Yonne

Bienvenue dans l'Yonne, joyau méconnu de l'histoire française, où chaque château dissimule des récits captivants et des échos d'une époque révolue. En tant que passionné d'histoire et de patrimoine, je vous invite à me rejoindre dans cette exploration des trésors cachés de ce département. De châteaux emblématiques à des vestiges plus discrets, chaque pierre ici murmure une histoire riche en anecdotes et en splendeur. 

Au programme :

Jour 1 : Chateau de St-Fargeau & Château de Ratilly
Jour 2 : Auxerre & Chateau de Tanlay
Jour 3 : Château de Maulnes & Château d'Ancy le Franc

Suivez-moi dans cette aventure où l'histoire se dévoile à chaque coin de rue, promettant des découvertes inoubliables

Château de St-Fargeau

Les origines du château de St-Fargeau remonte au Xe siècle, il appartenait au demi-frère du roi Hugues Capet, Héribert mais à cette époque, ce n'était encore qu'un relais de chasse fortifié. Puis du XI au XIIIe siècle son nouveau propriétaire, la famille Toucy pose les premières fondations d'un château fort.

Châtelet d'entrée 

En 1453, c'est l'ancien compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, Antoine de Chabannes à qui on adjuge la seigneurie de St-Fargeau, fin connaisseur de l'art militaire, il va considérablement le modifier pour en faire une puissante forteresse en construisant une épaisse muraille de briques, six grosses tours dotées de défenses d'avant-garde. Il s'éteint à l'âge de 80 ans dans son château.

La cour d'honneur avec son grand escalier 
Reconstruction de la chambre de la Grande Mademoiselle 

En 1652, Anne-Marie-Louise d'Orléans, la cousine de Louis XIV va choisir St-Fargeau comme résidence d'exil pendant la Fronde. Dans ses mémoires, elle nous raconte comment elle vit cette arrivée au château : 

« Il fallut mettre pied à terre, le pont étant rompu. J’entrais dans une vieille maison où il n’y avait ni porte ni fenêtre et de l’herbe jusqu’aux genoux dans la cour : j’en eus une grande horreur. L’on me mena dans une vilaine chambre. La peur, l’horreur et le chagrin me saisirent au point que je me mis à pleurer. Je me trouvais bien malheureuse, étant hors de la Cour, de n’avoir pas une plus belle demeure que celle-là et de songer que c’était le plus beau de tous mes châteaux, n’ayant pas de maisons bâties. »

On comprend mieux pourquoi, elle fait intervenir l'architecte Le Vau pour redonner son éclat perdu à cette demeure. C'est donc à elle qu'on doit le grand escalier sur cour et la création d'une entrée vers le jardin mais aussi ces élégantes façades de la cour d'honneur ornées de son monogramme (AMLO) et de son blason qui hélas ne furent pas épargnés lors de la Révolution. 

L'entrée donnant vers le jardin (côté jardin)

En 1715, c'est le conseiller d'Etat, Michel Robert Lepeletier des Forts qui achète St-Fargeau et va faire construire l'aile dite des Forts hélas en 1752, le château est la proie des flammes qui vont le détruire en grande partie. 

La bibliothèque
Galerie

Même si la façade n'est pas épargnée par les révolutionnaires, il sera sauvé du pillage grâce à son propriétaire qui va voter la mort de Louis XVI mais la vie lui sera ôtée par un royaliste le 20 janvier 1793. Mais le sort ne sauvera pas le château bien longtemps car un second incendie en 1855 est causé par la foudre.

La salle à manger

Zoom sur la salle à manger :

Située dans une des tours du château, son décor est en stuc et non en lambris comme l'on pourrait le penser au premier coup d'œil.

Château de Ratilly

Le château de Ratilly est cité pour la première fois en 1160 mais nous n'avons pas la date exact de sa construction qui à lieu au moment de l'établissement de la féodalité en Puisaye (ancienne région de France). Il va être rasé lors des guerres entre seigneurs. La bâtisse que nous pouvons admirer et visiter aujourd'hui est construite vers 1270 sur les fondations de l'ancien château. Mais malgré son isolement, il va connaitre de nombreuses péripéties !

