Lexique

ABHIDHARMA : partie de la scolastique bouddhique étudiant notamment les structures de l’univers et de l’individu.

ACTES NÉGATIFS : les actes sont dits «négatifs» lorsque l’effet en retour, en raison de la loi du karma, se traduit par une souffrance pour l’auteur de l’acte, le plus souvent dans une vie à venir. Les actes négatifs impriment en effet dans le potentiel de conscience des virtualités qui mûriront lentement jusqu’à produire un type d’existence particulier ou bien certaines circonstances d’une existence en mode douloureux. Le processus est similaire à celui de la production des cauchemars qui sont l’expression de certaines données emmagasinées par notre inconscient à partir d’événements vécus. Le terme «acte» doit être ici pris dans un sens plus large que d ‘habitude, dans la mesure où il ne se limite pas à une action physique, mais s’applique aussi à nos paroles ou à nos pensées. Ainsi tuer ou voler seront des actes négatifs, mais aussi, par exemple, les paroles blessantes ou même l’agressivité nourrie en pensée.

ACTES POSITIFS : les actes sont dits «positifs» lorsqu’ils engendrent, selon la loi du karma, notre propre bonheur. Leur mode de fonctionnement et leur champ d’application sont les mêmes que ceux des actes négatifs. Ils englobent donc des activités physiques (sauver la vie, donner aux nécessiteux, offrir une fleur sur un autel), orales (les paroles réconfortantes, la récitation de mantras ou de prières ... ) et mentales (la bienveillance, le contentement...).

AGRÉGATS (cinq) : description du fonctionnement de l’individualité prisonnière de la dualité et de l’illusion. Ce sont: -l’agrégat des formes (les éléments physiques, plus particulièrement notre corps), -l’agrégat des sensations (agréable, désagréable ou neutre), -l’agrégat des perceptions (compréhension de la nature de ce qui produit la sensation agréable, désagréable ou neutre), -l’agrégat des volitions (les réactions par rapport aux objets perçus), -l’agrégat des consciences.

AINSITÉ (sct. tathata) : le fait d’être «ainsi». Dénote l’impossibilité de déterminer la réalité ultime par des concepts. Toutefois, le terme est utilisé dans un contexte où il véhicule implicitement l’idée que cette absence de détermination est dotée de toutes les qualités de l’éveil et n’est pas une simple vacuité (syn. quiddité).

APPARENCES ILLUSOIRES : toutes les apparences (c’est-à-dire tous les phénomènes, qu’ils soient visuels, sonores, etc.) ont une source unique: la clarté de l’esprit, autre-ment dit sa puissance dynamique. Lorsque cette clarté est entravée par la dualité et le karma, les apparences deviennent «illusoires», à savoir non reconnues pour ce qu’elles sont en réalité et supports de souffrance. Ainsi toutes les apparences du samsara, tout ce dont nous faisons maintenant l’expérience, sont des apparences illusoires.

APPARENCES PURES : l’expression de la dynamique de l’esprit non perturbée par les dysfonctionnements de la dualité et du karma Les apparences pures sont marquées du sceau de la béatitude.

ARBRE DE LA BODHI : arbre sous lequel le Bouddha Shakyamouni obtint l’éveil à Bodhgaya, du type «ficus religiosus», appelé communément «pippal» en Inde .

ARHAT ou ARAHAT : celui qui a mis fin à toute souffrance et qui est digne d'offrandes. L'un des dix noms du Bouddha.

ATTITUDES MONDAINES (huit) : encore nommées les huit dharmas mondains, ces attitudes consistent à attacher de l’importance aux valeurs caractéristiques du samsara que sont:

-bonheur et souffrance,

-gain et perte,

-louange et critique,

-célébrité et anonymat.

AUDITEURS (sct. shravaka) : catégorie de pratiquants du petit véhicule.

AVALOKITA ou AVALOKITESHVARA : le bodhisattva de la compassion dont la bienveillance se répand sur tous les êtres.

BARDO : utilisé sans autre précision, désigne l’intervalle qui sépare la mort d’une nouvelle naissance. Sa durée théorique est de 49 jours.

BARDOS (six) : Le terme «bardo» signifie en tibétain «intervalle» et désigne des périodes existentielles auxquelles on peut attribuer des bornes. On dénombre généralement six bardos: -le bardo de la naissance à la mort (autrement dit la vie présente), -le bardo du rêve, -le bardo de la concentration (ou de la méditation), -le bardo du moment de la mort (le processus de l’agonie), -le bardo de la nature en soi (première partie de la période suivant le décès), -le bardo du devenir (seconde partie de la période post mortem).

BODHGAYA : lieu de l’Inde où le Bouddha Shakyamouni atteignit l’éveil, autrefois dans la province de Magadha, aujourd’hui dans l’état du Bihar.

