Jeudi 19 mars - Saint Joseph
Joseph ! Cher Joseph ! Je ne sais pas pourquoi on t'a trop souvent représenté sous les traits d'un vieux barbon.... comme si Dieu avait peur de la jeunesse.... pour moi, tu as ...quoi ? dix huit, dix neuf ans ? Et tu as la tête et le cœur pleins de projets d'avenir... tu imagines ta vie avec "ta" Marie/Myriam... les enfants que vous élèverez ensemble... Bar Mitzvah pour vos garçons quand ils auront 12 ans... Tu rêves déjà de leur apprendre ton savoir-faire à l'atelier.... et vos filles allant puiser l'eau au puits ! Et voilà que bientôt... dans 6 jours exactement, le ciel va te tomber sur la tête... 25 mars... L'annonce à Marie. L'inconcevable ! ... ce qui ne peut être conçu... c'est bien le cas de le dire ! Dans la fougue de tes dix-neuf ans, j'imagine, tu commences par t'emporter... tu es révolté... " Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu ?! "... Mais c'est que tu l'aimes, "ta" Marie/Myriam... Alors, tu la crois... tu crois à l'incroyable... et tu t'effaces... en silence : tu n'accuseras pas, tu ne dénonceras pas... Mais, de nuit, alors que tu te tournes et retournes sur ta couche, ton jeune cœur s'ouvre à ton Dieu... tu pries sans doute... sûrement tu pries ! Les jours de Shabbat à la synagogue tu as chanté les psaumes.. "Sois ma lumière, Seigneur, ne m'abandonne pas, éclaire ma route..." Et l'amour l'emporte... tu seras le père de cet enfant sans père, lui qui nous apprendra un jour à prier le Père , en majuscule !
Alors, Joseph, je te confie tous ceux sur la tête de qui le ciel est tombé, un jour : Celle ou celui qui apprend sa stérilité... ceux à qui on annonce que leur enfant à naître sera "différent"... ceux qui attendent, si longtemps, de pouvoir adopter... Et puis, je te confie nous tous qui, chaque jour, faisons de notre mieux, faisons ce que nous pouvons pour continuer la route... confiants que le soleil finira bien par percer la brume.
Joseph, éternellement jeune, rajeunis nos cœurs fatigués et prie pour nous !
Jeudi 26 mars.
La première lecture et le psaume d'aujourd'hui portent la trace d'une idée de Dieu dont le Christ nous apprend à nous défaire : Dieu punirait les péchés de son Peuple en l'accablant de calamités. Cependant, même ces textes archaïques mettent surtout en lumière la prière de Moïse et, si j'ose dire, la "conversion" de Dieu : " Le Seigneur renonça au mal qu'il avait voulu faire à son Peuple." ( Exode 32,14)
L’Évangile de ce jour, lui, témoigne plutôt de la tristesse de Jésus devant le refus de l'accueillir : " Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie... vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu".
Monsieur le Président de la République,
Hier soir, à Mulhouse, vous avez adressé des remerciements chaleureux, au nom de la nation, à toutes celles et tous ceux qui, en ces heures sombres, se mettent au service des autres et au service du pays. Vous avez ainsi cité : les soignants,médecins, infirmières et infirmiers et tous les autres , les forces de l'ordre, l'armée, les transporteurs, les agriculteurs, les travailleurs du bâtiment, les fonctionnaires, les enseignants, les acteurs de l'économie, les chefs d'entreprise.... et d'autres encore. Spontanément, chaque soir, beaucoup se joignent à ces remerciements adressés aux soignants ,... je le fais, moi aussi, car leur engagement fait honneur à notre humanité.
Mais, puisque vous ne l'avez pas fait... puisque vous ne "pouvez pas " le faire dans notre République strictement laïque... je voudrais remercier aussi toutes celles et tous ceux qui prient, tous ceux qui croient en la force de la spiritualité, quelle que soit leur appartenance religieuse et qui, ces temps ci, se tournent vers l'Invisible Présence.
Et, puisque, pour ma part, je suis chrétien, je remercie les moniales et les moines, toutes celles et tous ceux qui consacrent leur vie - ou, plus modestement qui consacrent un peu de leur temps - à la prière. Toutes celles et tous ceux qui puisent dans la prière la force et le courage d'agir au service des autres, tous ceux qui prient pour les autres, et qui croient de toute leur âme que la Fraternité trouve sa source dans la reconnaissance d'une commune Paternité.
" Il est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu" ( Évangile de Jean Chapitre 1)
Dimanche 29 mars
Lazare sortant du tombeau est le dernier des 7 "signes" accomplis par Jésus avant sa passion selon l’Évangile de Jean.
C'est en quelque sorte le point culminant de l'action de Jésus, le Signe qui révèle vraiment QUI il est. Ce signe doit amener les témoins de son action à se prononcer de façon définitive : " Crois-tu ?"
" Chacun des signes antérieurs était porteur du message clairement proclamé par ce signe final : Jésus est le donneur de vie. La vie qu'il donne n'est pas la vie ordinaire, c'est la vie même de Dieu, la vie éternelle.../... Tous ces signes ont en commun le fait que Jésus donne, au plan physique une vie plus pleine, plus joyeuse et plus sûre à des gens dont la vie était d'une manière ou d'une autre diminuée, écrasée ou menacée." ( John P. MEIER. Un certain juif. Jésus. Tomme 2 page 589)
Mais, comme les autres signes rapportés par l’Évangile de Jean, la résurrection de Lazare est tournée vers ce qui suit : il faut se décider pour ou contre Jésus, c'est à dire, pour reprendre le texte du Deutéronome : choisir la Vie ou se résigner à la mort.
Les "grands prêtres et les pharisiens" ne peuvent accepter que l'ordre normal des choses soit dérangé par l'intervention intempestive de Celui qui se présente en disant " Je suis la résurrection et la vie". Que les morts restent dans leurs tombeaux et l'ordre éternel du monde sera bien gardé !
Lazare nous est offert comme un miroir : à l'appel du Christ nous sommes invités à quitter nos tombeaux.. autrement dit à nous laisser défaire de ce qui "sent la mort"... à nous laisser "délier" des entraves qui nous retiennent de vivre à plein et d'aimer vraiment... Tout en sachant que, pour l'instant, seul Jésus ressuscité est définitivement vainqueur de la mort. comme le fait encore remarquer John MEIER :
" La résurrection de Lazare n'a pas sa portée ultime en elle-même , mais dans la réalité future qu’elle annonce : la victoire de Jésus à travers la mort. Si Lazare sortant du tombeau en est encore enveloppé, Jésus, lui, laissera ses vêtements funéraires dans le tombeau puisqu'il n'en aura plus jamais besoin. En passant à travers la mort de la croix, Jésus ne reviendra pas ( comme Lazare) mais il se projettera en avant, il accédera à la plénitude la vie divine qu'il veut communiquer à ceux qui croient en lui."
Cette foi à laquelle nous sommes conviés ne gomme pas, pour autant la douleur et la peine de ceux qui voient mourir leurs proches. C'est pourquoi, sans aucun doute, l’Év
Lundi 30 mars
A partir du verset 12, le chapitre 8 de l’Évangile de Jean peut s'avérer d'une lecture difficile : il rend compte du "dialogue de sourds" entre Jésus et les "pharisiens"... plus probablement des débats qui ont eu cours dans l'Eglise primitive au sujet de la personne du Christ et de sa relation avec Celui qu'il nomme son "Père".
Ce dialogue difficile - impossible ? - se situe, dans l’Évangile de Jean immédiatement après l'épisode de la " femme adultère". Ce n'est pas par hasard. Ce que Jésus met en oeuvre à travers toute son action c'est la "Justice" de Dieu, autrement dit sa miséricorde. Jésus révèle que la justice de Dieu, c'est sa miséricorde. Les "pharisiens" sont dans une logique d'accusation et de condamnation... Jésus leur oppose la force du pardon qui guérit et relève.
C'est cela le Témoignage qu'il rend par sa vie : toute la vie de Jésus témoigne de la miséricorde de Dieu : " Vous, dit-il aux pharisiens, vous jugez de façon purement humaine, moi, je ne juge personne" ( verset 14)... L’Évangile de Jean explicitera : " Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde mais pour que, par lui le monde soit sauvé." ( Jean 3,17)
Dans le livre de Daniel ( la première lecture de ce jour), on trouve ce verset ... rafraîchissant : " Dieu éveilla l'esprit de sainteté chez un tout jeune garçon nommé Daniel"
Comme toujours, lorsque les temps sont durs, il y a la tentation de chercher des boucs émissaires... de proférer accusations et condamnations de propager - comme les accusateurs de Suzanne dans l’histoire racontée au livre de Daniel - des "fake news".
Peut-être pourrions-nous demander au Seigneur, aujourd’hui "d’éveiller et de rajeunir en nous l'esprit de sainteté" pour nous rendre un peu plus semblables à Jésus qui ne se rend jamais complice d'aucune condamnation mais applaudit toujours sans réserve, nous le savons bien, ceux qui prennent soin des autres.
L’Évangile n'a pas craint de nous faire voir les larmes de Jésus.
Jeudi 2 avril.
Les textes de la messe de ce jour ont en commun de faire référence à Abraham.
1ère lecture : Genèse 17 " Dieu parle à Abraham..." Psaume 104 " ... Promesse faite à Abraham"... Évangile de Jean 8, 51-59 " Avant qu'Abraham fut, je SUIS...dit Jésus "
Que nous évoque cette figure d'Abraham ?
Appel et confiance " Quitte ton pays... N'aie pas peur... Abraham eut confiance dans le Seigneur..." (Genèse 12 et 15)) - Alliance et fidélité " Je vais établir mon alliance entre toi et moi " (Genèse 17) Fraternité universelle - "Je fais de toi le père d’une multitude de nations"( Genèse 17,5) Promesse " Ta femme, Sara, aura un fils" ( Genèse 18) - Hospitalité « Ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur." (Genèse 18) - Prière et intercession " Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ?" (Genèse 18)...
A travers l'histoire d'Abraham, nous percevons comment Dieu propose à un cœur humain de s'ouvrir aux autres, à l'Autre... : oser se mettre en route, avancer au large... faire confiance aux autres, à l'avenir... Voir l'humanité entière comme une même "famille humaine"... oser s'engager dans une relation.... donner sa parole et s'efforcer d'y être fidèle.... Accueillir... ouvrir sa porte et son cœur... Se tourner vers l'Invisible Présence pour lui confier le monde... Tout ceci n'est il pas en mesure d'éclairer les attitudes à adopter en ces temps d'épreuve ?
A l'étonnement et même au scandale de ses interlocuteurs qui s'approprient la figure d'Abraham dans une visée étroitement nationaliste, Jésus ose affirmer qu'il accomplit ce qui était en germe dans l'histoire d'Abraham. Plus encore en proclamant : " Avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS" Jésus indique que le Don de Dieu, la Promesse de Dieu, l'Alliance offerte par Dieu précèdent l'histoire singulière d'Israël.
Jean ouvrira son Évangile en affirmant " AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu." " Avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS" dit Jésus... Si Abraham peut être désigné comme " le Père des croyants", en Jésus la proximité de Dieu est définitivement acquise à l'humanité : " Le VERBE ( JE SUIS) s'est fait chair".... et même "chair martyrisée" car rien ne nous interdit d'attribuer au Christ les paroles du poème d'Aragon :
Ah, c'est toujours toi que l'on blesse
C'est toujours ton miroir brisé,
Mon pauvre bonheur ma faiblesse
Toi qu'on insulte et qu'on délaisse
Dans toute chair martyrisée.