Château de Ratilly

Les guerres de religions éclatent et Ratilly n'est pas épargné, en 1567, les Huguenots s'emparent du château et en font une place forte de la région. L'arrivée sur le trône d'Henri IV ramène le calme dans toute la France. Son nouveau seigneur, Mary du Puy le fait restaurer et s'y installe en 1587.

Cour intérieur du château de Ratilly

Louis de Menou, l'époux de la fille de Mary du Puy construit le bâtiment d'entrée qui relie les 2 tours ainsi que la chapelle Ste-Anne aujourd'hui disparue.
Novembre 1653, la Grande Mademoiselle quitte temporairement son château de St-Fargeau suite au décès d'une de ses dames d'honneur : "Comme la maison est petite j’y menai peu de monde et ne gardai même point de carrosse… Je fus cinq à six jours dans ce désert…" écrite-elle dans ces mémoires à propos de Ratilly.

Bâtiment d'entrée (côté cour) 

En 1849, son nouveau propriétaire Charles Louis Vivien va faire assécher les douves et planter des vergers. Depuis 1951, la rénovation apportée par Jeanne et Norbert Pierlot en on fait un lieu de stages de poterie et un centre d'animation culturelle. Ouvert à la visite, l'ancienne salle des gardes abrite une cheminée de style Renaissance classée Monument Historique tout comme le château. 

Cheminée de style Renaissance
Douves sèches du château de Ratilly

Auxerre

Capitale régionale de l'Yonne, les premières traces de l'occupation humaine remontent à l'époque gallo-romaine. A cette période, Auxerre plus connu sous le nom d'Autissiodorum était un important carrefour commercial située sur la voie romaine reliant Lyon à Boulogne-sur-Mer. 

Cathédrale St-Etienne

Une première église de style romane est construite dans la première moitié du XIe siècle puis elle fut remplacée par la cathédrale actuelle de style gothique dont la construction prit 3 siècles même si la tour Sud ne fut enfaite jamais construite.

La tour de l'horloge

L'horloge que nous pouvons admirer aujourd'hui, n'était initialement pas à cet endroit mais dans le clocher de l’église Saint-Eusèbe.

Mais pourquoi a-t-elle changé de place ?
Vers 1420, la population va demander à ce que l'horloge soit déplacée afin de pouvoir mieux entendre ses cloches. Mais il faudra attendre août 1457 pour la voir dans la Tour Gaillarde.

L'horloge de la tour

Admirez cette horloge qu'on peut qualifier d'astronomique car elle indique simultanément l'heure solaire et lunaire.
L'aiguille lunaire est reconnaissable avec un globe pour symboliser la lune dont la moitié est noire et l'autre dorée pour indiquer les différentes phases lunaires. 

Pas facile au premier coup d'œil de lire l'heure car elle divisée en 24 heures soit deux fois 12 heures en chiffres romains. On peut lire l'heure du matin à droite et celle de l'après-midi à gauche et les demi-heures sont représentées par les losanges.

Dessous l'horloge, 2 inscriptions différentes une à l'est et la seconde à l'ouest font allusion en latin au temps qui passe, voici les traductions : 

"Tandis que je meurs, tu meurs, mais cependant, heure, en mourant, je renais. Puisses-tu naître pour le ciel quand tu mourras sur le terre ! 1672"

"Le ciel est le principe de mon mouvement, le ciel est ma règle. Si le ciel est ta règle, tu dois quitter la vie sans danger."

L'abbaye de St-Germain est édifiée au milieu du Ve siècle par l'évêque de la cité : Germain. Mais à cette époque ce n'est qu'un modeste oratoire construit en l'honneur de St-Maurice. En 448, à sa mort Germain va se faire inhumer dans l'oratoire et très vite le culte de St-Maurice va être oublié et remplacé par celui de St-Germain.

La baie gothique vue depuis le cloitre

Au début du VIe siècle, Clotilde de France, la seconde femme de Clovis, décide d'honorer le culte de St-Germain et elle va faire du simple mausolée, une basilique funéraire d'environ 50 mètres de long. Entre le fin du VIe et le début du VIIIe de nombreux autres aménagements seront apportés à l'édifice.

Lors de la seconde moitié du VIIe, des moines occupent régulièrement les lieux, la basilique devient ainsi un monastère.