BODHICHIITA : esprit orienté vers l’éveil pour le bien d’autrui. La bodhichitta constitue le cœur et l’idéal du grand véhicule. (syn.: esprit d’éveil).

BODHISATTVA : toute personne qui suit le chemin de l'Éveil, pour son propre Éveil, et pour aider les autres à s'éveiller.

BONTÉ AIMANTE : capacité d'apporter le bonheur à autrui.

BOUDDHA : avant de désigner une personne, le terme bouddha est d’abord un adjectif signifiant «éveillé». Le mot est donc ambivalent désignant tantôt un état, tantôt une personne ayant atteint cet état, tantôt «l’éveil», tantôt un «éveillé». En tibétain, bouddha se dit «Sangyé», dont l’étymologie permet de bien comprendre ce qu’on entend par bouddha: la première syllabe, «sang», signifiant «purifié», indique que l’esprit d’un éveillé est entièrement purifié des dysfonctionnements que sont les émotions conflictuelles, la dualité et l’ ignorance fondamentale; la seconde syllabe, «gyé», signifiant «épanoui», indique que se sont développées les infinies qualités propres à l’esprit, mais jusque là restées latentes. Ces qualités d’un bouddha sont souvent rassemblées en trois grands domaines: -l’omniscience: la connaissance de la véritable nature de tous les phénomènes ainsi que de la diversité de leur manifestation dans les trois temps; -l’amour: semblable, pour chaque être sans exception, à celui d’une mère pour son enfant unique;

-le pouvoir d’aider les êtres .

On voit par là combien l’obtention de l’état de bouddha est loin d’être une sorte de fusion dans le néant comme l’ont pensé certains érudits occidentaux. Ce qu’est véritablement un bouddha dépasse. largement nos facultés de compréhension. La notion des «trois corps» tente de nous en faire percevoir l’immensité. L’expression «le Bouddha», sans autre spécification, désigne le Bouddha Shakyamouni.

CAUSES INTERDÉPENDANTES (douze) : enchaînement de causes regardé comme le processus nous enfermant dans le samsara. Chacune de ces causes est traditionnellement représentée dans la roue de l’existence par une analogie:

1 -l’ignorance (une vieille femme aveugle),

2 -les impulsions karmiques (un potier),

3 -les consciences (un singe regardant par une fenêtre),

4 -le nom et la forme (un homme ramant sur une barque),

5 -les facteurs de perception (une maison prospère),

6 -le contact (un homme et une femme enlacés),

7 -la sensation (une flèche pénétrant dans l’oeil),

8 -l’envie (un homme ivre),

9 -la saisie (un singe cueillant des fruits),

10 -le devenir (une femme enceinte),

11 -la naissance (un accouchement),

12 -la vieillesse et la mort (un cadavre sur une civière).

CINQ ÉNERGIES : énergies générées par la foi, la diligence, la pleine conscience, la concentration et la vision profonde.

CINQ FACULTÉS : foi, diligence, pleine conscience, concentration et vision profonde.

CINQ PREMIERS LIENS : attachement au corps, doute, arrachement aux préceptes, avidité et colère.

CINQ YEUX : yeux en chair, yeux des dieux, yeux de la vision profonde, yeux du Dharma, et yeux du Bouddha.

CLARTÉ : la nature de l’esprit est l’union de la vacuité et de la clarté. Ce second aspect désigne la dynamique de l’esprit, incluant la faculté connaissante et la puissance créatrice d’où procède toute manifestation. Tout comme les apparences du rêve sont produites par cette dynamique, on attribue la même origine à l’ensemble de la manifestation.

COMPASSION : notion essentielle du bouddhisme et plus encore du grand véhicule, la compassion est la volonté de libérer tous les êtres de la souffrance et des causes de la souffrance.

COMPOSÉS : ce qui apparaît en dépendance de causes et de circonstances et qui est impermanent. Tous les phénomènes du samsara sont donc des composés.

CONDITIONNEMENTS LATENTS (sct : vasanas) : tous nos actes, y compris nos paroles et nos pensées, forment dans notre potentiel de conscience des conditionnements qui régissent toute notre expérience: autant la manière dont nous apparaît la manifestation que nos réactions par rapport à celle-ci. Ce sont ces conditionnements qui, par exemple, façonnent nos rêves. Selon le bouddhisme, toutefois, leur action s’étend à toutes nos situations existentielles: veille, rêve, bardo. Nous purifier de ces conditionnements et les réorganiser est une des fonctions principales du dharma.

