atelier d'été 2023

En ce beau début d'été 2023, quelques personnes se rencontrent dans un cimetière. Nous avons quatre jours pour faire connaissance et comptons bien profiter pleinement de ces quelques moments passés ensemble pour aborder le sujet délicat de nos relations à la mort et au cimetière. Et délicat.e.s, nous l'avons tous été les un.e.s envers les autres durant ces instants suspendus. Délicat.e.s, drôles, tendres, attentionné.e.s, franc.he.s, ouvert.e.s... Nous espérons que vous pourrez déceler tout cela en nous lisant. 

La mort c’est un souffle qui s’échappe

La mort c’est l’abandon, c’est le départ

C’est un passage ou une finitude ?

C’est le début d’une autre vie pour les survivants.

Valérie M.

10 minutes d'écriture - thème imposé 

Ma mort idéale...

J'aimerais n'avoir pas à m'en rendre compte... dans mon sommeil, un accident rapide...

J'aimerais mourir âgée et en possession de mes moyens. 

Sur la fiche du dossier médical, j'ai demandé : pas d'acharnement thérapeutique. J'ai désigné un gestionnaire pour ne pas dépendre d'un avocat en cas de tutelle. Au pire, l'idée de la maison de repos ne me dérange pas en cas de dépendance. 

Une chambre individuelle, une télé, des bouquins et pouvoir taper la carte avec d'autres dans le même état que moi. 

De même, pour l'euthanasie, il faut réunir certaines conditions que je n'ai pas retenues, n'y étant pas. 

Je veux mourir proprement et après, ils n'ont qu'à choisir les modalités. 

Béatrice

10 minutes d'écriture - thème imposé

Ci-gît la Mort

Ci-devant Décès, Trépas, Fin, Agonie

Dite aussi  la Gueuse, la Faucheuse, la Camarde

Passant, n’aie pas de pitié pour elle.

Elle n’en aura pas pour toi

Marc

La lame de la grande faucheuse s'est brisée. 

RIP

Béatrice

La mort, c’est un grand mystère. Chaque jour, elle s’approche mais on n’y pense pas toujours.

Elle arrive, on voit les petits signes d’usure ; on oublie qu’elle ne prend pas vraiment rendez-vous.

Parfois, on est saisi, elle est là dans un animal domestique qu’on avait choisi d’adopter. Parfois, on l’attend tant le quotidien est lourd et sans intérêt. Parfois, elle rebondit comme la pierre qui fait un ricochet. Parfois, la mort guette : une situation dangereuse, un accélérateur qui nous happe. Parfois, la mort menace, menace, brouille les cartes. On ne sait plus quoi penser.

Parfois, on la voit dans un profil décharné, dans l’enfant qui dort, dans l’homme en effort.

Parfois, on la sent, dans un tram bondé, une poubelle abandonnée, on la devine dans un objet dérivant sur le canal.

On ne l’entend pas ; parfois, on peut la toucher, c’est froid et grumeleux… Heureusement, on ne la goûte pas !

                                                                                                              Signé : un végan.

Béatrice

Début du texte imposé - 10 minutes d'écriture

La mort,

C'est un mot peu élégant, même très laid, rebutant, voire malséant, évité avec soin, associé aux émotions les plus diverses.

La fin et le désespoir.

Ou la promesse d'une nouvelle histoire.

Un mot valise qui renferme tous les possibles.

 Mona

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Quand vos morts vous apparaissent-ils ? 

Oulala... quelle question !

Je crois que c'est toujours à la maison. Quand je vais au cimetière, c'est un peu comme pour les photos. Les photos qui vous troublent, plus vous les regardez moins elles vous touchent. Il faut les laisser reposer pour les redécouvrir... ou alors au hasard en redécouvrir. 

Au cimetière, je dois me forcer à penser à eux. Le dernier décès, les tractations pour la dévolution du caveau ont été telles que l'aspect sacré s'est estompé. 

Maman. Je l'appelle quand je suis en plein désarroi face à la cruauté inconsciente de mes ados et c'est le cas le plus souvent dans ma cuisine. 

Intellectuellement, j'ai pu comprendre combien elle a souffert d'être une enfant après deux sœurs décédées quand elle avait 2 ans et 11 ans. 

Mes grands-parents. Je les retrouve tous les matins quand je choisis mon couteau pour faire une tartine. Cinq petits couteaux art déco retrouvés au hasard des vidages de maison...

Ma grand-mère. Elle est dans mon arrosoir en galvanisé et l'hiver je la mets à l'abri. Parfois l'été je la laisse sur la terrasse. Elle aimait tant les fleurs et les jardins... J'ai trouvé cet arrosoir, dont j'avais oublié l'existence, vingt-quatre ans après son décès et c'est vraiment toujours la même intensité. 

Mon père. J'ai rempli une bibliothèque des livres glanés dans la succession. Bachelard, Kristeva, Bloch, Freud, Lacan, Young, Kenneth White, des livres d'art, d'histoire, de spiritualité... Chaque fois que je regarde cette étagère, j'aperçois des titres dont je ne mesurais pas la portée ou les centres de gravité. Parfois, j'ouvre un livre. Certains sont annotés. Des livres que je n'ai ou n'avais jamais lus. Des sujets jamais abordés. Bachelard. La psychanalyse... "J'ai peur de la mort. L'attente me tue." Je n'ai jamais cessé de parler avec mon père. Je ne parle plus à mes amants décédés. 

Béatrice

20 minutes d'écriture - thème imposé

Monsieur l’Échevin des morts

(Ou Madame l’Échevine des morts)

 

Je me permets de me présenter, je suis une citoyenne soucieuse de bien-être et de convivialité.

 

J’ai récemment visité le cimetière de Molenbeek. Ce lieu, havre de paix au cœur de la turbulence citadine, m’a fascinée.

J’ai découvert qu’il abrite une grande prairie remplie d’épis dorés, d’herbes hautes, de fleurs sauvages….

Elle n’est pas encore habitée par nos défunts.

Cette prairie invite à la paresse, à la flânerie, au repos….  à se poser, s’arrêter, méditer, se recueillir, ne penser à rien… sinon à ceux et celles qui l’entourent…

J’affectionne tout particulièrement cette mode récente des guinguettes éphémères réintroduites dans les parcs et les bouts de rues

La mort faisant partie de la vie, je trouverais particulièrement aimable que morts et vivants, puissent se côtoyer en toute sérénité et connivence le temps d’un été dans cette belle prairie.

Je suggère donc l’installation d’une jolie guinguette…

Laquelle offrirait de l’ombre, des transats, des limonades bio, des cookies faits maison, des tartes à l’ancienne.

Seraient ressuscitées les recettes d’antan.

Point d’alcool ne serait proposé.

Règle absolue, le silence le plus total régnerait.

 

Je vous remercie infiniment pour la lecture bienveillante que vous ne manquerez pas d’accorder à la présente demande.

 

Je vous prie, Monsieur l’Échevin, Madame l’Échevine des morts, d’agréer mes plus sincères salutations.

 

 

Catherine

Citoyenne militante pour l’installation de guinguettes dans l’espace public


10 minutes d'écriture - thème imposé

C’est l’ordre alphabétique qui me donne le fil de cette première petite histoire.

Pour apprivoiser son chagrin suite au décès de sa maman, l’enfant demande à retourner au cimetière. Il se fait lire les épitaphes, surtout la pelouse avec les tombes des enfants.

