Les textes du Nouveau Testament donnent peu de place à Marie, mère de Jésus. Mais la théologie et la spiritualité populaire donnent un poids extraordinaire à ce peu de textes qui la mentionnent “avec des différences majeures d’appréciation entre confessions chrétiennes”(1).
Quel est ce poids qui donne autant de place à Marie dans la théologie et la spiritualité?
Tout d’abord, il y a l’Immaculée Conception et l’Assomption, deux réalités dont on ne trouve pas de liens explicites avec les textes bibliques, mais avec les apocryphes comme le Protévagile de Jacques qui présente Marie “totalement sainte dès l’origine”(2).
En Orient, quand après le concile d’Ephèse (431) la liturgie devient un lieu de la pratique de théologie, les prières utilisées dans des célébrations et les homélies acclament Marie libre de toute souillure physique, morale et spirituelle.
En Occident, à partir du début de deuxième millénaire, quand les “chefs” des cisterciens (Bernard de Clairvaux) et des dominicains (Thomas d’Aquin) sont convaincus de la faute entrainée par l’union charnelle et de son aspect héréditaire, les franciscains (Duns Scot) “préparent la voie de la théologie catholique moderne en affirmant que Marie a été rachetée en prévision des mérites de son Fils”(3).
Finalement, le 8 décembre 1854, après une large consultation Marie est déclarée : “Dès le premier instant de sa conception, par grâce et privilège unique du Dieu tout-puissant, en considération des mérites du Christ Jésus, sauveur du genre humain, préservée pure de toute souillure du péché originel”(4).
L’Assomption est le dernier dogme que l’Eglise catholique destine à Marie. Proclamé en 1950, il affirme que Marie est aussi étroitement liée au Christ qu’elle ne peut être séparée de lui par la mort.
Même si L’Assomption et L’Immaculée Conception sont mises en avant, elles sont fondées sur la maternité divine de Marie qui quand a elle a les liens explicites avec les textes bibliques (Mc 6,3; Mt 1-2; Lc 1-2; Ac 1,14;).
L'expression biblique : Mère de Jésus, se développe pour devenir l’expression : la Mère de Dieu, et dans la spiritualité elle évolue encore et forme l'expression : la Mère de tout les humains, notre Mère.
(1) Dictionnaire critique de théologie, dir. Jean-Yves Lacoste, Quadrige/Puf, Paris, 1998, p.707
(2) Idem, p.711
(3) et (4) Idem, p.712