La faim la fatigue et le froid,
Toutes les misères du monde,
C'est par mon amour que j'y crois
En elles je porte ma croix
Samedi 4 avril
En cette veille du dimanche des Rameaux un poème du pasteur Dietrich Bonhoeffer pour nous introduire à la méditation de la Passion du Seigneur :
" Les hommes vont vers Dieu dans leur misère, le supplient de leur venir en aide, le prient de leur donner bonheur et pain, de les sauver de la maladie, de la faute et de la mort.
Tous agissent ainsi, tous, chrétiens et païens.
Les hommes vont vers Dieu dans Sa misère, le trouvent pauvre, méprisé sans toit et sans pain.
Ils le voient englouti par le péché, la faiblesse et la mort.
Les Chrétiens sont auprès de Dieu dans sa Passion.
Dieu va vers tous les hommes dans leur misère
Les rassasie corps et âme par son pain
Meurt sur la croix pour les chrétiens et les païens et pardonne aux uns comme aux autres."
Voilà la différence décisive avec toutes autres religions. La religiosité de l’homme le renvoie dans sa misère à la puissance de Dieu. L’Évangile renvoie l'homme à la faiblesse et à la souffrance de Dieu. Seul le Dieu souffrant peut nous venir en aide. L'homme est appelé à souffrir avec Dieu de la souffrance que le monde sans Dieu inflige à Dieu. Les chrétiens se tiennent auprès de Dieu dans la souffrance.
Dietrich Bonhoeffer 1906 - 1945. Pour faits de résistance au nazisme il a été pendu le 9 avril 1945 au camp de concentration de Flossenbürg. Ses derniers mots, rapportés par des compagnons de captivité : " C'est la fin. mais pour moi le commencement de la vie."
Dimanche des Rameaux. 5 avril 2020
Il ne faudrait pas que le méchant virus nous fasse oublier complètement St Irénée ! D’autant qu’une des grandes intuitions d’Irénée est que le Christ RÉCAPITULE en lui toute l’humanité, ou plus exactement tout l’humain. Alors puisqu’aujourd’hui encore, comme chaque année, nous voyons se dérouler ce grand récit de la Passion du Christ, nous pouvons y reconnaître notre histoire « en raccourci » comme le disait aussi Irénée. Plus particulièrement notre histoire telle qu’elle est en train de s’écrire en ce temps tragique de souffrance, de peur, de confinement, de deuil. Chaque figure, chaque personnage de la tragédie de la Passion du Christ peut être comme un miroir tendu à notre tragédie actuelle, avec les grandeurs et les défaillances, le courage et les faiblesses qui sont notre lot de gens ordinaires plongés dans une situation extraordinaire.
Alors, un peu en vrac et sans prétendre être exhaustif…
Voici ceux que la peur pousse à rejeter la voisine infirmière ou aide-soignante qu’ils saluaient aimablement hier encore, comme Pierre qui déclarait ne pas connaître Jésus… Voici ceux qui s’érigent en juges et condamnent… ceux qui prétendent avec aplomb savoir mieux que les autres ce qui est bon, ce qu’il aurait fallu faire… comme le grand prêtre Caïphe ou les membres éminents du Sanhédrin. Voici ceux qui cherchent à « s’en tirer » sans souci des autres et s’en lavent les mains comme Pilate. Et voici la foule… toujours en quête de boucs émissaires.
Mais voici surtout la cohorte de ceux qui sont réquisitionnés pour venir en aide aux autres comme Simon de Cyrène aidant le Christ à porter la croix. Voici les femmes en deuil, dont Marie, Mère du Seigneur, au pied de la croix, compagne pour toujours de celles et de ceux qui voient mourir un être aimé et ne peuvent l’entourer comme ils l’auraient voulu. Voici ceux qui osent passer outre les obligations de leur fonction pour reconnaître en tout être souffrant une sœur ou un frère en humanité, et même, au fond, un enfant de Dieu comme le Centurion romain s’écriant devant le corps du crucifié « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. » Voici enfin ceux qui accompagnent avec respect les corps abandonnés et privés de leurs proches comme Joseph d’Arimathie et Nicodème le firent pour le corps de Jésus.
Et nous voici, nous tous, confinés de gré ou de force comme le furent les apôtres, craignant pour leur vie après la mort infamante de leur Seigneur.
Mais déjà, par les yeux de la foi, c’est la lueur de Pâque que nous apercevons. Car Il viendra, il l’a promis. Il viendra briser les verrous de nos enfermements. Il se tiendra à nos côtés pour nous dire, comme aux disciples de la route d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas ? « Ne fallait-il pas que vous en passiez par là pour briser vos égoïsmes et ressusciter en vous cette humanité fraternelle que vous délaissez si facilement ? »
Lundi Saint.
L’Évangile de ce jour met sous nos yeux le choix définitif des autorités religieuses de Jérusalem face à Jésus. et c'est le choix de la mort. " Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare... " (Jean 12,11)
Pour nous aider à demeurer en compagnie de Jésus, au seuil de cette semaine, quelques lignes de François CHENG.
" Un jour, l'un d'entre nous s'est levé, il est allé vers l'absolu de la vie, il a pris sur lui toutes les douleurs du monde en donnant sa vie, en sorte que même les plus humiliés et les plus suppliciés peuvent, dans leur nuit complète, s'identifier à lui. S'il a fait cela, ce n'était pas pour se complaire dans la souffrance : il s'est laissé clouer sur la croix pour montrer au monde que l'amour absolu est possible, un amour « fort comme la mort », et même plus fort qu'elle, capable de dire de ses propres bourreaux : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. »
Celui qui parle ainsi fait déboucher le tunnel de la vie sur l’Ouvert. Avec Lui la mort n’est plus seulement la preuve de l’absolu de la vie, mais celle de l’absolu de l’Amour. Avec lui la mort change de nature et de dimension : elle devient l’ouverture par où passe l’infini souffle de la transfiguration. Oui, avec lui la mort s’est transformée en vraie naissance. Et cela s’est passé sur notre terre, à un moment crucial de notre histoire humaine. Personne n’est allé aussi loin.
Pour qu’émerge l’ordre de la vraie vie Dieu aura besoin de rien de moins que toute l’expérience vécue par l’humanité sur cette terre. Il aura besoin de tous ceux qui ont traversé une vie ici-bas, qui sont passés par la mort et portent en eux toute la soif et la faim, toutes les blessures et les manques, tous les élans sans fin vers la vraie vie."
François CHENG. Cinq méditations sur la mort. 4ème méditation. Extraits
Mercredi Saint
Ce soir, à 18h., Michel Dubost et Emmanuel Gobilliard célébreront la Messe Chrismale à la cathédrale St Jean.
Cette célébration - qui aura évidemment lieu en tout petit comité - sera retransmise grâce aux moyens techniques dont nous disposons.
(Messe célébrée en direct sur youtube par Mgr Michel Dubost et Mgr Emmanuel Gobilliard depuis la primatiale Saint-Jean-Baptiste, à suivre également sur RCF.)
Mais de quoi s'agit-il ?
" Messe Chrismale pour les nuls " :
Chaque année, un jour de Semaine Sainte qui précède Pâques, dans tous les diocèses du monde, l'évêque consacre les 3 huiles qui serviront aux célébrations qui jalonnent la vie des communautés chrétiennes tout au long de l'année.
L'huile des malades... C'est la grande Tradition de l'Eglise... dès les commencements, à la suite du Christ : prendre soin des malades. : "L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. " (Épître de Jacques 5, 14)
L'huile des Catéchumènes ( ceux qui se préparent au baptême). Tous les soignants et tous les sportifs vous le diront : un massage avec de l'huile, cela fait du bien, soulage les muscles fatigués, fortifie le corps. Pour reprendre l'image utilisée par St Paul : pour mener une vie chrétienne authentique, il faut un peu d'entraînement car c'est parfois "sportif" de vraiment vivre en chrétien ! Donc, dans les jours qui précèdent leur baptême, cette onction d'huile rappelle cette exigence aux futurs baptisés.
Le Saint Chrême... c'est "l'huile à tout faire" : baptêmes, confirmations, ordinations des diacres, des prêtres, des évêques, consécration des autels... C'est l'huile qui sent bon... histoire de nous rappeler que la vie d'un chrétien doit ( devrait) embaumer, faire respirer la bonne odeur de l'amour de Dieu et de l’amour du prochain. Au fond, le Saint Chrême, comme l'orthographe l'indique, sert à nous "Christifier" . D'ailleurs " Christ" signifie : "Celui qui a reçu l'onction"
Parfois, hélas, il arrive qu'on retrouve dans les sacristies des huiles oubliées qui sentent le rance.... comme, peut-être certaines pratiques, attitudes dans l'Eglise et dans nos communautés ? C'est pourquoi il est bon de nous équiper, chaque année en "huiles essentielles" capables de rafraîchir et de rajeunir notre foi, notre espérance et notre amour.
Jeudi Saint
Au cours de ton dernier repas, écrivent les évangiles de Matthieu, Luc et Marc, tu as pris le pain et la coupe de vin. Tu en as fait le sacrement de ta présence vivante, pour les tiens, pour le monde, jusqu’à la fin.
Au cours de ton dernier repas, témoigne l’évangile de Jean, tu as pris un linge et une bassine d’eau pour laver les pieds de tes amis.
Et c’est la même chose. Ou, plus exactement, tu as lié indissolublement le sacrement de ton Eucharistie au geste du plus humble service.
Présence réelle vidée de sa substance, si celui qui s’en nourrit ne se fait pas pour ses frères humains ce que tu t’es fait pour les tiens.
Ayant aimé les tiens qui étaient dans le monde, tu les as aimés jusqu’au bout.
Jusqu’au bout de ta vie… jusqu’à l’ultime seconde de ton existence humaine.
Jusqu’au bout de l’humilité, jusqu’à l’extrême limite du service…
Comment se fait-il que nous résistions encore à un tel amour ?
Comment se fait-il que nous persistions encore à chercher Dieu ailleurs ?
Mais si Dieu est à nos pieds, que nous reste-t-il à adorer ?
Et nous continuons désespérément à nous inventer des idoles puisque l’humble amour nous paraît indigne que l’on s’agenouille devant lui.
Comment ne pas reconnaître alors le visage du Christ en toutes celles et en tous ceux qui prennent soin, ces jours-ci, du malade en détresse, des familles endeuillées… Les tâches ingrates accomplies avec douceur et respect… lavement de pieds…
Contemplant la croix du Christ Angèle de Foligno, au 13ème siècle s’écriait « Il ne m’a aimée pour rire ! »… Notre MERCI s’élève pour vous tous qui n’aimez pas, ne servez pas… « pour rire ».
Mais comme la Passion de Jésus concentre en elle la tragédie humaine qui est de tout temps, nous entendons aussi ceux qui disent à leur voisine infirmière ou aide-soignante « Nous ne vous connaissons pas »… Comme Simon Pierre l’a dit de son Seigneur.
Un temps comme celui qui nous arrive met à jour et à nu le fond des cœurs. Puisse le visage aimant du Christ éclairer nos ténèbres.
Bernard Badaud
Vendredi Saint.