Les pierres parlent et font oublier les squelettes qui habitent désormais ce jardin paisible.

Béatrice

5 mots imposés - 20 minutes d'écriture

Mona et Béatrice  

La mort, c’est un passage, une naissance à l’univers…

Un cheminement et un retour aux origines.

La mort, c’est une danse avec la vie… La vie jusqu’au bout.

Quelques secondes avant de mourir, sur le seuil, je suis en vie… La vie mène la danse.

Anne Meesters

10 minutes d'écriture - thème imposé

Vous la reconnaitrez, elle arrive chargée comme un baudet…

Sa petite valise et ses sacs sont remplis de cahiers, de carnets mais aussi de crayons de couleur, de pinceaux, d’acrylique, de pastels gras, pastels secs, aquarelles, revues, ciseaux, colle

Elle fait écrire, écrit, réécrit…

C’est une jongleuse.

Elle jongle avec les récits de vie, les pages de consolation, les lettres à déposer dans des boites aux lettres qui n’’existent pas

Elle récolte les témoignages, les souvenirs….

Elle aide à mettre de l’ordre dans les photos et du désordre là où il en faut…

Elle transforme les vies à coup de poésie

En somme, elle est un peu la femme à tout faire du monde de l’écrit…

Quand elle sent que c’est nécessaire, elle fait déchirer les textes en petits morceaux

Et ensuite, les fait recoller sur des papiers nouveaux

Elle invite à y mettre des couleurs tendres et mots découpés en forme de fleurs

Elle propose des gribouillis libérateurs comme des envols printaniers.

Dans des feuilles cartonnées, elle fait découper et ouvrir des portes

Elle invite à y glisser des rêves et des images tirées au hasard à coup de dés…

Les cartes oracles sont ses complices…

Elle affectionne les tarots et les animaux totem…

Elle affectionne tous langages symboliques

Elle est surtout celle qui sait s’éclipser quand il le faut

Celle qui repart chargée comme un baudet

Les sacs bien remplis….

Mais délestés des carnets de deuil

 

Catherine

Le cimetière, c’est le lieu où se passent bien des choses.

Au printemps, les jonquilles et les narcisses égayent les allées mettant des taches de lumière jaune dans le vert des feuilles fraichement écloses.

En été, les fleurs sèchent vite et c’est maintenant l’orange des tagettes ou la paille de l’herbe qui jaunit. Le tilleul termine d’embaumer et les graines de châtaigniers jonchent le sol.

A l’automne, ce sont les feuilles mortes qui craquent sous les pas. Les mauves chrysanthèmes, les bruyères, les pensées vont terminer la saison des jaunes, blancs, mauves… Les jardiniers, visiteurs annuels, viennent arracher les adventices.

L’hiver, pour que ces vies parties n’aient pas froid sous le linceul de neige, il neige parfois à pierre fendre. 

Béatrice

Début du texte imposé - 10 minutes d'écriture

Vous avez aimé gérer toutes les étapes de votre vie?

Organisez votre mort!

En quelques clics, allégez le sentiment de perte que vous pourriez induire chez vos proches.

Faites-leur gagner un temps précieux dans leur processus de deuil.

Définissez exactement les contours de votre dernière demeure.

Le lieu : cimetière de ville ou jardin bucolique de campagne : ce lien vous mènera à la carte des lieux susceptibles d'accueillir votre dépouille ; un double clic vous donnera un aperçu des tarifs

Le lieu déterminé, pensez aux détails esthétiques : marbre, pierre bleue, gravillons...

Pour chacune des options, choisissez le ton et la provenance ; un double clic vous mènera aux tarifs et promotions.

Pour terminer : l'épitaphe.

En panne d'inspiration personnelle ?

Ce lien vous fournira un éventail de 4250 maximes selon les mots-clés choisis.

Ces choix vous prennent trop de temps ?

Cliquez ici pour une formule "all inclusive", vous choisissez une gamme de prix, nous nous chargeons du reste : basique, de luxe ou paradisiaque.

Mona

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Catherine et Marc

Avez -vu ma sœur danser sur ses tissus aériens qui s’élève toujours plus haut pour rebondir à terre avec agilité et grâce.

Ovationnée par sa magnifique prestation.

La voilà parée de roses, de chrysanthèmes et de pivoines.

La fin des festivités se poursuit autour d’un délicieux repas composé de salade de pastèque et de fêta.

C’était sa dernière révérence !

Valérie M.

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Respect pour toi qui dors ici

Le temps a effacé ton nom et celui de tes proches.

Ironiquement le zéro qui reste n’est pas synonyme de ton bilan de vie.

Un crucifix est tombé sur ton ventre, te bénissant une dernière fois sur ton chemin d’éternité.

Ton image aussi a disparu. Reste cette dalle de marbre poli qui va bientôt disparaître. L’affiche « désaffections et exhumations » nous accueille déjà à l’entrée du cimetière.

Hommage à toi qui va disparaître pour toujours et que tout le monde semble avoir oublié. Poussière tu n’es que poussière et tu retourneras poussière.

Tu resteras dans les statistiques et dans les livres de ta spécialité ou de ton exercice. Une ligne dans un registre état civil paroisse école et un souvenir pieux égaré dans un missel abandonné.

Le monde a gommé ta vie mais pas son souvenir. Salutations.

Béatrice

Texte écrit à partir d'une photo - 20 minutes d'écriture

Le cimetière, c'est le lieu où se sont installés mes parents depuis plus de 20 ans

Le cimetière, c'est le lieu où s'entassent les carcasses de vieilles voitures au bord du canal

 

Le cimetière est le lieu où se cachent ceux que l'on ne croisera plus

 

Le cimetière est le lieu où s'exhibent les dérives de notre consommation débridée

Mona

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Destin enfoiré

Chienne de deuil

 

La vie est un film de disparition

Nous sommes des clowns le cœur en coin

 

Action

Des vacances, du soleil qui brille

Écrire, dessiner, créer des textes la tête forte de victoire

Marcher en accord avec l’avenir

Sourire, c’est été

L’heure est à aimer, apprendre, donner, décider des projets

 

Un vélo

Un chemin pour rouler et rire

Un virage

Un camion, sûrement l’enfer

Point de miracle…

 

Disparaître, le vide

Je suis devenue l’absente

 

Méchante ombre

Tu n’auras pas ma rage

Les années passent

Je chante toujours là où je suis

Je demeure un esprit tangible et vivant

 

Catherine

Son orteil avait le goût de myrtilles

 

 

Mais, pour découvrir ce trésor, que d’atermoiements, que de refus outrés, que de mines farouches, que d’indignation !

Véridique, simulée ?  Je ne sais, je doute encore.

 

Ce fut d’abord un baiser sur le bout d’un doigt ganté. Et puis sur le délicieux pli du coude.  Et puis, et puis…

Elle finit par, comme on dit, tout m’accorder.

Mais avec prudence.
Par menues étapes.

Toujours un peu trop peu.

Elle me tenait, la fine mouche.

 

Elle m’accorda tout, enfin, presque tout.

Lorsque j’osai, oh combien timidement, lui suggérer de me confier son orteil (le gauche, je précise) ce fut un cataclysme.

Emportements, fureur, hurlements, une tornade ! 

"A qui croyez-vous parler ? C’est une honte, c’est une turpitude, vous êtes un infâme, vous êtes un monstre, partez, Monsieur, et jamais ne revenez".