Puis en 1215, la cathédrale romane est détruite pour laisser place à un édifice de style gothique. Les moines aussi décident de construire une nouvelle abbatiale entre la fin XIIIe-XIVe siècles car cette dernière menace de s'effondre suite aux incendies qui l'ont touchée.

Lors de la Révolution comme beaucoup de bâtiment religieux, l'abbaye va être vendue comme bien national. Au XIXe, elle devient un hôpital mais quelques travaux sont nécessaires : démolition de l’avant-nef et de ses trois premières travées dans le but d'avoir un accès monumental et seul la tour St-Jean qui date du XIIe est sauvée. 

Depuis 1970, l'ensemble propriété de la commune auxerroise est devenue un musée que l'on peut encore visiter aujourd'hui tout comme la crypte que je m'apprête à découvrir. 

La tour St-Jean

La crypte de l'abbaye est célèbre pour ses peintures carolingiennes, celles-ci étant les plus vieilles de France. Magnifiquement conservées tout comme les chapiteaux et pierres sculptés. Ce décor sculpté visible dans la crypte n'est hélas qu'une partie de ce qui étaient présents dans le passé.  Actuellement, on peut essentiellement voir dans la crypte les quatre chapiteaux de la Confession.

Zoom sur les quatre chapiteaux de la Confession :

Les deux colonnes à gauche de l'image (nord-est et sud-est) sont de style ionique. Le chapiteau au premier plan de l'image (nord-ouest) est un faux, il s'agit de stuc plaqué sur la partie haute de la colonne afin d'imiter un chapiteau. Enfin, le chapiteau sud-ouest est le seul de la Confession à être sculpté sur toutes les faces contrairement au autres qui sont sculptés sur 2 faces uniquement.
Des analyses archéologiques ont révélé des traces de polychromies au sommet des colonnes datant de la période carolingienne.

Les quatre chapiteaux de la Confession

Concernant les peintures, celles qui sont le mieux conservées se trouve dans l'oratoire de St-Etienne et retracent les trois grandes étapes de la vie de ce dernier que je vais vous présenter : 

Scène de l'accusation
Scène de la lapidation
Scène de l'extase
Le tombeau de St-Germain

C'est dans ce sarcophage que St-Germain (photo de gauche) fut placé même si à l'époque il se situait plus profondément dans le caveau. Non loin, on peut voir les sépultures d'autres évêques auxerrois ainsi qu'une iconographie. 

Sépultures d'autres évêques
Iconographie d'évêques

Cette iconographie représente deux évêques un jeune et un vieux, en habits sacerdotaux chacun portant l'évangile dans la main gauche. L'un lève la main en signe de prédication alors que le second montre les écrits saints.

Chateau de Tanlay

En découvrant la façade de ce château, je ne pensais pas découvrir de si belles peintures en trompe-l'œil qui m'ont tout simplement laissé sans voix ! Suivez-moi et partons ensemble à la découverte du château de Tanlay

Chateau de Tanlay

Construit sur les fondations d'une ancienne forteresse au début du XIVe siècle par le plus jeune fils de Louise de Montmorency, Francois de Coligny de 1550 à 1568. Puis débute les guerres de religions, pendant cette période Tanlay va accueillir les chefs protestants mais aussi le célèbre Prince de Condé qui séjournera de nombreuses fois au château. 

Colonnes pyramidales

1642, le château est vendu et son nouveau propriétaire Michel Particelli d'Emery va charger l'architecte Pierre Le Muet de nombreux travaux encore visibles aujourd'hui comme l'aile droite, le corps du logis ou encore la décoration des appartements. Il lui confiera aussi les extérieurs avec la construction des communs dans un style classique, l'aménagement du canal et des douves entourant le château. 

Entrons maintenant par le grand vestibule, dit des Césars. 

Le grand vestibules, dit des Césars 

A l'étage, je découvre le premier chef d'œuvre du château qui m'éblouie, une galerie longue de 21 mètres tout en trompe l'œil et en grisaille. Les peintures représentent des statues antiques réalisées en 1646. 

La galerie en trompe l’œil
Plafond de la galerie en trompe l’œil

La fresque de la Tour de la Ligue attribuée à l'école de Fontainebleau dans laquelle on retrouve de nombreux personnages de la cour de France peint sous les traits de dieux de l'Olympe mais aussi rempli de symboles que je vous explique maintenant.

