Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
• Médaille de la Victoire (dite Interalliée)
• Médaille Commémorative de la Grande Guerre
• Médaille Commémorative de la Guerre 39/45
• Médaille Commémorative des Services Volontaires dans la France Libre
• Croix de guerre 14/18 (Belgique)
• Croix de Guerre Tchécoslovaque


Marcel Paul

Marcel Paul fut un enfant trouvé, le 12 juillet 1900, dans le XIVe arrondissement de Paris où il avait été abandonné.

Il commence à travailler à l'âge de 13 ans, comme valet de ferme dans la Sarthe, et milite, dès l'âge de 15 ans, dans les Jeunesses socialistes contre la guerre.

Mobilisé dans la marine, il participe à la révolte des équipages de Brest, puis, un an plus tard, à celle des marins qui refusent de faire fonctionner la centrale électrique de Saint-Nazaire contre les ouvriers en grève.
A sa démobilisation, il s'installe tout d'abord à Saint-Quentin, dans l'Aisne, où il travaille dans le bâtiment et entame une activité syndicale. Il déménage ensuite à Paris, où il est embauché comme électricien à la Société des transports en commun de la région parisienne.
En 1923, il quitte la SFIO pour adhérer au Parti communiste.
En 1931, il devient secrétaire général de la fédération des services publics, hospitaliers, éclairage et force motrice (CGTU), poste qu'il conserve jusqu'en 1936. Il est nommé ensuite secrétaire général adjoint, puis secrétaire général (en 1937) de la fédération réunifiée de l'éclairage, fonction qu'il conserva jusqu'en 1939. En 1932, il est violemment agressé à la sortie d'une réunion syndicale du personnel soignant de l'Hôtel-Dieu de Marseille. Une infirmière qui l'accompagne est tuée. Devenu proche de Maurice Thorez, il est présenté par le PCF aux élections municipales de 1935 dans le XIVe arrondissement de Paris, où il est élu.
En 1938, il se rend en Espagne et en Tchécoslovaquie, au nom de la CGT.

En 1939, il est mobilisé dans l'infanterie, car la marine refuse son incorporation.
Fait prisonnier, il s'évade deux fois.
Il rejoint la Bretagne, où il organise les premiers actes de résistance, puis revient à Paris.
En août 1941, il organise l'attentat - manqué - contre Goering.

Marcel Paul est dénoncé et arrêté en novembre 1941. Détenu au commissariat, puis à l'hôpital de Saint-Denis où il tente de se suicider, il est ensuite transféré à la prison de la Santé.
Jugé en février 1943 par la section spéciale il est condamné à quatre ans de prison.
A l'été 1943, il est transféré, avec d'autres détenus, à la centrale de Fontevrault près de Saumur.
Livré en février 1944 aux Allemands, Marcel Paul tente une nouvelle fois de s'évader. Il est déporté le 27 avril 1944 vers Auschwitz, où le matricule 186187 lui est tatoué sur le bras. Le 14 mai, il est finalement transféré à Buchenwald, avec les hommes de son convoi.

Dans le camp, il devient l'un des chefs de la Résistance clandestine, au sein du "comité des intérêts français". Il devient l'un des cinq membres du bureau et peut décider de l'affectation des détenus aux postes de travail. Il sauve ainsi de nombreux déportés français, dont Marcel Dassault.
Rapatrié en priorité avec des personnalités, il reste peu de temps à Paris et repart à Buchenwald pour s'occuper du retour des autres déportés.

De retour à Paris, Marcel Paul entre au Comité central du PCF, élu lors du Xe congrès de juin 1945. Il reprend ses activités syndicales et est nommé membre de l'Assemblée consultative, où il intervient le 3 août en faveur de la nationalisation du gaz et de l'électricité.
Le Parti présente en octobre 1945 sa candidature en Haute-Vienne à la première Assemblée nationale constituante. Il est élu avec Alphonse Lebas avec 33,95% des voix, mais sa liste arrive derrière celle de la SFIO, que conduit Adrien Tixier et qui obtient 50,53% des voix et trois sièges. Marcel Paul est nommé membre de la Commission de l'équipement national, de la production et des communications, de la Commission de l'intérieur et de la santé publique, de la Commission des prisonniers et déportés et des pensions et de la Commission permanente de coordination des affaires économiques et sociales.
Le 3 août 1945, il prend part à la discussion des résolutions sur la nationalisation du gaz et de l'électricité.

