CRPE : Mon expérience aux oraux.




J'ai toujours foiré mes entretiens pour le travail. C'est ainsi que, le 1er Juin 2017, je partais avec la boule au ventre en me demandant comment j'arriverais à gérer un oral aussi important que celui du CRPE (Concours de Recrutement de Professeurs des Écoles). Je vous raconterai donc dans cet article comment j'ai vécu cette expérience, avec le recul nécessaire, les modalités des examens, et notamment les questions qui m'ont été posées...

Les modalités

Les oraux du CRPE se tiennent en deux parties.

La première consiste en une présentation d'une séquence faite par vous-même (en général au second semestre à l'ESPE). Vous choisissez le niveau du cycle et de la classe. Vous présentez vos choix et votre séquence pendant vingt minutes (attention présenter la séquence ne veut pas dire la détailler), et s'en suivent des questions posées par le jury... pendant quarante minutes. Le jury auquel j'ai présenté ma séance m'a annoncé d'emblée qu'il y aurait vingt minutes de questions à propos de ma séquence, et vingt minutes de questions plus larges, portant sur d'autres cycles et sur la matière choisie.

La deuxième épreuve consiste en une préparation de trois heures sur deux sujets, le premier en EPS (Education Physique et Sportive) et le deuxième en système éducatif. Dans un deuxième temps, vous présentez une situation en EPS au jury pendant dix minutes afin de répondre à la problématique donnée. S'en suivent des questions pendant vingt minutes, puis vous disposez de quinze minutes pour présenter votre commentaire en système éducatif (puisque c'est un commentaire, en fait) puis s'en suivent trente minutes de questions.

Mon expérience

Le premier oral

Arrivée devant le jury lors de la première épreuve, j'ai donc présenté ma séquence intitulée le "cycle de la vie/éducation à la sexualité" censée se passer en classe de CM2, cycle trois donc. J'ai expliqué pourquoi j'avais fait ce choix, puis mis mon travail en relation avec les programmes, les enjeux d'actualité, etc. J'ai fini par présenter les deux premières séances de ma séquence en expliquant mes choix et la trame de ma séquence, pour finir sur l'évaluation, et ce que j'attendais des élèves en relation avec les programmes.

Ma présentation est passée très vite. Vingt minutes, c'est très court quand vous avez beaucoup de choses à dire. Quelques semaines avant, j'avais répété ce que je devais présenter au jury, rencontré un professeur des écoles qui m'a conseillée, puis je m'étais préparée aux éventuelles questions qu'on pouvait me poser (j'ai dû faire une dizaine de pages de questions/réponses). Je me suis un peu embrouillée à la fin de mon exposé, et j'ai bifurqué sur le détail de mes séances, ce que j'aurais préféré éviter, mais le mal était fait. J'allais me rattraper avec les questions et je n'étais pas aussi nerveuse qu'en classe devant une vingtaine de personnes, je donnais même l'impression d'être sûre de moi (franchement, j'ai géré sur la présentation) donc, soulagement !

Bref, après cette brève/longue présentation, ça dépend si on se place du côté du jury ou du mien, j'ai pu répondre à des questions portant sur ma séquence. Il y a eu beaucoup de répétitions, des questions sur des points que j'avais déjà mentionnés lors de mon exposé. La toute première était "Est-ce que la vie forme un cycle ?". On naît, on grandit, on se reproduit (ou pas), on meurt, et nos descendants font de même : la vie suit une progressivité qui se répète allant d'un humain à un autre, et c'est ce que l'on appelle le cycle de la vie. Et du tac au tac : "Quand on meurt, on renaît de ses cendres ?". Ben oui, Emilie, t'es @*! ou quoi ! J'ai dû donc expliquer que c'était le fait de se reproduire qui menait à un cycle, et ce sur quoi ma séquence était basée (je voulais faire dans l'originalité, ben ils m'ont pas ratée).

Bref, il m'a également été demandé "Et si le petit Thomas voit les spermatozoïdes sur la vidéo proposée (rien de ouf hein, "l'histoire de la vie") mais il croit que ce sont des têtards, vous faites quoi ?". J'ai donc donné plusieurs solutions à cela, et sachant très bien qu'il voulait me faire dire que certains élèves n'étaient pas obligés de tout comprendre tout le temps en insistant sur cette question, j'ai fini par le lui dire. Ils ont fait le rapprochement avec les programmes, pour finir par me demander combien d'heures par an pour un cycle trois en sciences, ce à quoi j'ai correctement répondu. J'ai également su orienter le jury sur plusieurs questions dont je connaissais la réponse.

En élargissant, il m'a été posé des questions comme "comment mèneriez-vous une séquence pour construire une fusée en cycle un ?", et là, bogue total. Le jury a donc appuyé sur mon point faible : la maternelle, pour finir sur quelques questions en cycle deux.

Résultat : 15/60

Le deuxième oral

Et là, la catastrophe...

Les sujets obtenus pendant la deuxième épreuve ne m'ont pas paru difficiles à travailler. Mon sujet en EPS consistait à amener des élèves de maternelle à coopérer entre eux, puisque "j'ai pu remarquer que ma classe de grande-section ne coopérait pas lors de jeux moteurs". J'ai proposé plusieurs ateliers en motricité, et élargi sur ce que je pourrais faire en danse.