 

Je partis, penaud, accablé. Tout était perdu, ces délices aperçues à jamais envolées …

Mais, après une semaine, on carillonnait à ma porte.

C’était elle, qui jetait son escarpin, arrachait son bas de soie et murmurait, haletante,  «  Je suis folle, je n’en puis plus, prenez, Monsieur, prenez mon orteil, il est à vous ».

 

Ce fut sublime.

Depuis cette nuit, et jusqu’à mon dernier dernier souffle,  les myrtilles auront pour moi le goût de son orteil.

 

Marc

thème imposé - 50 minutes d'écriture

Aujourd'hui, maman est morte. 

Et je ne suis pas là. 

J'appréhendais cet instant funeste. Je ne savais pas... l'effet que cela me causa fut étrange et sidérant. La fin d'une époque... Celle de la confiance en une personne, et de la jeunesse.

Me voilà au premier rang de la vie. 

Une sensation de vertige et d'envie de partir.

Que vais-je perpétuer pour l'éternité qui vient ? 

Que vais-je abandonner à coup de sortilèges ? 

Quelles sont les empreintes d'une vie après tout ?

Envie de ne garder que l'essentiel des choses. 

Je nourris les souvenirs réconfortants. 

Continuer à s'aventurer dans les recoins méconnus de son destin, si destin est le mot qui peut... 

N'existe hélas pas encore. 

Un personnage hors du commun nous attend tous. 

Quelle joie de ne penser à rien, rien, et se laisser surprendre ! 

Ainsi va la vie. 

La messe est dite ? 

Amen

Catherine et Mona 

Le dernier mort que j’ai vu est ma mère vivante ou pas.

6 avril 2020. On ne peut visiter les maisons de repos. On est confinés. La direction de la maison de repos appelle ma sœur. On peut y aller, les derniers moments sont là. Seulement deux personnes. On est trois enfants.

Maman était une personne dure. Je cède ma place d’aînée. Je me rétracte, j’y vais quand même. Traverser la ville silencieuse et vide.

Charlotte, veste, masque, gants. On s’impose à trois.

On peut y aller tous les trois, mais un à la fois. L’infirmière chef m’escorte et touche les boutons de l’ascenseur et les portes fermées.

Dans l’ascenseur, un médecin qui vient constater les décès, ne trouve pas son cadavre. Emmitouflés, on est méconnaissable.

Le service des personnes désorientées est silencieux, non éclairé. Les portes des chambres sont toutes fermées, là où trois semaines avant, un joyeux capharnaüm. On entend les vieux taper sur leur porte.

L’infirmière ouvre la porte et reste dans mon dos.

Maman alitée, un masque, une pompe à oxygène dans le nez. Des yeux clos. Je désobéis, je touche les genoux.

Les yeux s’ouvrent. Je lui dis qu’elle peut y aller, qu’elle peut rejoindre ses sœurs. Ses parents.

Elle n’entend pas. Elle est sourde à 100%. Ses yeux se ferment. Je quitte. Mon frère et ma sœur suivront. Les yeux ne s’ouvriront plus.

Le téléphone viendra annoncer son décès 24h plus tard.                                 

Béatrice

Début du texte imposé - 10 minutes d'écriture

Trois jours, pendant trois jours je t’ai cherché ma sauvageonne, sur tous les sentiers.

Le silence s’était installé, plus de cris stridents pour réclamer ta pitance… pas de câlins, juste ta pitance.

Ce soir-là, tu étais entrée dans la maison, tu t’étais frottée aux encoignures des murs… et … sans que je n’ose trop y croire…

Tu t’étais posée tout contre moi.

Au lendemain, où étais tu ma chasseresse ?

Je t’ai cherchée trois jours durant … partout…partout sauf sous mes yeux.

Dans cette petite cabane, cette niche aménagée dans laquelle tu n’avais daigné poser une patte qu’un jour de grand froid, de neige abondante.

Dans cette cabane, tu étais raide, immobile, déjà cadavre… Sous mes yeux.

Ce silence, cette recherche de toi, devant la porte vitrée de la cuisine où tu attendais ta pitance… Jour après jour… Ainsi donc je peux glisser dans le deuil de toi ?

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Une pierre granit gris, un petit gilet jaune à côté de son nom : prénom, nom, dates.

Dans le bac habituellement réservé aux plantes, des petites plaques comme celle de Monsieur Pétré, tailleur de pierres, au cimetière de Molenbeek, avec des amis ou des sigles de syndicats. Une boîte à musique miniature, accrochée dans une machine étanche avec une minuscule manivelle, permet d’entendre l’Internationale ou le chant des partisans. Une sirène antivol, comme dans les manifs, se fait entendre si on tente une effraction sur la boîte à musique.

Un faisceau de flambeaux sculptés sur la stèle où sont gravés les mots : « Il ne savait pas que c’était impossible, alors il l’a fait. »

Béatrice

Description du monument funéraire d'un personnage tiré au sort - 10 minutes d'écriture

Le dernier mort que j'ai vu était étalé sur l'allée du parc ce matin.

Une malencontreuse rencontre entre un chat aguerri et un oisillon en première leçon de vol, sans doute.

Une petite vie abrégée qui laisse juste une trace un peu dégoûtante sur un lieu de passage.

Une mise en scène aussi déconcertante que répugnante de notre côté éphémère…

Mona

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Le cimetière c’est le lieu de notre dernier voyage.

C’est le lieu de quiétude nécessaire pour accompagner les vivants.

C’est un lieu intemporel où le temps se fige pour ses résidents.

C’est un lieu où les chemins de traverses peuvent nous amener à susciter des rencontres improbables entre les allées de saules qui pleurent et de fleurs colorées.

Valérie M.

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Aujourd'hui, maman est morte. Elle me manque déjà. 

Mais à moi... non. 

Je comprends, tu avais de nombreux oignons à décortiquer depuis trop longtemps. Faut pas attendre son énergie positive quand nous nous grattons sans cesse les cheveux, les poux, c'est trop dégoutant. Pourquoi... Madame Propre était son idéal de toute son existence de femme. Quel beau destin l'attendait. Avait-elle le choix ? 

Oui, c'était ça ou devenir magicienne de cirque... ou finir en taule couverte de poux et de crottes de chauve-souris. Pauvre maman, une vie toute de pure sainteté. 

Marc et Valérie

Non, il ne s'agissait pas d'une vocation.

Une petite annonce du Forem après des mois de chômage sans perspectives a attiré mon attention : « thanatopractrice ou embaumeuse, une formation de 19 mois, un métier nécessaire dans lequel vous pourrez exercer quelques talents artistiques"...

Après tout, pourquoi pas ? Formation courte, débouchés assurés, il n'y a pas de sot métier blablabla...Quant aux désagréments connexes présumés, il existe sans doute des solutions...

C'est ainsi que depuis bientôt 15 ans, j'enfile chaque matin, et souvent même le weekend, mon tablier, mes gants et j'intègre mon univers propre et bien rangé. La température toujours un peu fraîche me convient bien.

Chaque journée m'apporte son lot de corps sans vie, tous différents.

Chacun sa propre histoire, révélée par 1001 détails qu'ils me livrent bien malgré eux.

Bien inégaux face à la mort qui n'épargne personne, je suis bien placée pour m'en rendre compte.

Comme dans tous les métiers, il y a la routine, l'ordre des choses... et puis les accidents de la vie, qui toujours donnent plus de travail.