Avec tous les "serviteurs" de ceux qui souffrent : Christophe LEBRETON, moine martyr de Tibhirine en 1996 écrit : " Au combat d'aujourd’hui, c'est la guerre dernière. Jusqu'à l’extrême, il faut tenir, garder le témoignage et vaincre par le regard. Jusqu'à l'extrême, il faut bénir, offrir l'action de grâce et vaincre par la louange. Jusqu'à l'extrême, il faut servir, faire la vérité et vaincre par l'amitié. Pour gagner le cœur de l'homme, il faut AIMER. Dedans ta Pâque, je me suis glissé et me laisse prendre entièrement à ta vie. Ta résurrection m'envahit. Par toi s'actualise le don et tout s'éternise en joie."
Avec tous ceux qui traversent de longues nuits sans sommeil : Georges Bernanos : " Lui, cependant, bénissant les prémices de sa prochaine agonie, ainsi qu'il avait béni, ce jour même, la vigne et le froment, consacrant pour les siens ( son) corps sacré, il l'offrit à tous les hommes, il l'éleva vers eux de ses mains saintes et vénérables par dessus la large terre endormie dont il avait tant aimé les saisons. Il l'offrit une fois pour toutes... avant de se livrer à la peur, cette interminable nuit, jusqu'à la rémission du matin"
Avec tous ceux qui sont révoltés par l'injustice des situations de souffrance et de deuil, avec tous ceux qui ne peuvent pas accompagner leurs morts. : Charles Péguy : " Tout était consommé. Cette incroyable aventure par laquelle moi, Dieu, j'ai les bras liés pour mon éternité. Cette aventure par laquelle mon fils m'a lié les bras, pour éternellement, liant les bras de ma justice, pour éternellement, déliant les bras de ma miséricorde. et contre ma justice, inventant une justice d'amour, une justice d’espérance... Tout était consommé. Et moi seul, moi, Dieu, moi seul à cette minute, père après tant de pères, moi, seul, je ne pouvais pas ensevelir mon fils. C'est alors ô nuit que tu vins et dans un grand linceul tu ensevelis... cette montagne et cette vallée sur qui le soir descendait, et mon Peuple et les pécheurs et, ensemble, celui qui mourait, qui était mort pour eux. Et les hommes de Joseph d'Arimathie qui déjà s'approchaient portant le linceul blanc."
Samedi Saint
Le tombeau est refermé, la pierre a été roulée. Fin de l’histoire !
Votre demande est rejetée… Les soins sont interrompus : il n’y a plus rien à faire… Tous les recours sont épuisés… Nous sommes au regret de vous informer… Votre entreprise est mise en liquidation… Le divorce est prononcé...
Espoirs anéantis… Vies brisées…
Et alors le silence… surtout pas de fausses consolations… de paroles vaines…
Chaque année le Samedi de la longue semaine… le jour du sabbat… où même le corps martyrisé a été soustrait aux regards… Chaque samedi saint… l’Eglise récapitule en elle, l’Eglise intériorise toute souffrance, toute désespérance… La mort du Bien-aimé enseveli…
Ne chantons pas trop vite « alleluia ! » pour ne pas faire injure aux souffrants, aux endeuillés : il leur faudra du temps, le chemin sera long… pour soigner les blessures, pour retrouver la paix, pour s’ouvrir au pardon.
Jésus est au tombeau… Tout en nous doit se taire…
Et le grain germera…
Dimanche de Pâques.
Nous fêtons la Résurrection du Christ. Ce matin, dans l'église déserte et qui le restera aujourd’hui - et pour combien de temps encore ? - je suis allé éclairer le Cierge Pascal, témoignage furtif de la présence silencieuse du Ressuscité.
Il n'est pas facile de parler de Résurrection : trop de souffrances, de blessures, d'amours trahis.
L'épidémie dont le monde est victime m'a fait souvenir de ce roman d'Albert Camus : La peste. Camus n'est pas chrétien. Il imagine le personnage du Père Paneloux et lui fait prononcer un "sermon" qui reprend tous les poncifs des discours sur le châtiment divin que , par parenthèse et hélas, on entend encore dans certains cercles soi-disant chrétiens. Mais Camus est trop fin pour s'en tenir là et il met aussi dans la bouche de son prédicateur cette parole d'espérance : " Une lueur d'éternité gît au fond de toute souffrance. Elle éclaire, cette lueur, les chemins crépusculaires qui mènent vers la délivrance. "
Oui, nous fêtons la joie de Pâques..mais Pâques signifie passage. Notre joie est une joie en route, en chemin.. Elle n'est pas aboutie. Saint Augustin l'enseignait aux chrétiens d'Hippone : " Il y a l’alléluia du ciel : plus d'angoisse, plus de guerres, plus d’ennemis, plus d'amis que l'on perd ! Mais ici et maintenant, dans le temps que nous vivons, c'est l’alléluia de la route. Nous chantons, mais c'est dans l'espérance. Alors chante donc comme le voyageur: oui, chante, mais marche !".
Car le Ressuscité que nous fêtons dans la joie reste pour l'éternité le crucifié du calvaire. Le P. Jacques Guillet écrivait : " N'oublie jamais que le Christ ressuscité reste le Christ pauvre de Bethléem et du Calvaire : celui qui a choisi pour amis les pauvres et les méprisés et qui garde pour toujours avec eux la même aisance familière, la même humanité simple. Le Christ ressuscité, c'est toujours le laissé pour compte que l'on abandonne au bord de la route, les siens ce sont toujours les malades, les exclus, ceux qui, durant sa vie terrestre, composaient son entourage habituel et demeurent jusqu'à la fin des siècles son prolongement personnel."
Dans son homélie de la nuit pascale, le Pape François a rappelé que le Christ ressuscité convoque ses amis " en Galilée" : ce lieu de mauvaise réputation " le plus distant de la sacralité de la ville sainte". La joie de Pâques n'a rien d'une exaltation désincarnée, elle nous provoque à "faire éclore, par l'amour, l'espérance dans nos vies quotidiennes."
En fait, célébrer Pâques, c'est se vouloir engagé dans l’événement annoncé : impossible de célébrer Pâques " à distance" écrit le P. Paul Bony qui était responsable du Séminaire de Lyon lorsque je fus ordonné prêtre. et il poursuit : " Tu vas dire : mais je n'y étais pas ! Mais si, justement, tu y es ! Et si tu célèbres Pâques tu acceptes que le Ressuscité mette sur toi sa marque, sa figure, sa promesse, sa puissance de vie. Demande toi : comment suis-je appelé , aujourd'hui, à entrer dans la Pâque du Christ ? Aujourd'hui, je commence, je ne me dérobe pas devant les échecs. Le Christ Pascal m’appelle à laisser voir en moi la patience du Crucifié et l'audace du Ressuscité."
Au matin de Pâques, les femmes ont couru annoncer aux apôtres " confinés" : "Le Christ est Vivant." Mais, dit l'évangéliste Luc, " ils trouvèrent cela absurde et ne les crurent pas ".
Le chemin de la foi en la Résurrection du Christ est une longue route... il prend son temps... comme le grain qui germe en terre, disait Jésus.
Déjà, nous tournons le dos aux vents mauvais du pessimisme, de la peur, du découragement et de l'égoïsme pour nous préparer à accueillir le souffle rafraîchissant de l'Esprit de Pentecôte.
Lundi 13 Avril 2020 . Lundi de Pâques.
Le Carême et la Semaine Sainte sont passés. Grâce à l'implication de beaucoup, grâce aux moyens modernes de communication, nous avons pu vivre ensemble, même si c'était à distance, ces moments forts de nos vies de baptisés et de futurs baptisés.
Nous entrons maintenant dans le "Temps Pascal".... et il ne s'agit pas de nous endormir !!
Certes, l' Évangile de Jean nous rapporte qu' après le témoignage des femmes revenant du tombeau vide, les apôtres restent "confinés". "Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » ( Jean 20, 9)
Ces jours derniers beaucoup ont fait le rapprochement entre cette remarque de l’Évangile et notre actualité.
Nous, nous ne pouvons pas sortir... mais Jésus-Ressuscité, lui, peut entrer !
Alors.... pour honorer sa présence, nous commencerons par continuer à prendre grand soin les uns des autres... prendre des nouvelles de ceux dont la présence nous manque et à qui nous manquons.... remercier, sourire, avoir un mot gentil, rendre service, entre "co-confinés"... comme dans notre "cocon ! Tiens!
Et puis... chaque jour, accueillir la Parole du Jour... le Psaume, l’Évangile... ce ne sont pas les sites qui manquent, à commencer par AELF ou encore " Prie en chemin".
Pour ma part, je continue à célébrer l'Eucharistie, chaque jour, vers l'heure de midi, à l'Oratoire de la Maison paroissiale de St Symphorien d'Ozon... avec toutes les intentions que vous voulez bien confier.. par SMS, Mail, WhatsApp ou téléphone...
Alors, comme le suggère St Augustin : " Chante, mais marche, chante pour soutenir ton effort, avance, dans la foi et dans l'amour.. sans reculer, sans piétiner chante et marche !" C'est notre route d'Emmaüs qui commence aujourd'hui !
Mercredi 15 avril. Mercredi de Pâques.
Emmaüs... Au début c'est l'histoire d'un espoir déçu : " Nous, nous espérions que c'était lui qui allait délivrer Israël". Il vaut sans doute la peine de s'arrêter un instant en compagnie des deux disciples sur ces déceptions qui jalonnent l'histoire de l'humanité et nos histoires personnelles.
A la suite de la première guerre mondiale on parlait de " la der des der"... et 20 ans plus tard, le pire advenait...
En 1965, à la tribune de l'O.N.U., alors que les Etats Unis sont engagés dans la guerre du Viet-Nam Paul VI lance le cri : " Plus jamais la guerre !"
Et depuis : Afghanistan, Bosnie, Irak, Syrie et tant d'autres encore.
50 ans après le génocide des Juifs : près d'un million de morts au cours du génocide des Tutsis au Rwanda.
Au cours de l'hiver 1954 l'appel de l'abbé Pierre, qui donna naissance au mouvement " Emmaüs", justement... et aujourd'hui combien de sans- abris ?
La pandémie actuelle nous révèle aussi le drame d'une autre espoir déçu : en dépit de tous les progrès de la médecine, l'humain reste fragile et vulnérable... Et nous qui espérions que l'humanité serait définitivement délivrée des grandes épidémies !
En traversant la mort, en quittant le tombeau, Jésus ressuscité n' a pas mis fin aux guerres, au racisme, aux tyrannies, aux maladies...
Mais il s'est fait compagnon de route et même "premier de cordée" pour nous accompagner et nous guider dans ces longues traversées des déserts qui ne nous sont pas épargnées tout au long de nos vies.
Il nous invite à relire notre histoire, comme il a invité les disciples d'Emmaüs à relire l'Ecriture... il ouvre les yeux de notre cœur pour nous faire "voir" les victoires de l'Amour même au plus noir de nos nuits.
Des espoirs peuvent être déçus... l'Espérance, elle, n'est pas morte :
« La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance » : L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Traînée, pendue aux bras de des grandes sœurs, (la foi et la charité) qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde.
Charles Péguy (1873-1914)
Jeudi 16 avril. Jeudi de Pâques
Aujourd'hui la première lecture de la messe est tirée du livre des Actes des Apôtres. Il s'agit d'un long témoignage - le texte dit une interpellation - que Pierre adresse au Peuple.