Mon sujet en système éducatif portait sur l'évaluation, dont le nouveau mode d'évaluation et la maternelle. J'ai donc choisi d'élargir en commençant par faire référence à la loi de refondation de 2013, pour pouvoir faire le parallèle avec le sujet, les textes donnés, l'actualité, etc. J'ai soigné ma présentation, et me suis corrigée sur les points qui m'avaient fait défaut lors de mon oral d'entrainement à l'ESPE.


Mon exposé en EPS est passé très vite, en revanche j'ai tenu treize minutes au lieu de quinze pour le système éducatif. Encore une fois je me suis trouvée sûre de moi, plutôt détendue (autant qu'on peut l'être durant cette épreuve). Je me lève, j'écris au tableau, j'occupe l'espace, j'ai des blancs alors je reprends ma feuille pour compléter ce que j'ai à dire en EPS, mais rien de bien grave.

Pendant le deuxième exposé, en revanche, le jury décide de se lâcher. L'un d'eux qui m'écoutait tout de même d'une oreille attentive s'est mis à soupirer, à bailler, pendant qu'un autre était dans une position qui laissait indiquer qu'il écrivait des sms sur son portable. Oui, vous avez bien lu. J'avais l'air de grandement les agacer, mais je ne me suis pas laissée impressionner, j'ai continué mon exposé en me disant que je n'étais pas intéressante et que ça ne servait à rien d'être venue, tout en restant impassible, et en finissant par dire, pour les faire réagir, que le professeur ne devait pas être vu comme un bourreau qui sanctionnait avec des notes. Triste erreur Emilie, triste erreur.


Bref, lors des questions en EPS j'ai eu le droit aux affirmations/questions suivantes : *prend un ton sec* "je ne vois pas comment les deux premiers jeux moteurs aident les enfants à coopérer, qu'est-ce que vous proposeriez pour y remédier ?" ou encore "quelle est la différence entre coopération et collaboration ?".

Et là, grosse incompréhension : "pratiquez-vous une activité sportive ?". Je me suis dit "bingo!", j'ai répondu puis enchaîné sur le fait que j'étais asthmatique, l'un des jurés m'a coupé au milieu de ma phrase pour me demander "quelles sont les conditions idéales pour un enfant asthmatique en EPS ?". Connaissant mon cours sur le sujet par 🖤, je leur ai répondu. Et là le juré a eu l'air hyper vexé : "ah bon parce que s'il n'y a pas ces conditions vous ne faites pas cours ?!" alors qu'il m'avait était demandé "les conditions idéales". J'ai gardé mon calme et répondu que si, mais que je prendrais mes dispositions (amener sa ventoline, etc) et que je ferais cours à la classe. J'ai répondu également que bien sûr par un froid glacial je n'irais pas les faire courir dehors mais plutôt en salle, bla bla.


En ce qui concerne les questions portant sur le système éducatif, et ayant également fait écho à la loi de refondation, il m'a été demandé de prendre un aspect de cette loi, et de le développer. J'ai donc parlé du nouveau programme, en mettant en relation la nouvelle façon de penser les matières avec le socle commun, etc.

On a fini de m'achever avec cette question "quelle est la nouveauté cette année à l'ESPE?". J'ai donc listé toutes les nouveautés, pour finir par celle qu'ils attendaient (notez le "ben enfin!" du jury, suivi d'un rire généralisé, et moi de rire en ayant conscience de passer pour une cruche), à savoir le master deux en alternance ! On m'a demandé "ce que j'en pensais", ce à quoi j'ai répondu que c'était très enrichissant de pouvoir échanger sur nos pratiques avec les professeurs de l'ESPE, qui pouvaient nous conseiller.

Question inutile et mesquine donc, puisqu'ils savaient déjà que je n'irais pas en master deux en alternance.

Résultats :

5/40 en EPS.

8,5/60 en système éducatif.

Oui, dur.

Mon questionnement

Lors des résultats, constatant que je n'étais pas sur la liste d'admission, j'ai été consulter mes notes. Et là, incompréhension de ma part et de celle de ma famille : "tu as tellement bossé...", même ma sœur de douze ans m'a appelée pour me faire part de cette incompréhension. Mon petit-ami est resté choqué devant mes notes, et moi j'ai fait semblant de bien prendre la chose pour ne pas en rajouter.

Bref, ce sentiment passé, nous n'avons que des notes : aucune explication provenant du rectorat ou du jury. Je n'ai encore rien envoyé au rectorat pour demander si je peux obtenir des explications sur ce qui n'est pas allé, mais je crois que j'ai peur qu'on me dise que je ne suis pas faite pour ce métier. Ma mère m'en a reparlé un mois après, "peut-être que j'étais trop maquillée le jour de l'oral", si on peut appeler trop maquillé du mascara et un trait d'eye liner, "peut-être que je n'étais pas correctement habillée"... que des questions, pas de réponses.

Et vous, comment avez-vous vécu l'oral du CRPE ?

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