La vieille dame apaisée emportée dans son sommeil sera assez facilement mise en beauté pour laisser à ses proches un dernier souvenir aimable et respectable.

Mais que dire de cet accidenté de moto, fauché par une imprudence alors qu'il n'avait pas 20 ans ? Aucune justice divine là derrière...et beaucoup, beaucoup de patience et de savoir-faire pour effacer tant bien que mal l'énorme choc enduré par la chute.

C'est un métier dans lequel il faut mettre en place un système de défense digne d'une prison de haute sécurité. Parvenir à doser quelques zestes d'humanité mais en traitant le corps comme un objet à restaurer.

Pas facile...L'humour et la solidarité de mes camarades fossoyeurs et du gérant des pompes funèbres m’aident bien sûr. Mais ce n'est pas toujours suffisant.

Notre profession intéresse peu, nous sommes peu nombreux, nos barèmes sont alignés à ceux des ouvriers des pompes funèbres, nos indemnités pour les gardes sont dérisoires, les maladies professionnelles liées à nos pratiques sont peu étudiées, nous ne bénéficions pas de groupe de soutien thérapeutique...

Et je ne vous raconte pas l'effet garanti lors des diners ou cocktails, à l'heure de la question rituelle "et toi, tu fais quoi dans la vie"?

Petit silence décontenancé qui suit la réponse, infaillible pour se débarrasser d'interlocuteurs un peu encombrants en fin de soirée!

Mona

40 minutes d'écriture - sujet imposé

Le cimetière, c’est le lieu où « je me décrasse les antennes », où je reviens à moi et à mon désir goulu d’entendre les histoires de celles et ceux qui n’y sont plus… Tendre l’oreille… Dans le vent et le bourdonnement des abeilles, de fleur en fleur, se racontent les morts… Mon imagination fait le reste.

Anne Meesters

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Lorsque je suis morte, je suis grignotée par des vers à soie. 

Douce mélancolie, soyeuse comme ce linceul, tu nous enveloppes comme cette évocation de l'être aimé disparu.

Est-elle bien sincère . Est-elle sérieuse ? Est-elle convenable, appropriée aux circonstances présentes ? 

Rien de trop présentable, j'espère ?Imagine-toi que ce matin, de grand matin je précise, j'ai surpris une terrible confession. 

Une révélation qui confirme des décennies de rumeurs lugubres et inquiétantes au sujet de la mort surnaturelle. 

La mort est bien souvent surnaturelle. Ou sur-naturel. Elle fait partie du cycle de la vie, la nature reprend ses droits. 

Cadavre exquis 

Nous voici réunis ce matin devant la pelouse prête à accueillir les cendres de notre cher voisin, toujours prêt à donner un coup de main pour tailler les haies et nourrir les chats des rues.

Qu’il est difficile de rendre un dernier hommage à cet homme dont le sourire illuminera encore et toujours nos souvenirs

J’ai dit.

Valérie M.

20 minutes d'écriture, à partir d'une photo

Madame, Monsieur qui êtes enterré.e ci-dessous,

je voudrais vous rendre un dernier hommage

avant que votre tombe ne soit exhumée.

Je ne sais rien de vous car le temps a effacé toute révélation possible en lien avec votre vie.

Peut-être le choix de la stèle, l'urne en belle faïence, le grand médaillon laissent espérer que vous avez été une personne chérie et respectée

Vivant dans une certaine aisance aussi.

Votre confession, s’il y en avait une, ne s'affiche plus.

L'état d'abandon de votre tombe me laisse craindre une descendance inexistante, ou qui a quitté les lieux et vous a oublié d'une certaine façon.

L'état de votre tombe me chagrine un peu.

Et me donne l'impression d'une seconde mort, définitive cette fois.

Le carré que vous occupez est convoité, l'expropriation vous guette pour faire place aux nouveaux morts, ceux qui comptent encore un peu car ils vivent dans quelques mémoires solvables qui sauront s'acquitter des prolongations de concessions.

Mona

10 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo

De maître de cérémonie à rédacteur d’éloges funèbres… « Nègre bénévole »

Je vais vous raconter mon expérience d’écrivain public ou plutôt comment j’ai été amenée à écrire en moins de dix jours, dix-huit éloges funèbres d’avocats du barreau francophone de Bruxelles en avril dernier.

Mes parents étaient tous deux avocats et leur cabinet était dans la maison familiale. Secrétariat, stagiaires et collaborateurs se côtoyaient. La secrétaire devait parfois ramener de l’épicerie du poisson surgelé pour la table familiale du midi car maman était souvent débordée. Le courrier qui sortait de la maison était important. Mes parents dictaient, la secrétaire tapait. Maman se mettra à l’ordinateur et au traitement de textes dès la fin des années 80. Papa jamais, il dictera toujours jusqu’à quelques jours de sa mort. Maman jettera toutes les cassettes du dictaphone pour ne plus entendre sa voix.

Un an après le décès de mon père, la famille est invitée à la Cour de Cassation pour y entendre les éloges funèbres des avocats décédés en 2008-2009. Entre Roger Dalcq, Gaston Onkelinx, Jean-Paul Dumont… par ordre de décès. La séance académique dure plus de trois heures. Les bâtonniers de service ou honoraires se succèdent au micro. Silence religieux, toges, draperies, bancs, fauteuils, chaises en ébène, recouverts de velours grenat. Duc de Bourgogne avec la Toison d’or, tapis, lumière tamisée d’abat-jours, moulures dorées, style Napoléon III. Bref tout le décorum et l’histoire de Belgique, autour d’une salle comble.

Onze ans plus tard, après une laborieuse liquidation du cabinet d’avocats qui, entretemps, avait migré de la maison familiale, nous tous devenus adultes, vers un cabinet bien plus pro, maman décède. En 2022, deux ans après le décès de maman, nous sommes invités à la Cour de Cassation. Personne de la famille n’y va, sauf moi. J’avais essayé de rallier mes enfants. La dernière occasion de rentrer dans ce cénacle en lien avec des avocats…

La séance débute toujours dans cette salle solennelle mais après une file ‘sécurité’ avec fouille et bac scanné comme à l’aéroport. « Madame, vous ne pouvez entrer avec votre pioche et vos clous » (à savoir mes outils de garnissage, ramponeau et carrelets). J’abandonne le tout à la consigne et par mégarde je laisse mes clés dans le sac laissé aux bons soins de la sécurité. Pas une seconde, j’imagine que la consigne ferme à 17h et que les éloges vont se prolonger au-delà de 18h30.

Des éloges nombreux, trop nombreux (deux ans de pandémie), bâclés, lus à toute vitesse par des stagiaires ignorant tout des défunts jusqu’à mal prononcer leur nom, en toute ignorance de la réalité bruxelloise.

Maman, Régine Meert – van de Put devenue Régine Mèrt – vendepu… Ruisbroeck devenu Ruïsbroêk etc. voit sa brillante carrière ramenée à trois lignes.

Des courts, des longs, de l’émotion, du pathétique. Je me souviens d’une mamy debout entourée de ses petits-enfants, jeunes adultes, les tenant fébrilement par la main pour écouter la vie professionnelle de son défunt mari.

Pas d’écrit, des familles qui partent après avoir eu « leur mort », bruyamment. Au plafond, des moulures sont abîmées. Tous les avocats n’ont pas leur photo projetée. Le bâtonnier en pleurs n » parvient pas à terminer la lecture de son texte. A la fin, tout le monde s’encourt.

