HISTOIRE DE LA CONSTRUCTION DEGRADATION ET RESTAURATION DE NOTRE DAME DE LORETTE
Chacun de nous a le droit de critiquer mais encore faut-il qu’il le fasse en toute connaissance de cause.
Ce document a été rédigé pour diffuser cette connaissance.
LES ETAPES DE LA CONSTRUCTION
Le duc Louis d’Arpagon décide la construction de la Santa Casa de Lorette qui sera terminée en 1654.
La rapidité de la construction est due au fait qu’il ne fera pas venir les pierres du Samonta comme pour les travaux du château, mais il utilisera la roche extraite sur place au Puech d’Agudet. Seuls, les encadrements des ouvertures seront importés ainsi que les ardoises de la couverture qui proviennent de la vallée de la Truyère.
La roche du Causse constituée de calcaire tendre s’effrite quand elle n’est pas protégée. Les piles du viaduc de Millau ont été réalisées avec du béton fait à partir de cette roche. Elles sont protégées dans une enveloppe de ciment, si un impact se produit sur le parement de la pile, il faut reconstituer l’enveloppe à cet endroit, c’est le point faible de la construction et les bâtisseurs du 17ème siècle l’avaient bien compris. Pour cette raison, les murs de la Santa Casa furent protégés par un enduit de chaux.
Le duc Louis y ajouta ensuite deux chapelles attenantes pour accueillir les paroissiens des villages voisins et les prêtres.
Plus tard il fera construire dans un premier bâtiment un abri pour les pèlerins surmonté d’une vaste église attenant à la Santa Casa, puis un second bâtiment séparé du précédent pour l’habitation des prêtres. Ces constructions seront reliées en 1713 après le décès du Duc pour ne former qu’une seule construction que l’on peut voir aujourd’hui.
Celle-ci n’a pas le luxe de la Santa Casa, le parement extérieur des murailles est soigné mais la roche prise sur place n’est pas taillée, elle est posée brut de carrière, les pierres d’encadrement des ouvertures, pour la plupart sont des ré emplois, quant à la couverture plus ordinaire c’est un schiste sévéragais qui se brise au moindre choc.
En 1932, le docteur Molinier député maire de Sévérac a acquis le Puech d’Agudet dont il a fait don à l’évêché. Les bâtiments appartiennent depuis cette période à l’association diocésaine de RODEZ.
LES DEGRADATIONS SUCCESSIVES DES BATIMENTS
Au moment de la révolution, la vente des biens d’église ayant tardé, la mairie a fait murer toutes les ouvertures de l’église Saint Louis y compris les fenêtres hautes, ainsi que celle de l’habitation des prêtres du premier niveau qui n’avait pas de grilles métalliques, pour stopper le pillage et les dégradations intérieures des bâtiments, opérés par les habitants eux-mêmes.
La Santa Casa et les deux chapelles attenantes ont été pillées sans dégradation notable.
Dans l’habitation des prêtres, les dallages en pierre calcaire du rez de chaussée ont été enlevés ainsi que les tomettes en terre cuite du niveau supérieur. La cheminée de la cuisine a été démontée avec la voûte qui l’encadrait ainsi que l’escalier de pierre qui permettait d’accéder à tous les étages, la plupart des pierres d’encadrement des ouvertures avaient disparu.
Dans l’église Saint Louis, les chapelles du Saint Sépulcre et de l’ange gardien, le dallage en pierre calcaire avait également disparu. Des pierres d’encadrement des ouvertures avaient également été retirées, il ne restait que la boutisse dans l’abri aux pèlerins. Ces constructions ont été utilisées comme bâtiment agricole.
La propriétaire des lieux fit restaurer à ses frais au XIX ème siècle la Santa Casa et les deux chapelles attenantes ainsi que leurs couvertures puis elle les donna au Diocèse avec le clocher de l’église Saint Louis afin que les pèlerinages reprennent. Mais elle a gardé l’église Saint Louis, l’abri aux pèlerins et le logement des prêtres, car elle espérait que l’évêché les achèterait pour ses œuvres. Il n’en fut rien.
Avec la loi de 1905, la Santa Casa est revenue à la commune, mais l’église Saint Louis et les bâtiments attenants étaient privés. En 1913, le clocher de l’église menaçait ruine. Plutôt que de le restaurer, la mairie fit construire un mur en gros appareillage sur la façade ouest de la Santa Casa car celui-ci avait besoin d’être restauré. Ce mur, surmonté d’une cloche, faisait corps avec la chapelle.
Durant les périodes difficiles de la guerre 14-18, les planchers et escaliers en bois du clocher ont disparu ainsi que les menuiseries de l’habitation des prêtres. Il restait dans les murs les extrémités des poutres en pin qui avaient été sciées.
Durant le premier tiers du 20ème siècle, les toits s’effondrèrent sur l’ensemble des bâtiments sauf sur la Santa Casa et les deux chapelles attenantes.
L’observation des photos de cartes postales conservées par un photographe professionnel séveraguais, permet de s’apercevoir que le dépouillement du site se poursuivit à l’extérieur, presque toutes les pierres d’encadrement des murs extérieurs disparaitront. Les grosses pièces de bois de la charpente ont été retirées durant la seconde guerre.
LA RESTAURATION DU 21 ème SIECLE
La restauration du 21ème siècle a respecté la disposition imposant l’enduit de chaux, qui exclut donc la conservation de pierres apparentes.
Ce site protégé est sous la responsabilité de la DDE en ce qui concerne les formes des bâtiments à rétablir, et sous la responsabilité de la DDA en ce qui concerne l’aspect des constructions.
Les tranches de travaux successives ne sont accordées que dans la mesure où elles sont conformes à l’esprit du constructeur.
Il faudra attendre 1980 pour qu’une petite association paroissiale débute la restauration du site toujours en cours.
Les terrassiers bénévoles qui décaissent l’habitation des prêtres savent bien, lorsqu’ils atteignent les débris de la couverture effondrée avant les murs éboulés, que le sol primitif est proche. Ces remblais seront étalés autour des bâtiments.
A ce jour ,toute personne attentive peut remarquer que l’on piétine les restes de la couverture primitive avant d’arriver sur l’esplanade ou l’on ne peut voir qu’une petite partie de la nouvelle couverture.
En 2002, les combles de la chapelle de l’ange gardien ont été décaissées : cette pièce plus basse que l’église ST LOUIS contenait des ardoises de schiste récupérables.
La restauration des couvertures a été faite par des professionnels du séveraguais.
En particulier, la couverture de l’église Saint Louis et de la chapelle de l’ange gardien a coûté plus de quarante mille euros. Le financement de ces douze dernières années provient exclusivement des subventions communales, de celles des Banques, des dons de l’église et des membres de l’association.
La DDA qui a autorisé les travaux de couverture, n’aurait pas accepté des travaux plus ordinaires que ceux de la construction d’origine.
A ce jour, l’urgence est de conserver les voûtes crevées du premier niveau de l’habitation des prêtres. C’est pourquoi l’association se limite à la pose d’un plancher en béton armé au niveau supérieur, bien que la couverture de la sacristie, sous surveillance, est en sursis.
Article du journal de Millau du 27 /04/2023