1- Un peu d’histoire
Nous Melkites, comme les chrétiens nommés en Belgique « orthodoxes », suivons le rite byzantin. Nos pratiques datent des premiers âges de l’Église, et elles ont connu, depuis le 8e siècle, une stabilité qui n’a gardé que les caractères indispensables et capables d’être accueillis par tous les chrétiens d’origine apostolique. De ces pratiques celle du sacrement de mariage, qui n’a pris le rang du sacrement qu’à partir du 6e siècle. Ils célèbrent de la même manière la cérémonie de mariage depuis le 13e siècle.
2- Amour de Dieu et communion trinitaire
Sous les ors des icônes sacrées, chaque acte de la cérémonie sera répété trois fois afin de symboliser la présence mystique de la Sainte Trinité.
Le mariage est une vocation, exactement comme le sacerdoce ou la vie monastique. Vocation qui requiert un don particulier, ou charisme, du Saint Esprit, don octroyé dans le Sacrement du Mariage.
Le mystère Trinitaire de l'unité dans la diversité s'applique à la spiritualité du mariage, comme il le fait pour l'Église : une communion sans fusion, respectant la différence des personnes. La famille créée par ce sacrement est une petite église.
L'Église enseigne que l'homme est créé à l'image de la Trinité, et que Dieu ne l'a pas voulu vivant seul, mais en famille. À l'image de Dieu bénissant la première famille, commandant à Adam et Eve de porter du fruit et de se multiplier, l'Église donne à présent sa bénédiction pour l'union d'un homme avec une femme. Le sacrement du mariage chrétien, dans l'Église, donne à un homme et à une femme la possibilité de devenir un seul esprit et une seule chair d'une manière qu'aucun amour humain ne pourrait réaliser. Le Saint Esprit est donné de sorte que ce qui a été commencé sur terre s'accomplisse et continue de manière plus parfaite dans le Royaume de Dieu.
3- Spiritualité du mariage chrétien
Le mariage chrétien est la reconnaissance officielle par l’Eglise de l’unité du couple. Il repose sur les mêmes fondements dans toutes les Eglises : catholique, orthodoxe ou protestante : le don de soi, la fidélité, la communauté de vie et l’éducation des enfants dans la foi.
Ce n’est donc pas simplement la bénédiction d’une union, encore moins la simple reconnaissance formelle, "officielle" d'une union déjà préexistante. Ceci montre la spécificité du mariage à l'égard des autres actes de la vie quotidienne, pour lesquels nous avons toujours besoin d'une bénédiction et d'une aide spirituelle.
C’est avant tout l’un des 7 sacrements de l’Église. Un sacrement est un acte matériel extérieur qui signifie une réalité et une vérité intérieures. Par le service de l’Eglise, Dieu est présent dans notre monde à travers les sacrements qui sanctifient le monde et la vie. Le sacrement implique l’idée d’une présence divine et par conséquent d’une transformation par Dieu. Il est se réfère à l'évènement ultime de la mort et de la résurrection du Christ. Le sacrement de mariage se fonde dans celui du baptême. Le fait que le mariage soit un sacrement, montre que l'Église y voit l'un de ces actes par lesquels Dieu nous transforme, nous aide à participer de sa nature divine. Le mariage à l'Église ne signifie donc pas le simple engagement à respecter un ensemble de règles sur comment bien gérer, raisonnablement, une vie de couple (morale sexuelle, épargne, etc.), mais plus profondément la participation, la réception d'une grâce donnée par Dieu. Sans cette grâce, le mariage, comme tout le reste dans ce monde, est un mariage déchu et dévié.
Le sacrement restaure notre relation à Dieu, il nous ramène à une vie harmonieuse avec lui. Il restaure l’image de Dieu en nous. Dans le sacrement de mariage, cette restauration transcende infiniment l'idée de la famille chrétienne et confère au mariage ses dimensions cosmiques et universelles. Le mariage ne concerne donc pas seulement les mariés, mais engage aussi l’Église de manière importante, et concerne par elle le monde entier.
4- Fondements bibliques
Dans le rite romain, suite à la réforme du concile Vatican II (1962-1965), les sacrements se sont enrichis par l’ouverture à la Bible. Les chrétiens ont entre les mains la possibilité de choisir des textes bibliques plus beaux les uns que les autres pour en choisir selon leur sensibilité spirituelle.
Dans les rites orientaux, surtout au Moyen-Orient, les aléas de l’histoire ont fait que les textes restent encore de nos jours limités, certainement pour plusieurs raisons valables.
Dans le rite byzantin, les péricopes bibliques sont intrinsèquement liées aux prières ou, plutôt, ce sont les prières qui expriment en invocation ce que les phrases bibliques expriment en révélation. La simplicité a gardé l’essentiel de la spiritualité et a permis une participation très active de la part des fidèles dans les célébrations : ils connaissent tous les rituels par cœur.
Sous un tout autre angle, la région du Moyen-Orient était envahie tour après tour par des hostilités anti-chrétiennes, depuis l’arrivée des musulmans et jusqu’à nos jours noircis par l’Etat islamique, en passant par la dictature ottomane pendant 4 siècles d’affilée. Il était heureux que les rituels et liturgies aient gardé une simplicité dans les structures et une profondeur théologique dans les expressions de sorte à permettre à nos aïeux de garder et d’observer les prières à travers les siècles jusqu’ à nos jours.
