Récentes recherches archéologiques à la Grotte de Han-sur-Lesse (Belgique) :
activités anthropiques et mutations du paysage karstique au Trou de Han
Christophe Delaere (PhD)
delaerechristophe@gmail.com
Chargé de recherches FNRS. Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine (CReA-Patrimoine), Université libre de Bruxelles,
50 avenue F.D. Roosevelt, CP 133/01, 1050 Brussels, Belgium.
Centre de Recherches Archéologiques Subaquatiques a.s.b.l. (CRAF)
rue Joseph Lamotte, 2 - 5580, Han-sur-Lesse, Belgium. Responsable scientifique.
Depuis les premières découvertes archéologiques subaquatiques en 1959, des milliers d’artefacts datés du Néolithique aux périodes modernes ont été prélevés dans le lit de la Lesse souterraine. Les objets ont principalement été découverts au Tournant du jour situé à 70 m en amont de la sortie actuelle de la grotte (1963-1978), mais également à la résurgence de la Lesse au lieu-dit du Trou de Han (1978-1983). Depuis 2012, le Centre de Recherches Archéologiques Fluviales (CRAF) mène un nouveau programme de fouilles visant à évaluer la formation et la déformation des dépôts archéologiques de la Lesse incluant l’étude du lit, des pentes et berge(s) de la rivière au Trou de Han. Pour ce faire, une partie du relief immergé allant du lit de la rivière à la rive gauche fait l’objet de fouilles systématiques afin d’en étudier l’accumulation sédimentaire. Entre 2012 et 2017, les archéologues plongeurs ont identifié et documenté un dépotoir particulièrement bien conservé constitué de différentes strates archéologiques distinctes allant du VIIIe siècle au XXIe siècle de notre ère. Depuis 2017, les opérations de fouilles marquent une nouvelle étape dans le processus de recherche, car, pour la première fois, des dépôts anciens appartenant au Néolithique, à l’âge du Bronze et à l’âge du Fer ont été identifiés en place dans les niveaux sous-jacents de la tranchée de fouilles entamée en 2012. Or, la particularité de ces derniers niveaux est qu’ils ont été littéralement scellés – et d’une certaine manière protégés – par les effondrements de voûtes liés à des séismes anciens. L’intérêt de l’examen des niveaux archéologiques de la rivière est qu’il permet non seulement de documenter, grâce à une coupe stratigraphique, haute de 4 mètres, plus de 3000 ans d’occupations et d’activées presque interrompues au Trou de Han, mais également d’identifier les mutations du paysage karstique, qu’elle soit d’origine anthropique (aménagement des berges, par ex.) ou naturelle (séismes, entre autres.). L’accumulation sédimentaire du lit, des pentes et des berges de la rivière a, par conséquent, archivé l’ensemble des transformations culturelles et naturelles du Trou de Han, ou en d’autres mots, l’Histoire des Grottes de Han.