Et l’Évangile montre d'abord les disciples d'Emmaüs "racontant" aux autres "ce qui s'est passé sur la route" avant que Jésus Ressuscité vienne en personne "faire mémoire" avec eux de ce qu'ils ont vécu au temps où " il était encore avec eux ".
Tout ceci, le discours de Pierre au Peuple comme le récit de l’Évangile se fait à la lumière de l'Ecriture et a pour effet d'inviter à un changement, à une "conversion".
C'est toute l'intuition qui a guidé la naissance de l'Action Catholique :
Faire "Révision de Vie", relire, prendre le temps de raconter, faire mémoire. Les rencontres, les événements, les situations... prendre au sérieux la vie, telle qu’elle nous advient.
En appeler à "l'Ecriture" autrement dit à la Parole de Dieu, aux mots et aux gestes du Christ des Évangiles, aux paroles des prophètes, à la prière des Psaumes, pour discerner ce que Dieu nous dit et ce qu'Il attend de nous au cœur de notre actualité.
" Passer aux actes" et opérer les changements, les conversions nécessaires pour le présent et pour l'avenir . Si l'on est chrétien, c'est mettre en oeuvre dans nos vies ce qui va "incarner" la Présence du Ressuscité ou, plus exactement, laisser le Christ Ressuscité incarner à travers nous, par la vie de nos communautés, sa puissance de vie et de résurrection.
Nous entendons beaucoup de déclarations, ces temps-ci, qui nous expliquent qu'après la pandémie plus rien ne sera comme avant. Tant mieux si la situation présente fait prendre conscience de l'absurdité d'un système économique qui a perdu de vue le service de l'humain pour idolâtrer le profit.
Le rôle du "Témoignage Chrétien" n'est-il pas , alors, de redire avec le Christ que le fondement de la fraternité humaine trouve sa source en Celui que Jésus nous a appris à nommer " Père" ?
" Annoncer la foi, ce n'est pas donner la foi.Nous sommes responsables de parler ou de nous taire, mais nous ne sommes pas responsables de l'efficacité de nos paroles. La foi est chargée de nous faire accomplir dans le temps de l'éternel. Elle est chargée de nous faire agir sur les épisodes de notre histoire pour faire, avec chacun de ces épisodes passagers un événement éternel, non seulement pour nous mais pour toute l'humanité." (Madeleine Delbrêl)
Vendredi 17 avril. Vendredi de Pâques.
le chapitre 21 de l’Évangile de Jean : apparition de Jésus Ressuscité à ses disciples... pêche miraculeuse... pardon et réhabilitation de Simon-Pierre....
En conclusion de son livre " La Résurrection de Jésus" dans la collection " Tout Simplement", Paul Bony écrit : " L'épilogue de Jean 21 réussit à mettre sous les yeux du lecteur les grands aspects de la vie de l'Eglise dont le Christ ressuscité est la source : la confession de foi en Jésus Seigneur, la mission universelle, l'unité ecclésiale, le repas eucharistique, le ministère pastoral de Pierre, le témoignage écrit du disciple bien-aimé. Rien de cela ne tient sans la résurrection de Jésus. mais tout cela en est la "manifestation"."
Alors, à la lumière de cette page d’Évangile, nous comprenons mieux les implications de notre vie de baptisés à la suite du ressuscité. Nous comprenons mieux ce que veut dire St Paul quand il demande aux premières communautés " Vivez en Ressuscités".
Ils ont peiné toute la nuit sans rien prendre.... ainsi en est-il, bien souvent de l'inefficacité apparente de notre témoignage.
" Le filet ne se déchira pas"... veiller à promouvoir l'unité des chrétiens...et de toute la famille humaine
"Apportez de ce poisson que vous venez de prendre"... mais Jésus ressuscité a déjà tout préparé... ainsi devons-nous agir "comme si tout dépendait de nous et savoir tout recevoir de Lui"
" Est-ce que tu m'aimes" / " Seigneur, tu sais bien que je t'aime"... Rendre grâces pour l’amour de Dieu qui nous est donné... et consentir humblement à entendre le Christ quémander notre amour... alors que nous sommes conscients de la faiblesse de notre foi.
"Sois le pasteur de mes brebis" ... invités à prendre soin des uns des autres.
" Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne" ... laisser le Christ ressuscité s'approcher et reconnaître sa présence dans le partage du pain... à l'Eucharistie, mais aussi en tout geste de partage vraiment inspiré par l'Amour.
"Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait "... A nous de mettre cela au présent ! Il y a encore beaucoup d'autres choses à faire avec le Christ ! cela s’appelle les "Actes des apôtres" d'aujourd'hui.
Samedi 18 avril. Samedi de Pâques
" Les chefs du Peuple constataient l'assurance de Pierre et de Jean... et se rendant compte que c’était des hommes sans culture et de simples particuliers, ils étaient surpris" (Livre des Actes des Apôtres chapitre 4)
Désarroi des "Autorités" devant les actions bienfaisantes accomplies en dehors des règlements !
Pierre et Jean ont guéri un infirme en invoquant le nom de Jésus... qui a été condamné et exécuté à l'instigation de ces mêmes "autorités"... Ce Jésus qui se permettait de "faire le bien" les jours de Sabbat !
Héberger des "Sans Papiers"... Squatter avec eux des locaux inoccupés...
Chercher à obtenir la révision d'un procès qui a condamné à tort un innocent...
Distribuer à des gens qui ont faim des denrées alimentaires qui allaient être détruites faute d'avoir été vendues...
Ouvrir un chemin vers les sacrements à des personnes divorcées remariées...
A chacun de compléter la liste !
Par fidélité à l’Évangile de Celui qui osait braver les interdits de son temps, si l'on croit en Lui... ou au nom de la dignité de chaque personne humaine et pour promouvoir ce qui est juste . ..
Œuvrer, "en simples particuliers", et oser déranger - un peu - les règles et les principes qui ralentissent la mise en oeuvre du Bien.
B.
Dimanche 19 avril. 2ème Dimanche de Pâques. Dimanche de la Miséricorde
"Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous...".../... Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Puis il dit à Thomas : " Avance ton doigt ici, et vois mes mains."
Parfois, pour recevoir la communion, la main qui se tend est chargée de toute une histoire…
Main calleuse du travailleur, femme ou homme, où je lis les innombrables gestes accomplis pour gagner quotidiennement de quoi faire vivre la famille.
Main de la mère qui caresse et protège..
Main âgée, usée, de la grand' mère , main déformée par l’arthrose, les travaux de la maison
Main d’enfant tachée d’encre ou de peinture, trace peut-être du dessin ou de la lettre laborieusement confectionnés pour faire plaisir à quelqu’un.
Mains qui créent une sculpture, un tableau...un chemin de croix...
Et, en ces jours d'épreuves, mains de ceux qui soignent, mains qui cousent les masques, les blouses de protection
Mais aussi, mains qui ne peuvent plus caresser l'être aimé... mains qu'on ne peut plus serrer et ne peuvent plus étreindre...
Ces mains, toutes, sont comme une signature… elles invitent à la reconnaissance aux deux sens de ce beau mot :
En elles, je suis invité à reconnaître l’amour partagé, offert et accueilli… ou méconnu
Par elles, je suis appelé à rendre grâces pour la capacité de l’homme à se donner d’amour.
Mains des hommes, mains du Christ… qui gardent pour l’éternité l’empreinte d’avoir servi, d'avoir aimé.
Nous ne savons pas encore ce que veut dire ressusciter … mais le témoignage de l’Evangile nous invite à croire que c’est l’usure de l’amour qui modèle aujourd’hui ce que nous serons pour l’éternité.
Tel le Christ est ressuscité, tels aussi nous ressusciterons…
Et si, à en croire l’Evangile de Jean … Jésus a accompli beaucoup d’autres signes qui ne sont pas mis par écrit dans le livre, il nous reste à déchiffrer ces signes inscrits, non pas sur du papier, mais dans la vie, le cœur et la chair de tous ceux qui se risquent à aimer comme Lui.
Lundi 20 avril. 2ème semaine de Pâques.
Le récit du livre des Actes de Apôtres insiste sur " l'assurance" des apôtres pour proclamer , malgré les menaces des autorités, Jésus Ressuscité.
L’Évangile nous propose de retrouver le fameux Nicodème qui participa avec Joseph d'Arimathie à l’ensevelissement de Jésus. Venu trouver Jésus pendant la nuit ( on n'est jamais trop prudent !) il se voit invité par lui à "renaître".
La période actuelle est incontestablement chargée de peurs, de désarroi... Assurance et renaissance semblent bien lointaines.
Mais le secret de la foi et de l’espérance chrétiennes se trouve bien là : Si le Christ est ressuscité, alors nous pouvons témoigner avec assurance qu'au delà du passage par l'épreuve - et l'épreuve de la mort, " La porte de la vie s'ouvre toute grande sur l'infini" comme l'écrivait Emmanuel MOUNIER et il poursuivait : " Toujours entretenir en soi, la petite flamme, la petite source chantante, l'une qui illumine et réchauffe notre vie intérieure,l'autre qui lui donne sa fraîcheur, sa limpidité, sa spontanéité. Toujours être offensif, souvent agressif au regard de la vie, ouvert pour recevoir, comprendre, sympathiser, tendre pour rayonner et se donner, généreux.... en un mot, toujours créer en soi ou hors de soi : voilà le secret de la jeunesse perpétuelle. ".
Cette flamme et cette source, cette renaissance, nous les recevons de l'Esprit Saint qui "souffle où il veut" et nous prépare à un rajeunissement au delà de nos espoirs les plus fous. N'en doutons pas !
Mardi 21 avril. 2ème semaine de Pâques.
Dans Les premières communautés chrétiennes, nous dit le livre des Actes des Apôtres, " les croyants avaient un seul cœur et une seule âme".
Au regard de ce qui s'est passé ensuite dans l'histoire de l'Eglise, on peut être tenté de déplorer cette belle unanimité perdue.
Mais, en lisant attentivement la suite du texte, nous découvrons bien vite que le fondement de l’Unité Chrétienne des premiers temps ne repose pas sur un accord théologique mais sur l'exercice pratique de la charité, sur la solidarité avec les plus pauvres, sur le partage des biens.
L'une des grâces de notre temps est peut-être bien d'avoir su trouver, entre confessions chrétiennes diverses, les chemins d'un œcuménisme pratique pour se mettre ensemble au service des plus fragiles, des plus menacés.
Le site du Conseil Œcuménique des Eglises présente abondamment ces engagements concrets au service de la dignité humaine :
La mission depuis la périphérie
Soucieux d'exprimer son engagement en faveur de la justice, de la dignité humaine et de la libération, le COE, dès ses débuts, a été un partenaire de confiance dans les luttes des victimes de la discrimination et de l'exclusion. La mission depuis la périphérie est une activité théologique aux côtés des victimes du racisme, des populations autochtones et des personnes handicapées.
Le souci de la création et la justice climatique
Le souci de la création et de la justice sont au cœur du travail du COE sur les changements climatiques. La Bible enseigne l'intégralité de la création et invite les êtres humains à prendre soin du jardin d'Eden (Genèse 2,15). Le Dieu de la Bible est un Dieu de justice, qui protège et aime ses créatures les plus vulnérables et veille sur elles.
Le COE apporte son soutien aux Eglises dans leur création de réseaux et dans leur défense des personnes déracinées, ainsi que dans leurs efforts pour analyser les rapports entre migration, racisme et relations interreligieuses.