De nos jours, où ne manquent pas les moyens techniques qui ont dépassé et de loin l’imprimerie, et qui nous permettent d’approfondir ce côté nous pourrions envisager une réforme et un enrichissement biblique dans le choix des lectures bibliques. Il faudrait, cependant, attendre probablement le calme des cœurs pour discerner comment agir : développer le choix des lectures ou garder la simplicité par sollicitude pastoral.
a. Le modèle de l’amour conjugal : le Christ et l’Eglise
L’Ancien Testament exprime la relation entre Dieu et les Israélites dans les termes de l'amour conjugal. De son côté, saint Paul affirme la correspondance entre l'union dans le mariage de l'homme et de la femme en une seule chair, et le grand mystère de l'union du Christ à son Église (Éph 5, 22-32) : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. » (vv. 31-32).
b. Christ est l’Epoux
Certains courants gnostiques prétendaient que le mariage est en désaccord avec la volonté de Dieu. Aussi l’ont-ils dédaigné et considéré comme péché. Contrairement à eux, l’Eglise voit que le mariage correspond, depuis la Genèse, à la volonté de Dieu pour l’homme en vue de son bonheur. C’est pourquoi l’Eglise byzantine lit l’épisode des Noces de Cana au mariage qui montre Jésus comme l’Epoux divin qui inaugure un royaume profondément humain. L’Eglise-épouse, suite à saint Paul et au livre de l’Apocalypse, reçoit avec gratitude le don du Christ et l’attribue à l’époux et relègue à l’épouse son propre rôle de bénéficiaire de la tendresse.
5- Les conditions
A côté des conditions personnelles, comme le fait d’être adulte, sain physiquement et psychologiquement, et libre, il y a dans l’Eglise des exigences qui varient selon les rites.
En Belgique, dans l’Eglise romaine, on se marie normalement le samedi, jamais le dimanche. Par contre, dans le rite byzantin, il est conseillé de se marier le dimanche après la messe. Néanmoins, comme dans l’Eglise romaine, il y a un calendrier liturgique et des dates où on ne peut pas célébrer un mariage, par exemple pendant le jeûne (avant Noël, avant Pâques et même jusqu’au dimanche qui suit Pâques, etc).
Le mariage est normalement célébré entre deux adultes catholiques. L’extrait de baptême est obligatoire, ainsi qu’un certificat de liberté d’état civil (prouvant que la personne n’est pas liée par un contrat de mariage ou de vœu religieux).
Pour d’autres circonstances, comme dans le cas d’un couple mixte, c.-à-d. de confessions chrétiennes différentes ou au cas où l’un des deux fiancés n’est pas chrétien ou quand il est athée, une dérogation spéciale (une dispense) donnée par l’évêque ordinaire est nécessaire pour célébrer le mariage.
Le divorce n’est pas reconnu dans l’église catholique, et par conséquent un remariage n’est pas accepté. Dans le cas de la nullité d’un mariage précédent, un mariage dans l’Eglise est accepté et reconnu comme le premier.
Chez les orthodoxes, le remariage est accepté contrairement à la confession catholique. C’est l’évêque qui devra examiner et accepter la nouvelle célébration de cette nouvelle union.
Concernant les témoins, L’Eglise romaine n’exige rien d’eux. Chez les byzantins, ils doivent obligatoirement faire partie de la communauté chrétienne. Pour escalader les Alpes, j’ai besoin d’un guide qui connait les escarpements de ces montagnes. Pour le mariage sacramentel, j’ai besoin de quelqu’un d’expérimenté, qui connait le Christ et le vit et qui connait le mariage.
6- Les accessoires
La décoration florale de mariage ne sera pas nécessaire dans l’Église tellement elles sont joliment ornées, mais vous aurez quartier libre pour votre réception.
Au cours d'une cérémonie riche de différents rituels, votre bouquet de mariée ne sera pas votre seul accessoire puisqu'en plus d'avoir la bague au doigt, une couronne viendra parfaire votre coiffure de mariage !
La mariée est presque toujours en blanc. Le marié selon d’autres goûts de couleur. Mais il est préférable pour leur tenue de garder le blanc ! D’aucuns croient que c’est le symbole de la pureté, c.-à-d. la virginité de la mariée. De nos jours, en Europe occidentale on n’y prête plus autant d’importance. Mais à l’origine, la tenue blanche, comme l’aube du prêtre célébrant d’ailleurs, n’est qu’un rappel du vêtement blanc du baptême. Le sacrement de mariage, ainsi que le sacrement de l’ordre d’ailleurs, n’est qu’un renouvellement des vœux de baptême.
À la différence du mariage catholique romain, plusieurs accessoires sont nécessaires pour la cérémonie et c’est le témoin qui est chargé de les trouver et les financer ! Ils seront gardés et fièrement exposés chez les mariés. Les futurs mariés devront être couronnés, les couronnes sont un symbole fort tout comme les alliances.
Même les dragées suivent des traditions : elles sont blanches pour symboliser la pureté et de forme ovoïde pour représenter la nouvelle vie qui commence et la fertilité. La dureté de l'amande représente l’endurance du mariage et le sucre symbolise la douceur de la vie à venir. Offertes en offrir un nombre impair, elles symbolisent l’indivisibilité du couple.