Commençons avec ces deux personnages très reconnaissables, le roi Henri II représenté sous les traits du dieu de la guerre : Ares qui fait face à sa maitresse Diane de Potiers en tenue d'Eve. Cette dernière fervente catholique, était surtout un grand soutien pour les grandes familles catholiques et aurait poussé le roi à combattre les protestants.

Au centre, le dieu Janus reconnaissable avec son double visage couronné tenant dans d'une main une clé et de l'autre un bâton lesquels lui permet d’ouvrir ou de fermer la porte du temple et de chasser les visiteurs indésirables.

On y voit aussi Jeanne d'Albert figure importante du protestantisme et mère du futur Henri IV est représentée sous les traits d'Athéna tenant dans sa main gauche une lance et dans sa main droite son bouclier. Renée de France, belle-sœur de François 1er, représentée avec une colombe sur l'épaule signe de paix et de réconciliation. Enfin, à la droite de Janus, Marguerite de Valois, dite la Reine Margot, épouse Henri IV, elle joue un rôle pacificateur entre Catholiques et Protestants. 

On comprend donc qu'on retrouve à droite de la fresque les Protestants et à gauche les Catholiques

Côté protestants, l'Amiral Gaspard de Coligny représenté sous les traits Poseidon reconnaissable à son trident, à côté son frère François de Coligny en Heracles avec la peau de lion autour de la taille tenant une massue. Cette fresque inachevée se termine avec la représentation d'une proserpine. Cet arrêt brutal est certainement dû à la mort de François de Coligny en 1569.

N'oublions pas au cœur de la fresque la représentation de Jupiter volant sur son aigle. 

Ma visite se termine sur cette magnifique fresque. Peut-être qu'en lisant mon article, vous avez comme une impression de déjà vu ! Cela est fort possible car le château servi de lieu de tournage pour le film "Angélique, marquise des Anges" ! 

Château de Maulnes

Propriété de Louise de Clermont et de son époux Antoine de Crussol, le château de Maulnes voit le jour suite à un évènement tragique.

Château de Maulnes

Après leur mariage, les époux se rendent sur les terres de la Comtesse de Tonnerre mais la veille de leur arrivée le village de Tonnerre périssait dans les flammes. Les villageois accusent la Comtesse d'avoir commandité l'incendie et lui refusent l'accès à ses terres. Antoine de Crussol et sa femme décident donc d'entreprendre la constriction de leur nouveau château dans un style Renaissance. 

Le vestiaire

Zoom sur le vestiaire :

L'utilisation de cette pièce n'est pas réellement connue, l'étude du sol nous indique seulement la présence de meuble au centre de la pièce ainsi que de chaque côté de la fenêtre. 

La construction débute en 1566 dans un plan pentagonale qui s'articule autour d'un cylindre creux autour duquel s'enroule un grand escalier en colimaçon, il dessert l'ensemble des cinq niveaux ainsi que la terrasse située au sommet. Le sous-sol étant construit sur une source, ce puits ajouré permettait de faire parvenir facilement de l'eau à tous les étages.

Le puits autour dû quel s'enroule l'escalier

Cet escalier à la particularité de ne pas desservir tous les étages du château. Effectivement le 2nd niveau dit "l'étage de service" est accessible grâce à l'escalier situé dans les tours du château prévu sans doute pour les domestiques afin de réserver l'escalier central aux maîtres des lieux. Mais cet étage bas de plafond renforce ce sentiment de labyrinthe.

L'étage dit "étage de service"

Le Duc d'Uzès meurt prématurément à 47 ans suite au siège de La Rochelle dont il revient épuisé et malade. Le chantier s'arrête brutalement en 1573 et ne sera jamais fini. Louise de Clermont reviendra très peu sur ces terres préférant habiter chez son frère au château d'Ancy-le-Franc, laissant son château tel que je le découvre aujourd'hui.

La salle de réception

Au 3e étage, on peut découvrir le bain reconnaissable avec son banc en pierre. Il était rempli avec l'eau puisé depuis l'escalier central et chauffé grâce aux deux cheminées présentes sur la palier, on peut également voir le trou par lequel s'évacuait l'eau. Sur les murs, nous pouvons encore apercevoir les vestiges de peintures qui représentaient Diane surprise au bain par Actéon.  