CONNAISSANCE (sct. prajna) : peut s’appliquer au domaine temporel, mais s’applique le plus souvent au domaine spirituel. La connaissance est alors d’ordre méta-physique et désigne la faculté de percevoir directement la nature ultime de toutes choses. Étant donné qu’il s’agit plus de «faculté de compréhension» que de «connaissance» à proprement parler, le terme peut aussi être rendu par «intelligence».

CONNAISSANCE DE L’ESPRIT : terme qui, sauf contexte particulier, ne se place pas sur le plan de la psychologie, mais sur celui de l’ontologie (science de l’être). La connaissance de l’esprit signifie la découverte de l’absolu et non l’analyse de notre psychisme. CONSCIENCES (six ou huit) : Dans la dualité, à chaque objet des sens correspond dans notre esprit un «récepteur», nommé «conscience». On a donc six consciences: -conscience visuelle (formes),

-conscience auditive (sons),

-conscience olfactive (odeurs),

-conscience gustative (saveurs),

-conscience tactile (objets tangibles),

-conscience mentale (objets imaginaires).

A ce groupe, on ajoute souvent deux autres consciences:

-la conscience perturbée, qui correspond à l’influence des émotions conflictuelles sur notre relation aux objets;

-le potentiel de conscience (ou conscience-réservoir; set. alayavijnana), qui correspond à l’inconscient dans lequel s’engrangent toutes les données du karma sous forme de conditionnements latents. Cet inconscient est toutefois beaucoup plus vaste que celui de la psychanalyse, car il contient des données issues de milliers de vies passées, et beaucoup plus puissant, car il régit le contenu de toutes nos existences. Il est à noter que chaque individu possède son propre potentiel de conscience et qu’il ne s’agit pas d’un réservoir commun à l’ensemble des êtres. «Conscience» n’est ici qu’une abréviation commode pour un terme signifiant en fait «conscience individualisée» ou «conscience dichotomique», s’inscrivant dans la dualité sujet-objet.

CONSCIENCE PRIMORDIALE : conscience qui n’est pas entravée par la dualité. Le terme est souvent rendu par «sagesse».

CONSCIENCE DE TRÉFONDS : La conscience du tréfonds a trois fonctions.

- La première fonction est d'emmagasiner et de préserver toutes les graines (bija) de nos expériences. Les graines enfouies dans notre conscience du tréfonds représentent tout ce que nous avons fait, vécu ou perçu. Les graines plantées par ces actions, ces expériences et ces perceptions sont le « sujet» de la conscience. La conscience du tréfonds attire toutes les graines, de même qu'un aimant attire les particules de fer.

- Le deuxième aspect de la conscience du tréfonds est constitué des graines elles-mêmes. Un musée est plus qu'un bâtiment. Il est aussi toutes les œuvres d'art qui y sont exposées. De même, la conscience du tréfonds n'est pas seulement le «réceptacle» de ces graines mais aussi les graines qu'on peut y trouver. Les graines peuvent être distinguées de la conscience du tréfonds, mais on ne peut les trouver que dans cette conscience du tréfonds. Si vous avez un panier de pommes, on peut distinguer les pommes du panier. Si le panier est vide, vous ne diriez pas que c'est un panier de pommes. La conscience du tréfonds est en même temps le réceptacle et le contenu qui y est déposé.Par conséquent, les graines sont aussi « l'objet» de la conscience. C'est pourquoi, lorsqu'on parle de« conscience », on se réfère à la fois au sujet et à l'objet de la conscience.

- La troisième fonction de la conscience du tréfonds est d'être une sorte de « dépôt pour l'attachement au soi».

CONTAMINÉ : entaché par la dualité. Un acte positif, par exemple, est dit «contaminé» lorsqu’il est accompli sans la compréhension de la nature vide du sujet, de l’objet et de l’acte lui-même. Il est «non-contaminé» dans le cas contraire.

CORBEILLES (trois) (sct. tripitaka) : classement des enseignements du Bouddha en trois groupes: vinaya, soutras, abhidharma. Les tantras ne rentrent pas dans cette classification.

DÉDICACE : le fait de consacrer à un but précis le mérite produit par nos actes positifs. On peut ainsi désirer que notre mérite nous permette d’atteindre tel ou tel objectif temporel en cette vie ou dans une vie prochaine (richesse, célébrité, puissance, etc.). C’est une dédicace considérée comme inférieure. Souhaiter, par la puissance de notre mérite, obtenir la libération pour soi-même constitue une meilleure orientation d’esprit, mais la dédicace la plus haute est de vouloir que le mérite accumulé serve à l’obtention de l’éveil pour le bien de tous les êtres.

