Art du XXe siècle

Musée national d'Art moderne du Centre Pompidou

Visite guidée du 10 février 2011 avec Annick Delforges

Pour ceux qui ne sont pas familiers du Centre Pompidou, les grands espaces, les escaliers mécaniques accrochés aux façades, la modernité des espaces d'accrochages surprennent.

Côté visiteurs, ce n'est pas du tout la foule des expositions temporaires. Nous allons pouvoir nous approcher des œuvres ou prendre du recul.

Après nous être mis d'accord sur le sujet de notre visite " Initiation à l'art du XXe siècle ", nous sommes dirigés sur le 5ème étage, où sont exposées toutes les collections modernes de 1905 aux années 1960.

Une petite pose néanmoins au 4ème étage, consacré depuis mai 2009 à la question des femmes dans l'art.

Ni féminin, ni féministe, le point de vue est de montrer comment les artistes femmes écrivent aujourd'hui une histoire de l'art universelle.

Deux sculptures de Niki de Saint-Phalle (1930 – 2002) : La mariée souffrante et La crucifixion plantent le décor sur la plateforme d'entrée.

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La modernité en peinture a commencé, dans la deuxième moitié du XIXe, avec l'impressionnisme.

Dans le même temps la photographie apparaît pour représenter la réalité.

Délaissant les canons de l'académisme, les artistes déposent la peinture par petites touches que l'œil synthétise. Mais le sujet reste sur fond de paysage, de salon, d'atelier …

Ce début de détachement de l'enseignement des Beaux-Arts ouvre la voie à un foisonnement d'écoles.

Le fauvisme

Les peintres séparent la couleur de sa référence à l'objet. Le trait est secondaire. La peinture essentiellement constituée de couleurs primaires est déposée en à-plats. L'intensité lumineuse crée la perspective et les émotions. Le cerveau du spectateur reconstruit les images, avec ce qu'il a déjà appris.

► Henri Matisse (1869 – 1954) a été considéré comme le chef de file du mouvement.

Intérieur, bocal de poisson rouge, 1914

Les couleurs froides donnent silence et calme.

Le sujet n'a aucune importance. Le regard suit une diagonale marquée par les taches rouges des poissons et verte de la vasque.

► Georges Braque (1882 – 1963) est le dernier à entrer dans ce groupe.

Le viaduc de l'Estaque, 1908

Des lignes conduisent le regard à l'intérieur du cadre, sans souci de représenter la réalité des formes des toits.

Le cubisme

Au début du XXe siècle, la découverte des collections de l'art africain, en particulier des masques, modifie la prise de conscience de l'objet à représenter. On peut simplifier les formes et montrer ce que l'on sait des choses et non ce que l'on voit, d'un seul point de vue. On a parlé de perspective inverse. Les couleurs disparaissent. Restent des gris, beiges, bruns délimités par des tracés géométriques noirs.

Il y a deux périodes :

- 1- l'analytique (1909 – 1911)

► André Derain (1880 – 1954) Le faubourg de Collioure, 1905, photo 1

Au salon d'automne de 1905, le critique Louis Vauxelles baptisa ce nouveau mouvement, qui ne dura que quelques années, en jetant « Donatello parmi les fauves ».

Derain -photo 1


- 2- le synthétique (1912 – 1914)

C'est l'utilisation du papier collé qui introduit directement des objets imprimés, voire bois, métal ou ficelle. Réel et image se mélangent, troublant la vision. La couleur peut réapparaitre.

Progressivement, les pinceaux et la peinture sont délaissés.

► Georges Braque L'homme à la guitare, 1914

Le même critique Louis Vauxcelles a écrit « Monsieur Braque méprise la forme, réduit tout (…) à des cubes ». D'où le nom.

Bientôt, Picasso et Braque sont accusés de casser la réalité. A partir de 1920, il y a retour au sujet et à la figuration.

► Picasso L'arlequin, 1923, photo 2

Picasso -photo 2

Le début de l'abstraction


Les motifs géométriques représentent des cubes développés et mis à plat sur la toile comme un vase cassé. Les éléments clairs posés sur des fonds sombres donnent l'illusion de surfaces éclairées.► Pablo Picasso (1881 – 1973) Femme assise dans un fauteuil, 1910

L'art abstrait montre des formes qui ne représentent pas les objets du monde extérieur. C'est une rupture.

Il n'y plus de premier plan, de sujet, de fond et même souvent plus de formes. C'est « la nécessité intérieure ».