Le banc présent dans le bain 
Vestiges de peintures
L'étuve sèche

Juste à côté, subsiste également une étuve sèche, chauffé grâce à une réseau de tubulures qui sont des canalisations en terre cuite qui permettent ainsi la circulation dans la pièce de l'air chaud. 

Dans le prolongement de cette pièce propice à la détente, les appartements des bains constitués de trois pièces en enfilades orientées Sud, elles donnent une magnifique vue sur le jardin. Mais elles ont la particularité d'avoir leur cheminée excentrée et non au centre de la pièce comme cela est majoritairement le cas dans tous les châteaux. 

Son utilisation est encore flou, peut-être salle de repos, de massage après un moment de calme dans la pièce du bain ou tout simplement des chambres ! Le mystère plane encore ! 

Les appartements des bains

J'atteins maintenant l'étage noble reconnaissable avec ses colonnes qui nous accueillent depuis l'escalier mais aussi par la hauteur sous plafond beaucoup plus haute. 

Ce niveau abrite les chambres de ses propriétaires dans lequel des traces de fixation ont été retrouvées indiquant que les murs devaient certainement être recouverts de tapisserie dans le but de conserver la chaleur, on peut aussi admirer leur plafond à enrayure reconstruit par le département de l'Yonne grâce aux écrits d'Androuet du Cerceau. 

A côté des chambres, des petites pièces chauffées par la présence de cheminée mais aucun écrit pour le moment retrouvé ne peut affirmer leur utilisation. Garde robe ou antichambre ? Le mystère plane là aussi !

Escalier de l'étage noble
Garde robe de Louise
La chambre d'Antoine

La dernière pièce de cet étage est le cabinet de travail, adjacent à la chambre d'Antoine, on peut encore y voir les décorations murales ces entrelacs noirs qui recouvraient l'ensemble de la pièce. 

Cabinet de travail

La dernière étage abrite les combles avec ces deux cheminées permettaient de rendre plus confortable ce lieu où devait dormir le personnel. Quant au pigeonnier, un mystère subsiste ici aussi. car le nombres de boulins ne correspond pas à la superficie du domaine. 

Les combles
Le pigeonnier

A l'extérieur côté jardin, nous pouvons apercevoir cette pièce d'eau qui est à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du château aussi appelé Nymphée, alimentée ici par 3 sources d'eau. 

Je ne suis normalement pas amoureuse des châteaux vides mais celui-ci m'a particulièrement touchée. Il s'en dégage comme une forme de sérénité et je me laisse facilement transporter au XVIe siècle. 

Château d'Ancy le Franc

Le château d'Ancy le Franc est un palais de style Renaissance construit au milieu du XVIe siècle pour Antoine III de Clermont-Tallard d'après les plans de Sebastiano Serlio, c'est la première fois qu'un château est conçu d'abord sur plan mais ce n'est pas pour cette raison qu'il est connu mais plutôt pour ses nombreuses peintures murales.

Façade avant du château d'Ancy le Franc

Apres avoir franchi la cour d'honneur dont les façades sont un parfait exemple du style Renaissance, j'emprunte l'escalier d'honneur comme autrefois par les maitres des lieux et leurs convives pour me rendre dans la première pièce : la chapelle

La cour d'honneur 

Zoom sur la chapelle :
Dédiée à Ste-Cécile, les murs furent peint à la demande du petit-fils d'Antoine III en 1596. En bas des murs dans leur niches, des personnages de la Bible sont représentés alors qu'en haut se sont les pères du désert sans oublier le plafond sur lequel apparait Dieu au centre entouré des 4 évangélistes et des 8 béatitudes. 

Voûte de la chapelle 
Zoom sur le haut du mur qui représente la vie des pères du désert 
Le bas du mur avec la représentation de personnages Biblique

Zoom sur le salle de réception :
La salle de réception fut décorée à la demande d'Antoine III pour la venue au château du roi Henri III, en 1574 mais hélas il ne s'y arrêta pas pourtant le Comte de Clermont avait pensé à tout avec les fleurs de lys à gauche de la cheminée et les armes de la Pologne à gauche car Henri III fut roi de ces deux pays. Quant au portrait équestre d'Henri III, il date du XIXe siècle tout comme le plafond et surtout le sol pur style Néo-Renaissance.