Comme le disait notre cher St Irénée ( il serait dommage que le virus nous le fasse oublier !) "Il est meilleur et plus utile d'être ignorant ou de peu de savoir et de s'approcher de Dieu par l'amour, que de se croire savant et habile et de se trouver blasphémateur à l'égard de son Seigneur." A.H. II, 26, 1
Mercredi 22 avril. 2ème semaine de Pâques.
Deux points d'attention... parmi bien d'autres possibles dans l’Évangile d'aujourd'hui :
1 - Dieu a tant aimé le monde et 2 - les "œuvres"
Comment Dieu manifeste-t-il son amour pour le monde ? Par toute la création ? Oui ! Nous le chantons " Mon Dieu tu es grand, tu es beau..." Par des paroles de Sagesse, sa Loi ? oui ! Cela nous aide à discerner le bien et le mal... Par la possibilité que nous avons de le prier ? oui ! La Bible nous révèle Dieu comme le Dieu de l'Alliance qui converse avec les hommes. A travers les liens d'amour et d'amitié que nous pouvons vivre ? oui ! L'amour de Dieu et l'amour du prochain sont indissociables...
MAIS " Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils "... " Le Verbe s'est fait chair " L'amour de Dieu pour le monde ne s'exprime pas " à distance du monde", par procuration... En Jésus, Dieu vient s'immerger dans le monde, comme le dit l’Épître aux Hébreux : "Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps." ( Heb. 10,5).
C'est pourquoi la mission du Christ " envoyé pour sauver" se traduit, à travers tout l’Évangile par des gestes concrets de guérison, de partage, de pardon... ce sont les "œuvres" du Christ et ce sont des œuvres de bonté, des œuvres lumineuses.
Il en résulte que " Croire au Christ" signifie agir en imitant ses "œuvres" :
" Ce ne sont pas ceux qui me disent " Seigneur Seigneur" qui entreront dans le Royaume..." ( Matthieu 7, 21)
"Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité" (I jean 3,18)
"Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi." (Jacques 2, 17-18)
Jeudi 23 avril. 2ème semaine de Pâques
Les Actes des Apôtres : " Nous sommes témoins de tout cela avec l'Esprit Saint que Dieu a donné"
L’Évangile : " Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu'il a vu et entendu... car Dieu lui donne l'Esprit sans mesure."
Donc "Témoignage" et "Don de l'Esprit Saint".
Le premier témoin - et le seul, pour ce qui concerne Dieu - c'est le Christ... Celui dont le prologue de l’Évangile de Jean nous révèle qu'il était au commencement auprès de Dieu. (Jean 1, 2).
Qu'a-t-il " vu et entendu" ? : Que Dieu est Amour ! "Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour." ( Première Lettre de St Jean)
Comment en témoigne-t-il ? En aimant, bien sûr ! " Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu'au bout"...et c'est le geste du lavement des pieds.
D'où lui vient - et d'où nous vient - cette force de témoigner en aimant ? Cela s'appelle l' " Esprit Saint".... Souffle, Vent, Feu, Fleuve d'eau vive.
" Donné sans mesure"... dans le démesure de l'amour... car " Quelle est la mesure de l'Amour ?" ... Bernard de Clairvaux répond " La mesure de l'Amour , c'est d'aimer sans mesure"... On dira que St Bernard parle de l'amour envers Dieu. Certes ! mais comme le dit St Jean : " Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas."
Et l'Esprit Saint, dans tout cela ? Eh bien ! Nous sommes "témoins" de son action partout où se déploie le service du prochain. Car par définition l' Esprit Saint est libre, souverainement libre et n'exige aucun certificat de baptême pour toucher les cœurs.
Solidarité avec les étudiants étrangers confinés dans leurs résidences... paniers repas etc..
Accueil d'une famille de réfugiés grâce à la mobilisation d'une municipalité, du maire, des services techniques et des associations, en lien avec la Paroisse.
Quoi d'autre encore ? dont " Nous sommes témoins de tout cela avec l'Esprit Saint que Dieu a donné"... A chacun de le dire !
Vendredi 24 Avril 2ème semaine de Pâques.
Nous pouvons aujourd’hui décerner deux "prix du second rôle".
Dans le récit des Actes des Apôtres, il revient à Gamaliel.
Face aux prétentions de ses confrères pharisiens qui savent mieux que Dieu ce qui est de Dieu, il oppose la liberté souveraine et l'initiative de ce Dieu qu'il sait " imprévisible". Lui, le savant pharisien, refuse de se rallier au mépris de ses pairs à l'égard de ces "bouseux" de galiléens comparses d'un condamné à mort et qui répandent partout la prétendue nouvelle d'une invraisemblable résurrection. " Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu". Oh ! Nulle part il n'est dit que Gamaliel devint disciple de Jésus, mais il est l'une des figures de ces "Justes" comme Nicodème ou Joseph qui refusent de s'associer aux raisons d'état, aux procès iniques, aux populismes dont les crimes remplissent jusqu'aujourd'hui nos livres d'histoire et nos journaux. Pour les croyants, il y va du respect dû à Dieu et pour tous de l'honneur de l'humanité.
Le prix du second rôle revient aussi à ce "jeune garçon" mentionné dans l’Évangile de Matthieu : " Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons". Cinq pains ! pour lui tout seul ? Ce garçon devait être un gros mangeur ! A moins que l'Esprit Saint - toujours lui ! - lui ait soufflé d'en prendre un peu plus que nécessaire, en vue du partage. J'aime à croire qu'avant même sa rencontre avec Jésus, la semence de la fraternité était déjà dans le cœur de ce garçon et que Jésus a "rendu grâces" pour ce cœur généreux tout autant que pour la profusion de nourriture que le Père donnera par ses mains.
Que Gamaliel le juste et le "jeune garçon" de l’Évangile nous servent de modèles aujourd'hui et 1) nous préservent des jugements hâtifs 2) nous associent à l'action de Grâce du Christ pour tous les gestes de solidarité qui parsèment et embellissent notre actualité.
Samedi 25 avril 2020 2ème semaine de Pâques.
Puisque le mois du Ramadan a commencé hier, nous confions à Christian de Chergé le soin de nous accompagner aujourd'hui :
Christian de Chergé (1937-1996) fut moine et prieur du monastère de Tibhirine, dans l’Atlas algérien. Assassiné avec 6 de ses frères en 1996, il a manifesté dans sa mort même combien sa vie était “donnée à Dieu et à l’Algérie”. Sa spiritualité était nourrie de la rencontre avec ses voisins et amis musulmans.
« Depuis qu’un jour, il m’a demandé, tout à fait à l’improviste, de lui apprendre à prier, Mohammed (un habitant du village) a pris l’habitude de venir s’entretenir régulièrement avec moi. C’est un voisin. Nous avons ainsi une longue histoire de partage.
Souvent il m’a fallu faire court avec lui, ou passer des week-ends sans le rencontrer quand les hôtes se faisaient trop nombreux et absorbants.
Un jour, il trouva la formule pour me rappeler à l’ordre et solliciter un rendez-vous :
« Il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits ! » L’image est restée. Nous l’employons quand nous éprouvons le besoin d’échanger en profondeur.
Une fois, par mode de plaisanterie, je lui posai la question : « Et au fond de notre puits, qu’est-ce que nous allons trouver ? De l’eau musulmane ou de l’eau chrétienne ? » Il m’a regardé mi- rieur, mi- chagriné : « Tout de même, il y a si longtemps que nous marchons ensemble et tu me poses encore cette question ! … Tu sais, au fond de ce puits-là, ce qu’on trouve, c’est l’eau de Dieu. »
Christian de Chergé
Ce 25 avril, l'Eglise fête l’Évangéliste Saint MARC. C'est Irénée qui attribue à Marc la paternité du second Évangile : " Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Évangile, tandis que Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Eglise. Après l’exode de ces derniers, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Evangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l’Evangile, tandis qu’il séjournait à Éphèse. (Contre les hérésies, III,1,1)
Dimanche 26 avril 2020 3ème dimanche de Pâques
Que faire d’autre que lire et relire cette page d ’Evangile, l’apprendre par cœur, la ruminer, se l‘approprier et vivre dans l'espoir fou qu’elle s’accomplisse pour nous ?
Car nous sommes en route, toujours.. et, toujours nous discutons de ce qui se passe dans nos vies : nos joies, nos espoirs, nos peurs, nos échecs, nos souffrances, nos combats…
Et, toujours, le Seigneur s’approche, fait route avec nous et nous ne le reconnaissons pas…
Parfois, fugitivement, nous devinons, à travers ce qui nous arrive, quelque chose de plus grand que nous, qui nous bouleverse et nous envahit.
Une parole qui brûle notre cœur, un geste qui éclaire notre regard et apaise nos peurs..
Mais lui, nous ne le voyons pas.
Lui, il sait que nous sommes lents à croire… et on dirait que ça l’étonne.. Forcément, l‘amour est toujours étonné de n’être pas reconnu !…
Car la clef, depuis toujours, c’est l’amour fou de Dieu pour nous.. c’est ce qu’il leur explique à travers l’Ecriture : « Dieu a tant aimé le monde… » Ceux qui aiment peuvent comprendre et leurs yeux s’ouvrent sur l’infini quand le geste de l’Ami fait s’approcher l’éternité.
B.
Et voici quelques lignes du P. Bruno CHENU... dont l'actualité, en ces temps incertains,ne nous échappera pas :
"Le chemin d'Emmaüs est tout simplement le chemin du monde et de chacune de nos vies. Heureux encore, si nous ne sommes pas seuls dans notre marche, et si nous pouvons échanger avec un compagnon de route. La solitude peut être une épreuve trop lourde à porter. La parole échangée nous allège et rend la route plus familière. Nous nous comptons par deux, alors qu’il faut nous dénombrer trois… Car Tu n’es jamais absent de nos rencontres; Tu habites chacun de nos dialogues pour les ouvrir à la réalité. Tu es la Parole à l’origine de toute parole.
Oh! viens, Seigneur Jésus, t’introduire dans nos face-à-face, viens nous obliger à discerner l’événement, à creuser le sens de ce qui arrive. À donner de l’élan à nos vies. Nous croyons avoir tout compris. Il nous manque la clef de ta venue et de ton accompagnement pour remettre de l’ordre dans nos mémoires, interpréter l’histoire passée et présente, et laisser la Parole brûler nos vies.
Au creux de notre nuit, la nouvelle de ta résurrection n’en finit pas de nous éblouir: Tu es vivant et toute vie trouve en toi sa source et son accomplissement, son sens et sa fécondité."
Lundi 27 avril 2020 - 3ème semaine de Pâques.
Le récit du Livre des Actes des Apôtres à propos d'Etienne et les versets du psaume 118 qui prolongent ce récit évoquent l'hostilité que rencontrent les témoins du Christ, semblable à celle que rencontraient les prophètes lorsqu'ils rappelaient aux rois et au Peuple les exigences de l'Alliance offerte par Dieu. C'est la même hostilité que rencontrent tous ceux qui luttent contre les égoïsmes individuels ou collectifs et appellent à des "conversions" (économiques ou écologiques, par exemple). Comme à l'encontre d'Etienne, les faux témoignages, les accusations mensongères ne manquent pas. Cela a cours, hélas, jusque dans l'Eglise... il suffit de penser aux accusations portées par certains contre le Pape François.