Nommé ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945, dans le gouvernement de Gaulle, succédant à Robert Lacoste, il reste à ce poste dans les gouvernements de Félix Gouin et de Georges Bidault, jusqu'en décembre 1946.
Le 2 décembre 1945, il vote la nationalisation de la Banque de France et des organismes de crédit.
Le 27 mars 1946, il propose la nationalisation de l'énergie et organise la création d'EDF-GDF, qui est votée le 8 avril 1946. Il fait de la nouvelle entreprise publique une forteresse syndicale en organisant le statut du personnel.
En tant que ministre de la production industrielle, il dépose, le 15 janvier, un projet de loi relatif au personnel des exploitations minières et assimilées, plusieurs projets sur les élections aux Chambres de métiers et, le 20 avril, un projet portant réglementation des conditions d'accès à la profession de coiffeur. Le 19 avril 1946, il vote pour l'adoption de la Constitution et le 24 avril pour la nationalisation des sociétés d'assurance.

Aux élections de la seconde Assemblée nationale constituante de juin 1946, Marcel Paul est à nouveau candidat du PCF en Haute-Vienne. La liste communiste arrive cette fois en tête. Marcel Paul et Alphonse Lebas sont donc réélus. La SFIO, n'obtient que deux sièges, ceux de Jean Le Bail et d'André Foussat. Le dernier siège est obtenu par Robert Schmidt, tête de la liste MRP.

En novembre 1946, il est élu à l'Assemblée nationale et nommé membre de la Commission de production industrielle.
A partir de janvier 1947, Marcel Paul reprend la tête de la fédération CGT de l'éclairage, fonction qu'il occupera jusqu'en 1966.

En février 1947, il devient président du Conseil central des œuvres sociales (CCOS) d'EDF-GDF, où il reste jusqu'à la dissolution de l'organisation, en février 1951.
Voulant se consacrer plus totalement à sa mission syndicale, il démissionne de son mandat de député le 20 avril 1948. Il n'est pas candidat aux élections de 1951.

En 1952, il fonde la FNDIRP, la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes. Il en sera le président jusqu'à sa mort.

En 1964, il n'est pas réélu au Comité central du Parti communiste, à la suite de divergences concernant la reprise des œuvres sociales d'EDF-GDF qu'il avait créées. Depuis 1951, la gestion en est devenue patronale et le gouvernement met comme condition à la reprise de l'activité par les syndicats l'éviction de Marcel Paul, ce que la direction fédérale se résout à accepter en 1962.

Il est nommé officier de la Légion d'honneur en avril 1982.

A l'issue de la cérémonie du 11 novembre 1982, place de l'Etoile à Paris, il est pris d'un malaise fatal.
Il meurt chez lui quelques heures plus tard, à L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).


Andre POSTEL VINAY

André Postel-Vinay   Alias : André Duval.

Fils et petit-fils de polytechnicien, André Postel-Vinay est né le 4 juin 1911 à Paris (7e arrondissement).
Elève du lycée Buffon puis licencié en droit, il fait son service militaire comme EOR à l'Ecole d'artillerie de Poitiers de 1932 à 1933 et en sort avec le grade de sous-lieutenant de réserve.
En 1938, diplômé de l'Institut d'Etudes politiques, il est reçu au concours de l’inspection des Finances.

Mobilisé en 1939 comme lieutenant, André Postel-Vinay sert comme officier de liaison au 70e Régiment d’artillerie de forteresse à la frontière de la France, du Luxembourg et de l'Allemagne. Il fait la preuve de ses qualités lors des combats du 11 au 13 mai 1940, se dépensant inlassablement aux endroits les plus exposés.

Il inflige à l’ennemi des pertes sensibles par des tirs « bien préparés et exécutés ». Fait prisonnier dans la Meuse, près de Domrémy, le 17 juin 1940 en accomplissant une mission de liaison avec une unité d’infanterie, il s'évade de la caserne où il est interné le 24 juin.

De retour à Paris, André Postel-Vinay reprend ses fonctions d'inspecteur des Finances, mais refusant « la honte de la défaite » et la « domination du nazisme », entre dans la Résistance dès octobre 1940. C'est par l’intermédiaire d'un étudiant qu'il prépare au concours de l'inspection des finances, Pierre d’Harcourt, qu'il rejoint l’équipe du réseau « SR Guerre » dirigé en zone occupée par le capitaine d'Autrevaux. Le SR Guerre, dépendant du service de renseignement de l’Armée de terre dirigé à Vichy par le colonel Rivet, transmet des renseignements aux Britanniques. Parmi les agents de l’organisation figurent Roger Dumont, Jacques Robert ou encore le colonel Alfred Touny .

Son activité professionnelle lui permettant de se déplacer facilement, André Postel-Vinay trouve pour le réseau des correspondants efficaces comme les ingénieurs André Boulloche ou Pierre Pène et d’autres dans sa propre famille comme sa sœur Marie-Hélène, son beau-frère Pierre Lefaucheux et son cousin Jacques Postel-Vinay.

