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Un espace du Jardin de la Fontaine à Nîmes. Lieu chargé d’histoire, de mémoire, de culture est dédié aux écrivains nîmois :

Jean Reboul, catholique, monarchiste, écrivant en provençal. Antoine Bigot, protestant, républicain, écrivant en occitan. Lazare Bernard, journaliste, juif, anarchiste, écrivant en français.

L’installation de ces trois grands hommes nés à Nîmes avaient pour but de rappeler la pluralité de la population nîmoise en cette fin de XIXème siècle.

Bernard Lazare ne verra pas la réhabilitation complète de Dreyfus. Il décède le 1er septembre 1903 à Paris après avoir subi une intervention pour un cancer des voies digestives.

Le 20 juillet 1906 le calvaire d’Alfred Dreyfus prend fin, l’antisémitisme s’avance quant à lui vers une nuit plus ténébreuse encore.

En 1910 Charles Péguy, parlera de son ami Lazare en ces termes « le juif renié, martyrisé : Le Christ de l’Affaire. » Jean-Denis Bredin auteur d’une biographie sur Lazare écrira :

« La Gloire, Lazare ne la connaît pas. Ce sont Zola, Jaurès, Picquart, et Mathieu Dreyfus, Demange et Labori qui ont mis en marche la vérité. La gloire n’est pas pour Lazare, et il ne la connaitra jamais. Mais sans doute goûte-il l’heure présente. Oui la révision se fait. Et Lazare sait qu’elle est son œuvre. »

Cependant, et malgré l’oubli en marche, le 4 octobre 1908 l’instigation de Jules ADLER, grâce à une souscription et une subvention de l'état, un monument est érigé et inauguré à Nîmes, ville où naquit Bernard Lazare, sous la présidence de Frédéric Desmons vice-président du sénat.

Par la suite, le monument où se dessine son visage, sera dégradé par un « camelot du roi » qui « offrira » dans un haineux symbolisme, le nez à Charles Maurras. Le monument sera enfin détruit pendant l’occupation. Ses débris auraient été inclus dans la Pyramide aux Martyrs de la Résistance avenue Jean Jaurès.

Peut-être serait-il temps de suivre l’hommage que la République Française a voulu lui rendre et perpétuer nous aussi la mémoire d’un combattant acharné de la haine raciale et de l’antisémitisme né à Nîmes par la réinstallation d’une œuvre artistique en ce lieu pour son 160ème anniversaire en 2025.


David STORPER 

Président du Collectif Histoire et Mémoire

Le 14 juin 2023 à Nîmes aux Jardins de la Fontaine