L’Évangile de Jean introduit, après le récit de la "multiplication des pains", quelques versets un peu étranges où plusieurs barques semblent danser un curieux ballet sur le lac de Tibériade... Remarquons que si " les disciples" et " les gens" sont dans les barques, Jésus, lui " n'y est pas monté et les disciples ont partis sans lui". Ne serait-ce pas, d'une certaine façon, le reflet de la condition de l' Eglise et de la condition du monde ?
A l'Eucharistie, les communautés chrétiennes expérimentent le don surabondant que le Christ fait de sa vie " pour la multitude"... Mais ces communautés ne sont que des poussières d'étoiles dans les déserts du monde et " Pour une petite Eglise qui lutte dans la nuit d'un monde hostile et qui se sent privée de la présence du Christ, la marche du Christ sur la mer et cette traversée de la mer symbolisent l'expérience du Christ dans l'Eucharistie... Expérience de Jésus ressuscité, venant au sein d'un petit groupe de croyants à la peine dans la nuit de l'âge présent...Une fois encore, cette petite communauté calme ses peurs et trouve courage simplement en annonçant sa présence" ( John P. MEIER. Un certain Juif, Jésus Tome 2 ).
En ces temps où nous sommes privés de rassemblements Eucharistiques, cette "errance" sur la mer de Galilée, après le "signe des pains", rapportée dans l’Évangile de Jean peut éclairer notre actualité et creuser en nous la faim de nous retrouver bientôt pour "rompre le pain"
Mardi 28 avril 2020 - 3ème semaine de Pâques.
Dans le livre des Actes des Apôtres : le récit du martyre d'Etienne.... Et, ce 28 avril, l'Eglise fait mémoire de Pierre Chanel " Premier martyr de l'Océanie" ( 1803-1841) . Ainsi, tout au long de l'histoire, des femmes et des hommes ont risqué leur vie à cause de leur attachement au Christ. Bien souvent, leur mise à mort a été voulue par ceux qui ont senti que leur pouvoir était contesté et menacé par l’Évangile. St Paul - qui fut d'abord parmi les accusateurs d'Etienne- écrira aux Galates : " Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus." Annoncer vraiment l’Évangile est subversif et dérange le "désordre établi" où règnent les idées de supériorité de "race" ou de "classe", du masculin sur le féminin etc...
Les grands prêtres de l'époque d'Etienne et le roi de l'île de Futuna au temps de Pierre Chanel ont bien compris que leur domination était menacée par l'annonce de l’Évangile.
L'Eglise fête aussi aujourd'hui Louis Marie Grignon de Montfort, mort en 1716. Parmi toutes les richesses spirituelles qu'il a apportées, peut-être pouvons nous retenir celle-ci : " « Ô Marie, je Vous demande la Grâce de dire tous les jours trois fois « Ainsi soit-il ». Ce qui rejoint l'exhortation que le Pape François proposait hier : Passer du "Si seulement" au "OUI".
C'est bien l'attitude fondamentale de Jésus lui-même qui consent à la croix pour se faire "nourriture de vie pour le monde" comme le dit l’Évangile de ce jour : " Je suis le pain de la vie".
Mercredi 29 avril 2020 - 3ème semaine de Pâques. Fête de Catherine de Sienne.
Catherine de Sienne, Tertiaire Dominicaine, a vécu au 14ème siècle en des temps difficiles pour le monde et pour l'Eglise.... Guerre de cent ans, épidémies de peste, épisodes de famine, surtout chez les pauvres !... Divisions dans l'Eglise : 2 et même 3 papes rivaux !
Catherine de Sienne conjugue une vie de prière intense avec une non moins intense activité apostolique, politique et diplomatique. "Elle entra avec un regard sûr et des paroles de feu dans le vif des problèmes sociaux et politiques qui ont déchiré l'Europe de son époque." (Jean Paul II 1999). Elle se consacre aussi au service des malades
Mystique : " Eternelle Trinité ! ..Tu as été saisie d'amour pour la beauté de ta créature..Tu es le feu qui brûle toujours et ne s'éteint jamais, tu consumes par ton ardeur tour amour égoïste de l'âme, tu éclaires les esprits de ta lumière et c'est dans la foi, ce miroir de ta lumière, que je te connais...Tu es l'aliment des anges qui , dans l'ardeur de ton amour s'est donné aux hommes."
Lettre audacieuse au Pape Urbain VI : " Un Père qui gouverne une grande famille ne peut voir plus qu'un homme. Il en est ainsi pour vous, très saint Père. Votre autorité s'étend à tout mais votre vue est bornée comme celle de l'homme et c'est une nécessité que vos enfants voient et fassent, dans la sincérité de leur cœur et sans aucune crainte servile tout ce qui est utile à l'honneur de Dieu et au salut des brebis qui sont sous votre houlette. Je sais que votre Sainteté désire avoir des auxiliaires qui puissent lui servir , mais il faut, pour cela, les écouter avec patience. "
Bel exemple de ce qu'est un amour authentique de l'Eglise !
Catherine de Sienne a été désignée Docteur de l'Eglise et co-patronne de l'Europe
Jeudi 30 avril 2020. 3ème semaine de Pâques.
En poursuivant la lecture continue du Livre des Actes des Apôtres, nous (re)découvrons la rencontre entre Philippe et le fonctionnaire éthiopien... une rencontre qui a la saveur d'Emmaüs : en chemin, un disciple du Seigneur rejoint un homme et lui ouvre le cœur et l'esprit à la compréhension de l'Ecriture.
Selon moi, ce récit illustre le double mouvement - double et complémentaire - de toute chemin de foi : "comprendre" la Parole de Dieu à la lumière de notre vie présente, et éclairer les événements que nous sommes en train de vivre à la lumière de la Parole de Dieu.
Il y a, par exemple des passages de Psaumes qu sont d'une actualité bouleversante en ces temps d'angoisse... par exemple : Psaume 40 "Heureux qui pense au pauvre et au faible : le Seigneur le sauve au jour du malheur ! Le Seigneur le soutient sur son lit de souffrance : si malade qu'il soit, tu le relèves" ...mais aussi psaume 9, 37 ... etc...
Les disciples d'Emmaüs "comprennent" le sens des Écritures à la lumière de l’événement " Jésus de Nazareth" et le Ressuscité leur montre comment "les Ecritures" sont une clef pour comprendre ce qu'ils sont en train de vivre.
Le fonctionnaire Éthiopien était venu "en pèlerinage à Jérusalem ". Il comprend ce qu'il était en train de lire (sans le comprendre) grâce à sa rencontre avec Philippe qui lui raconte l’événement " Jésus de Nazareth"... et le passage d'Isaïe qu'il était en train de lire fait aboutir sa démarche de pèlerin jusqu'à lui permettre d'identifier le Dieu qu'il était venu adorer avec ce Jésus que Philippe lui révèle.
Ces deux démarches - celle d'Emmaüs et celle du fonctionnaire Éthiopien - illustrent ce que St Bernard appelle " la conversion du désir".
Espérance humaine légitime - et pourtant déçue - des disciples d'Emmaüs convertie en reconnaissance de la victoire de l'Amour infini de Dieu révélée à travers la Résurrection du crucifié
Désir d'Adoration de Dieu inscrit au cœur de l’Éthiopien converti en accueil du visage de Dieu révélé en Jésus " Agneau humilié".
De la même façon, le "discours sur le Pain de Vie" au chapitre 6 de l’Évangile de Jean vient interroger et bousculer nos attentes : De quoi avons-nous vraiment "faim" ? qu'est-ce qui peut vraiment nous " nourrir"... Quels désirs allons-nous laisser "convertir" en nous par la Parole de Dieu et la communion avec le Christ ressuscité ?
Samedi 2 mai
Avec les récits du Livre des Actes des Apôtres, nous sommes invités, en quelque sorte, à entrer dans l'intimité des premières communautés chrétiennes... Avec Pierre, entrons donc dans les maisons d'Enéas et de Tabitha... Chez eux, le malheur a frappé : paralysie, maladie et mort. La venue de Pierre relève, guérit et rend à la vie.
A la suite de Jésus, fort de sa foi en la résurrection du Christ, Pierre accomplit à son tour les œuvres du Christ et ce sont des œuvres de guérison et de vie.
Mais ne nous contentons pas du "gros plan" sur les "miracles"... prenons un peu de recul pour contempler tout le panorama que nous offre le récit...
Il nous est dit que "l' Eglise se construit et marche"... que Pierre " parcourt tout le pays"... Quelle belle dynamique ! Comme on est loin des rites figés et des dogmes intangibles... C'est une Eglise " de sortie", "en visite".
Car tout se passe dans les maisons... Et cette remarque toute simple peut éclairer, peut-être, notre confinement actuel. Avec un brin d'humour, l'injonction de Pierre à Enéas guéri " Fais ton lit toi-même" peut trouver un écho dans certaines demandes récurrentes de parents : " Range ta chambre, fais ton lit !"
Et Tabitha ! nous apprenons même son "petit nom" : la Gazelle. Et on montre à Pierre les beaux ouvrages, tuniques et manteaux réalisés par l'habile couturière... Exactement comme, en préparant les funérailles d'un proche, les familles aiment à rappeler ses talents de jardinier, de cuisinière, de peintre amateur ou de musicien(ne)...
Ainsi vit et se construit une communauté... chacune, chacun est connu par son nom et reconnu. Dans l'épreuve, chacun se presse pour accompagner, réconforter, soutenir...
L’Évangile de ce jour nous dira que beaucoup ont trouvé " trop fort" le langage de Jésus et se sont détournés de Lui. Mais Pierre a reconnu dans ce langage LA parole de Vie.
Alors, oui ! " Trop Fort " Jésus ! Mais c'est avec lui que nous voulons " marcher et nous construire" car, pour nous, c'est lui qui détient le secret de la Vie plus forte que la mort
Dimanche 3 mai 2020. 4ème dimanche de Pâques.
Jésus " Bon Pasteur" - Journée de prière pour les vocations.
1 - Certaines représentations de Jésus "bon pasteur" ont pu donner de lui une image un peu mièvre... Mais c'est un dur métier que le métier de berger !... Il suppose attention constante à chacune des brebis, veilles de nuit, défense contre les prédateurs... " je donne ma vie pour mes brebis"
2 - Non content de se présenter comme le "berger", Jésus déclare qu'il est aussi la "porte". Passage ( Pâque) qui permet d'entrer et de sortir. Entrer : être accueilli, reconnu comme membre de la communauté... C'est ce qui est signifié aux futurs baptisés lors de " l'entrée en catéchuménat" : Désormais tu fais partie de la famille, tu es ici chez toi ! Mais, c'est entrer pour mieux sortir : l' Eglise du Christ est une Eglise de "plein air"... pas une église confinée... si j'ose dire dans les circonstances actuelles !
3 - Puisque "journée des vocations" il y a, c'est pour nous rappeler qu'il n'y a au fond qu'une seule vocation, pour tous : la vocation à la "Sainteté" ! ... Bon , d'accord , " Sainteté" , c'est un gros mot ! disons alors vocation au Bonheur ( celui des béatitudes, bien sûr !) , vocation à réaliser pleinement sa vie de femme, d'homme... vocation à la Joie... (" le contraire d 'un peuple chrétien, c'est un peuple triste" disait Bernanos). Et donc, les " vocations particulières" : vie religieuse, diaconat, prêtrise, ... et toutes formes de service " pastoral" sont "ordonnées" ( comme le souligne le terme d'ordination) à la promotion de cette sainteté universelle qui est finalement une "humanisation" selon le désir initial de Dieu révélé par la Genèse " Faisons l'homme".