Début 1941, toujours grâce à Pierre d’Harcourt, André Postel-Vinay participe activement au réseau anglais « Pat O'Leary », chargé de rapatrier les militaires anglais restés en France et les aviateurs alliés.

Il prend également contact avec le réseau du « Musée de l'Homme » qui lui permet de faire passer des messages vers Londres.

A la suite de la trahison d'un agent retourné par les Allemands, il est arrêté à Paris par la Gestapo le 14 décembre 1941 avec une arme et divers papiers compromettants sur lui. Incarcéré à la prison de la Santé, pour ne pas parler sous la torture, il fait une tentative de suicide trois jours plus tard en se jetant de la passerelle qui longe sa cellule au deuxième étage.
Gravement blessé aux jambes et à la colonne vertébrale, il est laissé menotté et sans soins pendant trois jours. Finalement transféré dans un pavillon surveillé de l'Hôpital de la Pitié, il est soigné et plâtré des épaules aux chevilles pendant de longs mois.

Déplâtré en avril 1942, il simule la folie et fait une nouvelle tentative (fausse cette fois) en se tailladant profondément la main gauche en juin 1942. Opéré sans anesthésie, il est renvoyé à la Santé au début du mois d’août puis transféré sur une civière, pour examen psychiatrique, le 1er septembre 1942, à l’asile Sainte Anne. Le 3 septembre 1942, à l'issue de son examen par un médecin allemand, il est laissé seul sans surveillance quelques instants ; par un suprême effort de volonté, alors qu’il peut à peine marcher, il réussit à s'évader en passant par la grande porte.
Hébergé par des amis, il peut, grâce au réseau « Pat O'Leary », gagner la zone sud et rejoindre Marseille.

Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1942, André Postel-Vinay embarque sur un chalutier près de Perpignan en même temps que le colonel Fourcaud, Henri Frenay, Emmanuel d'Astier et des pilotes de la Royal Air Force. Après trois semaines à Gibraltar, il rejoint Londres fin octobre 1942 ; engagé dans les Forces françaises libres sous le nom d’André Duval, il est affecté au cabinet civil du général de Gaulle et, en même temps, nommé directeur général adjoint de la Caisse centrale de la France libre qui joue le rôle, pour la France libre, du Trésor public et de l'institut d'émission.

Fin 1943, André Postel-Vinay est nommé à l’Assemblée consultative provisoire à Alger. Par le décret du 23 février 1944, il devient membre du Conseil de l'Ordre de la Libération.

En février 1944 à Alger, il est nommé directeur général de la Caisse centrale de la France d’Outre-mer (CCFOM). La Caisse centrale de la France d'Outre-mer devient le principal organisme chargé de l'aide publique aux territoires d'Outre-mer de la France. Elle crée des structures financières dans ces colonies et participe à la formation des cadres qui en sont originaires. La CCFOM est l'ancêtre de l'actuelle Agence française de développement (AFD).
En décembre 1958, comme suite à l'indépendance des colonies d'Afrique noire, la CCFOM devient la CCCE, la Caisse centrale de Coopération économique. André Postel-Vinay en demeure le directeur jusqu'en 1972.

De 1959 à 1972, il est en outre directeur général de l’Institut d’émission des départements d’Outremer. Les problèmes de l'aide au Tiers-monde et des rapports Nord-Sud constitueront jusqu'à la fin de sa vie le centre de ses préoccupations.

En 1973-1974, il est Président de la commission des Opérations de Bourse (COB) et membre du Conseil général de la Banque de France.

En mars 1974, il est nommé directeur général de la population et des migrations au Ministère du Travail. Le 8 juin 1974 il, devient secrétaire d'Etat auprès du ministre du Travail chargé des Travailleurs immigrés dans le cabinet Jacques Chirac. En désaccord avec le Premier ministre, il démissionne le 21 juillet suivant.

André Postel-Vinay réintègre les cadres de l’Inspection des Finances en 1974 en qualité d’inspecteur général jusqu'à son départ en retraite en 1976.

En 1997 il reçoit le Prix littéraire de la Résistance pour son livre de souvenirs Un fou s'évade.
André Postel-Vinay est décédé le 11 février 2007 à Paris. Il est inhumé à Parnes dans l'Oise.

• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 21 octobre 1943
• Grand-Croix de l'Ordre National du Mérite
• Croix de Guerre 39-40 (2 citations)
• Commandeur de l'Ordre National de Côte d'Ivoire
• Commandeur de l'Ordre National du Sénégal
• Commandeur de l'Ordre National de Madagascar

Publications :
• La Caisse centrale de coopération économique, Imprimerie nationale, Paris 1964
• Réflexion sur l’aide française, Sl, 1972
• Un fou s’évade, Editions du Félin, Paris 1997


Daniel TROCME

Daniel Trocmé est né le 28 avril 1912 à Verneuil-sur-Avre dans l’Eure.