DHARMA : au sens large, le dharma désigne la voie spirituelle; dans un sens plus restreint, il est synonyme d’enseignement du Bouddha. Parfois, on parle aussi de «dharma temporel» (ou «mondain») et de «saint dhama»: le premier désigne dans ce cas l’engagement dans les activités ordinaires de cette vie, et le second dans la voie menant vers la libération. Au pluriel, l’expression «tous les dharmas» signifie tous les phénomènes.

DHARMADATOU : la vacuité en tant qu’espace dans lequel apparaît la manifestation.

DHARMAKAYA : corps de l'enseignement ou l'essence de l'être qui se manifeste dans toute chose.

DIMENSION HISTORIQUE : réalité dans la vie quotidienne, la vérité relative basée sur les notions de naissance/mort, d'être/non-être, de venir/partir, de même/différent, etc.

DIMENSION ULTIME : dimension de la vérité absolue qui transcende toutes notions de naissance/mort, d'être/non-être, de venir/partir, de même/différent, etc.

DIRECTIONS (dix) : les quatre points cardinaux, les quatre directions intermédiaires, le zénith et le nadir.

DISCIPLES AUDITEURS : disciples du Bouddha qui ont atteint l'Éveil après avoir écouté les enseignements du Maître.

DIX ÉTAPES DE BODHISATTVA : joie, abandon des impuretés, lumière, non-discrimination, vaincre le cœur du plus difficile des hommes (avec la compréhension transcendante, aider les personnes les plus difficiles), moment présent (générer la compréhension parfaite dans le moment présent), sagesse de la non-forme, stabilité inébranlable, bonne sagesse (enseigner sans peur), nuage du Dharma.

DON (trois sortes de) :

-le don matériel,

-le don de la sécurité,

-le don du dharma.

On distingue le don, qui a pour objet ceux qui sont dans le besoin, de l’offrande, qui s’adresse aux Trois Joyaux.

ÉLÉMENTS (cinq) : terre, eau, feu, air, espace. Ces désignations ne doivent pas être prises littéralement, mais comme symboles des différents états de la matière: solide, liquide, igné, et gazeux. Quant à l’espace, il désigne le vide dans lequel prennent place les modalités précédentes.

ÉLÉMENTS DE LA PERCEPTION (dix-huit) :

-les six objets des sens (formes, sons, odeurs, saveurs, objets tangibles, objets mentaux);

-les six organes des sens (œil, oreille, nez, langue, peau, mental);

-les six consciences (visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile, mentale).

ÉMOTIONS PERTURBATRICES (sct. kléshas) : à partir du moment où s’est instaurée la dualité moi-autre, prend nécessairement place, entre les deux pôles de la séparation, le jeu des émotions conflictuelles. On en compte six principales, dont les trois premières sont la racine de toutes les autres:

-désir-attachement,

-haine-aversion,

-aveuglement ou opacité mentale,

-possessivité,

-jalousie,

-orgueil.

Il est clair que le terme émotion est pris ici dans un sens différent de son acception usuelle. Ainsi «l’émotion» que procurent un film, un roman ou un beau paysage se situe sur un autre plan que les «émotions conflictuelles». Inversement l’orgueil ne sera certes pas considéré comme une «émotion» dans le langage courant. Il faut donc bien garder en mémoire l’usage spécifique de ce terme que fait le bouddhisme.

ÉTERNALISME : position philosophique, regardée comme erronée, qui considère le monde et les êtres comme dotés d’une existence réelle et autonome.

FACTEURS DE PERCEPTION (douze) : les six objets des sens (formes, sons, odeurs, saveurs, objets tangibles, objets mentaux) et les six organes des sens (oeil, oreille, nez, langue, peau, mental).

FORMATIONS INTERNES : les liens mentaux qui nous attachent et qui nous privent de notre paix et de notre liberté.

FORMATION MENTALE : toute manifestation dans le mental comme le contact, la sensation, l'amour, la colère, etc. Dans la psychologie bouddhique de notre tradition, il en existe cinquante et une en tout.

GATHA : poème ou verset.

HERBE KOUSHA : herbe sacrée des brahmans sur laquelle était assis le Bouddha lorsqu’il atteignit l’éveil.

IGNORANCE : au sens métaphysique, le fait que l’esprit ne reconnaisse pas sa véritable nature, qu’il demeure comme exilé par rapport à son essence.

ILLUSION : le fait de prendre pour réel ce qui ne l’est pas; en particulier accorder une réalité autonome indue à l’individu et aux phénomènes. L’illusion, qui est en fait une erreur très fortement ancrée dans notre esprit, est le fondement du samsara.

INCLUSIVITÉ : capacité d'aimer tous les êtres vivants, toutes les formes de vie sans exclusion.