Actuellement un tourniquet comme dans les stades de foot permet de sortir pour ne plus rentrer dans le palais de la place Poulaert. Mes clés ? Mon sac ? Panique à bord. Une dame comme moi cherche son parapluie. LA consigne est fermée, pas une personne à l’accueil, plus de lumière au vestiaire des avocats, plus âme qui vive dans cet énorme labyrinthe.

Plus qu’une chose à faire, retourner à rebrousse-poil par le dédale des couloirs jusqu’à la salle solennelle de la Cour de Cassation. Plus un chat. Avec l’angoisse de se faire enfermer…

Je finis par tomber sur un avocat secrétaire du bâtonnier qui accepte que je l’escorte jusqu’à son bureau pour qu’il trouve le numéro de la sécurité et consigne pour faire ouvrir celle-ci : je voudrais mes clés ; je pourrais revenir le lendemain mais sans clé c’est compliqué. Ça se débloque, on retraverse le palais par d’autres dédales, je récupère mes affaires.

Le lendemain soir, je rédige un mail au gars pour le remercier de m’avoir sortie du pétrin et lui propose de retravailler les textes en vue d’une publication électronique pour que la tradition des éloges se perpétue malgré le changement sociétal d’attitude dû entre autres au covid.

Un an plus tard, numéro non identifié. Un brillant fiscaliste de l’avenue Louise me demande si je peux aider. Dix-huit avocats décédés en 21-22. J’accepte, je reçois bribes et morceaux sur des dossiers Dropbox. Les dossiers du barreau, des ébauches de confrères, rien ; des photos, pas de photos ; les témoignages de l’enterrement.

Pendant huit jours, j’ai joué à l’atelier d’écriture. Internet, FB, Instagram, Wikipédia, Chatgpt. Avec l’approbation du fiscaliste qui était fort content de mes premiers textes bouclés.

Le plus ancien avocat avait un dossier de 400 pages, spécialiste en roulage, décédé honoraire à l’âge de 95 ans. Des éloges funèbres dans des journaux new-yorkais pour un autre ayant exercé une partie de sa carrière à New-York. Des avocats issus de l’Afrique subsaharienne avec des tracés plus que nébuleux. La messe d’enterrement en intégrale de 2h sur YouTube. Des inconnus sur lesquels il n’y avait rien. Un jeune de 30 ans qui avait rédigé lui-même son texte…

Une aventure humaine fabuleuse ; rendre hommage à des gens aimés. Trouver quoi dire pour que ce ne soit pas l’imposture ou la disproportion.

J’ai pu envoyer mes textes le vendredi soir pour qu’ils soient envoyés au bâtonnier pour son weekend. Ils ont été prononcés à 90-95% à l’identique. Des petites fantaisies ont été sucrées. J’ai vu des gens pleurer sur mes textes ; personne n’a quitté la voute aux moulures abîmées et j’ai pu aller à temps chercher mon canif couteau suisse à la consigne.

Une ligne du programme me remerciait avec la joueuse de contrebasse qui avait scandé l’après-midi.

Que feront-ils l’an prochain ? Y aura-t-il une suite ?

 Béatrice

Description d'un métier lié à la mort - 60 minutes d'écriture

Ce cadavre est exquis. 

Tout en beauté dans son cercueil taillé sur mesure et sculpté dans un joli style art déco, dépouillé mais de bon goût. 

Tu te souviens où est enterrée Agatha Christie ? J'aimerais aller sur sa tombe histoire de m'inspirer de sa plume et commettre des actes...

Des actes ! Comme tu y vas ! C'est le foire, la boîte de Pandore, c'est un millefeuille, c'est un pétard ! 

De la bonne beu qui embaume du sol au plafond, du trottoir au balcon... Que j'aime cette odeur de bois fumé, de pensées sauvages à l'aube de ma vie. 

Je souhaite aimer, rire, danser, me baigner nue dans un lac avec mon grand amour. 

Cadavre exquis

À toi, Ô anonyme, dont je ne vois ni le nom ni l’épitaphe.

Ta pierre tombale moussue d’un lichen verdoyant dit de toi que tu es passé il y a longtemps.

Pour que la nature t’aime au point de déployer à tes pieds cette majestueuse belle verte, tu devais sans nul doute être un être accueillant.

J’imagine que ses racines s’immiscent jusqu’à toi… Tu devais être généreux pour nourrir ainsi sa sève.

Perspicace, tu avais de la suite dans les idées, tu avais deviné… Seule la vie nous survivra !

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo

Ma mort idéale

 

 

Sans souffrance .

Avec toute ma conscience.

Si possible de manière assez prévisible.

Pas tout de suite !

En musique

Après avoir parcouru toute l’Europe en train et rangé mes innombrables carnets de photos et souvenirs qui attendent patiemment d’être assemblés. Après avoir échangé avec toutes les personnes que j’aime ou qui ont compté pour moi.

Et lorsque le présent et l’avenir de mes enfants auront pris des contours joyeux et plein de promesses.

 Mona

10 minutes d'écriture - thème imposé

Je suis semeuse d’oiseaux du paradis

Aujourd’hui, j’ai décidé que c’est mon métier !

En cachette de mon grand-père horticulteur, il m’arrive souvent d’en chiper quelques spécimens et de les emporter sur les stèles des défunts oubliés, abandonnées.

Regardez, découvrez ces belles fleurs orangées qui déploient leurs becs

Elles proclament haut et fort la vie des trépassées dans la joie et la bonne humeur. 

Car même ici, derrière les clôtures du cimetière il est permis de rire et chanter.

Vous les apercevez, ces points colorés au milieu des allées prêt à s’envoler vers les cieux ?

Ce sont les oiseaux du paradis.

Valérie M.

30 minutes d'écriture

Il devait avoir une petite trentaine d’année tout au plus à San Francisco dans les années 80.

Il faisait partie de ces premiers, ravagés par un virus dont on ne connaissait encore que trop peu. Un homme ,à côté de lui, lui lisait avec beaucoup de douceur, un passage du livre des morts tibétains … La lumière l’accueillait là où dans le monde qu’il quittait on ne le voyait plus que comme un pestiféré.

C’était le début du Living/Dying Project…

Les premiers pas de l’accompagnement en soins palliatifs.

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - sujet imposé

Ma mort idéale dépend très fort de mon humeur du jour.

Je m’imagine certaines fois emportée sur la pointe des pieds dans mon profond sommeil.

A d’autres moments, je m’imagine flamboyante sous des airs de Dalida et mourir en pleine lumière sur une scène et puis il m’arrive assez souvent de penser, au moment où je suis la plus sereine, devant un coucher de soleil sur une plage de sable blanc, que le moment serait peut-être le bienvenu et qu’il serait doux de le quitter devant tant de beauté.

Et puis juste pour blaguer, pourquoi ne pas mourir de rire !

Valérie M.

10 minutes d'écriture - thème imposé

Il y a la tombe du soldat inconnu et le voici ,lui, qui hérite de la tombe du poète inconnu.

Ce sont les gens du quartier qui se sont cotisés pour t’offrir cette sépulture.

Tu errais en parlant aux abeilles et aux papillons, aux canards et aux pigeons, la tête dans les nuages et les fleurs du mal  à la main.

Ta pierre tombale… simple et discrète… un petit tapis de gazon synthétique, une croix et ton nom « le poète», jonchée de mots doux, de petits oiseaux en céramique aux couleurs criardes, de lampions rococos, de lanternes Ikea et de canards en plastique… Ah oui, j’oubliais les fleurs du mal aussi.

