Concert-laboratoire


Le Concert-laboratoire s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche sur l'écoute musicienne mené par Clément Canonne (CNRS), Emmanuel Ponsot (CNRS) et Patrick Susini (Ircam).

Artistes associés : Sébastien Roux (composition), Joris Rühl (improvisation) et Brendan Champeaux (improvisation). 

Un concert-laboratoire conçu pour mesurer in situ les mécanismes de l'écoute musicale 

Dans la tradition des concerts-expériences menés à l’Ircam à l’aube des années 2000 (McAdams et al., Music Perception, 2004), nous organisons un nouvel évènement art/recherche à l’Espace de Projection de l'Ircam afin d’étudier in-situ les mécanismes sous-tendant l’écoute en situation de concert et de mieux cerner la diversité (tant culturelle que physiologique) des modes d’écoute et de perception. La première représentation de ce “concert-laboratoire“ constitue un évènement inédit, qui mettra à contribution les équipes de recherche de l’Ircam ainsi que son département Production.

Les études empiriques sur l’expérience du public en situation de concert ont connu un fort regain d’intérêt ces dernières années. Loin de considérer l’expérience musicale comme un phénomène purement individuel, pris en son splendide isolement, celle-ci est au contraire de plus en plus souvent appréhendée sous sa double dimension sociale (en présence d’autres écoutants), interactive (en présence de musiciens jouant en direct). Cependant, ces travaux restent souvent d’ordre purement descriptif et s’arrêtent, qui plus est, au seuil de la question de l’écoute, pour se concentrer davantage sur les états émotionnels des auditeurs et leurs corrélats physiologiques (tension, rythme cardiaque, etc.). Les mécanismes attentionnels et cognitifs sous-tendant l’écoute musicale en situation de concert n’ont donc pas encore fait l’objet d’une analyse systématique. Y a-t-il quelque chose comme une écoute conjointe – qui verrait les co-écoutants prêter attention à la même chose au même moment – qui se met en place entre les membres du public ? Quel est le rôle des informations visuelles dans la régulation de l’écoute en situation de concert ? La localisation des sons dans l’espace de la salle guide-t-elle notre écoute et impacte-t-elle notre mémoire de la pièce entendue ? Mais le concert est également un lieu qui rassemble des auditeurs aux profils fort variés, tant d’un point de vue culturel que d’un point de vue physiologique. Comment l'âge ou les pertes auditives affectent l’expérience d’écoute en situation de concert ? 

Ces questions, centrales pour l’analyse de l’écoute en concert, n’ont pas encore reçu l’attention qu’elles méritent. Ce concert-laboratoire, conçu comme un projet de recherche exploratoire portant sur deux dimensions caractéristiques du concert - sa dimension collective et sa dimension spatiale - s'articulera autour d'un nombre de situations expérimentales musicales grandeur nature mises en place dans l’Espace de Projection de l’Ircam, en particulier autour d'une pièce musicale "sous contrainte" spécialement commandée pour l’occasion à Sébastien Roux, et d’une série d’improvisations réalisées par les clarinettistes Joris Rühl et Brendan Champeaux

  L'Espace de projection de l'Ircam : Un lieu unique dont l’acoustique est modifiable à l’infini   


Lieu d’expérimentation acoustique et d’exploration musicale, l’Espace de projection est situé au cœur de l’Ircam dont il constitue le point culminant, totalement isolé dans un système architectural de boîtes en gigogne, à 16 mètres sous la place Igor-Stravinsky à Paris. Conçu par les architectes du Centre Pompidou Renzo Piano et Richard Rogers avec l’acousticien Victor Peutz et inauguré en 1978, il se distingue par sa modularité et son acoustique variable : sa volumétrie (les plafonds s’abaissent en 3 panneaux distincts) tout comme les matériaux de ses parois (diffusant / absorbant / réfléchissant) peuvent changer à la demande. Il est également équipé d’un système de spatialisation sonore multicanal de 339 haut-parleurs, combinant deux systèmes de pointe en matière de reproduction du champ sonore : la WFS (synthèse d’hologrammes sonores) et Ambisonics (immersion sonore 3D). Toutes les configurations scénographiques sont également permises, le rapport scène / salle étant modulable à l’infini.