4 - Tout cela se concrétise par ce que suggère l'expression toute simple : " prendre soin"... Dans la parabole du Bon Samaritain cette expression revient par deux fois... " Il prit soin de lui" et, en le confiant à l'hôtelier, il lui dit " Prends soin de lui" . Jésus ressuscité ne dira pas autre chose à Pierre : " Si tu m'aimes, alors prends soin de mes brebis"... Pas difficile de regarder autour de nous pour voir ceux qui "prennent soin des autres !..mais attention ! prendre soin, pas "en gros" mais à la manière de Jésus Bon Pasteur qui "connaît chacun par son nom "
5 - Christoph Theoblad est un théologien contemporain qui écrit ceci dans un ouvrage paru en 2015 ( "Selon l'Esprit de Sainteté" ) : " Jésus crée autour de lui un espace de liberté , en communiquant pas sa simple présence une proximité bienfaisante à ceux et à celles qui viennent à sa rencontre. Cet espace de vie leur permet de découvrir leur propre identité et d'y accéder à partir de ce qui les habite déjà en profondeur et s’exprime subitement dans un acte de foi... " Et Christoph Théobald qualifie cette sainteté qui est d'abord la sainteté du Christ en terme d'hospitalité : accueillir l'autre ( et l'Autre)... se laisser accueillir par lui, ( par Lui), c'est bien l'essence même de cette fonction de "Pasteur" que le Seigneur nous invite à partager humblement avec Lui.
Lundi 4 mai 4ème semaine de Pâques. Lectures de la messe de ce jour :
"Ainsi donc, même aux nations, Dieu a donné la conversion qui fait entrer dans la vie !" (Actes des Apôtres 11, 18)
"J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos." (Jean 10,16).
Première querelle dans l'Eglise naissante rapportée aussi dans la lettre de Paul aux Galates (Galates 2,11-14) et qui trouve son dénouement au chapitre 15 du livre des Actes des Apôtres. L'adhésion au Christ implique de consentir à des changements très concrets dans les manières de vivre. En l'occurrence : partager la même table que l'on soit juif ou d'une autre origine.
Cette "hospitalité universelle" ou, pour parler encore comme Christoph Theobald cité hier, cette "sainteté hospitalière... espace relationnel ouvert au tout-venant" caractérise toute communauté qui se veut vraiment fidèle à l’Évangile.
C'est bien là le sens du mot "catholique" trop souvent entendu à contre sens comme définissant une confession chrétienne par rapport aux autres.
" Une, sainte, catholique et apostolique" ... : En marche vers la sainteté, l'Eglise du Christ ne peut se construire dans l 'unité voulue par son Seigneur qu'en s'ouvrant à l'universel (catholique) , c'est à dire en accueillant sans condition, à la manière des Apôtres, sans se préoccuper de quel "enclos" sont originaires les "brebis". Il s'agit bien là d'une dynamique, pas d'un acquis... nous sommes "Eglise en marche" !
Illustration de ce qui précède : Sur les conseils du curé de Torvaianica, petite ville située sur la côte tyrrhénienne à une quarantaine de kilomètres de Rome, des prostituées transsexuelles vouées à une grande misère en raison du confinement, ont écrit des lettres au pape François. Et ce dernier y a répondu en leur apportant un soutien spirituel et financier. ( Aleteia de ce jour)
Mardi 5 mai 2020
D'abord, Il y a cette remarque émouvante, à la fin de notre première lecture : " C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens »". Ce nom de "chrétiens", ils l'ont reçu...Ils ne se le sont pas donné à eux-mêmes. Lorsqu'Eusèbe de Césarée raconte la persécution de 177 à Lyon, il écrit : "Sanctus ne dit à ses persécuteurs ni son propre nom, ni celui de son pays, ni celui de la cité d'où il était, ni s'il était esclave ou libre mais, à tout ce qu'on lui demandait, il répondait : " Je suis chrétien". Comment mieux dire que notre adhésion au Christ dépasse et abolit les distinctions de nationalités, et de statut social ?
D'ailleurs, le même récit du livre des Actes des Apôtres que nous lisons aujourd'hui révèle très explicitement que ce sont des anonymes qui ont apporté la foi chrétienne à Antioche : " Il y en avait qui ...". A son arrivée Barnabé, l'envoyé des Apôtres, ne peut que constater, pour s'en réjouir, le travail de l'Esprit Saint qui l'a précédé... Précieuse indication pour tout catéchiste, missionnaire, curé nouvellement nommé dans une paroisse etc..etc...
Et , au cas où cela ne serait pas parfaitement clair, le récit continue en déclarant que Barnabé et Saul (Paul) " participèrent" aux assemblées de l'Eglise. Certes ils apportaient leur pierre en "instruisant" mais ne dirigeaient pas, ne présidaient pas ! ...
Quant à l'Evangile, je trouve regrettable que la lecture s'interrompe au verset 30. Voici donc le verset 31 : "De nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus." Le "crime" de Jésus est d'avoir osé déplacé le sacré, en quelque sorte. Oser dire " Le Père et moi , nous sommes un", c'est affirmer que le Dieu "confiné dans le Temple" ( L'évangéliste a pris soin de situer l'épisode le jour de la fête de la dédicace !) est de sortie... Il chemine sur nos routes, fraye avec les pécheurs, les étrangers, les lépreux, enfreint sa propre loi du Sabbat lorsque le bien d'un être humain l'exige etc... Pas étonnant, alors, que ce chapitre 10 de l’Évangile de Jean se conclut en disant " Et là, beaucoup crurent en lui. " Ce "beaucoup" étant composé, comme nous le savons bien, de ce Peuple méprisé par les dirigeants mais qui est le "Peuple de Dieu" .
Mercredi 6 mai. 4ème semaine de Pâques.
L'Evangile d'aujourd'hui peut paraître un peu difficile d'accès, surtout lu en dehors de son contexte.
Il propose une réflexion théologique ou plutôt christologique à propos de la personne et de la mission de Jésus et vient en conclusion du chapitre 12 de l'Evangile de Jean.
Rappel du contexte : Le chapitre 11 relate la "résurrection" de Lazare et se conclut par la décision des autorités de faire mourir Jésus.
Le chapitre 12 s'est ouvert sur le geste de Marie versant le parfum sur les pieds de Jésus, geste qui amène Jésus à évoquer sa mort prochaine et sa mise au tombeau... Ensuite, c'est l'entrée solennelle à Jérusalem.
A partir de là l'Evangile de Jean offre une réflexion, une méditation sur le drame qui s'annonce : la condamnation et la mise à mort de Jésus.
Les versets que nous lisons aujourd'hui sont construits sur des oppositions, comme une mise en scène grandiose du combat ultime entre ténèbres et lumière, refus de croire et foi, Jugement et Salut et, finalement, mort et Vie.
En tout cela, cette page d'Evangile proclame qu'il n'y va pas seulement de l'adhésion à la personne de Jésus, mais que ce qui est en jeu c'est l'accueil ou le refus de Dieu lui-même : Jésus "n'est que" l'Envoyé du Père. Et nous savons bien que ce combat Lumière/ ténèbres, culpabilité/Salut, incroyance/foi, trahison/fidélité, mort/vie se joue aussi à l'intérieur de nous-mêmes.
Le 13ème chapitre de l'Evangile de Jean, c'est le lavement des pieds. Car là est le secret de la Foi selon le Christ : consentir à l'Amour sans limite et inconditionnel de Dieu pour le monde, pour l'humanité, pour chacun de nous.
"Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout." Jean 13,1
Jeudi 7 mai 2020. 4ème semaine de Pâques.
Le discours de Paul à Antioche de Pisidie est une relecture de l'histoire d'Israël en vue d'amener ses auditeurs à l'accueil de la Bonne Nouvelle : Jésus est le Christ.
La situation présente, marquée par l'irruption de ce virus amène également à des relectures de l'Histoire. Plusieurs articles de journaux et de revues ont rappelé... les épisodes de peste, la grippe espagnole... et d'autres événements bien souvent oubliés ou passés sous silence.
Relire l'histoire... 2 mois de confinement, c'est long ! Que dire de cinq années de captivité et donc de séparation comme l'ont vécu mes parents lors de la deuxième guerre mondiale ! Et , je le précise au cas ou des moins de 20 ans tomberaient sur ces lignes : Internet n'existait pas. seule une très aléatoire distribution de courrier permettait de garder le lien !
Relire l'histoire pour éclairer le présent : Dans son discours, Paul rappelle les victoires, mais aussi les souffrances du Peuple : la longue traversée du désert, le rejet du premier roi, Saül.
Mais à travers tout cela, c'est la fidélité de Dieu qui transparaît : Dieu tient sa promesse... même si c'est rarement de la façon qu'on aurait imaginée.
Ces temps-ci beaucoup d'interventions évoquent " le monde d'après" qui ne sera plus comme avant ! A la lumière de notre foi au Christ ressuscité, nous pouvons en repérer des germes. " Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides." Isaïe 43,19
Ces germes s’appellent, par exemple : nouvelles solidarités, sobriété, etc...
L’Évangile d'aujourd'hui rappelle le geste de Jésus lavant les pieds de ses disciples pour mettre en valeur les rôles de "serviteur" et "d'envoyé" qui nous sont confiés par le Seigneur... Puisque nous croyons au Christ qui a traversé la mort, nous pouvons donc, humblement, contribuer à affermir les cœurs en tournant le dos aux prophètes de malheur , comme le disait le Pape Jean XXIII et en rendant grâces pour ce qui germe.
"Il arrive souvent que dans l’exercice quotidien de Notre ministère apostolique Nos oreilles soient offensées en apprenant ce que disent certains qui, bien qu’enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés ; ils se conduisent comme si l’histoire, qui est maîtresse de vie, n’avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d’autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de l’Église. Il Nous semble nécessaire de dire Notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin. Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l’Église, même les événements contraires." Jean XXIII discours d'ouverture du Concile Vatican II
Vendredi 8 mai 2020
Puisque ce 8 mai, cette année, marque le 75ème anniversaire de la défaite du nazisme, je vous propose d'accueillir le témoignage d'une des dernières victimes de cette barbarie : le pasteur Dietrich Bonhoeffer pendu sur l'ordre d'Hitler au camp de Flossenbürg le 9 avril 1945.
Dans la situation que nous traversons et qui est évidemment incomparable au regard ce qui se passait il y a 75 ans, ces paroles de Bonhoeffer restent cependant très actuelles : elles invitent encore à refuser les accusations et les condamnations pour ne vouloir que susciter l'espérance et la bienveillance : être "bénédiction" pour nos proches, pour notre Eglise, pour notre humanité.
Dieu ne rend pas le mal pour le mal, ni le même pour le même. Le juste ne doit pas non plus le faire. Non pas condamner, non pas réprimander, mais bénir. Le monde n'aurait rien à espérer s'il n'en allait pas ainsi. Si le monde vit, s'il a un avenir, c'est par la bénédiction de Dieu et des justes. Bénir signifie : poser la main sur quelque chose et dire : tu appartiens à Dieu en dépit de tout ! C'est bien ce que nous faisons avec un monde qui, pourtant, nous inflige une telle souffrance. Nous ne l'abandonnons pas, nous ne le rejetons pas, nous ne le méprisons ni ne le condamnons, nous l'appelons à se tourner vers Dieu, nous lui offrons l'espérance, nous posons la main sur lui en lui disant : que la bénédiction de Dieu vienne sur toi, qu'elle te renouvelle; sois béni, toi monde créé par Dieu, toi qui appartiens à Ton Créateur et Sauveur. Nous avons reçu la bénédiction de Dieu dans le bonheur et dans le malheur. Alors, celui qui a été lui-même béni ne peut plus faire autrement que communiquer cette bénédiction; il doit être une bénédiction là où il est.
