Le cimetière de Rochefort en Yvelines
La stèle du capitaine Pierre LEFRANC
Dans le cimetière vieux de Rochefort, celui qui jouxte la nef de l’église, une tombe attire l’attention : La stèle est une pyramide de deux mètres de haut, la pierre tombale, brisée, est ornée de deux épaulettes et de deux épées entrecroisées..
Les gravures des quatre faces du monument étaient effacées en grande partie. Elles fixent dans la pierre la carrière militaire et civile de Pierre Lefranc, habitant de la rue Guy le Rouge au N° 46. Son frère, boucher, était installé plus haut dans la même rue. Engagé à 16 ans dans les armées de la Révolution, sous tous les horizons il servit avec courage et, sans doute, admiration l’Empereur Napoléon avant de revenir dans son petit village pour y recevoir la Légion d’Honneur le 21 mars 1815.
Face Est
ici repose Pierre Lefranc
né à Rochefort , département de Seine et Oise, le 8 juillet 1776
décédé le 3 avril 1834
érigé par sa veuve et ses enfants.
Face Nord
a fait les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée du Rhin
An 2, 3 et 4 à celle du Nord
An 5 et 6 sur la corvette La Mignonne
7 et 8 en Corse
9 en Italie
10, 11 et 12 à l’île de St Domingue
14 à l’Armée du Nord
1806 au camp de Napoléonville*
Ans 07, 08, 09, 10, 11, 12, 13 aux armées de la Gironde, d’Espagne et d’Allemagne
13 et 14 à l’armée du Rhin et au blocus de Wessel
Face Ouest
blessé de coups de feu à l’épaule droite le 8 septembre 1813
blessé d’un coup de feu au bas-ventre à Hanau le 30 octobre 1813
comme soldat il combattait vaillamment pour sa patrie
comme citoyen il fut honoré adjoint de sa commune
fut un modèle de vertu si élevé qu’il était l’élite de ses concitoyens, le protecteur de l’humanité et le soutient des droits de l’égalité
Face Sud
volontaire au 8ème bataillon de Seine et Oise le 13 septembre 1792
Caporal le 1er nivose An 3
Caporal à la 86ème brigade An 3
Sergent le 26 fructidor An 9
Adjudant Sous Officier le 11 mai 1809
Sous lieutenant le 2 mars 1811
Lieutenant au 10ème Régiment de Ligne le 9 août 1813
Capitaine le 8 novembre 1813
Incorporé au 123ème de Ligne le 11 décembre 1813
Idem passe au 17ème de Ligne le 7 juillet 1814
Nommé chevalier de la légion par S.A.R. le Duc D’Orléans le 21 mars 1815
*Pontivy porta sous l’Empire le nom de Napoléonville. La position de la ville, au milieu des paroisses insurgées de la Bretagne, et la nécessité de contrôler toute la côte conduisit les consuls à y concentrer des forces importantes. Ils prirent des arrêtés pour la construction de casernes et la canalisation du Blavet jusqu’à la mer. Bonaparte, de Milan en 1805, étendit les projets qu’il avait conçus pour Pontivy alors qu’il n’était que l’un des consuls. Il décréta la création d’une nouvelle ville au sud et le changement de nom en Napoléonville.
Dans ce cimetière reposent :
L’historien de l’Art américain Richard G. CARROTT (1924-1990), spécialisé dans l’architecture américaine et européenne des dix-huitième et dix-neuvième siècles, auteur de nombreux ouvrages et enseignant à l’université de Californie. Il possédait une demeure à Rochefort.
le pionnier de la télévision Claude DARGET (Christian Savarit : 1910-1992) :
journaliste de radio, entré à la télévision dès ses débuts, il présenta le journal de 20H00 de 1954 à 1968, mais aussi de nombreux grands reportages, avant d’animer pendant vingt-cinq ans « La vie des animaux » de Frédéric Rossif. Il fut licencié de l’ORTF à la suite des grèves de mai 1968. Sur sa dalle très simple figure également le nom Mérian, nous rappelant ainsi qu’il était le père de Danielle Savarit-Mérian, avocate, militante des Droits de l’homme, qui acquit une notoriété nationale lors d’une interview dans la rue par BFM TV après les attentats du 13 novembre 2015 où, tenant des propos en faveur de la fraternité, elle se référa au livre d’Ernest Hemingway, Paris est une fête.
L’écrivain, dramaturge, critique de cinéma, réalisateur et scénariste Remo
FORLANI (1927-2009). Il fut critique de cinéma sur RTL Télévision dans les années 1980, puis sur la radio du même groupe, notamment dans l’émission RTL Cinéma. Il fut inhumé dans cette commune où résidaient sa grand-mère maternelle et sa tante. Son identité est discrète dans la sépulture Boulen.
Très loin des Etats-Unis où il fit fortune, mais près de la Cense, la propriété qu’il
possédait à Rochefort (devenu désormais un haras) repose un personnage étonnant : le designer industriel français naturalisé américain Raymond LOEWY (1893-1986). Il fut l’un des concepteurs du rêve américain en créant une identité graphique dans des domaines très variés : bus, locomotive, fontaine à Coca-Cola, premiers réfrigérateurs et jukebox designs, Studebaker... Nous connaissons
tous l’œuvre de ce personnage : parmi ses multiples créations, et pour se limiter aux plus connues, figurent les design des marques Lu, Monoprix, Spar, New Man (qui peut se lire dans les deux sens), Shell, BP, Exxon, Javel Lacroix, Co-Op, où encore le célèbre paquet de cigarettes Lucky Strike ! Il repose sous une dalle modeste et finalement assez difficile à trouver (son identité, quasi illisible, est indiquée sur le devant de sa pierre tombale).
Signalons encore le tombeau de la mère de Georges Clémenceau (Emma Gautreau), de sa sœur et de la descendance de cette dernière.