Mémoire

Le peuple de Limoges gardait le tombeau de Saint-Martial et veillait à le soustraire aux invasions étrangères en France et en Aquitaine. Le départ des chanoines gardiens du tombeau de Saint-Martial en 846, après avoir levé les ossements du tombeau et les avoir déposés dans une châsse «devant une invasion normande » apparaît comme certain.

Dans un de ses sermons, Adémar de Chabannes (988-1034) commente longuement cette translation, avec force détails: les chanoines ont l'intention de gagner le château de Turenne ; au soir de leur première journée, ils s'arrêtent à Solignac, se retirent dans l'abbaye alors fortifiée. Au réveil, le lendemain, tandis qu'ils songent à poursuivre leur route, ils ne peuvent soulever la châsse dont le poids est devenu considérable. Ils pensent que le saint manifeste ainsi sa volonté de ne pas s'éloigner davantage de son tombeau. Ce n'est que deux ans après, alors que les chanoines ont le désir de prendre l'habit monastique, que la châsse retrouve son poids d'origine et que les futurs moines peuvent reprendre la route de Limoges.

Sur leur passage, les populations averties chantent leur Joie de retrouver leur père et c'est une véritable procession qui arrive devant la basilique.

Auteur de plusieurs miracles et de nombreuses guérisons, la dévotion à Saint Martial était grande dans toute la région. Il fut l'objet d'un culte fervent qui devait être en 848 à l'origine de la future abbaye de Saint Martial. De ses guérisons miraculeuses, nous avons le souvenir de celle du Mal des Ardents (c'était un feu invisible et secret qui dévorait les membres auxquels il était attaché et les faisait tomber du corps, les pestiférés mouraient par milliers), qui ravagea l'Aquitaine et le Limousin en 994 et qui est à l'origine de nos Ostensions. Les évêques de l'Aquitaine s'assemblèrent à Limoges afin d'implorer la miséricorde de Dieu par l'intercession de Saint-Martial.

Le 12 novembre 994, jour mémorable à jamais, on leva le corps de Saint Martial de son sépulcre et dans une procession solennelle, les évêques et les fidèles portèrent les reliques sacrées sur la colline du Mons Gaudii, la plus élevée de Limoges. A partir de ce moment, les pestiférés furent guéris, la contagion cessa ses ravages.