Wassily Kandinsky (1866 – 1944) utilise l'harmonie des couleurs. Il improvise et compose en faisant référence à la musique.

N'ayant plus de réalité matérielle, la peinture devient une émotion.

Avec l'arc noir, 1912, photo 3, nous sommes dans l'abstraction lyrique.

Chaque couleur provoque un sentiment, retenu ou non par une forme adaptée.

Kandinski -Photo 3


Robert Delaunay (1885 – 1941) Manège de cochons, 1912

Sonia Delaunay (1885 – 1979) Le bal Bullier,1913

Frantisek Kupka (1871 – 1957) Complément, 1912

 Ces peintres utilisent le résultat des recherches faites sur la décomposition de la lumière blanche à travers un prisme.

Ils montrent des formes circulaires dont les couleurs se développent physiquement dans le temps mais sont présentées au spectateur simultanément. Le mouvement est ainsi créé.

De la même manière,

Luigi Russolo (1885 - 1947) Dynamisme d'une automobile (1912 – 1913)

représente des veines d'air en déplacement.

La figuration après 1914

Une nouvelle génération d'artistes allemands affirme sa responsabilité sociale. Ils affectionnent les portraits et autoportraits. Ils renvoient l'image d'une société médiocre et malsaine. Les physionomies apparaissent simplistes ou caricaturales. C'est la nouvelle objectivité.

► Otto Dix (1921 – 1929) La journaliste Sylvia von Harden, 1926, photo 4

Dix -photo 4


► Christian Schad (1894 – 1982) Le comte St-Genois d'Annaucourt, 1927

Autres portraitistes de la même époque

► L'expressionniste Chaïm Soutine (1993 – 1943) Le sculpteur Oscar Miestchaminoff, 1933

► Le figuratif français Balthus (1908 – 2001) Alice, 1933

► Amedeo Modigliani (1884 – 1920 Portrait de Dédie, 1918

► Marc Chagall (1887 – 1985) Bella au col blanc, 1917, proche du mouvement surréaliste.

Le surréalisme

Il commence en 1923. L'écrivain André Breton, qui publie « le manifeste du surréalisme », réunit autour de lui un groupe d'amis, avec des règles précises.

Les surréalistes sont dans le rêve et l'imaginaire. Toutes les combinaisons à partir du réel sont possibles. Les artistes métamorphosent les objets en corps animés.

► Une vitrine présente des œuvres d'artistes du mouvement collectionnées par André Breton, sans doute à l'époque de sa galerie de l'étoile scellée ?

► Joan Miro (1893 - 1983) s'invente un langage particulier. Il peuple ses toiles de signes. Avec lui on ramène le contexte sur l'œuvre. La baigneuse, 1924

► Max Ernst (1891 – 1976) Loplop présente une jeune fille, 1930-1966, image 5 

► Francis Bacon (1909 – 1992) Femme nue se tenant devant la porte, 1972et d'autres …

Ernst Photo 5

L'art de l'assemblage et les nouveaux réalistes


► Marcel Duchamp (1887 – 1968) Bonde évier, 1964-1967

Le groupe est fondé par Pierre Restany, à la fin des années 50.

La société de consommation moderne jette les objets utilitaires. Des artistes les récupèrent pour leur redonner une vie.

Aux Etats-Unis c'est le Pop-Art.

Armann (1928 – 2005) Miaudulation de fritance, 1962

accumulation de lampes de radio et polyester dans une boite sous plexiglas.

Gérard Deschamps (1937 - ) Les chiffons de la Châtre-corsets roses, 1960.

Daniel Spoerri (1930- ) Le repas hongrois, 1963, image 6

Une table en cours de repas exposée verticalement.

Spoerri - Photo 6

 Jacques Villeglé (1926 - ) ABC, 1959

Affiches lacérées marouflées sur toile.

Jean Tinguely (1925 – 1991) Baluba, 1961

Baril, fil de fer, objets en plastique, plumeau, moteur d'entrainement …

Sur le retour, nous passons rapidement devant les œuvres de Yves Klein, Pierre Soulages, Nicolas de Staël ...autre sujet.

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Pour en savoir plus, le site web du centre Pompidou

Techniquement très complet, mais fatalement compliqué et finalement pas toujours en phase avec les collections présentes.

Les photos de ce document ont été empruntées à ce site.

Bien en rapport avec cette fiche, nous conseillons de consulter le document pédagogique L'objet dans l'art du XXe siècle

Roselyne et Jean-marie Schio

Le 14 févier 2011