Helga le jour de sa première entrée à l’école - 1936 

Helga Weissova

Helga Hošková-Weiss (Helga Weissova) est né le 10 Novembre 1929 à Prague, (la même année qu’Anne Franck) dans une famille juive assimilée.
Son père, Otto Weiss (1898-1944), venu de Pardubice est devenu un employé de banque à Prague. Sa mère Irena (1906-1990), née Fuchsová, était couturière.
 

A l’âge de dix ans, Helga est expulsée de l'école avec les autres enfants juifs pour des motifs antisémites. Pendant quelque temps, elle assiste à des cours clandestins organisés par la communauté juive, pour les enfants, dans des appartements privés.

Son père porte une grande attention à son éducation, et encourage son intérêt pour l'art et la littérature.
Comme beaucoup d'autres, Helga commence un journal au cours de cette période d'isolement forcé; elle y commente le nombre croissant d'interdictions anti-juives qui ont affecté la vie quotidienne de toute la famille.
Un mois après son 12ème anniversaire, le 7 Décembre 1941, Helga et ses parents sont transférés par l'un des premiers transports à Terezín.
Avec diverses affaires de première nécessité, elle emporte dans ses bagages, son journal, des crayons, des aquarelles et un carnet de croquis.
Après son arrivée à Terezín, la famille est séparée. Helga et sa mère sont internées dans la caserne de Dresde avec les autres femmes ; son père est dirigé vers la caserne des Sudètes, puis plus tard dans la caserne de Magdebourg.

En juillet 1942 Helga déménage dans la maison des filles, le L 410, sur la place à côté de l'église, où elle survit avec des filles du même âge, dans la chambre 24.

Helga a passé près de trois ans dans le ghetto de Terezín. Dans ses moments libres, elle a continué à tenir son journal et dessine. Peu après son arrivée, Helga envoie à son père dans la caserne des Sudètes, son premier dessin de Terezín «des enfants construisant un bonhomme de neige». Sur la base de l'avis de son père : «Dessine ce que tu voies», elle commence à décrire la vie dans le ghetto de Terezín. Au total, elle a fait plus d'une centaine de dessins, qui montrent les conditions de la vie quotidienne, ainsi que plusieurs événements exceptionnels du point de vue d'une jeune fille de 12-14 ans.
Helga était exceptionnellement autonome pour son âge ; elle aimait le dessin et était techniquement compétente. Ces dessins montrent un talent incontestable, ainsi que d'une perception de la réalité et une attention aux détails inattendus sans stylisation ou sentiment. Elle a souvent pris note des détails apparemment sans importance qui animent ses dessins avec sa propre histoire. Elle a créé un témoignage unique et particulièrement efficace par ses documents, qui se distinguent des autres œuvres de Terezín par leur pouvoir de transmettre et leur authenticité.

Le 4 Octobre 1944, Helga et sa mère sont déportés à l'Est. Elles arrivent à Auschwitz-Birkenau quelques jours plus tard. Se trouvant sur la rampe en face du Dr Mengele, elles passent toutes deux la sélection.
Après dix jours dans l'enfer d'Auschwitz, elles sont déportées à Freiberg, près de Dresde, un camp auxiliaire de Flossenbürg, où elles travaillent dans une usine d'avions. Les conditions y étaient un peu mieux, malgré le froid, la faim continue et le travail d'esclave.
A la mi-Avril 1945, Helga et sa mère sont évacuées de Freiberg à Mauthausen dans des wagons de charbon à ciel ouvert, presque sans nourriture et sans eau. Le voyage dure seize jours.
Au bord de l'épuisement complet, elles sont libérées par l'armée américaine, dans le camp de gitans, le 5 mai 1945.

Helga est l'une des rares enfants de Terezin qui ont survécu à la Shoah.

Après la guerre, elle retourne à Prague avec sa mère, son père n‘a pas survécu.
Il lui faut rattraper les années scolaires perdues. Elle fait simultanément des études secondaires, et des études à l'Académie des Arts de Prague.

Ses peintures et dessins sont exposés dans de nombreuses expositions à travers le monde.


«Mes notes commencent au moment de la mobilisation de 1938 et décrivent l’occupation de la Tchécoslovaquie, la vie sous le Protectorat, avec les mesures antijuives, puis dans le ghetto de Terezin (1941-1944).
Avant d’être déportée de Terezin à Auschwitz (en octobre 1944), j’ai confié mes cahiers à mon oncle, Josef Polak, qui les a sauvés en les cachant dans un mur avec mes dessins.
Après la guerre, j’ai complété mon journal de Terezin et ajouté ce que j’avais vécu à Auschwitz et dans d’autres camps de concentration (Freiberg, Mauthausen), où il était tout à fait impossible d’écrire. J’ai noté les scènes comme elles me remontaient à la mémoire…
Mes notes se terminent avec mon retour à Prague en mai 1945, sur les mots «enfin chez moi».
Un chapitre de ma vie était clos.
Pourtant je n’avais plus de chez-moi. Mon père n’est pas revenu, et ma mère et moi n’avions où aller, notre appartement était occupé par des étrangers.
J’avais 15 ans et demi, il fallait avant tout rattraper les années d’école perdues.
C’était une vie nouvelle qui commençait.»
                                                                  Extrait de l’avant-propos d’Helga dans son Journal.