KALPA : ère cosmique de durée extrêmement longue. Certains kalpas sont marqués par l’enseignement d’un ou plusieurs être éveillés, tandis que d’autres restent dépourvus de toute voie spirituelle; les premiers sont appelés «kalpas lumineux», les seconds «kalpas obscurs».

KARMA : la loi du karma décrit l’enchaînement reliant causes et effets et régissant l’ensemble de la manifestation. La manière dont le monde nous apparaît et l’expérience que nous en faisons ne sont donc pas regardées comme le fait du hasard ou comme la création d’un Dieu tout puissant, mais comme le résultat d’actes, de paroles et de pensées de nos vies passées. Le processus du karma se déroule en trois temps: -un acte agissant en tant que cause imprimant une empreinte dans l’esprit de celui qui agit; -une «mise en mémoire» dans les profondeurs du potentiel de conscience (équivalent de l’inconscient), pendant une période de durée indéfinie au cours de laquelle se produit une maturation; -une actualisation sous la forme d’une situation donnée, d’une joie ou d’une souffrance particulière, qui est l’effet ou le ré-ultat. Cette loi est dite «infaillible», c’est-à-dire «sans erreur», dans la mesure ou une même cause produit nécessairement un même effet, tout comme une graine de géranium donne toujours un géranium et jamais un coquelicot. «Infaillible» ne signifie pas pour autant «inéluctable» dans la mesure où de nouvelles causes peuvent intervenir et modifier la précédente: même si une graine de liseron est destinée à donner une fleur de liseron, cette fleur ne s’épanouira néanmoins jamais si du désherbant est versé avant sa formation. C’est pourquoi une purification du mauvais karma est possible. Les implications de la loi du karma sont extrêmement complexes; il est dit que seul un bouddha peut les comprendre toutes. On peut néanmoins dégager deux grandes règles: les actes mus par l’égoïsme et le rejet des autres conduisent à notre propre souffrance à venir; les actes mus par l’amour désintéressé engendrent notre propre bonheur à venir. La loi du karma présuppose la dualité sujet-objet. Elle ne vaut donc pas pour un bouddha, dont l’esprit est au-delà de la dualité. Une acception moins précise du terme karma veut qu’on l’emploie souvent pour désigner le potentiel karmique d’une personne ou bien l’expression présente de ce potentiel. On dira par exemple: «C’est son karma d’être riche», ou: «C’est son karma d’être chétif.»

KUNG-AN ou KOAN : déclarations ou fragments de conversation entre un maître zen et ses disciples, employés comme sujets d'entraînement au zen pour méditer jusqu'à ce que l'esprit parvienne à l'Éveil.

MADHYAMIKA position philosophique considérée comme la plus haute du mahayana, selon laquelle la nature ultime de toutes choses est au-delà des quatre extrêmes que sont: existence, non-existence, les deux à la fois ou ni l’une ni l’autre. C’est la «voie du milieu» qui évite tous les extrêmes.

MAHAMOUDRA (tib. tchaktchèn) : terme désignant, principalement dans la lignée kagyupa, la, nature ultime de l’esprit ainsi que les méthodes de méditation qui y conduisent (syn.: «grand sceau», «grand symbole»).

MAHASATTVA : grand Être.

MAHAYANA : Grand Véhicule, école bouddhique apparue vers le 1" siècle après J.-C. dans le sud de l'Inde. Cette école s'est propagée et a prospéré plus tard dans des pays voisins comme la Chine, la Corée, le Japon, le Vietnam, etc. Elle est aussi appelée le bouddhisme de l'École du Nord.

MANTRA : formule sacrée énoncée en sanscrit que l’on récite souvent de très nombreuses fois. Elle est indissociable d’une divinité dont elle exprime pleinement la réalité. Le mantra véhicule la puissance de la divinité.

MÉDITATION : exercice permettant dans un premier temps de pacifier l’esprit, dans un second temps de découvrir sa véritable nature. La méditation consiste essentiellement à établir une vigilance sans distraction, avec ou sans l’aide d’un support de concentration. L’usage du terme est donc sensiblement différent de celui qui en est fait en français courant où il désigne un processus de réflexion sur un sujet donné.

MENTAL : l’esprit fonctionnant en mode d’ego.

MODE D’ÊTRE : ce qui est vraiment; équivalent de «nature ultime» ou de «réalité absolue».

MOTIVATION : plusieurs motivations peuvent nous conduire vers la pratique du dharma, comme l’obtention d’un certain bonheur en cette vie ou de la libération pour nous-mêmes. On considère toutefois dans le mahayana que la motivation la plus haute est le désir d’atteindre l’éveil afin de devenir capable de sortir tous les êtres de la souffrance et de tous les établir dans le bonheur authentique et définitif de l’état de bouddha.

MOUDRA ou MUDRA : geste symbolique effectué avec les mains au cours d’un rituel.

