Document tiré d’un texte édité par le C.C.R.E. Date d’édition estimée : 1997
C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale qu’est apparu le concept des jumelages. Pour écarter à l’avenir tout risque d’une nouvelle guerre fratricide en Europe, il s’agissait de rapprocher, par dessus les frontières et dans le cadre de relations entre collectivités locales, des populations séparées jusqu’à lors par des rivalités nationales qui avaient, des siècles durant, nourri préjugés et haines.
Il fallait être bien optimiste dans cette Europe ruinée, exsangue de l’après-guerre pour engager des populations traumatisées à fraterniser. Cependant les cinquante maires qui, en janvier 1951, fondèrent le Conseil des Communes d’Europe (devenu par la suite Conseil des Communes et Régions d’Europe), avaient pris conscience du fait que l’Europe ne parviendrait à surmonter ses difficultés qu’en unissant ses forces. En inventant une méthode nouvelle de relations entre communes, ils introduisaient la notion d’une Europe des citoyens et créaient pour la circonstance le nom de jumelage.
« Un jumelage, c’est la rencontre de deux communes qui entendent proclamer qu’elles s’associent pour agir dans une perspective européenne, pour confronter les problèmes et pour développer entre elles des liens d’amitié de plus en plus étroits ».
C’est par cette définition que Jean Bareth, un des pères fondateurs du C.C.R.E., présentait cette forme très poussée de coopération.
Acte symbolique d’abord, les jumelages constituent des occasions uniques d’échange et de contacts étroits entre les populations, permettant aux citoyens de nos pays de prendre conscience que ce qui les rapproche est au fond beaucoup plus fort que ce qui les sépare.
Acte politique ensuite, les jumelages contribuent au développement de l’unité européenne, par la sensibilisation des populations à l’importance de la construction européenne et par des formes concrètes de coopération internationale au niveau des initiatives locales. Les jumelages soulignent l’interdépendance croissante des destins des peuples, par le fait évident que la nature et la dimension de nombreux problèmes dépassent désormais la compétence et les pouvoirs des Etats nationaux traditionnels. Les jumelages peuvent aussi être un moyen, pour les associations et les collectivités locales de différents pays, d’échanger leurs expériences et de proposer des solutions. Cela peut être réalisé dans des domaines très variés : l’approfondissement de l’autonomie locale, les initiatives locales d’emploi, la sauvegarde de l’environnement et du patrimoine culturel, la lutte contre le racisme ou la xénophobie, ou encore dans tout autre domaine considéré comme important.
Le choix du ou des partenaires s’établit librement selon des critères géographiques, historiques, sociaux-économiques, ou encore linguistiques. C’est sur cette base qu’une relation informelle se construit et c’est après l’accord du Conseil Municipal de la commune que la relation se formalise.
Le jumelage repose sur un double engagement : celui de la collectivité et celui des habitants. Toutes les couches de la population doivent pouvoir y participer, directement (en hébergeant leurs « homologues » étrangers, par exemple) ou à travers des associations ou des organisations locales (culturelles, sociales, sportives…). C’est au Comité de jumelage, qui se charge de l’animation des activités, de s’assurer de la participation active de la population. Il revient également au Comité d’une part, de représenter la Commune et d’autre part de pérenniser les actions entreprises au-delà des changements politiques locaux.
Après les premières rencontres – lors desquelles les partenaires ont appris à mieux se connaître- vient le temps de l’engagement. C’est par un serment solennel (voir l’encadré) que les communes scellent leur union. L’événement est alors célébré par des cérémonies officielles, qui donnent lieu à des fêtes populaires dans chacune des villes concernées.
Toutefois, la cérémonie du jumelage est un point de départ et non un point d’arrivée. En effet, le jumelage est un processus continu qu’il convient d’alimenter pour le faire vivre.
Outre les initiatives traditionnelles qui associent les clubs locaux dans des activités culturelles, sportives etc.…, il est important de rappeler la dimension politique des jumelages, qui doivent fournir aux villes l’occasion de « travailler ensemble », en profitant des expériences de chacune pour trouver des réponses cohérentes à leur problèmes, tout en stimulant et en renforçant l’identité européenne. En effet, l’Europe est désormais le cadre indispensable au progrès de nos sociétés.
