Guerin Claudine

Claudine GUERIN   (1925-1943,  matricule 31664 auschwitz)

infoslilas201907

Militantes, de mère en fille

Claudine Guérin est naît le 1°mai 1925 à Gruchet-la-Valasse, en Seine-Maritime. Ses parents, Roger Guérin et Lucie, née Couillebault, sont tous les deux instituteurs.

En décembre 1935 sa mère déjà syndiquée, adhère au Parti Communiste et devient trésorière de la section d'Yvetot. Après la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, Roger, père de Claudine est mobilisé. A la suite de la débâcle de juin 1940, il est fait prisonnier de guerre et envoyé en Allemagne.

Sa mère Lucie devient responsable départementale du Secours populaire clandestin pour le secteur de Rouen, puis arrêtée en décembre 1941 et condamnée le 8 janvier suivant à 8 ans de travaux forcés pour activité communiste. Elle est écrouée à la Maison d’arrêt pour femmes de Rennes, puis au Fort de Romainville. Elle seradéportée à Ravensbrück dont elle ne sortira qu'en mai 1945. Elle compte parmi les premières femmes élues à l'Assemblée de Nationale en 1945 et jusqu'en 1951.

Résistance, Arrestation

Claudine Guérin rejoint rapidement l’action clandestine. De Paris, elle assure la  liaison avec des militants résistants de la Seine-Inférieure. Elle fait passer des journaux interdits.  Le 17 février 1942, elle est arrêtée dans son lycée Victor-Duruy de Paris p,r les Brigades spéciales. La directrice de l’établissement lui interdit de revenir après l’interrogatoire. Malgré les menaces et les promesses insidieuses de libération, les policiers ne parviennent à lui soutirer aucune information. Pendant cette garde à vue à la Préfecture de Police, elle contracte les oreillons et est hospitalisé à Claude-Bernard. Dès sa guérison, elle rejoint les autres membres du groupe, au quartier allemand de la Maison d’Arrêt de la Santé, confinée en cellule individuelle.  Claudine est adoptée par toutes les résistantes prisonnières, fière d’être des leurs, toujours souriante, ne se plaignant jamais des misères de la captivité. 

Le 24 août, Claudine Guérin fait partie des vingt-cinq résistantes de la région parisienne transférées au camp allemand du Fort de Romainville. Son visage est déjà boursouflé par l’œdème du prisonnier, causé par la faim.  Dans ce camp, des cours sont organisés par des co-détenus; elle suit avec ardeur ceux de français, mathématiques, histoire, géographie, anglais, allemand, solfège, diction "pour n’être pas trop en retard dans ses études quand elle sortira" dit-elle. De l’autre côté de la clôture de barbelés, des compagnons de lutte de sa mère la gâtent en partageant une partie de leurs paquets. Comme toutes ses compagnes, elle adopte un filleul, parmi les jeunes hommes. Le jour où celui-ci est désigné dans une liste d’otages à exécuter, elle a l'audace de s'inventer un lien de parenté avec lui. Elle s’inscrit pour le voir et recueillir ses dernières volontés.

Déportation

Le 24 janvier 1943, Claudine Guérin est déportée dans le convoi des 31000 vers Auschwitz.

A son arrivée, elle est enregistrée sous le matricule 31664. Malgré une robuste constitution, Claudine est touchée par la terrible épidémie de typhus qui se propage dans le camp et l'envoie au Revier, le quartier des malades. Elle en revient avant d’être totalement guérie, afin de retrouver ses compagnes et fuir l’horreur des blocs de mourants où les SS puisent pour alimenter la chambre à gaz. Pourtant, une sévère crise de dysenterie l’oblige à retourner dans ce Revier. Un jour de désinfection, toutes les malades sont sorties dehors, nues, au froid, pendant toute une journée, allongées sur des paillasses pour celles qui ne peuvent se tenir debout. 

Dans ces conditions, Claudine Guérin meurt après un long jour de souffrance, le 23 avril 1943, quelques jours avant ses 18 ans.  Sa mère Lucie, déportée à Ravensbrück, n'apprendra sa mort qu'en août 1944, par une autre déportée venue d'Auschwitz.