NAMO SAKYAMUNAYE BUDDHAYA : hommage au Bouddha Sakyamuni.

NAMO TASSA BHAGAVATO ARAHATO SAMMA SAMBUDDHASSA : hommage à l'Honoré-par-le-Monde, Celui qui est digne d'offrande, l'Éveillé parfait.

NAMO VALOKITESHVARAYA : hommage à Avalokita ou à Avalokiteshvara (Tchenrézi en tibétain).

NATURE DE L’ESPRIT : ce qu’est l’esprit. en termes d’ontologie et non de psychologie. La nature de l’esprit est l’union de la clarté et de la vacuité.

NIHILISME : position philosophique, regardée comme erronée, considérant que rien n’a d’existence, que tout est seulement vacuité.

NIRVANA : le but ultime de la voie, synonyme d’éveil. Le hinayana conçoit le nirvana comme la cessation de l’ignorance et des émotions conflictuelles. entraînant l’arrêt des renaissances samsariques, état que le mahayana considère comme partiel, comme une étape sur le chemin et non comme son terme. Pour le mahayana, le nirvana authentique et complet ajoute à la cessation de l’ignorance le développement d’une infinie compassion mise en œuvre par le biais des moyens habiles. Ce nirvana est encore appelé «nirvana sans demeure», c’est-à-dire ne demeurant pas dans les extrêmes de la quiétude ou du devenir (le samsara).

NOBLE OCTUPLE SENTIER : découpage classique du chemin bouddhiste:

- vue juste,

- pensée juste,

- parole juste,

- effort juste,

- moyens de subsistance justes,

- attention juste,

- absorption juste,

- action juste.

NOUVEAU DÉPART : pratique de repentance, d'expression de regret et de détermination à ne pas répéter l'erreur.

OBSTACLES (trois sortes de) : circonstances s’opposant à la pratique du dharma:

- obstacles extérieurs,

- obstacles intérieurs (la maladie),

- obstacles secrets (nos propres pensées).

OMNISCIENCE : une des qualités d’un bouddha. Elle s’applique à deux plans:

- la connaissance du «tel quel» de tous les phénomènes, autrement dit de leur réalité ultime;

- la connaissance de la «diversité» de tous les phénomènes, autrement dit de la totalité de la manifestation dans sa multiplicité.

OMNISCIENT : épithète des bouddhas.

PARAMITAS (six) : les six perfections transcendantes dont l’ensemble constitue la pratique du bodhisattva: - don,

- éthique,

- patience,

- diligence,

- concentration,

- connaissance (de la nature absolue).

Pour que ces qualités soient pleinement des paramitas il est nécessaire qu’elles soient mises en œuvre avec la motivation d’obtenir l’éveil pour le bien d’autrui (et non pour l’obtention d’un paradis ou d’une libération pour soi seul) et que les cinq premières soient marquées du sceau de la dernière, à savoir de la connaissance qu’elles sont en réalité dépourvues d’entité propre. On rencontre aussi une liste de dix paramitas, dans laquelle sont ajoutées aux six précédentes: les moyens, les souhaits, la puissance et la conscience primordiale.

PARC DES GAZELLES : parc situé à Sarnath, près de Bénarès, où le Bouddha délivra son premier enseignement.

POISONS (trois) : désir-attachement, haine-agressivité, aveuglement. Dans la roue de l’existence, ils sont respectivement symbolisés par un coq, un serpent et un porc.

PORTES (trois) : corps, parole et esprit.

PRAJNAPARAMlTA : la sixième paramita, celle de la connaissance, c’est-à-dire la connaissance directe de l’absolu.

PRÉCIEUSE EXISTENCE HUMAINE : l’existence humaine n’est dite précieuse que lorsqu’elle permet une progression spirituelle. Il faut donc pour cela que soient réunies les conditions extérieures et l’aspiration individuelle.

QUADRUPLE COMMUNAUTÉ : communauté composée de moines, de moniales, de laïcs hommes et femmes.

QUATRE COMPRÉHENSIONS : compréhension comme un grand miroir parfait, compréhension de la non-discrimination, compréhension de la contemplation merveilleuse, et compréhension de l'accomplissement parfait.

QUATRE EFFORTS JUSTES : empêcher les graines négatives de notre conscience du tréfonds qui ne se sont pas encore manifestées de se manifester; aider nos formations mentales négatives à retourner dans notre conscience du tréfonds; arroser nos graines positives pour qu'elles se manifestent; maintenir nos formations mentales positives pour qu'elles restent aussi longtemps que possible.

QUATRE ESPÈCES D’ÊTRES VIVANTS : nés d'un œuf, d'une matrice, de l'humidité et spontanément.