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - sujet tiré au sort

La mort est morte. Rédigez son épitaphe. 


Vive la vie Valérie M.


Ainsi donc ça y est !

Toi aussi…

Tu as gagné ton repos éternel.

Tu as soufflé ta bougie.

Fini les regards effarés, effrayés,

les marchandages et les chantages,

les « Non je veux pas y aller ! »

Toi aussi   Anne Meesters


Ci-git

La belle dame noire

Qui tel le phénix renaît toujours de ses cendres

Catherine


Vive demain !

Mona

Mon cimetière idéal serait un jardin public ouvert aux curieux voyageurs.

Un accompagnement bienveillant serait proposé aux familles en deuil.

Des ateliers d’écriture, des promenades contées, des groupes de parole se côtoieraient à la ginguette de notre chère Catherine.

Des boites à livre seraient disposées ici et là.

Des bancs du silence seraient installés pour privilégier le recueillement et la médiation où le calme serait à respecter. 

Nos petits félins seront dorlotés par leurs amis.

Nous pourrions gambader pieds nus et cheveux au vent sur les belles pelouses entourées de champs de fleurs à perte de vue.

Le samedi soir, les musiciens seraient au rendez-vous pour offrir quelques notes pour adoucir les mœurs.

Valérie M.

20 minutes d'écriture - thème imposé

Si après ma mort je devenais fantôme, je déposerais çà et là des petites plumes venues de nulle part… Je rependrais un parfum fugace, une fragrance qui s’échappe…Je ferais jouer notre chanson quand tu allumerais la radio… Je jouerais avec les ampoules du salon, jour-nuit, jour-nuit… J’inviterais des papillons sur ton passage , des coccinelles dans mon sillage… Je m’assiérais au bout de ton lit, je veillerais sur ton sommeil… Je m’inviterais dans tes rêves… Bref rien de très original, les signes habituels quoi !

Anne Meesters

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Nous célébrons nos morts au solstice d’été où la lumière atteint son point culminant avant sa descente progressive.

C’est un événement que nous prenons soin de préparer.

De grandes tables, tel un banquet, sont disposées dans le jardin sous les grands tilleuls de tante Mirella.

Chacun est invité à apporter ses spécialités culinaires.

Nous partagerons les nouvelles des vivants, les petits dans un premier temps, les enfants, les études des uns et autres, les parents, les cousins, les tantes, les oncles, les amis et les voisins. Ce n’est qu’en fin de soirée sous la voûte étoilée, rassemblés autour d’un grand feu que les plus jeunes auront pris soin de préparer que les photos et objets de nos défunts seraient disposés.

Chacun serait invité à dire un mot, une pensée, un poème, un témoignage afin de transmettre nos souvenirs gravés dans nos mémoires et nos coeurs.

Valérie M.

20 minutes d'écriture - thème imposé

Mon cimetière idéal serait proche de ma maison afin d’y passer souvent.

Ce serait un vaste espace public, propret, fleuri, arboré, un refuge pour beaucoup d’oiseaux et insectes.

Les marbres et autres lourdes constructions cèderaient la place à de beaux emplacements où il ferait bon venir se reposer, méditer, lire, boire un thé ou écouter de la musique.

Le cimetière serait un espace collectif et réserverait le même soin à tous les défunts qu’ils soient seuls ou entourés, riches ou pauvres, croyants ou athées.

Mort hier ou il y a bien des années, la mémoire de chacun y serait conservée.

La célébration des morts se ferait plusieurs fois par an, toutes confessions ou non confessions confondues.

Le cimetière idéal suivrait au plus près les recherches qui limiteraient l’impact environnemental des inhumations ou incinérations.

Le cimetière idéal (et les enterrements) serait géré comme un service public, grâce à nos impôts.

La mort ne serait plus un commerce juteux mais une étape de la vie prise en charge par la sécurité sociale.

Mona

10 minutes d'écriture - thème imposé

Faiseuse de cimetière…

Le mot « faire » je n’aime pas … c’est comme « faire l’amour », il n’y a donc rien de plus émoustillant ?!… Faire la vaisselle, non mais franchement !

Alors que faiseuse… Faiseuse d’amour, faiseuse de vers, faiseuse de mariage… Tiens ils ont oublié faiseuse d’ange dans le dictionnaire… Faiseuse de destinée à la manière des Parques, les ciseaux à la main prête à couper le fil de la vie.

Faiseuse de cimetière … Oh mon Dieu, ça va être un joyeux bordel si je m’y colle ! Fini l’alignement bien rangé les uns à côté des autres… Je te la jouerai façon mandala moi, je ne te dis que ça !

Le paradis des abeilles, des fleurs à foison !

Le paradis des asticots, fini les cercueils en zinc , les caveaux en béton… un vrai gueuleton !

Tu es poussière et tu redeviendras poussière… Poussière d’étoile !

Anne Meesters

10 minutes d'écriture - sujet tiré au sort

Quand j’étais petite, j’imaginais la mort comme un voyage, un périple qui pouvait durer indéfiniment avec des escales où il était possible de retrouver des amis et de découvrir des lieux magnifiques, des sommets jamais empruntés pour prendre de la hauteur et atteindre enfin les étoiles.

Valérie M.

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Quand vos morts vous apparaissent-ils ?

 

Là où je ne les attends pas la plupart du temps !

Et rarement à la bonne place, à la manière de petits fantômes farceurs.

Dans des rêves alambiqués, ma fille peut prendre les traits de ma mère, mon collègue ceux de mon père, ma voisine ceux d’une amie… Et je refuse toute explication psychanalytique à ce sujet.

Quand ils n’apparaissent pas dans mon sommeil, je les surprends à parler à ma place, ou s’ingéniant à réorganiser ma maison si je n’y prête pas attention.

Mes morts surgissent aussi par petites touches et exclamations, réactions, réflexions…

Leur apparition n’a jamais rien de lugubre ni de prémonitoire, ne s’associe pas à des situations précises et est toujours imprévisible.

De petits clins d’œil qui me rappellent à leur bon souvenir.

Mona

20 minutes d'écriture

Elle a été façonnée , tissée, chaque pétalée pressée, teintée… artificielle, manufacturée entre des doigts experts.

Elle a traversé tous les temps, à peine jaunie .

Je la vois sur le buffet d’une commode, celle d’une grande grand-mère entre un petit chat en porcelaine et une assiette ramenée d’un unique voyage en car en Italie, souvenir de Rimini.

Elle repose dans la paume d’une de ces mains en faïence blanche. Elle a pris le parfum de la maison… Témoin de tous les repas de famille, les cris des enfants, des petits enfants, des arrières petits-enfants… Elle est ce que tu emportes d’elle  aujourd’hui… Sa rose d’amour.

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet

Putain Marius tu pleures. 

Lolita te manque. 

Elle s'est foutue des clowns. 

En vacances le camion l'a ignorée, l'a plantée, l'a fait disparaître. 

Le vélo a brillé sous le soleil. Le pire. C'est le pire. Imaginez partir en vacances et reprendre la vie seul.

Elle est morte. 

Tu es devenu orphelin. 

L'amour ne vieillira pas. Tu ne supporteras pas l'absence. 

Tu n'écriras pas Je t'aime. Tu resteras là. 

Tu resteras là avec le vélo, le camion, le souvenir. 