Il enseigne la physique-chimie et les sciences naturelles de 1937 à 1939 au lycée de Chateaubriand à Rome.

Quand Daniel Trocmé commence sa carrière d’enseignant et se trouve au lycée Chateaubriand à Rome, Hitler est au pouvoir en Allemagne depuis plusieurs années et a déjà mis en œuvre de nombreux principes de l’idéologie qu’il défend, le nazisme. Parmi ces principes, les idées racistes et antisémites occupent une place centrale. En Italie aussi le régime fasciste de Mussolini se radicalise et adopte en 1938 les lois antisémites sur le modèle allemand.
La France alors est encore une République démocratique, mais l’antisémitisme y est très présent. En 1940 la France est battue et occupée dans sa partie nord par l’Allemagne. La IIIème République est abattue et remplacée par l’Etat français à la suite d’un coup d’Etat que légalisa le Parlement le 10 juillet 1940 : c’est une dictature dirigée par le Maréchal Pétain. Cette dictature dont la capitale est à Vichy (et qu’on appelle aussi le régime de Vichy) est très influencée par les idées nazies. Elle adopte aussi une politique antisémite et des lois raciales. De plus ce régime décide de collaborer avec l’Allemagne nazie et en particulier de participer à la déportation des Juifs français et étrangers qui avaient trouvé refuge en France.
C’est par conséquent dans un contexte particulièrement dur que Daniel Trocmé décide de rejoindre son oncle André Trocmé, pasteur. Cet homme était installé depuis quelques années au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire et avait réussi à convaincre les membres de sa communauté de refuser les lois de Vichy, les lois antisémites et de refuser de participer à la persécution des populations visées par le régime (Juifs, Républicains espagnols, notamment). Il faut dire qu’André Trocmé se trouve dans une région particulière, le village du Chambon-sur-Lignon est un village qui a une longue tradition de résistance. Quand Louis XIV à partir de la Révocation de l’Edit de Nantes (l’Edit royal de tolérance qui autorisait la religion protestante aux côtés de la religion catholique) de 1683 voulut éradiquer le protestantisme du royaume, il se heurta dans certaines régions à la résistance des populations, en particulier dans le sud du Massif central, dans la région qu’on appela le Désert.

De retour en France,donc, Daniel Trocmé accepte en 1942 la proposition de son oncle, le pasteur André Trocmé, de diriger au Chambon-sur-Lignon une maison accueillant des enfants de parents déportés : la maison des Grillons. Il prend aussi en charge un foyer d’étudiants étrangers principalement juifs, le foyer des Roches.

Le 29 juin 1943, à la suite d’une dénonciation, Daniel Trocmé est arrêté par la Gestapo lors d’une rafle à la Maison des Roches, l’un des internats du collège cévenol, avec dix-huit jeunes de 18 à 25 ans dont il avait la responsabilité.
Il aurait pu fuir, mais à l’instar de Janus Korczak, il refuse d’abandonner ses élèves.
Il est envoyé à la prison de Moulins, puis dans un camp de transit à Compiègne.
Il est ensuite déporté aux camps de Buchenwald et de Dora. A cause de ses problèmes cardiaques, il alla à l’infirmerie du camp et fit partie d’un convoi de 1200 personnes dirigées le 27 mars 1944 au camp d’extermination de Maïdanek où il meurt en avril 1944 (très probablement le 2 avril) à l’âge de 32 ans.

En 1976, le Mémorial de Yad Vashem décida de remettre à Daniel Trocmé le titre de « Juste parmi les nations » ainsi qu’au village du Chambon-sur-Lignon à titre collectif. Le Chambon-sur-Lignon a été un des rares cas de sauvetage collectif de juifs pendant la guerre.

Dans les pays occupés, la Résistance souvent très minoritaire au départ a consisté à lutter contre l’oppression et la barbarie fasciste et nazie. Pour certains il s’est agi d’une action combattante, pour d’autres comme Daniel Trocmé elle a consisté à protéger, cacher, soutenir des populations persécutées. Et c’est ainsi que des milliers d’individus ont pu survivre et traverser la nuit de la 2ème guerre mondiale. Si l’on ne saura jamais le nombre exact de personnes que la population du Chambon-sur-Lignon a sauvé, celui qui dans la clandestinité devait faire pour eux des faux-papiers estime qu’il s’approchait de 5000, soit une personne sauvée par habitant de la région.