QUATRE NOBLES VÉRITÉS : constituent le sujet du premier cycle d’enseignements donné par le Bouddha.

Ce sont:

- la vérité de la souffrance,

- la vérité de l’origine de la souffrance,

- la vérité de la cessation de la souffrance,

- la vérité du chemin qui mène à cette cessation.

QUATRE POUVOIRS MIRACULEUX : pouvoirs acquis grâce à la volition, à l'esprit, à la diligence et à la contemplation pendant les samadhi (concentrations).

QUIDDITÉ : le fait que la réalité est ce qu’elle est, dans l’absolu, au-delà de toutes les déterminations conceptuelles ou verbales. Le terme implique la présence de toutes les qualités dans cet absolu.

RÉALITÉ GUIDE : ce qui n’est pas vrai en absolu, mais néanmoins vrai dans le cadre du relatif et nécessaire pour des raisons pédagogiques; la réalité-guide nous «guide» vers la réalité définitive (syn.: sens ou présentation pédagogique).

RÉALITÉ DÉFINITIVE : ce qui est vrai en absolu et donc inexprimable par les mots et au-delà du domaine de l’intellect (syn.: sens définitif, présentation définitive).

REFUGE (lieux de) : le terme refuge signifie «protection». Les lieux de refuge sont ceux sous la protection desquels nous nous plaçons tant d’un point de vue temporel que spirituel. Dans le cadre des soutras, les lieux de refuge sont les trois Joyaux: le Bouddha, le Dharma et la Sangha.

REFUGE (prise de) : le fait de se placer sous la protection des trois Joyaux à la fois d’un point de vue temporel et ultime. Cette prise de refuge est une attitude intérieure, mais aussi une brève cérémonie correspondant à l’entrée «officielle» dans le bouddhisme.

ROUE DE L’EXISTENCE : représentation symbolique du cycle des existences. La roue est divisée en six quartiers contenant les six mondes; le moyeu montre des représentations figurées des trois poisons; la bordure de la roue porte les allégories des douze causes interdépendantes.

ROUE DU DHARMA : symbole représentant l’enseignement que le Bouddha «met en mouvement» pour le bien des êtres.

ROUES DE L’ENSEIGNEMENT (trois) : classification générale des enseignements du Bouddha en trois cycles:

- la «première roue» fut enseignée au Parc des Gazelles; elle porte sur les quatre nobles vérités et développe le petit véhicule.

- la «seconde roue» fut enseignée au Pic des Vautours et porte, dans le cadre du grand véhicule, sur la prajnaparamita.

- la «troisième roue» fut enseignée à Vaishali et porte, toujours dans le cadre du grand véhicule, sur le cœur de l’éveil. (syn.: les trois cycles de l’enseignement.)

SAGESSES (cinq) : cinq modalités de la connaissance non-duelle qui est celle d’un bouddha:

- sagesse semblable au miroir,

- sagesse discriminante,

- sagesse de l’équanimité,

- sagesse agissante,

- sagesse du dharmadatou.

Le terme «sagesse» est une traduction usuelle pour le mot signifiant en fait conscience primordiale.

SAMADHI : état d’absorption méditative.

SAMSARA : le «cycle des existences» composé des six mondes, dans lesquels les êtres tournent, prenant naissance parfois dans l’un parfois dans l’autre. Le samsara est caractérisé par la souffrance, l’impermanence et l’illusion.

SANGHA : au sens large, la communauté bouddhiste ; dans un sens plus restreint, la communauté monastique.

SANGHATI : robe de moine ou de moniale.

SANS·LlMITES (quatre) :

- amour sans limites,

- compassion sans limites,

- joie sans limites,

- équanimité sans limites.

Ces quatre qualités constituent la bodhichitta intentionnelle (syn. quatre illimités, quatre incommensurables).

SCEAUX DU BOUDDHISME (quatre) : quatre notions qui permettent d’identifier une doctrine comme bouddhiste:

- tous les composés sont impermanents;

- tous les contaminés sont souffrance;

- tous les phénomènes sont dépourvus d’entité propre;

- le nirvana est paix.

SEPT FACTEURS D’ÉVEIL : pleine conscience, investigation des dharmas, diligence, joie, légèreté, concentration et équanimité.

SIX ORGANES DES SENS : dans le bouddhisme, il y a six organes -les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et le mental.

SOUFFRANCES (trois sortes de) : la souffrance est la caractéristique du samsara, résultant de la dualité, des émotions conflictuelles et du karma. On l’envisage sous trois formes:

- la «souffrance douloureuse», qui désigne la souffrance telle que nous l’entendons habituellement, qu’elle soit physique ou morale;

- la «souffrance du changement», qui se réfère au fait que tous nos bonheurs portent en germe la souffrance dans la mesure où leur fin inéluctable sera ressentie comme un manque douloureux;

- la «souffrance inhérente à tous les composés», qui indique que l’état samsarique est, en raison de ses limitations, toujours souffrance par rapport à la plénitude de la libération.