Le mouvement des jumelages a, au cours des quatre dernières décennies, pris un essor considérable : aujourd’hui, plus de 13.000 villes et collectivités territoriales des pays membres du Conseil de l’Europe sont jumelées, et le nombre des jumelages est presque aussi élevée (de nombreuse communes ont en effet conclu plusieurs jumelages, avec des communes de pays différents). [1]
L’Allemagne et la France jouent un rôle charnière dans ce domaine. Leurs villes et communes sont impliqués dans plus de la moitié des jumelages européens. Le nombre impressionnant de jumelages franco-allemands a pris une part active dans la réconciliation des deux pays. Tout en reconnaissant le rôle moteur que les communes allemandes et françaises jouent dans la multiplication des jumelages, nous nous efforçons cependant, depuis plusieurs années déjà, d’encourager de nouveaux « mariages » avec les pays périphériques de notre continent (l’Ecosse, le sud de l’Italie et la Grèce).
Depuis le début des années 90, les pays d’Europe centrale ont commencé à participer de plus en plus au mouvement des jumelages. Les jumelages entre l’Europe occidentale, centrale et orientale sont particulièrement importants pour le processus de la construction d’une Europe unie, car les partenaires d’Europe centrale et orientale font partie de la même communauté de civilisation et de destin, l’Europe, et que leur adhésion à l’Union Européenne doit être préparée. Le C.C.R.E., conscient de ce défi, s’efforce de promouvoir la création de jumelages Est-Ouest et soutient le développement des jumelages déjà existants.
Par ailleurs, le mouvement des jumelages a accumulé des expériences que nous voulons faire partager, afin d’approfondir et d’améliorer la qualité des échanges et de développer de nouvelles formes de rencontres et de coopération dans les domaines les plus divers, économique, social et culturel, au-delà des simples manifestations sportives et folkloriques, la finalité étant de renforcer la compréhension mutuelle des populations. Le « Guide pratique du jumelage » du C.C.R.E. propose à cet effet un grand nombre d’actions originales pouvant inspirer les animateurs des jumelages. D’autre part, et dans la même perspective, les Sections nationales du C.C.R.E. organisent régulièrement des séminaires à l’intention des animateurs des jumelages.
Il est d’autant plus important de continuer à rendre les rencontres plus riches que depuis les années d’après guerre, l’Europe a changé de visage.
La vision d’une Union Européenne s’est concrétisée avec les traités de Maastricht et d’Amsterdam qui prévoient l’introduction de l’Euro et des politiques communes dans de nombreux domaines, mais en ce qui concerne l’Europe des citoyens beaucoup reste à faire. La vocation fédérale de cette Union présuppose en effet que les Européens se sentent citoyens d’Europe. Cela constitue un vaste champ de travail pour les jumelages.
Depuis le 1er janvier 1995, l’Autriche, la Finlande et la Suède sont membres de l’Union Européenne. 15 pays constituent désormais cette Union. Le processus d’élargissement se poursuivra : des pays d’Europe centrale adhéreront d’ici à quelques années. Après des décennies de séparation, l’ouverture des uns aux autres, dans les relations politiques, économiques, sociales et culturelles, est un processus riche en défis et découvertes. Les jumelages, entant que forme de partenariat au niveau local, ont beaucoup à apporter à cette évolution. Une nouvelle identité européenne sera ancre dans les collectivités locales.
Le chapitre financier préoccupe toujours les Elus locaux. Pourtant de nombreux modes de financement existent. Outre la participation de la commune, correspondant à une contribution minime des habitants (de l’ordre de 1/1000 du budget par habitant), couvrant les dépenses que la ville met à la charge du Comité de jumelage, on peut envisager une contribution financière de la part des bénéficiaires d’échanges et de voyages inter-communaux, qui présente l’avantage de mesurer la motivation réelle des participants. Par ailleurs, ces échanges donnent généralement lieu à diverses manifestations : kermesses, fêtes…, qui sont autant d’occasions pour le Comité d’augmenter ses ressources.
Le « sponsoring » représente une source de financement qui va se développant et intéresse les entreprises locales, qui par le biais des actions de jumelage acquièrent une « dimension » européenne.
Parallèlement, des aides extérieures sont disponibles dans certains pays aux niveaux gouvernemental -et bilatéral, selon le principe de l’O.F.A.J. ( Office Franco-Allemand pour la jeunesse, qui subventionne l’échange de jeunes de part et d’autre du Rhin)-, ou encore au niveau régional.
AU niveau communautaire, un programme d’aide aux actions de jumelages a été mis en place en 1989, sur décision du Parlement européen, et à l’initiative du C.C.R.E. Il est géré par la Commission Européenne. Ce programme intervient notamment par une aide au transport à la commune qui se déplace et par une aide à l’organisation pour la commune qui accueille. Il n’est toutefois accessible que sous certaines conditions : distance, pays concerné, nombre de participants, qualité du programme…
Les responsables des jumelages au sein des Sections nationales du C.C.R.E. proposent leurs conseils à toute collectivité locale désireuse de bénéficier de cette aide communautaire. Nous invitons tous les intéressés à faire passer leurs demandes d’aides par les Sections nationales du C.C.R.E.