La salle des gardes

Zoom sur le salle à manger :
Initialement cette pièce était  l'antichambre spécialement conçue pour la venue d'Henri III au château et c'est au XIXe siècle qu'elle devient une salle à manger.

Zoom sur le Salon Louvois :
A l'origine, cette pièce était la chambre du roi, elle servit pour la venue du Roi Soleil, le 21 juin 1674 et c'est en 1824 qu'elle fut transformée en salon de musique comme le montre les instruments de musique présents sur les boiseries.

Zoom sur le salon Des Dauphins :
Ce salon servit pendant quelques temps de cabinet de travail royal dans lequel au XIXe on a voulu rendre hommage à Louis XIV avec la création d'une horloge en forme de soleil mais aussi à son ancien propriétaire Francois Comte de Clermont-Tonnerre en accrochant son portrait comme pour le remercier d'avoir accueilli le Roi dans sa demeure. 

L'horloge en forme de soleil
Portrait de François Comte de Clermont-Tonnerre

Zoom sur le salon du balcon :
C'est ici que fut installé la loge d'honneur pour la venue du Roi Henri III avant d'être transformé en salon de musique au XVIIIe et en salon de billard au XIXe.
Sur la cheminée, le portrait du petit-fils d'Antoine III avec la croix de l'Ordre du Saint-Esprit auquel il appartenait. 

Portrait de Charles-Henri de Clermont-Tonnerre

Zoom sur La Galerie des Sacrifices :
Tout d'abord, on va pas se mentir, c'est pas des plus accueillant comme nom mais pourtant cette galerie est magnifique. Recouverte entièrement de peintures murales en grisailles, ces scènes sont en parties inspirées de la religion gréco-romaine, on peut y voir des sacrifices d'animaux qui donnera son nom à la galerie. Au XVIe, chaque représentation avait sa couleur puis au XIXe la restauration les recouvre de grisaille.

La galerie des sacrifices
La bibliothèque

Zoom sur la bibliothèque :
Entièrement refaite au XIXe cette bibliothèque fut sous Charles-Henri, un cabinet de portraits des chevaliers de l'Ordre du St-Esprit.

Avant la Révolution Française, une bibliothèque existait déjà mais elle fut détruite et les livres brûlés dans la cour intérieure.

Durant la Terreur, la Famille Louvois propriétaire à cette époque s'exila. Le château servit de gendarmerie mais aussi de prison. Heureusement ils réussirent à leur retour à le récupérer.

Voyez-vous ces flèches peintes tout autour de la pièce ? C'est un hommage à Diane de Poitiers, la belle sœur du commanditaire du château.

Zoom sur le cabinet du Pastor Fido :
Ce cabinet était le bureau de Madame la Comtesse, cela provient de la tradition Italienne le "Studiolo". Elle y recevait ses proches et fidèles amis. 

C'était aussi la pièce de repos favorite de Mme de Sévigné qui venait ici pour rendre visite à sa grande amie Anne de Souvré épouse du 1er Marquis de Louvois.

Tout autour des peintures tirées du célèbre poème du XVIe "Il pastor Fido" retrace la trépidante aventure amoureuse de 3 couples qui malgré leurs sentiments voient toujours leur amour contrarié.

Quand au plafond à caissons, il date du XVIe mais ses décors dorés sont ajoutés plus tard.  

Le cabinet du Pastor Fido

Zoom sur la galerie de Médée :
A l'origine le décor de cette pièce se situait côté jardin dans la Galerie Madame, elle reliait les appartements de Madame à celui de Monsieur mais au XIXe la famille Clermont-Tonnerre le reconstitue entièrement dans une nouvelle pièce côté cour.

Mais que représente ce décor ?
C'est le récit mythologique grec "Le départ de Jason et des argonautes à la recherche de la Toison d'Or" 

N'oubliez pas d'admirer le lambris en trompe l'œil du XIXe avec le monogramme de Charles-Henri et de son épouse Catherine-Marie d'Escoubleau de Sourdis sans oublier le sol fait en marbre d'Italie, certainement le plus beau du château. 