SOUFFRANCES DES HUMAINS (quatre) parmi toutes les souffrances rencontrées par les hommes, les quatre principales sont:

- la naissance,

- la vieillesse,

- la maladie,

- la mort.

SOUTRA : texte ancien des enseignements du Bouddha. Tous les enseignements du Bouddha sont enregistrés dans les Trois Corbeilles (Tripitaka) : la Corbeille du Vinaya (des codes monastiques et laïques), la Corbeille des Soutras (Discours) et la Corbeille d'Abhidhamma (des enseignements du Bouddha, systématisés par les patriarches).

TATHAGATA : l'un des dix noms du Bouddha -celui qui ne vient de nulle part et qui ne va nulle part.

TANTRISME : ou Mantrayana, véhicule des mantras, une école du Mahayana indien qui commença à se développer au VII' siècle et devint prédominante dans les pays du bouddhisme du Nord.

TERRE PURE : royaume du Bouddha Amitabha où il n'existe que le bonheur suprême et où il n'y a aucune souffrance.

(École de la) TERRE PURE : l'école du Mahayana fondée au Ve siècle par Maître T'an-luan (476-542) en Chine. Elle met l'accent sur le pouvoir de salut d'Amitabha, le Bouddha de la Terre Pure.

THÉRAVADA : «l’école des anciens», à savoir la forme prise par le bouddhisme dans les pays du sud comme Shri Lanka.

TOILE D'INDRA : toile composée de joyaux à chaque point d'intersection, chaque joyau reflétant tous les autres.

TROIS CHEMINS DU SAMSARA : chemin de l'ignorance, chemin du karma (des actions) et chemin de la souffrance.

TROIS CORPS : corps du Dharma, corps de la rétribution et corps de la manifestation.

TROIS JOYAUX : le Bouddha, le Dharma et la Sangha.

TROIS MONDES : monde du désir, monde de la forme et monde de la non-forme.

TROIS PREMIERS LIENS : avidité, colère et ignorance.

TROIS SAINTETÉS : les étapes de pratiques qui sont les dix établissements, les dix vertus et les dix transmissions.

TROIS TEMPS : trois ères -passé, présent et futur.

TROIS VERTUS : couper-court, amour et vision profonde.

VACUITÉ : un des termes essentiels du bouddhisme, mais peut-être aussi un des plus mal compris. La vacuité ne désigne pas «quelque chose», mais bien plutôt l’absence de quelque chose. On peut dire, de manière simple., que la «vacuité» signifie l’absence de toute détermination matérielle, ce qui implique l’absence de localisation et l’absence de durée. On dira d’un rêve, par exemple, qu’il est «vide», ce qui signifie qu’il n’a pas d’existence matérielle, qu’il ne se situe nulle part et que sa durée propre n’est pas réelle. Cela n’implique pas cependant qu’on nie totalement l’existence du rêve puisqu’il y a bien une manifestation qui prend place; mais cette manifestation n’est pas dotée des déterminations que nous sommes enclins à lui attribuer. Le bouddhisme considère que tous les phénomènes sont en fait vides d’existence propre tout comme le sont les phénomènes du rêve. Une association d’idée courante conduit à assimiler la vacuité au néant. Or la notion de vacuité ne va pas à l’encontre de celles de conscience et de manifestation; vacuité, conscience et manifestation sont indivisibles et non pas contradictoires.

VÉRITÉS (deux) :

- la «vérité relative» désigne la manière dont les phénomènes se manifestent et l’interdépendance qui régit leur évolution;

- la «vérité absolue» se réfère à la nature vide de cette manifestation. Ces deux vérités ne sont pas intermittentes mais simultanées; elles ne sont donc pas contradictoires et l’une n’exclut pas l’autre.

VINAYA : code de la vie monastique tel qu’il a été enseigné par le Bouddha.

VOILES : la pureté originelle de l’esprit est pour nous entravée par des voiles, dont on trouve différentes classifications. La plus courante présente deux voiles majeurs:

-le voile des émotions conflictuelles, faisant obstacle à la libération,

-le voile à l’omniscience (état de bouddha).

VUE : thèse sur la nature des choses. La vue débat principalement du degré d’ existence ou d’inexistence de l’esprit et de la manifestation. Les différentes écoles bouddhistes professent des thèses variées sur cette question. Dans la trilogie «vue, méditation et action», la vue est donc la facette théorique qui sous-tend les deux autres aspects.