(Dietrich Bonhoeffer, 8.6.1944)
Samedi 9 mai 2020 - 4ème semaine de Pâques
Une amie m'a gentiment fait remarquer hier que citer le pasteur Bonhoeffer à l'occasion du 8 mai était une excellente chose mais qu' Edith Stein et Etty Hillesum, pour ne citer qu'elles, avaient également été engagées dans la lutte contre le nazisme et en avaient aussi été victimes. Lors du Jubilé de l'an 2000 nous avions aussi redécouvert l'engagement dans la Résistance et le soutien apporté aux Juifs d'Elise Rivet, religieuse de la Compassion qui vivait à Lyon dans le quartier St Just. Elle est également morte en déportation le 30 mars 1945 au camp de Ravensbrück.
L'héroïsme, celui d'un jour ou celui de tous les jours, n'est certes pas réservé aux hommes ! L' épreuve actuelle en apporte quotidiennement la preuve.
Mais l'évocation d'Edith Stein et d'Etty Hillesum peut nous inviter aussi à revisiter l'histoire de notre relation de chrétiens avec le Judaïsme. Comme nombre d'entre nous, je pense, je n'ai eu que fort peu d'occasions d'échanger en profondeur avec les personnes de confession Juive. Cela ne doit pas nous empêcher de reconnaître qu'aux racines de notre foi chrétienne, à sa source, il y a l'Alliance avec le Peuple de la Bible.
Les Psaumes que nous prions à chaque Eucharistie - et qui ont porté la prière de Jésus - témoignent de ce lien quasiment charnel qui nous unit au Peuple Juif.
Des siècles d'incompréhension et d'hostilité ont creusé un abîme entre Juifs et Chrétiens. Il a fallu attendre la déclaration du Concile Vatican II " Nostra Aetate" pour entendre la plus haute autorité de l'Eglise déclarer : "Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel." Edith Stein ne souhaitait pas autre chose en rappelant son attachement à ses racines juives : « Je désire simplement raconter ce que j’ai vécu en tant que juive« . Face à « la jeunesse qui aujourd’hui est éduquée depuis l’âge le plus tendre à haïr les juifs […] nous, qui avons été éduqués dans la communauté juive, nous avons le devoir de rendre témoignage ».
Mois de Mai.. mois de Marie... mois qui nous rapproche de cette jeune fille juive de Nazareth sans qui nous n'aurions pas pu accueillir " Un certain juif Jésus." notre frère tant aimé, Dieu en personne dans notre chair : le Christ.
Dimanche 10 Mai
Le chapitre 14 de l'Evangile de Jean présente trois questions, trois demandes adressées à Jésus par trois apôtres différents. Deux d'entre elles font partie du passage que nous lisons aujourd'hui, la troisième se trouve au verset 22.
Thomas demande à Jésus « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Philippe demande à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jude demande à Jésus : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »
Avant d'accueillir les réponses de Jésus, nous pouvons essayer d'actualiser, de nous approprier ces demandes :
Quelle route dois-je / devons-nous suivre ? ... sur quel chemin m'engager/nous engager ?... Où va notre monde / notre pays / notre Eglise / notre ... ?
Quel est le "vrai" visage de Dieu ? ou ( version "laïque") : montrez nous vers quoi nous tourner, en quoi, en qui croire ?
Comment discerner les signes des temps ? Quel doit être mon/ notre rapport au monde ? Quelle est ma / notre "mission", ma / notre place, mon / notre rôle ?
Réponses de Jésus :
"Moi, je suis le Chemin."
"Celui qui m’a vu a vu le Père."
"L'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout."
Si, comme le disait Antoine Chevrier " nous voulons suivre Jésus de près" alors nous savons bien :
Que le chemin du Christ est le don de soi, le service, l'amour sans condition, le pardon des offenses...
Que Dieu ( ou ce qui peut donner sens à notre existence) n'a pas d'autre visage que celui de Jésus toujours incarné dans... l'affamé, le malade, le prisonnier, l'étranger...
Que si nous ne voulons pas nous "planter lamentablement" en restant " auto-centrés sur nous-mêmes, nous avons besoin de l'Esprit Saint... et de l'éclairage des autres pour trouver notre juste place...
Il ne nous aura pas échappé que cette réflexion très théologique de l’Évangile de Jean est merveilleusement Trinitaire :
Le Fils nous conduit au Père par le don de l'Esprit... Notre chemin vers Dieu est celui emprunté par Jésus sous la conduite de l'Esprit Saint
Lundi 11 mai 2020 5ème semaine de Pâques
Au livre des Actes des Apôtres : En voyant ce que Paul venait de faire,les foules s’écrièrent : « Les dieux se sont faits pareils aux hommes, et ils sont descendus chez nous ! » Informés de cela, les Apôtres Barnabé et Paul déchirèrent leurs vêtements et se précipitèrent dans la foule en criant : « Pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi, nous sommes des hommes pareils à vous, et nous annonçons la Bonne Nouvelle... Tournez-vous vers le Dieu vivant. "
Dans l'Evangile de Jean : Jésus dit : " La parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé."
Et lorsque les foules éblouies par ses miracles veulent le faire roi, il se dérobe
Ainsi donc les apôtres et Jésus lui-même prennent grand soin de ne pas focaliser sur eux l'attention. Ils orientent les regards, l'écoute, la prière et l'action de grâces vers le "Dieu Vivant"... vers "le Père".
Inutile de citer encore les noms... Mais, tout récemment encore, nous avons pu constater comme il est facile de se laisser prendre aux pièges de la célébrité, de l'admiration qu'on suscite et de les mettre à profit pour séduire, manipuler, abuser...
Bien évidemment ces attitudes ne sont pas l'apanage des communautés chrétiennes... Tout pouvoir porte en lui la tentation de perdre de vue qu'il est fait pour servir et non pour dominer... Mais, dans l'Eglise du Christ - il suffit d'écouter les textes de ce jour - nous sommes avertis dès les commencements qu'" à Dieu seul appartiennent le règne, la puissance et la gloire."
B.
Mardi 12 mai 2020 5ème semaine de Pâques
Avec ce chapitre 14, nous voici au milieu du Livre des Actes des Apôtres avec l’affirmation qui résume tout l'enjeu de la première prédication de l'Evangile : "Dieu a ouvert aux nations la porte de la foi." Le chapitre suivant raconte comment cela s'est concrétisé, non sans douleur, par le consentement des Apôtres à ne pas imposer aux non-juifs toutes les pratiques de la loi de Moïse.
Malgré cela, l'histoire de l'Eglise continuera à être traversée de crises dues, bien souvent, à la volonté d'imposer à tous les choix, les manières de vivre, de penser et de croire de quelques uns.
St Irénée interviendra, à la fin du 2ème siècle pour rappeler au Pape de l'époque que " la diversités des pratiques ne fait que confirmer l'unité de la foi"
Dans l’Évangile, Jésus déclare à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne." Nous comprenons bien que cette Paix, qui est le don du Christ, ne peut pas être réduite à un compromis minimum qui consisterait à "ficher la paix" à ceux qui qui sont différents de nous. La Paix dont parle le Christ se construit avec Lui et sous la conduite de l'Esprit Saint par l'accueil chaleureux et fraternel des autres, comme l'ont vécu les premières communautés chrétiennes.
Mercredi 13 mai 2020. 5ème semaine de Pâques.
Toute la première partie du chapitre 15 de l’Évangile de Jean est consacrée à l'image de la VIGNE. "Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. "
Cette image vient s'ajouter à d'autres qui offrent le même message : Pierres vivantes du Temple de Dieu, Membres du Corps du Christ, Brebis d'un même troupeau guidé par son Pasteur. ( Oui, je sais, certains font un peu la moue devant cette dernière comparaison, mais dans la civilisation de la Palestine du 1er siècle, elle a toute sa force !).
Nous comprenons que nous sommes appelés à faire communauté, solidaires les uns des autres, chacun étant reconnu, indispensable à la cohérence de l'ensemble : cf St Paul aux Corinthiens : " le pied ne peut pas dire à la main, je n'ai pas besoin de toi etc... "
Et, justement, à propos de pied, faisons un un pas de plus avec ces petites devinettes :
Quel est le cep, le pied de vigne qui fournit la sève à l'ensemble ? La pierre angulaire qui fait tenir l'édifice debout ? La tête du Corps ? Le berger du troupeau ?
C'est le Christ, bien sûr !
En 2011, Joseph Doré qui avait été archevêque de Strasbourg jusqu'en 2006 et avait démissionné après avoir été malmené par certains prêtres et laïcs de son diocèse a publié un ouvrage dont la couverture porte cette question intime " Pourquoi je suis demeuré Chrétien et reste catholique ?".
C'est sans doute la bonne question à se poser lorsque notre communauté, (quelle qu'elle soit) , la hiérarchie de l'Eglise, notre paroisse ... ou notre curé nous... fatiguent et nous donneraient envie de quitter la bergerie, de scier le rameau qui rattache au cep, d'amputer le membre que nous jugeons malade, ou de rejeter la pierre que nous estimons mal taillée !
La réponse de Joseph Doré est le titre même de son livre : " A CAUSE DE JÉSUS ! ".
Nous pouvons la faire nôtre !
Jeudi 14 mai 2020. St MATTHIAS
Matthias " témoin de la Résurrection du Christ" est appelé à prendre place parmi les apôtres. A la fin du 4ème siècle, Jean Chrysostome fait remarquer avec insistance que Pierre " remet la décision à la foule"... " ce n'est pas Pierre qui a présenté Justus et Matthias mais tous les assistants". En cette même fin du 4ème siècle, Ambroise n'était encore que catéchumène quand il fut élu évêque de Milan "par acclamation du Peuple"... Et puis, au fil des siècles, cette pratique qui manifestait la confiance en l'action de l’Esprit Saint dans le Peuple de Dieu s'est... estompée ?!
Dans 15 jours nous fêterons la Pentecôte. Pour nous accompagner jusque là une personne de notre communauté paroissiale a suggéré que nous retrouvions les traces de l'Esprit Saint chez St Irénée ... Avec joie ! Voici donc le premier passage que je vous propose :
" Dès le commencement, en effet, le Verbe a annoncé que Dieu serait vu des hommes, qu'il vivrait et converserait avec eux sur la terre et qu'il se rendrait présent à l'ouvrage par lui modelé, pour le sauver et se laisser saisir par lui… afin que, enlacé a l'Esprit de Dieu, l'homme accède à la gloire du Père. " Contre les Hérésies, Livre IV, chapitre 20, paragraphe 4.
Magnifique non ? Dès la création du monde, le projet de Dieu est de "converser" avec l'humanité... de se laisser toucher, voir, "saisir" en la personne de Jésus et de nous laisser "enlacer" ... embrasser... étreindre par l'Esprit Saint pour nous mener au Père
Savourons donc aujourd’hui ces verbes... ce Verbe !