Au cours des dernières décennies, l’Europe a toujours su dépasser les crises qui menaçaient son union. Voilà qu’aujourd’hui encore, de nouvelles tensions risquent de compromettre les progrès déjà accomplis. Sous le pression de l’actuelle crise économique (structurelle et conjoncturelle), d’un chômage endémique, et face à des institutions européennes encore faibles, les pays membres risquent de chercher des solutions nationales plutôt qu’une issue commune. Cette attitude renforce les tendances au repli sur soi que nous constatons à tous les niveaux, et les poussées nationalistes. Les clivages, politiques et économiques, entre le Sud et le Nord, l’Est et l’Ouest de l’Europe pourraient ainsi se creuser encore davantage. Le grand défi de cette décennie est cependant de surmonter ces clivages dont le plus préoccupant est celui qui existe entre l’Europe de l’Ouest et de l’Est. En renforçant le mouvement des jumelages avec les pays des périphérie, du Sud et de l’Est de l’Europe, nous nous efforçons de relever de défi.
Nous savons que chaque crise de la construction européenne a été par la suite l’occasion de nouveaux progrès. Le traité de l’Union Européenne signé à Maastricht prend pour la première fois en compte la nécessité de rapprocher l’Europe de ses citoyens. L’œuvre des jumelages pourra puissamment y contribuer.
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[1] Voir l’ »Annuaire des jumelages européens » publié par le C.C.R.E., qui présente tous les jumelages entre les collectivités locales des pays membres de l’Union Européenne, ainsi que leurs jumelages avec leurs homologues des pays membres du Conseil de l’Europe.
Voir aussi le lien : http://www.ccre.org/jumelages/jume1_fr.htm
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Nous, maires de …….
- Librement désignés par le suffrage de nos concitoyens, certains de répondre aux aspirations profondes et aux besoin réels de nos populations,
- Sachant que la civilisation européenne a trouvé son berceau dans nos anciennes « communes » et que l’esprit de liberté s’est d’abord inscrit dans les franchises qu’elles surent conquérir,
- Considérant que l’œuvre de l’histoire doit se poursuivre dans un monde élargi, mais que ce monde ne sera vraiment humain que dans la mesure où les hommes vivront libres dans des cités libres,
En ce jour, nous prenons l’engagement solennel :
- de maintenir des liens permanents entre les municipalités de nos communes, de favoriser en tous domaines les échanges entre leurs habitants pour développer, par une meilleure compréhension mutuelle, le sentiment vivant de la fraternité européenne,
- de conjuguer nos efforts afin d’aider dans la pleine mesure de nos moyens au succès de cette nécessaire entreprise de paix et de prospérité : L’UNITE EUROPEENE .
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Le Conseil des Communes et Régions d’Europe (C.C.R.E.) est à l’origine des jumelages entre les collectivités locales de l’Europe.
Les Sections nationales du C.C.R.E. sont à votre disposition pour vous aider dans la recherche d’un partenaire et pour vous conseiller à toutes les étapes de l’évolution de votre jumelage. Elles apportent en outre leur soutien aux collectivités locales et régionales pour obtenir des aides communautaires dans le cadre des programmes de coopération interurbaine et interrégionale.
Le C.C.R.E. est l’Organisation représentative des collectivités locales et régionales d’Europe. Actuellement, il rassemble plus de 100.000 collectivités territoriales en Europe, fédérées au travers de 38 associations nationales dans 25 pays d’Europe.
Les objectifs du C.C.R.E. sont :
obtenir, défendre et renforcer l’autonomie des collectivités locales et régionales
faciliter leur gestion, assurer leurs libertés et contribuer à leur prospérité
développer l’esprit européen dans les collectivités locales et régionales, pour promouvoir une fédération des Etats européens fondée sur l’autonomie de ces collectivités
assurer la participation et la représentation des collectivités locales et régionales dans les organismes européens et internationaux
intégrer aux institutions européennes existantes et futures, l’assemblée représentative des collectivités locales et régionales.
Le C.C.R.E. a ainsi été à l’origine de Chartre Européenne de l’autonomie locale qu est devenue une Convention du Conseil de l’Europe. Il s’est depuis toujours engagé en faveur du principe de subsidiarité comme un principe de base de la construction européenne.
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CONSEIL DES COMMUNES ET REGIONS D’EUROPE
Section Européenne de I.U.L.A.
14, rue de Castiglione – 75001 PARIS
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