Putain, Marius tu pleures. La souffrance ne disparaîtra pas. Ton destin roule trop froid maintenant. 

Ne pas se vautrer, accepter le deuil serait un final heureux et fort. 

Le temps serait ton allié pour ressentir un réconfort. 

Mais merde, le foutu camion salaud ne rend pas la vie. 

Le passé ne rend pas la vie. Le souvenir demeure. Le froid prévient pas. 

Méchante douleur, pire présence, faible victoire, rage infinie. 

Destin vide. 

Pantin tu resteras jusqu'à la Saint Glinglin. 


Putain Marius, tu pleures. 

Béatrice

20 minutes d'écriture - mots sélectionnés dans une liste de mots imposés 

Marius a la meilleure main pour titiller et apprivoiser avec amour la dentelle des lendemains de deuil.

Il crée dans le vif les nombreux rêves.

Il fait chanter de véritables fils d’ombre qui entourent et transforment chaque orphelin en ultime soleil.

Sans mystère, il cherche à inspirer d’année en année des souvenirs heureux sans tabous.

Valérie M.

50 minutes d'écriture - tous les mots sont sélectionnés dans une liste de mots imposés

Quand j'étais petite, je n'imaginais pas la mort. 

On n'en parlait pas. 

On la célébrait : ma grand-mère s'habillait de noir les jours d'anniversaire de ses filles défuntes, de ses parents, de ses frères et sœurs... et il y avait au fil du temps de plus en plus de jours noirs. 

J'avais été exclue de l'enterrement de mon parrain car j'étais trop petite. Je me souviens des mantilles que devaient porter les femmes pour la messe d'enterrement. 

On m'a montré la port. Des files longues après le tram long pour voir mon premier mort, ma première morte : La Reine Elisabeth dans le salon du penseur. Novembre 65. 

6 ans. Mon premier enterrement à la télé était le sien et c'était aussi ma première émission de télévision chez un client de papa, Zonestand, un horloger bijoutier de la rue Vanderkindere à côté du magasin de jouets. 

12 ans. Après je me souviens de la difficulté à faire passer le cercueil rempli dans la cage d'escalier, j'imaginais le corps de mon grand-père glisser dedans car il devait être mis à la verticale... Le corps dont j'avais vu l'horrible bandeau tenir la bouche fermée le temps qu'il se rigidifie. 

7 ans. J'avais aussi été voir un noyé découvert par hélicoptère sur la plage du Coq. 

Je n'imaginais pas. J'avais vu un peu. 

Béatrice

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Marius se préparait à passer la meilleure mort de son temps.

Il s’était vautré en vélo un jour de Saint-Glinglin dans le virage de l’Enfer.

Le cerveau en dentelle, sous le soleil, la tête vide de passé !

Plus de tabou !

Maintenant le mystère disparaissait, le destin des morts le titillait.

Fantôme, un avenir de grand méchant… Que du bonheur !

Anne Meesters

50 minutes d'écriture - tous les mots sont sélectionnés dans une liste de mots imposés

Aujourd’hui, Maman est morte.

Dans la chambre bleue, la famille est arrivée

Chacun s’est embrassé furtivement.

Personne n’osait parler.

Soudain le christ s’est décroché de sa croix.

Le curé s’est emballé.

Les jeunes ont souri.

Et papa s’est précipité, éploré et solennel, il range le Christ dans le tiroir du haut.

Le tiroir des soutiens-gorges.

Le fou-rire les gagne.

C’est encore là qu’il s’est mis à chanter.

(Alléluia Alléluia Alléé Luia) 

Anne Meesters et Béatrice

Ma mort idéale, je l’ai rêvée déjà…

Glissant dans mon sommeil éternel,

Dans l’alcôve , le sein du tilleul bicentenaire  de mon enfance,

Dans la palabre des oiseaux, au cœur de la nuit…

L’aube se devine

Anne Meesters

10 minutes d'écriture - thème imposé

Je les ai

écoutés, orientés, épaulés, soignés, rattrapés, persuadés, accompagnés, consolés, prévenus, informés, contredits, aidés, acceptés,

ou laissé faire.

Souvent pendant des années.

Ils ont fini par décéder.

Dans des circonstances prévisibles ou accidentelles,

jeunes ou moins jeunes.

J’ai pensé que c’était mieux comme ça.

Mona

40 minutes d'écriture - fin du texte imposée

Les morts et la Toussaint, chassés de l'église par la laïcisation de la société, sont revenus dans nos vies grâce au Nouvel An celtique. L'année celtique se termine le 31 octobre, la nuit du dieu de la mort Samain. 

Pour éviter la visite des fantômes durant les nuits si longues de l'hiver, les Celtes épousaient des rituels dont celui de s'habiller et se maquiller de costumes terrifiants et de se réunir pour faire la fête le soir du 31 octobre. Les immigrés irlandais ont apporté cette tradition aux États-Unis qui elle-même est revenue en Europe. 

La fête pour les morts dure désormais trois jours, les 31 octobre, 1 et 2 novembre. Toute la famille rivalise d'élégance et de maquillage les plus élaborés qu'on puisse imaginer. 

La famille se réunit dans le château de Tharoul, résidence du XVIIIè où les treize chambres disposent toutes de salles de bain et de miroirs pour se préparer. 

Candélabres, chandeliers et cheminées. Couloirs sombres. Salle de jeux, billards, piano, plafonds hauts, escalier dérobé, portes qui claquent et qui grincent, caves et voûtes profondes. Tout y est. Le décor est planté. 

Le buste de l'ancêtre, Ministre de la guerre de Louis est aussi revêtu d'accessoires... 

Au programme des activités : 

Au menu du grand soir, en apothéose avec des cuisiniers venus de Poudlard

Béatrice

30 minutes d'écriture - thème imposé

Mon cimetière idéal

 

Il serait accueillant et coloré

Un jardin d’Eden, une forêt paradisiaque

Où la lumière scintillerait dans les feuilles des arbres

Un ruisseau le traverserait, emportant les cendres de ceux qui souhaiteraient rejoindre la mer.

Les arbres, généreux, accueilleraient nos défunts,

Lovés dans leurs racines,

Les emportant jusqu’à la lumière, sur une remontée de sève.

Quelques clairières aux prairies fleuries, un rêve de papillon.

De petits monticules de galets posés çà et là,

dessinés d’un prénom

et qui auraient le droit de se balader,

de rouler selon les affinités.

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - thème imposé

Pourquoi les gens meurent-ils ?

 

Pour faire de la place

Parce qu’ils se fanent

Parce qu’ils sont curieux

Pour faire comme les copains

Pour donner de la couleur à nos vies       Anne Meesters


Pour limiter la surpopulation

Pour réduire les conflits de génération

Pour faire avancer le monde

Pour laisser un peu de place au reste du vivant

Parce qu’ils prennent mal soin d’eux-mêmes et de ce qui les entoure

Pour essayer d’autres formes d’existence

Parce qu’ils savent tellement bien s’entretuer Mona


Un court-circuit

Un orgasme

Un trou

Un manque de souffle


Exercice de français raté

Ils ont oublié la négation

Les gens ne meurent pas

Les amis ne meurent jamais


Je n'ai plus de perspective


Par désespoir

La bascule d'un seul instant

Par peur de changer d'avis Béatrice

Quand j’étais petite, j’imaginais la mort comme un grand frisson.

Je longeais le cimetière à côté de ma maison par un petit chemin escarpé… Je marchais vite, je chantais fort et ça me faisait bailler !