La galerie de Médée

Zoom sur la chambre des Arts :
Le nom de la chambre provient de son décor représentant les 7 arts libéraux qui sont : la grammaire, la rhétorique, la logique, l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie. Dans un autre genre le 8e médaillon montre Apollon et les 9 muses. Saurez-vous le trouver ?

Cheminée à griffe de lion

Arrêtons-nous quelques minutes devant cette cheminée à griffe de lion très à la mode au XVIe.

 
Au centre, une ruche enflammée que le feu n'arrive pas à consumer comme l'indique l'inscription "Urit Non Consumit" qu'on peut traduire par "Elle brûle sans se consumer"

C'est une allusion à l'état du royaume déchiré par les guerres de religions.

Chambre des Arts

Zoom sur le chambre des fleurs :
A l'origine, cette chambre était un cabinet créée au XVIIe en amputant la galerie du Seigneur.
C'est aussi à cette époque, qu'on commence à découvrir de nombreuses espèces végétales, sur la partie haute du lambris une trentaine de fleurs sont peintes alors qu'en bas se sont des paniers de fruits et légumes qui sont représentés. Au-dessus, une tenture en toile de juste avec le motif des croissants de lune, symbole cher à Diane de Poitiers. 

Chambre des fleurs
Cheminée de la chambre des fleurs

Sur la cheminée représenté en Diane, l'épouse de Francois de Clermont-Tonnerre, Anne-Marie Vignier dont les initiales sont inscrites sur le plafond à caissons de la pièce. 

Plafond à caissons de la chambre des fleurs

Zoom sur la galerie de Pharsale :
Pharsale est la nom de la bataille qui oppose au 4e avant J-C les troupes de César à celle de Pompée qui prit la fuite vers l'Egypte.
En plus d'avoir la particularité d'être visible de tous et pas seulement par les maitres de maison, cette fresque est monochrome seul la teinte nous donne l'impression pourtant de l'utilisation de plusieurs coloris. 

Zoom sur la salle des archives :
Le décor de cette salle provient d'un autre château de la famille de Clermont-Tonnerre, le château de Clermont dont on peut voir quelques visuels peints mais aussi des allégories, des dieux et héros mythologiques, les saisons, les vices et les vertus. 

La salle des archives

Zoom sur le chambre de Diane :
Cette chambre est aménagée au XVIe par Antoine de Clermont-Tonnerre qui rend hommage à sa belle-sœur Diane de Potiers.
Rempli de symbole, commençons avec la voûte dont l'état est d'origine. Au centre, le blason des Clermont entouré des 4 éléments : le feu représenté par Vulcain, l'air par Chronos, l'eau par Neptune et la terre par Gaia.

La voûte de la chambre de Diane

Sur les murs 8 panneaux représentant : Diane et Actéon des Métamorphoses d'Ovide, le jugement de Paris de l'Iliade d'Homère
et 2 peintures d'échange de billet.

Le jugement de Paris
Diane et Actéon
L'échange de billet

Altéré par l'humidité les murs ont été recouverts de papier peint au début du XIXe. Un siècle plus tard, le papier peint est arraché sans faire attention aux fresques dessous, provoquant la perte d'une grande partie des peintures murales. 

La chambre de Diane
Parc à l'anglaise

La visite intérieur étant finie, je pars prendre l'air en allant me balader dans ce parc à l'anglaise dans lequel j'aperçois au loin une petite bâtisse construite en 1761 perdue au milieu de ce lac artificiel. Elle servait de lieu de repos mais permettait aussi lors de grandes fêtes de pouvoir y tirer des feux d'artifice. 

Alors que je prends congé de l'Yonne, j'amorce la prochaine étape de mon odyssée à travers les siècles en me dirigeant vers la Côte-d'Or, un autre joyau de l'histoire française. Là-bas, les châteaux se dressent comme des gardiens de l'histoire, attendant avec impatience d'ouvrir leurs portes pour révéler les trésors cachés de cette région. 

J'espères que ce nouvel article vous donnera envie d'explorer, avec curiosité et émerveillement, les châteaux et le patrimoine exceptionnel de ce département, car l'aventure continue et les découvertes n'attendent que d'être dévoilées !

Sources :