C’est aussi ce que je faisais plus petite encore, dans la maison de celui qui s’était pendu… la maison dans laquelle je vivais.

Un grand frisson quand j’allais aux toilettes.

J’y chantais très très fort, manière de dire :  Je suis bien vivante, ne vous y trompez pas ! 

Dans un rêve, dans cette maison, j’ai rêvé d’un cercueil qui se refermait, planche par planche, sur une belle lumière poudreuse, vaporeuse… Je n’ai pas eu peur… Cette nuit-là , j’ai deviné… Mon grand-père n’était pas au ciel et je l’ai ramené chez moi. J’avais 5 ans peut-être, pas plus de 6.

Anne Meesters

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Je rêverais d’une fête inclusive sur tous les plans.

A laquelle tous auraient envie de participer

Qui favoriserait la rencontre des générations

Où chacun amènerait quelque chose à propos des morts : un souvenir, une question,  ..

Une fête qui serait le socle d’une trace de l’histoire familiale

Dont le.a gardien.ne serait élu.e chaque année

Où seraient conviées toutes les personnes importantes pour les disparus même au-delà de la structure familiale, la famille choisie.

Une rencontre bien orchestrée

Où la technologie pourrait pour une fois s’inviter afin de ne pas exclure les personnes éloignées

Loin des blablas creux ou trop religieux

Mais pourquoi pas dans une église pour le prestige de ce lieu

Avec des interventions surprenantes ou éclairantes

Pas trop arrosées pour éviter les dérapages de fins de journée

Une fête qui relierait sans gommer les dissensions ou divergences qui ont pu exister entre les disparus

Qui permettrait petit à petit de constituer un jeu des familles ou un abécédaire qui relaterait tous les petits et grands événements traversés par les générations toujours en prise directe avec celle que l’on nomme la grande histoire.

Mona

20 minutes d'écriture - thème imposé

Vous avoir entendu parler de cimetière et de mort en ce joli mois de juillet m’a réjoui le cœur.

Je me suis dit que tout n’était pas perdu, que l’on ne cantonnerait plus la mort à la Toussaint , que j’avais bon espoir que l’on soit en chemin pour lever ce tabou, le tabou de la mort et du deuil.

Parlez-en, le bouche à oreille reste encore le meilleur moyen de délier les langues.

Parlons-en , on n’en meurt pas d’en parler.

Dicton de Thanadoula !

Anne Meesters

20 minutes d'écriture - début du texte imposé

Ressentir, pleurer, imaginer, disparaître ?

Ecrire, dessiner, chanter, créer ?

Planter, me préparer, prévenir, rassurer ?

Accepter, décider et en rire ?

Sans souffrance, et comme en rêve ?

La mort décidera quand me chercher

Bien utopiste qui espère écrire son destin…

Mona

60 minutes d'écriture - mots choisis dans une liste de mots imposés

Séance de sophrologie

En pleine méditation dans la bibliothèque

Séance de visualisation… Je retourne dans ma vallée, paysage ressource.

À l’ombre d’un arbre, sur une pierre plate, petit vent de fraîcheur, lumière douce… Tout est parfait.

Des pensées traversent, suivent les nuages … Je sens ce fluide en moi, me relier à la pierre… Mes mains fourmillent, rayonnantes, je sens mon cœur battre dedans.

Quand soudain , j’entends au loin une petite chose bruyante en approche… Les ailes sous élytres d’un scarabée assourdissant… Il se pose dans la pièce quelques secondes… Reprend son vol… Impossible de l’ignorer… Le voilà qui passe en revue les livres de la bibliothèque.

Stoïque, je reste dans ma vallée, paysage ressource, en médiation.

Subitement sur mon doigt se pose la bête… Je me souviens… Quand j’étais enfant avec François, mon ami… Au bord du chemin, à califourchon sur nos vélos, nous crachions sur de gros scarabées noirs… Un liquide rouge  en sortait.

Le sang bat dans mes veines jusqu’au bout de mes doigts…

Et le scarabée reste là.

En pleine méditation, visualisation dans ma vallée,

le scarabée m’a rejoint sur ma pierre plate… Petit vent de fraîcheur, lumière douce… Et nos cœurs battent à l’unisson.

Mon téléphone vibre… Décidément … Fini cette médiation… Message : François nous a quitté…

J’irai cracher sur sa tombe.

Anne Meesters

50 minutes d'écriture - dernière phrase du texte imposée

Serpillère

Torchon

Lavette

Raclette

Seau

Brosse

Eau

Détergent

Javel

Cristaux de soude

Bicarbonate

Robinet

Poubelle

Brouette

Granit

Marbre

Pierre

Mousse

Pissenlit

Soleil

Poussière

Chiendent

Chardon

Bougie

Photos

Tristesse

Fleurs fanées

Stèle fendue

Destin brisé

Nouvelles fleurs

Arbre

Gingko Biloba

Saisons

Chagrin

Le soin, l'attention,

les visites quotidiennes,

rien ne console le papa

de Nicolas mort de rien à 25 ans

dans son sommeil.

Béatrice

20 minutes d'écriture - association des mots "mort" et "serpillère"

Quand j’étais petite, j’imaginais la mort comme quelque chose qui ne concernait que les personnes très vieilles, que je connaissais peu et qui habiteraient loin.

 

Et dans l’ordre des choses, le premier enterrement auquel j’ai assisté fut celui d’un grand-père dont la seule image que je garde est celle d’un patriarche bien droit assis dans son fauteuil en osier près de la fenêtre. La canne près de lui, il se contentait de ponctuer les flots de paroles autour de lui par quelques « yé yé yé » déconcertés en secouant la tête.

 

Les autres morts n’existaient qu’à la radio, ou sur la route...

Ce qui faisait planer une impression assez caractéristique de notre famille : le monde est dangereux.

Mona

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Si après ma mort je devenais fantôme, je me promènerais partout. J'irais voir mes amis, les autres fantômes qui m'ont précédé outre-tombe. 

J'irais en embrasser quelques-uns, savourer le plaisir des retrouvailles, échanger sur les chemins parcourus. 

Nous deviserions avec malice sur le choix des objets où se cacher pour se rappeler au bon souvenir de l'un ou l'autre aimé. 

Ma grand-mère s'était cachée plus de trente ans dans un arrosoir galvanisé... 

Mon grand-père dans sa redingote ressortie pour une fête d'Halloween... 

Ensuite, nous réfléchirions à ceux que nous pourrions hanter pour qu'ils s'éloignent de la voie diabolique qu'ils ont choisie ici-bas. 

Se manifester par du sable au fond du lit, un fil végétal au fond de la bouche, un bruit lancinant dan la nuit, une charnière qui grince, un évier qui se bouche, un joint qui fuit, un vin qui devient vinaigre, un vase qui se fend irrémédiablement, une photo qui s'efface, la clé qui se brise, la nuée de moustiques qui obsède. 

Béatrice

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Vous avoir entendus parler du cimetière et de la mort fut un vrai plaisir pour mes oreilles.

Et mon imagination

La mort et le cimetière, que rêver de mieux pour un futur heureux ?

En musique, en fleurs, dans un bon lit, en excellente compagnie et jamais très loin d’une guinguette bien achalandée fréquentée par de joyeux rigolos…

Vraiment, on peut imaginer pire perspective !

Merci à tous !

Mona

20 minutes d'écriture - début du texte imposé